Beaucoup, à droite, se prennent à rêver que le destin ou quelque puissance occulte va, d’ici les élections présidentielles sortir de son chapeau (mais le destin possède-t-il seulement un chapeau ?) un homme ou une femme providentiel comme prestidigitateur en sort un lapin. Cette personne saura réunir les suffrages des droites autour d’un programme capable de résoudre les problèmes de la France et de mettre fin à des décennies de décadence.
L’idée est séduisante. Cette aspiration est basée sur la conviction que Mme Le Pen ne sera jamais élue, que si elle l’était ce serait le chaos et que n’importe comment elle n’a ni les capacités ni les équipes susceptibles de lui permettre de bien gouverner le pays.
Des noms circulent : Zemmour, Ménard, Morano, les généraux Trucmuche ou de Machin. Est-on vraiment certain qu’ils possèdent ce que Mme Le Pen n’aurait pas ? Ont-ils le cuir assez épais, suffisamment d’expérience du combat politique et de ses chausses-trappes pour mener campagne ? En ont-ils seulement l’envie ?
En admettant qu’une telle personne existe et qu’elle propose de manière crédible un programme capable de rallier les suffrages sur les problèmes d’immigration, d’identité nationale, de sécurité, peut-on concevoir qu’elle ne déclenchera pas une massive levée de bouclier de la part des antifas, gauchistes de tout bord, partis « de gouvernement » et de leurs relais médiatiques ? Croit-on que la bonne Marine se dira qu’il faut lui laisser la place ?
Il me semble que le seul résultat qu’on pourrait espérer cette personne serait de glaner une partie des suffrages de la frange droite de l’UMP et des plus tièdes partisans du RM avec pour possible conséquence d’empêcher l’accès au second tour à ce dernier et de laisser face à face MM. Macron et Bertrand (ou un autre guignolo du même acabit) , nous laissant, pour parodier cette vieille fripouille stalinienne de Jacques Duclos, le choix entre « Benêt blanc et blanc benêt ».
Plutôt que d’attendre un éventuel miracle, je crois qu’on ferait mieux d’avoir le courage d’assumer ses priorités et de courir les risques qu’elles peuvent (ou pas) entraîner. Quoi qu’il arrive d’ici un an, je suis persuadé qu’en 2022 comme avant les Français choisiront les gouvernants qu’ils méritent. N’importe comment penser que ce sont les mauvais dirigeants qui créent la décadence ou que c’est la décadence qui fait choisir les mauvais gouvernements revient à se poser la question de qui a commencé de l’œuf ou de la poule. Question inutile, vu qu’en l’état actuel des choses l’un et l’autre vont de pair.