..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 13 juin 2021

Du risque populiste

 

A la fin d’une journée agréable passée en bonne compagnie, j’allumai hier soir mon poste de télévision. Sur C news, je découvris une émission où la jolie Eugénie Bastié et la sémillante Gabrillelle Cluzel interrogeaient M. Domnique Reynié sur son dada, à savoir le populisme et le(s) risque(s) (probablement mortels) qu’il représente. Ce professeur à Sciences Po, directeur général du cercle de réflexion (think tank, pour mes lecteurs franglophones) Fondapol, et en tête de la liste LR-UDI lors des régionales de 2015 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avant de voir son élection invalidée n’est, on le voit, pas n’importe qui. Comme disait l’ex-logeuse de ma première affectation professionnelle, c’est le genre d’homme qui « parle mieux qu’un lièvre mais qui ne court pas si vite ». Un sachant à qui on ne la fait pas. C’est donc avec piété que j’écoutai ses propos.

Pour résumer, en gros, le populisme c’est pas bien mais alors pas bien du tout. Pour être plus précis, le populisme a à sa tête des « entrepreneurs en démagogie (sic) » qui n’ont « pas idée de ce qu’il faut faire (resic) »ce qui mènera forcément à des catastrophes telles que la destruction du système démocratique qui est « moralement indépassable » suite à une « trahison de la volonté populaire » . Le populisme est donc une « pathologie politique »(sic, resic et sic de der!) issue d’une crise de la démocratie.

Mme Cluzel lui fit remarquer que, pour se voir détruit, le système démocratique n’avait pas eu besoin du populisme quand on faisait rentrer par la fenêtre parlementaire un traité qu’on avait mis à la porte par voie référendaire* et quand le parti qui recueille le plus de suffrages est ridiculement représenté au parlement. Sans en disconvenir, le brillant Reynié admit qu’une certaine crise existait mais que le système démocratique était quand même un truc vachement bien.

Sans me mettre en rage (je suis d’un naturel paisible) ces propos m’agacèrent un peu. Ne serait-ce que parce que ce sont les tenants de la gauche et de la droite dites « de gouvernement » qui stigmatisent du terme de « populistes »ceux qui ne partagent pas leurs opinions, principalement quand il s’agit d’immigration, d’identité ou de sécurité. De plus, l’électorat « populiste » est présenté comme un ramassis d’inconscients bernés par des démagogues aussi incompétents que malhonnêtes. Je m’en sens un rien insulté.

Il faudrait donc n’accorder ses faveurs qu’à des gens dont l’expertise et le talent nous ont amenés à cette situation de chaos (jusqu’ici à relativement bas bruit) qui a progressivement amené à l’émergence et à la croissance de cet haïssable populisme, l’ancienneté dans l’impéritie étant présentée comme un gage de compétence ! On ne change à aucun prix une équipe qui perd !

Plutôt que de réaliser que leur discours passe de moins en moins bien, MM. Reynié et consorts préfèrent continuer de défendre un système, selon eux, « moralement indépassable » mais économiquement et culturellement destructible comme nous pouvons chaque jour le constater et qui parvient de moins en moins à assurer la sérénité sociale qu’il est supposé garantir.

* La reformulation de ses propos est de votre serviteur.

mercredi 9 juin 2021

Le trousseau

 

Il y a quelques jours, j’ai regardé le film « L’entourloupe » avec Jacques Dutronc, Gérard Lanvin et surtout le génial Jean-Pierre Marielle dont le numéro de camelot baratineur justifie à lui seul la vision de ce film. Marielle y encadre une équipe de bras-cassés qui, dans le marais poitevin, tente de vendre à de pauvres paysans des encyclopédies médicales de luxe dont ils n’ont pas plus l’utilité que les moyens de les payer.

Cela m’a fait me souvenir d’un curieux épisodes de ma vie commerciale. Un jour un individu demanda à me voir. Je le reçus dans mon bureau et il me demanda si je faisais le trousseau. Je ne saisis pas bien où il voulait en venir. Il m’expliqua qu’il s’agissait d’un colis de linge de maison que la jeune mariée était censée apporter au ménage lors de son mariage. J’avais bien entendu parler de cette coutume mais nous étions au milieu des années quatre-vingts et je pensais qu’elle avait depuis belle lurette disparu. Il m’expliqua qu’il n’en était rien dans le fin fond des campagnes berrichonnes et que si je pouvais lui en fournir de beaux, il me les achèterais. Je lui assurai que lors de mon prochain voyage à Paris, je tenterais de trouver son bonheur. Rendez-vous pris après mon retour, je me rendis donc rue Sedaine, dans le XIe, Mecque du linge de maison.

Sans trop y croire, j’exposais à X (je ne me souviens plus de son nom), le vendeur de mon principal fournisseur, la curieuse requête qui m’avait été faite. Loin d’en être surpris, il me répondit qu’il n’y avait pas de problème, qu’il allait me préparer ça. Il se mit donc à rassembler divers articles (couvertures, draps, nappes, serviettes de bain et de table, gants de toilette, etc) susceptibles de répondre aux besoins en linge de maison d’un foyer. Seulement, ils constituaient un ensemble totalement hétéroclite par la couleur, la nature des tissus. Un bel ensemble d’articles dépareillés dont je n’aurais voulu d’aucun chez moi.


- Tu es sûr que ça peut convenir, lui demandais-je ?

- Pas de problème, il va être content ton gars !

- Et à combien tu me le fais ?

- Cinq-cents Francs.

- Et je le lui vends à combien ?

- 1000.

- Tu crois qu’il va accepter ce prix ?

- Bien sûr, il va le faire péter à 2 ou 3000. Bon, il faut que j’emballe tout ça. Se servant d’un fort papier kraft (on faisait décidément dans le luxe le plus effréné) il confectionna un volumineux colis qu’il ficela avant de m’expliquer qu’il fallait nouer la ficelle de telle façon qu’en tirant dessus cela permettait que se répandît sur la table de ferme, un flot de linge propre, par sa magnificence, à lever les dernières hésitations du potentiel client.

Je chargeai ledit colis et mes autre achats dans le camion et retournai à Châteauroux, toujours aussi sceptique quand au succès de cette transaction. Au jour et à l’heure dite mon client se présenta, parut pleinement satisfait et me régla les 1000 Francs rubis sur l’ongle. Quelques jours plus tard, je le vis revenir. J’étais un peu inquiet comme le jour où après avoir vendu un bon prix quelques centaines de paires de chaussures que je n’arrivais pas à vendre à un manouche, je vis son camion arriver sur le parking. Craignant qu’il ne vienne au renaud (m’exprimer vertement ses désillusions) je n’en menais pas large. Il n’en était rien. Enchanté de son lot, il était venu m’acheter le reste de mon stock.

Mon trousseautier était dans le même état d’esprit. Il me demanda de lui ramener au plus tôt 3 trousseaux. Ensuite, je ne le vis plus. Je suppose que le succès lui ayant donné des ailes, il avait décidé de se passer de mon intermédiaire…

Cela confirme que, si bien des espèces d’oiseaux se raréfient, le pigeon, quant à lui, ne risque pas de disparaître.


lundi 7 juin 2021

Le fraisier, un végétal de compagnie méritant

Le cadeau que mes fraisiers m'ont offert ce matin : presque une livre de succulentes fraises !

Il m’est souvent arrivé de recommander ici tel ou tel NAC (Nouvel Animal de Compagnie). Je n’ai aucune idée du nombre de familles, de couples ou de personnes seules qui ont pu, grâce à mes conseils, voir leur foyer égayé par la présence , entre autres, d’un lycaon, d’un capybara, d’un lombric ou d’une hyène, mais je dois avouer que me semble venu le temps d’élargir aux végétaux les sources de compagnie pour une humanité en besoin d’affection.

Cette évolution, je la dois à M. Aymeric Caron, qui avec MM. Mélenchon, Mamère, Plenel et, à un moindre degré, Joffrin, est de ces homme qui accompagnent le difficile cheminement des Français vers la lumière. Végan, antispéciste, ses paroles alimentent ma réflexion. Car en fait, de quel droit excipons-nous pour asservir nos frères animaux ? La question, sans que j’aie encore pu y trouver une réponse, me taraude. J’en suis à me dire que sans totalement exclure la compagnie animale, nous pourrions accorder une place plus importante à celle des végétaux.

Parmi les espèces végétales les plus sympathiques, le fraisier et son pseudo-fruit la fraise me paraît tenir une place de choix. Depuis des millénaires l’homme aime la fraise qui le lui rend bien. Très longtemps, en Europe, il lui fallut se contenter de fraises des bois dont le goût délicieux ne parvenait pas à faire oublier la taille réduite. On essaya bien des sélections et des croisements mais sans résultats probants. Il fallut attendre ce jour béni que fut le 17 août 1714 pour qu’un ingénieur français, un certain Amédée-François Frézier (cliquez sur le lien si vous croyez que je délire) de retour à Marseille ramenât du Chili une fraise blanche qu’y cultivaient les Indiens. Croisée avec une fraise d’Amérique du Nord, elle donna ensuite naissance à notre fraisier cultivé. Quelle aventure !

Aimée de tous, sa culture ne demande que peu de soins. Elle produit, grâce à ses stolons, de nouveaux pieds. Quand vient le joli mois de mars, les plants se couvrent de fleurs qui, plus ou moins rapidement selon le temps qu’il fait, deviendront de délicieux fruits. Peu de soins, des pieds qui se multiplient, une grande générosité fruitière, si au compare le fraisier, par exemple, au chat, au chien, au canari ou au poisson rouge il n’y a pas photo ! De plus, le fraisier est paisible et ne saurait vous nuire. Si coqs, grenouilles, vaches, cloches, tronçonneuses provoquent parfois l’ire des néo-ruraux, on n’en a jamais entendu un seul se plaindre du voisinage d’un champs de fraises.

J’espère vous avoir convaincu d’en adopter.

Pour finir, une anecdote linguistique concernant l’expression « ramener sa fraise ». Contrairement aux idées reçues, la fraise dont je vous parlais n’a rien à voir là dedans. Pas plus que celle du dentiste ou du tourneur-fraiseur. En fait, on trouve son origine dans les Mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully. Le grand ministre, compagnon d’armes du futur Henri IV, recueillit une confidence de ce dernier du temps qu’il était l’époux de Marguerite de France. Je cite : « Elle nous les casse, la belle doche à toujours ramener sa fraise* » signifiant que sa belle mère, Catherine de Médicis, célèbre pour les fraises qui ornaient son cou, l’agaçait en étant toujours fourrée dans ses pattes. La mode des fraises a passé, l’expression est restée. Ainsi quand un importun intervient de manière inepte dans une conversation continue-t-on de le prier de ne point ramener sa fraise.


* Notez au passage que, bien que Béarnais de naissance, le bon roi Henri entravait et jaspinait parfaitement l’argomuche parigot. 

samedi 5 juin 2021

Un sentiment de bonheur

 

Les Français sont d’incorrigibles sentimentaux. Toutes sortes de sentiments les agitent : sentiment d’insécurité, sentiment d’être envahis, sentiment d’être pris pour des cons, sentiments de ne pas être aussi enrichis qu’on veut leur faire accroire, sentiment que M. Macron n’est pas parfait, etc.

En tant que Français, je ne saurais déroger à la règle et je partage les sentiments sus-mentionnés à part peut-être celui d’insécurité vu que j’ai choisi de vivre dans des endroits paisibles. Mais depuis ce matin, encore plus que d’ordinaire, j’ai le rare sentiment d’être pleinement heureux.

Il faut dire que j’ai d’excellentes raisons pour cela. Alors que je me rendais au magasin de la coopérative pour y faire l’emplette de dahlias, le ciel était bien bleu, le soleil brillait. Ma petite ville normande me parut, et elle l’est, pimpante, propre, fleurie. Un endroit où il fait bon vivre. N’est-ce pas une raison de se sentir heureux ? Et s’il n’y avait que ça…

Les Anglais ont une expression que je mets en pratique : « Count your blessings »que l’on pourrait traduire par « Comptez vos bénédictions » et qui pour moi est l’exact opposé de « Ressassez vos malheurs » maxime trop souvent mise en pratique.

Arrivé à l’automne de ma vie, ma principale source de contentement est de n’avoir aucun regret. J’ai pourtant connu de mauvaises passes mais elles me furent utiles. Comment apprécier le printemps quand on n’a pas connu les rigueurs de l’hiver ? Un peu de soleil quand, comme le disait si bien Brassens, on vit dans « des pays imbéciles où jamais il ne pleut, ou l’on ne sait rien du tonnerre » ? Ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, et tant mieux ! Je n’en apprécie que davantage ma sérénité actuelle.

Si on met à part les petits ennuis de santé qui de temps à autre m’ont amené à faire un tour à l’hôpital sans pour autant perturber mon équanimité, j’ai vraiment tout pour être heureux : je bénéficie de revenus qui sans être importants me suffisent, je vis dans un endroit qui me plaît, ma maison est spacieuse et agréable, sauf accident ma forme est plutôt bonne, je sais m’occuper de façon à éviter ce que cet incorrigible boute-en-train de Baudelaire nommait « les longs ennuis », si je vis en solitaire, j’ignore les affres de la solitude. Que rêver de mieux ?

Pour certains, les éléments constitutifs de ce bonheur seraient autant de sources de plaintes. Ils ne supporteraient pas de voir leur santé décliner, auraient l’impression de vivre dans le trou-du-cul du Monde, leur maison serait trop petite (ou trop grande), leurs moyens trop restreints, ils s’ennuieraient comme des rats morts, rechercheraient de la compagnie à tout prix.

N’étant pas un ravi de la crèche, je sais qu’il est possible que les choses se gâtent, que d’insupportables souffrances ou infirmités viennent m’affliger, que des deuils m’accablent. Qu’importe ? J’aurai connu de bons moments. J’aurai su les apprécier. Ce qui est pris n’est plus à prendre…

Pour illustrer mon propos, une vue de mon modeste coin de paradis :


Demain soir, en sirotant du whisky, je compte bien y faire cuire du travers de porc et des tomates sur le barbecue puis m’en régaler arrosé d’un rosé de Corse tout en profitant du serein. Et ça m’suffira.

vendredi 4 juin 2021

Une si longue absence...

 

Presque un mois s’est écoulé depuis mon dernier article. Délai inégalé depuis la création de ce blog, il y aura bientôt dix ans. Comment expliquer cela ? Les raisons en sont multiples. Bien sûr, la lassitude qui fait que ma blogroll ressemble de plus en plus à un cimetière et que depuis une assez jolie lurette le rythme de publication des survivants s’est bougrement ralenti y a sa part. Une perte totale d’intérêt pour ce qui est censé constituer l’actualité n’y est pas non plus étrangère, Toutefois, la raison principale de mon silence est tout autre.

Ce qui a motivé mon absence est une nouvelle crise de bricolite aiguë. Les mois d’avril et de mai se sont avérés climatiquement déplorables, vous l’aurez probablement noté. Alors que pour moi l’arrivée du printemps est synonyme de jardinage, la froidure ou les pluies m’ôtèrent toute envie de renouer avec cette tradition. Plutôt que de me résigner à une coupable oisiveté laquelle est comme chacun sait mère non seulement de tous les vices mais aussi de cette calamité qu’est l’ennui, j’ai donc décidé de mener à son terme la rénovation de ma maison commencée trois ans auparavant. Ne restaient plus à rafraîchir que deux pièces d’eau à savoir les toilettes du rez-de-chaussée et la salle de douche contiguë. Comme à mon ordinaire je m’attelai donc à cette tâche avec l’optimisme habituel qui me fait grandement sous-estimer les difficultés et les délais de mes entreprises.

Nous étions à la mi-avril. Voulant commencer par remplacer le mitigeur du lavabo de la salle de douche, je m’aperçus que cela était impossible sans déplacer la cabine du même nom. Ce faisant, je découvris pourquoi l’écoulement de l’eau d’icelle était défectueux : mon prédécesseur, bricoleur sans talent, avait installé l’évacuation maladroitement, si bien qu’en mettant la cabine en place il en avait écrabouillé le flexible. Y remédier fut aisé. Profitant du déplacement de la cabine, je réalisai qu’en perçant le mur il me serait possible d’installer à partir de l’alimentation en eau froide de la douche une conduite d’eau menant à l’extérieur vers un robinet permettant d’arroser mon jardin. Ce que je fis. Quand le meuble du lavabo et la cabine furent remis en place, j’eus la désagréable surprise de constater que cette dernière fuyait de partout : ses joints en silicone avaient rendu l’âme suite au déplacement. Résoudre ce problème ne fut possible qu’après de multiples tentatives. Le changement du lavabo des toilettes et de son mitigeur fut également l’occasion de nombreux problèmes de plomberie.

Ces questions résolues, je pus terminer mon chantier. Changer le papier peint , installer des lambris en PVC pour masquer les affreux carrelages muraux, remplacer goulottes, interrupteurs et prises, recouvrir le sol de lino et poser des plinthes ne présenta pas de problèmes majeurs. Et voici le résultat :



Les frimas s’étant calmés, je vais donc pouvoir jardiner, activité moins prenante...

Dernière minute : J’ai décidé de rouvrir les commentaires.