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samedi 5 juin 2021

Un sentiment de bonheur

 

Les Français sont d’incorrigibles sentimentaux. Toutes sortes de sentiments les agitent : sentiment d’insécurité, sentiment d’être envahis, sentiment d’être pris pour des cons, sentiments de ne pas être aussi enrichis qu’on veut leur faire accroire, sentiment que M. Macron n’est pas parfait, etc.

En tant que Français, je ne saurais déroger à la règle et je partage les sentiments sus-mentionnés à part peut-être celui d’insécurité vu que j’ai choisi de vivre dans des endroits paisibles. Mais depuis ce matin, encore plus que d’ordinaire, j’ai le rare sentiment d’être pleinement heureux.

Il faut dire que j’ai d’excellentes raisons pour cela. Alors que je me rendais au magasin de la coopérative pour y faire l’emplette de dahlias, le ciel était bien bleu, le soleil brillait. Ma petite ville normande me parut, et elle l’est, pimpante, propre, fleurie. Un endroit où il fait bon vivre. N’est-ce pas une raison de se sentir heureux ? Et s’il n’y avait que ça…

Les Anglais ont une expression que je mets en pratique : « Count your blessings »que l’on pourrait traduire par « Comptez vos bénédictions » et qui pour moi est l’exact opposé de « Ressassez vos malheurs » maxime trop souvent mise en pratique.

Arrivé à l’automne de ma vie, ma principale source de contentement est de n’avoir aucun regret. J’ai pourtant connu de mauvaises passes mais elles me furent utiles. Comment apprécier le printemps quand on n’a pas connu les rigueurs de l’hiver ? Un peu de soleil quand, comme le disait si bien Brassens, on vit dans « des pays imbéciles où jamais il ne pleut, ou l’on ne sait rien du tonnerre » ? Ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, et tant mieux ! Je n’en apprécie que davantage ma sérénité actuelle.

Si on met à part les petits ennuis de santé qui de temps à autre m’ont amené à faire un tour à l’hôpital sans pour autant perturber mon équanimité, j’ai vraiment tout pour être heureux : je bénéficie de revenus qui sans être importants me suffisent, je vis dans un endroit qui me plaît, ma maison est spacieuse et agréable, sauf accident ma forme est plutôt bonne, je sais m’occuper de façon à éviter ce que cet incorrigible boute-en-train de Baudelaire nommait « les longs ennuis », si je vis en solitaire, j’ignore les affres de la solitude. Que rêver de mieux ?

Pour certains, les éléments constitutifs de ce bonheur seraient autant de sources de plaintes. Ils ne supporteraient pas de voir leur santé décliner, auraient l’impression de vivre dans le trou-du-cul du Monde, leur maison serait trop petite (ou trop grande), leurs moyens trop restreints, ils s’ennuieraient comme des rats morts, rechercheraient de la compagnie à tout prix.

N’étant pas un ravi de la crèche, je sais qu’il est possible que les choses se gâtent, que d’insupportables souffrances ou infirmités viennent m’affliger, que des deuils m’accablent. Qu’importe ? J’aurai connu de bons moments. J’aurai su les apprécier. Ce qui est pris n’est plus à prendre…

Pour illustrer mon propos, une vue de mon modeste coin de paradis :


Demain soir, en sirotant du whisky, je compte bien y faire cuire du travers de porc et des tomates sur le barbecue puis m’en régaler arrosé d’un rosé de Corse tout en profitant du serein. Et ça m’suffira.

9 commentaires:

  1. Et j'ajouterai, cher Oncle Jacques, qu'une des choses que j'apprécie le plus chez vous, c'est ce talent que vous avez, un jour de nous parler de petites choses simples sur un ton si personnel, et l'autre de si bien nous faire partager votre philosophie de la vie, pendant qu'ailleurs on se contente de sasser et ressasser des lectures diverses et variées jusqu'à plus soif !
    Merci et bonne continuation, sachez que je suis dans le même état d'esprit que vous !

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    1. Merci de vos compliments, chère Mildred ! Toutefois, il me semble percevoir dans votre commentaire comme une critique voilée d'un blog ami...

      Je compte, dans un avenir proche, évoquer un auteur dont j'ai lu depuis quelques mois une dizaine de livres. J'espère que vous n'en serez pas chagrinée.

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    2. Le prénom du blogueur ami est-il "Didier" (enfin, je dis ça ...); c'est aussi mon troisième prénom.

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    3. C'est l'habituelle petite giclée de fiel mildredien : rien de préoccupant… et degré de nocivité à peu près nul.

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    4. Parrain, vous dites "degré de nocivité à peu près nul", mais c'est tout le contraire puisque ça fait causer, et n'est-ce pas le plus important ?

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    5. Je me retire sur la pointe des pieds et vous laisse débattre. Pourquoi ramènerais-je ma fraise (Cf. le prochain article).

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  2. Ben oui, que voulez-vous, il arrive qu'il pleuve sur le Mortainais mais ce n'est pas pour l'instant à l'ordre du jour et j'en profite.

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  3. J'apprécie particulièrement votre billet qui donne de la joie au lecteur.
    Surtout, j'ai la même devise que vous :
    Tout Ce qui est pris n’est plus à prendre…

    Ma grand-mère, qui était une bonne Lorraine, disait aussi après un bon repas :
    C'est toujours ça que les Boches n'auront pas.

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    1. Ma mère, Bretonne, remplaçait "les boches" par "Hitler".

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