Il y a bientôt trois mois, une secrétaire du collège me demanda ce que j'allais faire de tout ce temps que me laisserait la retraite. Je suis homme urbain, sage et de sens rassis aussi ne lui répliquai-je pas : "Qu'est-ce que ça peut te foutre?" Je lui dis que je bricolerais, jardinerais, lirais, écrirais.. . A ce dernier mot, son œil se mit à briller. Un prof (-documentaliste, quoique prof de Lettres repenti) qui écrit, c'est surprenant ! Il y a du magique là-dedans !
- Ah bon, vous écrivez ? Et qu'est-ce que vous écrivez, s'enquit-elle, intriguée ?
- Des conneries lui répondis-je évasif...
Un franc éclat de rire salua ma confession. Ainsi prit fin notre conversation.
Si j'avais répondu que mes tiroirs regorgeaient de romans plus ou moins aboutis, que je peaufinais un docte ouvrage d'histoire locale ou que tous mes soins se portaient sur de délicats poèmes élégiaques, l'intérêt se serait maintenu voire amplifié. Je préférais ce rire.
Eh oui, j'écris des conneries. Je fais le bouffon. Il y a des années que ça dure, que je traîne de forum en blog. Laissant là des nouvelles, ici des commentaires. Il m'est même arrivé, pour le plaisir, de traduire les conneries de Pratchett ou de Rankin, par romans entiers.
Je pourrais faire dans le sérieux. Exposer mes merveilleusement limpides idées sur la politique ou le devenir des civilisations. Causer littérature... Mais ils sont légions à le faire tellement mieux que moi ! Et puis, à vrai dire, ça m'emmerderait grave.
Il arrive parfois, l'humain est frivole, que je me laisse aller à pondre d'interminables coms sur des sujets politiques ou de société. Pas plus tard que l'autre jour, j'ai reçu un mail m'informant qu'X avait également commenté le billet d'Y sur un joli blog dont le nom ne me disait rien. Je cliquai sur le lien et découvris, surpris, qu'en mai dernier j'avais pondu un pensum sur ledit blog. Ça parlait d'éducation. Je me relus avec surprise. Sérieux, posé, docte, qu'il était mon texticule ! "Ça c'est tapé, mon p'tit père" me flattai-je (je suis souvent familier avec moi-même !). Seulement, seulement, seulement...
N'est-ce pas quand je me prends au sérieux que j'écris le plus de conneries?
Vive les conneries, peut être que si j' avais eu un prof qui nous aurait fait lire des conneries, je serais bien meilleur en français.
RépondreSupprimerHeureusement, la BD était là pour me faire aimer la lecture et ainsi m' attarder sur d'autres domaines.
Continuez ainsi dans les doux délires et puis personne ne s'engueule.
De quelle région, le docte ouvrage d'histoire locale ?
RépondreSupprimerJe demande ça parce que c'est un peu mon truc aussi, l'histoire locale.
Et en plus je suis prof.
Enfin bref, je voudrais vérifier que je ne suis pas vous.
Non, blague à part, ça m'intéresse. On ne sait jamais (ou alors c'est vous qui faites une blague ?).
@ Granpas : Comme prof de français, je n'étais pas très cool... Un peu Docteur Jacques et Mr Etienne. En revanche, j'ai toujours aimé les BD et je n'ai jamais découragé les élèves d'en lire : ayant été élevé au Blek le Roc, Micky le ranger et autres âneries, ça ne m'a pas empêché de faire de bonnes études de lettres.
RépondreSupprimer@ Marco Polo : Si je me suis toujours intéressé à l'histoire locale des endroits où j'ai vécu, je n'ai moi-même aucun ouvrage en projet : je suis sérieux quand je dis n'écrire que des conneries !
Oui, mais vous pourriez écrire des conneries LOCALES !
RépondreSupprimerC'est en effet une idée, Marco. J'y penserai...
RépondreSupprimerOui. C'est souvent quand on se veut sérieux, posé, mesuré et objectif qu'on écrit les plus grosses conneries.
RépondreSupprimerC'est quand même pénible, ça.