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lundi 3 février 2020

Le gouvernement idéal


Notre gouvernement actuel et le président qui l’a nommé ont au moins un point commun avec ceux qui l’ont précédé : il ne conviennent pas à une large majorité de Français. Pour certains, il y a urgence à les remplacer , pour d’autres il faut respecter les institutions et attendre que les échéances électorales permettent au peuple de leur choisir des successeurs. Que ce soit suite à des démissions ou des élections, il faudra bien les remplacer. Et c’est là le problème.

Si tout gouvernement est, quoi qu’il fasse, en mesure de mécontenter beaucoup de monde, il est bien plus délicat d’en trouver un qui satisfasse ne serait-ce qu’une courte majorité. Il y a à cela une multitude de raisons. La principale, à mes yeux, étant qu’on attend beaucoup trop de gens qui somme toute ont un pouvoir très réduit et certainement pas celui de faire le bonheur de tous. Ambition d’autant moins réalisables que tous n’ont pas la même conception du bonheur ni de la manière d’y parvenir. A cela, il faut ajouter les irréconciliables contradictions que cultivent les partisans de ces multiples conceptions.

En gros, on veut tout et son contraire. On souhaite un renouvellement du personnel politique mais on reproche aux nouveaux venus leur inexpérience. On exige l’égalité tout en réclamant de voir ses mérites personnels reconnus et récompensés. On veut que l’ordre public soit rétabli et que les forces de l’ordre n’aient pas recours à la force. On aspire à un pouvoir fort mais le mot de dictature fuse dès que la moindre mesure un tant soit peu radicale est annoncée. On exige le statu-quo et le « progrès ». On a le brave culot de reprocher leur incohérence aux gouvernants qui, comme tout un chacun, partent dans tous les sens.

Tout ça ne date pas d’hier. Le bon La Fontaine avec ses grenouilles qui demandaient un roi (les temps ayant changé, elles veulent aujourd’hui un président) était allé chercher son modèle chez Ésope, fabuliste qui, rappelons-le, serait né il y a quelque 2640 ans. C’est dire l’ancienneté du problème !

Pour qu’un pouvoir, quel qu’il soit, satisfasse, il faudrait qu’existe un consensus sur les buts à viser et la manière d’y parvenir. Or ce genre de consensus non seulement n’a jamais existé mais, du fait de la démocratie, a de moins en moins de chance d’apparaître en ce que ce régime favorise l’atomisation de la société en une multitude de minorités aux intérêts contradictoires. A l’inverse, une dictature présente l’intérêt de réduire les oppositions : on est pour ou on est contre. Ceux qui sont contre ne s’unissent généralement que par leur rejet. Quand ils parviennent à la renverser, les contre se divisent et quand le bazar devient anarchique, il arrive qu’un nouveau régime fort apparaisse. On a vu ça dans bien des pays.

Tout ça pour dire que le gouvernement idéal n’a que le défaut de ne pas pouvoir exister davantage que le consensus qui le rendrait populaire et cela d’autant plus dans ce qu’on appelle « l’État providence » qui par définition se trouve en charge d’assurer le bonheur de ses citoyens. Si gouverner se bornait à exercer des fonctions régaliennes ( assurer la sécurité extérieure, l’ordre public, définir le droit et rendre la justice, gérer les finances publiques), il me semble que les points de friction, sans disparaître, seraient moins nombreux tant il est plus aisé de s’entendre sur quelques points clairement définis que sur tout. Personnellement, vu que j’ai la chance de mener une existence qui grosso-modo me convient, je me contenterais de ce type de pouvoir.

Contrairement à beaucoup, le gouvernement actuel ne me déplaît ni ne me plaît pas plus que ceux qui l’ont précédé depuis quelques décennies qui, en tentant de satisfaire des attentes déraisonnables et hors de leur portée, nous ont amené à la situation quasi-chaotique que nous connaissons aujourd’hui.

10 commentaires:

  1. Vous savez quoi ? Il se montre le plus nuisible possible afin de ne pas risquer d'être reconduit. C'est d'ailleurs ce qu'on fait ses prédécesseurs.

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  2. Bonjour,

    Consensus ? J'aurais utilisé plutôt Unanimité. Ou je ne vois pas de différence de sens si on remplace l'un par l'autre dans le 5è paragraphe.

    Un État strictement limité aux fonctions régaliennes ? Cela ne peut pas exister:
    Il n'aurait qu'une fonction utilitaire. Alors pourquoi ne pas le privatiser aussi ?
    Dans un état nation, quid de la démocratie si on limite l'état à ces fonctions techniques ?

    Sinon, nous avons déjà un état régalien (royal...) : sauf qu' il n'est pas limité dans les domaines législatifs et fiscaux... .


    "ce régime favorise l’atomisation de la société en une multitude de minorités aux intérêts contradictoires" : Voila un vrai problème ! Revenons déjà à un gouvernement soutenu par une majorité, et donc, désaccoupler l'élection du parlement de celui du président.

    Amike

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    1. Bonjour, permettez moi de ne pas vous suivre sur certains points. D'abord le consensus se différencie de l'unanimité du fait qu'il peut être plus ou moins large tandis que l'unanimité est forcément totale. J'ai horreur des formules du genre "Les Français pensent que" qui laissent entendre qu'il existerait une unanimité de pensée. Je préfère que l'on parle de certains Français, d'une minorité (ou d'une majorité) de Français. Ainsi, les Français n'ont pas choisi M. Macron, seule une majorité des électeurs français du deuxième tour l'ont fait.

      Je crois que l'État serait plus utile si au lieu de se mêler de tout se contentait de garantir la paix extérieure et civile, d'assurer la justice et de gérer les sommes nécessaires à ces mission. Hélas, il préfère s'occuper d'autre chose et ne remplit de ce fait aucun de ses devoirs premiers.

      Par ce "régime" j'entendais l'État providence auquel vous semblez attaché et non le système électoral. Je ne me souviens pas que les diverses cohabitations que nous avons vécues depuis 1986 (eh oui, 34 ans déjà !) aient permis de limiter l'atomisation de la société.

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  3. En effet, je prends de plus en plus de distance vis-à-vis du passé récent, du présent et de l'avenir de mon pays. Je ne me reconnais plus dans ce peuples de mutins de Panurge enragés qui partent avec un bel ensemble dans tous les sens sous la conduite de bergers fous. J'ai des idées simples, claires et cohérentes. Vu qu'elles sont minoritaires, que beaucoup ont des boussoles qui indiquent avec constance le chemin de la confusion, je me contente d'améliorer mon environnement immédiat (maison, jardin) et généralement de me satisfaire de mon sort faute de pouvoir changer quoi que ce soit à un Occident qui court à sa perte. Le salut, s'il vient, viendra d'ailleurs, d'endroits moins gangrenés.

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  4. "Qui sondera jamais les tréfonds de mon âme torturée ?" (Jacques Etienne - 11 sept 2011)

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  5. Eh bien moi, ce pouvoir me déplaît, et il y en a qui sont beaucoup plus doués que moi pour le dire :

    https://www.philippebilger.com/blog/2020/02/sont-ils-à-la-hauteur-.html

    Que surtout ça ne vous coupe pas l'appétit !

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  6. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs j'ai connu des présidents et des gouvernements impopulaires.
    Comment voulez-vous gouverner un pays et contenter une population dont la moitié pense que l'immigration est une chance pour la France et l'autre moitié qu'il y a trop d'Arabes en France.
    Cela me rappelle la réflexion profonde d'un camarade de régiment qui me disait: "la plupart des gens sont des cons, pourquoi veux-tu aller à la guerre pour eux?

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    1. Il y aurait moyen de concilier les deux moitiés que vous évoquez : Dire que les Arabes sont une TROP grande chance pour le France et que les excès étant mauvais en tout il serait bon de les virer.

      Je crois que votre camarade était un sage.

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