« Des
vacances en Moldavie, mon rêve ! »
est une phrase qu’on entend somme toute assez rarement. Et cela
pour plusieurs raisons. La principale étant que rares sont ceux qui
connaissent l’existence de ce pays de 33
851 km² coincé entre la Roumanie et l’Ukraine et totalement
dépourvu d’accès à la Mer Noire comme à toute autre mer. Ce qui
constitue un handicap sérieux pour la puissance de sa marine de
guerre ou marchande et l’empêche de vanter le charme de ses plages
de sable blanc bordées de cocotiers. Si on ajoute à cela que les
tintinophiles distraits ayant
lu Le Sceptre d’Ottokar sont tentés de confondre Syldavie et
Moldavie et d’en déduire que ce pays est totalement imaginaire on
comprend la méconnaissance généralisée qui nuit au renom de cette
vaillante petite république.
Les
vicissitudes de l’histoire n’ont hélas pas épargné, loin s’en
faut, la Moldavie. A son origine se trouve la principauté de
Moldavie état plus ou moins
indépendant entre 1359 et 1812
date à laquelle le traité de
Bucarest la coupa en deux, les
Russes s’appropriant sa partie orientale. La partie occidentale,
s’alliant à la Valachie constitua en 1859 le royaume de Roumanie
qui s’émancipa totalement de la tutelle ottomane en 1878.
Entrer dans le détail de l’histoire de la partie Est de l’ancienne
Moldavie serait complexe et lassant. Grosso modo, le pays, que ce fut
sous le régime tsariste où durant la période soviétique vit
la russification de la région grâce à des déportation de
Moldaves, l’installation de Russes et la
tentative de remplacement de
la langue roumaine par la Russe. En 1991, comme c’est alors la
mode, la Moldavie orientale proclame son indépendance vis à vis de
L’URSS mais sa partie à l’est du Dniepr ne l’entend pas de
cette oreille et réclame son rattachement à la
Russie ou à L’Ukraine. Cette volonté n’est pas reconnue par la
communauté internationale ce qui ne l’empêche pas d’être de
facto indépendante du pouvoir Moldave. De plus, et pour simplifier
le tout, existe une région autonome de Gagaouzie constituée de
territoires non contigus peuplés, comme on peut s’en douter, par
les Gagaouzes, peuple turcophone de religion orthodoxe. Pour
résumer : la Moldavie après une histoire perturbée demeure un
bazar sans nom !
L’hymne
du pays se nomme « Notre
langue » et sa devise
proclame « Notre
langue est un trésor ».
Ce trésor est, pour la majorité, le roumain. Son drapeau a ceci de
commun avec le roumain que ses couleurs sont identiques et disposées
dans le même ordre. Seule différence : sur le drapeau moldave
apparaissent au centre ses armoiries qui ne sont pas sans
rappeler bougrement celles de la Roumanie. Au
point qu’on est en droit de se demander pourquoi les Moldaves ne se
sont pas rattachés à leur voisin. Ce serait compter sans les
minorités slavophones et les
communistes…
Entrer
dans les arcanes de la vie politique moldave rendrait ce
qui précède d’une relative limpidité. Signalons cependant que le
Parti des Communistes de la République de Moldavie domina longtemps
le parlement, qu’en 2010 il y obtint 48 sièges sur 101 et qu’à
celles de 2014, avec son allié il constituait une minorité de
blocage avec 47 sièges. La conséquence de cela est que le pays
demeure dans la zone d’influence russe et semble difficilement
gouvernable.
En
dehors de promenades sur les rives du Dniepr et du Prout (ou Prut
pour les pudibonds) de la visite de monastères orthodoxes, de la
dégustation de ses vins, du plaisir que M. Martinez et ses amis
éprouveraient à voir qu’il existe encore des pays selon leur
cœur,
le touriste pourrait y consacrer son temps à tenter de comprendre
comment fonctionne ce pays et pourquoi il existe. Personnellement,
j’y renonce.
Quant à moi, à tort ou à raison, si je vois écrit "Moldavie" je pense : Moldau de Smetana :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=1-KlKIvjKFc
Mon frère aîné passait la Moldau de Smetana en boucle dans ma lointaine adolescence.
SupprimerVotre observation relative à la Syldavie est parfaitement fondée, j'ai longtemps confondu les deux et ce n'est que sur le tard, après avoir rencontré une Roumaine, une divinité Valaque plus précisément, que j'ai constaté avec stupéfaction l'existence bien réelle de ce curieux pays. Merci de nous en avoir dit plus, j'avoue n'avoir jamais eu votre curiosité à cet égard.
RépondreSupprimerAmitiés.
Vous rencontrez des divinités ? Petit gâté !
SupprimerFidèle lecteur de votre blog, je renouvelle mon abonnement.
RépondreSupprimerComment, en effet, renoncer à apprendre ce que tout honnête homme, à défaut d'homme honnête, doit savoir : le secret du hachis-parmentier artisanal, le mystère des crevettes sans tête ou encore le marsupial diabolique de la lointaine Tasmanie (dont le drapeau est intéressant à examiner) et, maintenant, cette Moldavie qui nous fait tant rêver...
Merci pour votre fidélité ! Comme vous le signalez, ce blog devrait être le vade-mecum de l'honnête homme du XXIe siècle et des siècles suivants : plus de 1600 pages de sagesse et d'informations utiles.
SupprimerVous avez oublié un détail intéressant, d'après ce que j'en sais la Moldavie a acquis un certain renom en ce qui concerne les escroqueries sur Internet.
RépondreSupprimerPas autant que le Nigéria mais ils font des efforts méritoires.
Vous me l'apprenez. Ainsi ils font de la concurrence aux Ivoirien ?
SupprimerSur le plan littéraire, je dois avouer que je ne connais que le groupe Ozone qui a réussi l'exploit de vendre une chanson en moldave dans le monde entier !
RépondreSupprimerS'il est bien Moldave, le groupe O-zone, chante en roumain. Car, en dehors de minorités slavophones (russes, ukrainiennes, bulgares), hongroises, turcophones etc. le roumain et pratiqué par l'immense majorité des Moldaves.
SupprimereSt pratiqué !
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