..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 4 février 2020

Tout s'explique !


Observez attentivement ces trois photos :
La petite sirène de Copenhague

La sirène des pompiers


Le lamantin

L’illustre Christophe Colomb, aurait, selon M. Wikipédia, et il n’est pas le seul à en parler, déclaré avoir vu trois sirènes en 1493. Il crut bon de préciser qu’ « elles étaient moins belles qu’on les décrit ». En fait, il se serait agi de lamantins. Avouez que la ressemblance entre la  la sirène des pompiers ou même la petite sirène de Copenhague et le lamantin n’est pas frappante et que pour les confondre il faut être sacrément miro (pas le peintre, celui qui voit mal !).


C’est probablement à cause de cette grave déficience visuelle que, découvrant l’Amérique, le grand navigateur pensa être arrivé aux Indes.

lundi 3 février 2020

Le gouvernement idéal


Notre gouvernement actuel et le président qui l’a nommé ont au moins un point commun avec ceux qui l’ont précédé : il ne conviennent pas à une large majorité de Français. Pour certains, il y a urgence à les remplacer , pour d’autres il faut respecter les institutions et attendre que les échéances électorales permettent au peuple de leur choisir des successeurs. Que ce soit suite à des démissions ou des élections, il faudra bien les remplacer. Et c’est là le problème.

Si tout gouvernement est, quoi qu’il fasse, en mesure de mécontenter beaucoup de monde, il est bien plus délicat d’en trouver un qui satisfasse ne serait-ce qu’une courte majorité. Il y a à cela une multitude de raisons. La principale, à mes yeux, étant qu’on attend beaucoup trop de gens qui somme toute ont un pouvoir très réduit et certainement pas celui de faire le bonheur de tous. Ambition d’autant moins réalisables que tous n’ont pas la même conception du bonheur ni de la manière d’y parvenir. A cela, il faut ajouter les irréconciliables contradictions que cultivent les partisans de ces multiples conceptions.

En gros, on veut tout et son contraire. On souhaite un renouvellement du personnel politique mais on reproche aux nouveaux venus leur inexpérience. On exige l’égalité tout en réclamant de voir ses mérites personnels reconnus et récompensés. On veut que l’ordre public soit rétabli et que les forces de l’ordre n’aient pas recours à la force. On aspire à un pouvoir fort mais le mot de dictature fuse dès que la moindre mesure un tant soit peu radicale est annoncée. On exige le statu-quo et le « progrès ». On a le brave culot de reprocher leur incohérence aux gouvernants qui, comme tout un chacun, partent dans tous les sens.

Tout ça ne date pas d’hier. Le bon La Fontaine avec ses grenouilles qui demandaient un roi (les temps ayant changé, elles veulent aujourd’hui un président) était allé chercher son modèle chez Ésope, fabuliste qui, rappelons-le, serait né il y a quelque 2640 ans. C’est dire l’ancienneté du problème !

Pour qu’un pouvoir, quel qu’il soit, satisfasse, il faudrait qu’existe un consensus sur les buts à viser et la manière d’y parvenir. Or ce genre de consensus non seulement n’a jamais existé mais, du fait de la démocratie, a de moins en moins de chance d’apparaître en ce que ce régime favorise l’atomisation de la société en une multitude de minorités aux intérêts contradictoires. A l’inverse, une dictature présente l’intérêt de réduire les oppositions : on est pour ou on est contre. Ceux qui sont contre ne s’unissent généralement que par leur rejet. Quand ils parviennent à la renverser, les contre se divisent et quand le bazar devient anarchique, il arrive qu’un nouveau régime fort apparaisse. On a vu ça dans bien des pays.

Tout ça pour dire que le gouvernement idéal n’a que le défaut de ne pas pouvoir exister davantage que le consensus qui le rendrait populaire et cela d’autant plus dans ce qu’on appelle « l’État providence » qui par définition se trouve en charge d’assurer le bonheur de ses citoyens. Si gouverner se bornait à exercer des fonctions régaliennes ( assurer la sécurité extérieure, l’ordre public, définir le droit et rendre la justice, gérer les finances publiques), il me semble que les points de friction, sans disparaître, seraient moins nombreux tant il est plus aisé de s’entendre sur quelques points clairement définis que sur tout. Personnellement, vu que j’ai la chance de mener une existence qui grosso-modo me convient, je me contenterais de ce type de pouvoir.

Contrairement à beaucoup, le gouvernement actuel ne me déplaît ni ne me plaît pas plus que ceux qui l’ont précédé depuis quelques décennies qui, en tentant de satisfaire des attentes déraisonnables et hors de leur portée, nous ont amené à la situation quasi-chaotique que nous connaissons aujourd’hui.

vendredi 31 janvier 2020

A Montaillou, village occitan, plus ça change et plus c’est pareil




Lors de leur récent séjour, je me suis vu offrir par le chevalier servant de ma fille, entre autres ouvrages consacrés au Moyen Age, la célèbre monographie de M. Emmanuel Le Roy Ladurie Montaillou, village occitan de 1294 à 1324. J’avais depuis bien longtemps oui dire le meilleur de ce livre mais ne m’étais jamais soucié de le lire. L’occasion faisant le larron, j’entrepris la lecture de ce pavé de plus de 600 pages en petits caractères qui, s’appuyant sur le registre d’inquisition rédigé par Jacques Fournier, évêque de Pamiers, qui entre 1318 et 1325 traqua avec zèle et méthode les Cathares de la Haute Ariège et notamment ceux de l’humble village de Montaillou.

Le saint homme que sa dévotion et son ardeur à défendre la vraie foi élevèrent à la papauté sous le nom de Benoît XII était un habile interrogateur. Le contenu des quelque 578 interrogatoires concernant 90 dossiers, furent menés par lui en occitan local. Il possédait sur les dominicains de Carcassonne qui le secondaient, l’avantage, en enfant du pays, de parler la langue des villageois. Malgré toute leur bonne volonté, lors d’une précédente campagne d’éradication, en 1308, les disciples du bon Dominique, avaient laissé passer quelques menus poissons à travers les mailles de leur saint filet. Monseigneur Fournier s’étant fixé pour but de réparer cette négligence se montra donc d’une patience infinie et, traduites en latin, les déclarations des suspects furent consignées dans un fort volume que conserve la Bibliothèque Vaticane. Ces sept années d’efforts menèrent à cinq exécutions par le bûcher, 48 emprisonnements (parfois à vie) tandis que les autres accusés recouvrèrent leur liberté. Seuls quelques lépreux accusés d’avoir empoisonné les sources avec de la poudre de crapaud (le lépreux ajoutant à sa malignité foncière un coupable entêtement à se montrer taciturne) furent soumis à la torture suite à l’amicale pression qu’exercèrent sur l’évêque les Dominicains.

Ce qui inspira M. Le Roy Ladurie, au-delà des tracasseries infligées au braves Fuxéens par la Sainte Inquisition, est que la scrupuleuse transcription de leurs interrogatoires, permettait de brosser un tableau détaillé de ce qu’était la vie des habitants d’un village de la montagne pyrénéenne au début du XIVe siècle qu’ils soient (très relativement) riches, moins bien dotés ou pauvres. Le village est dominé par la puissante famille Clergue : deux frères , Pierre, curé aux mœurs perfectibles et Bernard, qui en tant que bayle représente le pouvoir du seigneur absent y tiennent le haut du pavé (si pavé il y a). Leur fortune ne les tiendra pas éloignés des tracas d'autant moins que leur pouvoir ne leur attire pas que des amitiés. Le curé sera arrêté le premier et les efforts financiers considérables que déploiera son frère pour qu’on le libère s’avéreront vains, le futur pape étant de la détestable race des incorruptibles. Bernard finira lui-même emprisonné. Constituée en grande majorité de bergers et de cultivateurs parfois éleveurs dont l’étendue des lopins varie mais reste toujours modeste tous les aspects de la vie de la population villageoise, dans ses détails les plus intimes, sont exposés au fil des chapitres de cette étude ethnographique.

Même s’il s’agit du travail d’un universitaire avec toutes les notes, références et redites que le genre implique, je ne saurais trop recommander la lecture de ce livre qui, s’il lui arrive de manquer de légèreté, n’en demeure pas moins, grâce à certaines remarques teintées d’humour, d’une lecture agréable et surtout d’un grand intérêt pour qui s’attache à tenter de comprendre les modes de vie et l’univers mental de nos lointains prédécesseurs.

Mais comment justifier mon titre ? La curiosité m’a poussé à vérifier si ce village de quelque deux cents âmes (parfois promises à la damnation) en ce début du XIVe siècle existait toujours. Google m’indiqua que oui, même si ses 17 habitants d’aujourd’hui sont le signe d’une probable et imminente disparition. Le catharisme y serait-il encore de mise ? Rien ne l’indique. La permanence que je signalais n’est due qu’au fait que depuis l’an de grâce 2001, l’édile qui préside aux destinées de Montaillou a pour nom Jean Clergue !





mercredi 29 janvier 2020

Moldavie




« Des vacances en Moldavie, mon rêve ! » est une phrase qu’on entend somme toute assez rarement. Et cela pour plusieurs raisons. La principale étant que rares sont ceux qui connaissent l’existence de ce pays de 33 851 km² coincé entre la Roumanie et l’Ukraine et totalement dépourvu d’accès à la Mer Noire comme à toute autre mer. Ce qui constitue un handicap sérieux pour la puissance de sa marine de guerre ou marchande et l’empêche de vanter le charme de ses plages de sable blanc bordées de cocotiers. Si on ajoute à cela que les tintinophiles distraits ayant lu Le Sceptre d’Ottokar sont tentés de confondre Syldavie et Moldavie et d’en déduire que ce pays est totalement imaginaire on comprend la méconnaissance généralisée qui nuit au renom de cette vaillante petite république.

Les vicissitudes de l’histoire n’ont hélas pas épargné, loin s’en faut, la Moldavie. A son origine se trouve la principauté de Moldavie état plus ou moins indépendant entre 1359 et 1812 date à laquelle le traité de Bucarest la coupa en deux, les Russes s’appropriant sa partie orientale. La partie occidentale, s’alliant à la Valachie constitua en 1859 le royaume de Roumanie qui s’émancipa totalement de la tutelle ottomane en 1878. Entrer dans le détail de l’histoire de la partie Est de l’ancienne Moldavie serait complexe et lassant. Grosso modo, le pays, que ce fut sous le régime tsariste où durant la période soviétique vit la russification de la région grâce à des déportation de Moldaves, l’installation de Russes et la tentative de remplacement de la langue roumaine par la Russe. En 1991, comme c’est alors la mode, la Moldavie orientale proclame son indépendance vis à vis de L’URSS mais sa partie à l’est du Dniepr ne l’entend pas de cette oreille et réclame son rattachement à la Russie ou à L’Ukraine. Cette volonté n’est pas reconnue par la communauté internationale ce qui ne l’empêche pas d’être de facto indépendante du pouvoir Moldave. De plus, et pour simplifier le tout, existe une région autonome de Gagaouzie constituée de territoires non contigus peuplés, comme on peut s’en douter, par les Gagaouzes, peuple turcophone de religion orthodoxe. Pour résumer : la Moldavie après une histoire perturbée demeure un bazar sans nom !

L’hymne du pays se nomme « Notre langue » et sa devise proclame « Notre langue est un trésor ». Ce trésor est, pour la majorité, le roumain. Son drapeau a ceci de commun avec le roumain que ses couleurs sont identiques et disposées dans le même ordre. Seule différence : sur le drapeau moldave apparaissent au centre ses armoiries qui ne sont pas sans rappeler bougrement celles de la Roumanie. Au point qu’on est en droit de se demander pourquoi les Moldaves ne se sont pas rattachés à leur voisin. Ce serait compter sans les minorités slavophones et les communistes

Entrer dans les arcanes de la vie politique moldave rendrait ce qui précède d’une relative limpidité. Signalons cependant que le Parti des Communistes de la République de Moldavie domina longtemps le parlement, qu’en 2010 il y obtint 48 sièges sur 101 et qu’à celles de 2014, avec son allié il constituait une minorité de blocage avec 47 sièges. La conséquence de cela est que le pays demeure dans la zone d’influence russe et semble difficilement gouvernable.

En dehors de promenades sur les rives du Dniepr et du Prout (ou Prut pour les pudibonds) de la visite de monastères orthodoxes, de la dégustation de ses vins, du plaisir que M. Martinez et ses amis éprouveraient à voir qu’il existe encore des pays selon leur cœur, le touriste pourrait y consacrer son temps à tenter de comprendre comment fonctionne ce pays et pourquoi il existe. Personnellement, j’y renonce.

vendredi 24 janvier 2020

Guédelon


S’il est des choses qui m’ennuient un peu comme la destruction systématique de notre identité et des bases de notre société par des apprentis-sorciers fous que suit le troupeau bêlant des imbéciles consensuels, il en existent d’autres qui me réjouissent. Et l’un dans l’autre, la joie l’emporte sur l’ennui car je vis une vie qui me convient dans un cadre qui me sied et je ne vois pas comment mes lamentations pourraient de manière quelconque empêcher que, comme tout cours d’eau coule du haut vers le bas, notre société ne suive sa pente naturelle tant de tout côté on en chérit la décadence.

Loin du problème des retraites, loin des gilets jaunes, loin des anti-macronistes rabiques qui seraient bien en peine de lui choisir un remplaçant pire ou meilleur, certains se lancent dans des aventures insensées avec un enthousiasme doublé d’une ténacité remarquables, vertus si rares aujourd’hui qu’il est rassurant de constater que, même de manière résiduelle elles perdurent.

Au tout début des années 2000, ma compagne d’alors donnait des cours de je-ne-sais-trop-quoi à des potiers au centre de formation de Saint-Amand-en-Puisaye dans l’Yonne. Toujours prêt à rendre service, il arriva que je l’y conduise et, histoire de m’occuper tandis qu’elle enseignait, je décidai d’aller faire un tour au village voisin de Saint-Sauveur (toujours en Puisaye) que je savais être le lieu de naissance de l’écrivain Colette. Elle y avait grandi et sa maison natale servit de cadre à nombre de ses romans dont je fus un temps l’enthousiaste lecteur. A l’époque, cette belle demeure bourgeoise n’était pas ouverte au public et mon pèlerinage se borna à la lecture de la plaque apposée sur sa façade. Toutefois, cette excursion me permit de découvrir le site de Guédelon qui se trouve à proximité de la route reliant les deux villages sus-mentionnés. J’avais vaguement entendu parler de ce projet de construction d’un château fort selon les techniques médiévales. L’idée m’avait parue excellente, mais le chantier, lancé en 1997 n’en était qu’à son début et l’avancement des travaux n’offrait alors rien de bien spectaculaire. J’en fus un peu déçu.

Seulement, comme je l’évoquais plus haut, cette idée folle était née dans des esprits tenaces et, vingt-trois ans après son lancement, le projet continue d’avancer et connaît un succès touristique croissant. Par hasard, je suis récemment tombé sur une vidéo produite par Arte (chaîne qui n’a pas que des défauts) en 2015 et qui donne sur les différents aspects de cette entreprise originale de précieuses et passionnantes information. Si vous disposez d’une heure trente, je vous propose de la regarder en espérant que vous y prendrez autant plaisir que moi :