Ma mère me disait que je mettrais de
l'eau dans mon vin (jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vin). Je ne sais
pas si cette critique d'un caractère affirmé s'est avérée mais il
y a une chose dont je suis certain : elle s'applique aux
mouvement politiques.
Je n'en veux pour preuve que
l'évolution récente du FN. A force de se « dédiaboliser »
on peut se demander ce qu'il peut apporter par rapport à un autre
parti populiste comme, à des degrés divers, LR, le PS ou le Front
de Gauche. Si je qualifie ces partis de populistes c'est qu'avec plus
ou moins de ferveur tous flattent les sentiments d'envie et les
aspirations égalitaires du peuple. Ledit peuple se trouvant être de
plus en plus « divers » suite à une irresponsable
politique d'immigration de masse, on se voit amené à flatter le
loup, la chèvre et le chou par des discours vagues permettant à
chacun d'y trouver son compte.
Tout parti, tout mouvement politique,
se déclare porteur de changement et aussi, quand il est en forme,
pourquoi pas, d'"Idéal". Malheureusement, l'époque n'est plus aux
idées. Pour séduire des masses abouliques refusant de choisir entre
le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière, il faut lui
servir non pas un axe ferme, clair et en rupture avec les pratiques
ordinaires de la démagogie populiste, mais une pâtée
pseudo-politique aux composants méconnaissables quand ils ne sont
pas totalement inconciliables. Ainsi peut-on promettre à la fois une
baisse des prélèvements, une augmentation des aides sociales, une
économie dynamique, une multiplication des contraintes imposées aux
entreprises, la maîtrise des flux migratoires et des frontières
largement ouvertes.
Dans ces conditions, tout parti ou
mouvement politique adoptant une ligne claire se verra taxer
d’extrémisme et diabolisé. Car ce n'est pas leur ligne, quelle
qu'elle soit, qui en fait des suppôts de Satan mais leurs
adversaires politiques. Et cette diabolisation ne vise pas que les
tenants d'une ligne claire...
Prenons le cas du gentil M. Fillon. Je
crains qu'il ne faille un peu de mauvaise foi pour voir en lui un
révolutionnaire prêt à mettre notre merveilleux système cul par
dessus tête. Et pourtant, n'entend-on pas tous les chiens de garde
de la "pensée" de gauche aboyer à son passage ? Inutile de
rappeler les invectives que lui valent la moindre de ses déclaration.
Fillon, c'est le diable (en pire) !
Or donc, dans l'espoir d'arriver au
pouvoir, Mme Le Pen s'est mis en tête (ou s'est laissée persuader)
que la seule manière de parvenir au pouvoir serait de présenter une
image lisse, neutre, systémo-compatible et d'éliminer de son
entourage tous ceux dont les « dérapages » pourraient
nuire à son image. Selon moi, c'est un tort car qui qualifie de
« dérapage » la plus anodine phrase, qui fait
semblant de ne pas comprendre certains propos pour leur donner une
gravité qu'ils n'ont pas, sinon des ennemis qui vous attaqueraient
si vous repreniez leurs propres déclarations ?
La politique est de plus en plus
devenue une question d'occupation de postes or, que ce soit à la
tête de l'État ou pour un poste de député ou d'élu local, une
seule personne sera désignée. Il faut donc que le concurrent soit
porteur d'apocalypse. Tant que ce dernier fait partie du cénacle il
ne s'agit que d'une apocalypse douce, acceptable. Si un troisième
larron vient troubler le jeu du 50/50 où l'on se tient mutuellement
par la barbichette, ça devient diabolique. Il faut l'abattre, quoi
qu'il défende.
C'est pourquoi il n'y aura de véritable
changement que le jour où, diabolisé ou non, un (e) dirigeant (e)
aura le courage d'affirmer des positions tranchées et d’œuvrer afin que s'y rallie une majorité de suffrages. Le reste, c'est un jeu où des cyniques
entraînent, de compromis en compromissions, des gogos souvent
sincères dans une lente glissade vers les abîmes.
Je ne vois
personne de cette trempe,capable de rassembler de nombreux électeurs
en notre France d'aujourd'hui.