..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 2 novembre 2013

Ils ont des bonnets rouges, vive la Bretagne !



Voilà ce que je me serais écrié il y a quelques lustres à l’annonce de la manifestation qui s’annonce et que tout média digne de ce nom suit avec angoisse en se demandant si nos chers Bretons vont  tout casser ou bien ne casser que quelques bidules ? 

Le Breton a la tête près du bonnet, que celui-ci soit rouge ou pas. J’en sais quelque chose… Bretons, mes parents l’étaient et, ce qui ne gâte rien, tous deux Trégorois, ils bretonnaient. J’ai été élevé dans le culte de la Bretagne. Tout y était tellement mieux qu’en cette région parisienne où les contraintes économiques avaient poussé mes géniteurs à s’exiler. Car pour eux il s’agissait d’exil. Les vacances, c’était en Bretagne. Les projets immobiliers aussi. D’abord une maison de vacances. Ensuite, l’échéance se rapprochant, une maison pour la retraite. Son désir de se rapprocher du Bro ghoz, poussa même mon père à postuler en Basse-Normandie, tentative qui échouèrent sur des écueils financiers : malgré tous ses défauts, l’Île-de-France était plus généreuse… L’heure de se retirer ayant sonné, mes parents rejoignirent leur pays. Ce fut une grande déception pour ma mère qui ne reconnut plus dans celle des années quatre-vingt  sa patrie chérie des années trente et quarante… 

Dans ce climat, comment ne me serais-je senti Breton ? Sans compter que durant les années soixante-dix la Bretagne devint à la mode : les fest-noz arrosés de chouchen, les chanteurs comme Glenmor, Servat, Stivell, les Tri Yann attiraient les foules.

Et puis, le temps passa. L’enthousiasme s’émoussa. Mon père vendit la maison de vacances. Les visites s’espacèrent. Et puis la Bretagne virait à gauche, tandis que moi… Mes parents disparus, plus rien ne me rattacha à ce pays si ce ne sont des souvenirs…

Et nous voilà aujourd’hui où certains attendent je ne sais quelle révolte bretonne.  Sauf que… Nos chers Bretons, s’ils en ont après le gouvernement, sont bien oublieux. Dans son ensemble, la région a envoyé au parlement 22 socialistes et une écolo sur 27 députés... Bien souvent élus dans un fauteuil, pas du bout du bulletin. Ce Finistère où la révolte gronde, n’a élu QUE des socialistes, 5 sur 8 dépassant allègrement les 60 %.  Se révolter est bel et bon mais qu’attendent-ils ? Il semblerait que ce soit plus d’aide d’état…  Qu’ils se plaignent d’être privés d’aide européenne… J’ai bien du mal à me sentir solidaire de gens qui chérissent les causes dont ils pleurent les effets…

vendredi 1 novembre 2013

Faisons progresser la parité !



Je viens de réaliser avec horreur qu’il est des domaines où le manque de parité, bien que flagrant, semble ne pas scandaliser.

Me penchant sur les chiffres de la population carcérale, une statistique de 2007 m’apprend que celle-ci serait à 96,3 %...   … « masculine » ! Seulement un détenu sur 26 serait de sexe féminin ! Cette sous-représentation est proprement scandaleuse et paradoxalement semble ne provoquer aucune indignation dans des média pourtant si prompt à dénoncer toutes sortes de disparités.

Comment expliquer cet inquiétant phénomène ? Les femmes seraient-elles naturellement moins violentes ou plus honnêtes que les hommes ?  Seuls des esprits rétrogrades pourraient soutenir une pareille opinion. Les études de genre nous enseignent qu’il n’en est rien et que seule l’imposition de stéréotypes via un système d’éducation traditionaliste peut mener à de telles aberrations. Il serait donc urgent de développer des stratégies d’éducation  indifférenciées tendant à rendre les humains de sexe féminin à devenir plus violents et moins honnêtes. A moins que l’on parvienne à faire baisser de manière significative le degré de violence et de malhonnêteté des « mâles » (ma conversion militante aux études de genre m’impose tous ces guillemets !).

Quoi qu’il en soit, les effets d’une éducation indifférenciée comme l’éradication des comportements stéréotypés ne se feront pas sentir immédiatement. Il faudra attendre l’extinction des générations n’en ayant pas bénéficié pour en ressentir vraiment les bienfaits.  C’est là qu’intervient la discrimination positive, seule manière de rétablir rapidement l’équilibre.

La détention se mérite. Son obtention exige des hommes de multiples récidives et ces peccadilles qu’on nomme « incivilités » ne la garantissent en aucun cas. Il faudra donc abaisser le niveau de sélection pour les « femmes ». On pourrait par exemple leur permettre de bénéficier de l’incarcération pour des délits mineurs. Traversée de rue en dehors des clous : aux gnoufs ! Conversation téléphonique au volant : allez hop, en cabane ! Mots aigres-doux à la belle-mère : direction prison !

Un autre domaine où règne un manque de parité totale est l’alcoolisme. Figurez-vous que, selon des chiffres de 2003, 80 % des morts causées par l’excès d’alcool seraient « masculines » !  Et cela en dépit du fait que, probablement suite à l’inculcation de quelque stéréotype, la résistance physiologique des « femmes » à l’alcool serait inférieure à celle des « hommes ». On peut espérer qu’en dix ans les choses se soient améliorées mais pas au point d’atteindre une indispensable parité. Il serait donc utile que fussent organisées des campagnes nationales d’incitation à l’alcoolisme visant essentiellement les personnes de sexe féminin (quel que soit leur genre !).  A moins que l’on ne préfère lutter contre l’alcoolisme « masculin » ou que lors d’une période transitoire on ne promeuve ces deux types de campagne. Au législateur d’en décider.

Il existe probablement bien d’autres domaines où règne ce genre d’iniquités. Mais si mes arguments pouvaient être entendus de ceux que leur sagesse a amené à tenir les rênes de l’État, ce serait déjà un pas, bien modeste j’en conviens, vers davantage de parité et partant de bonheur et de justice sociale.

jeudi 31 octobre 2013

Pauvres otages !



Vous débarquez de l’avion après plus de trois ans de coupure totale d’avec l’information. On vous dit que le président de la république sera là pour vous accueillir. Vous ne voyez pas au juste pourquoi mais vu que deux parfaits inconnus, déplumés du caillou, dont l’un semble cependant rappeler vaguement quelque chose aux plus âgés, sont déjà venus vous escorter depuis Niamey en se présentant comme ministres, vous n’êtes plus à ça près.

L’avion se pose à Villacoublay et là, au milieu de votre famille et de vos amis, vous apercevez un parfait inconnu. L’homme est petit, replet, le cheveu rare, plat et teint. L’allure générale, les lunettes, le costume étriqué, tout rappelle le clerc de notaire d'un village de la France profonde. « Qui est ce petit homme ? » s’enquiert l’un d’eux. Le plus grand des chauves répond avec un sourire : « Ah, oui, j’oubliais que dans votre isolement vous avez manqué bien des événements ! Il s’agit de M. François Hollande, président de la république élu le 6 mai 2012, jour où la France…» Dans un bel ensemble les quatre ex-otages, incrédules l’interrompirent: « François qui ? ». Le petit chauve, histoire de ne pas être en reste, les renseigna : « François Hollande, H-O-L-L-A-N-D-E, Président de la république ! ». La perplexité des ex-otages n’en fut que renforcée. Le président s’éloigna un instant pour les laisser aux joies des retrouvailles familiales puis revint et face aux micros, de cette élocution hésitante qui nous est devenue familière, vanta leur courage puis appela les Français à l’unité.

Arrêtons-nous un instant. Comme moi, vous avez assisté à la campagne des présidentielles, vous avez été préparés, sondage après sondage, à la possible victoire de M. Hollande. Le choc des résultats passé, vous avez vu, selon votre tempérament, votre rage ou votre peine enfler ou s’installer en vous résignation ou lassitude. Comme face à tout malheur, la première douleur passée, le temps a accompli son œuvre. Maintenant quand rien ne vous y a préparé, le choc peut s’avérer dévastateur comme en témoigne cette photo : 


mercredi 30 octobre 2013

Qui nous dira la vérité ?


Comme je le contais pas plus tard qu’hier, mon cher Renaud de Châtillon fut retenu prisonnier seize ans durant par des Turcs. Même pour lui qui prit tant de riches en otage (les pauvres, il les liquidait), ce dut être une bien longue et pénible épreuve. On peut penser que, vu son rang, il fut bien traité et que sa valeur d’échange interdisait que sa vie fût menacée. N’empêche, seize ans sans pillages ni massacres durent lui paraître bien longs…

Les otages français du Niger connurent probablement des conditions de détention moins confortables que notre prince-brigand. Leur épreuve fut cependant moins longue si plus pénible et plus dangereuse. Celle-ci vient de connaître une heureuse conclusion. Tant mieux. Pour eux et pour leurs familles, leurs proches et…    …leur président (bien que leur condition les ait empêchés de voter en mai 2012).

On ne peut s’empêcher de penser que pour notre cher François recevoir après tant de camouflets une si bonne nouvelle arrivait à point nommé. On pourrait même se demander si le fait que cet heureux événement se produise au moment où la popularité du président est à son étiage (espérons-le pour lui !) est dû au simple hasard…

D’un autre côté, même si la nouvelle est bonne, est-elle de nature à consoler les braves gens d’avoir perdu leur emploi ou de se voir contraints de payer de conséquentes rallonges d’impôts ? On peut en douter…

Quoi qu’il en soit, la libération des captifs se serait faite sans assaut militaire et sans qu’un rouge liard ne fût versé à leurs ravisseurs. La seule intervention du président nigérien, M. Issoufou aurait suffi. Qu’a-t-il bien pu leur dire pour qu’ils réalisent l’erreur de leur conduite ? A-t-il fait appel à leur sens moral ? Les a-t-il mis en garde contre la vengeance de l’intransigeant M. Hollande ?  Se sont-ils sentis menacés de se retrouver éparpillés aux quatre coins du Sahara par petits bouts, façon puzzle pour ne pas avoir bien connu François? 

A moins qu’à la longue les ravisseurs n’aient trouvé que nourrir ces quatre gaillards à ne rien foutre était une charge financière insupportable (c’est que ça bouffe, un otage !)? Après que leurs captifs eussent épuisé leur stock d’histoires belges, ont-il trouvé leur conversation ennuyeuse ? Leur halitose rendait-elle la cohabitation sous la tente insupportable ?

Dans ce genre d’histoire je doute qu’on ne sache jamais quelles furent les véritables causes de la libération. Même dans le cas de Renaud on en est encore aux supputations quant à la manière dont il se trouva affranchi…

DERNIÈRE MINUTE : De bien méchantes langues tendent à faire courir le bruit qu'une rançon d'au moins 20 millions d'Euros aurait été versée aux ravisseurs. Qu'est-ce qu'ils ne vont pas inventer ! Le gouvernement ne saurait mentir !

mardi 29 octobre 2013

Sacré Renaud !

De temps à autre me prend l’envie de me renseigner sur tel ou tel sujet. Aux temps pré-informatiques, je le faisais à l’aide de mon dictionnaire encyclopédique. Un article menant à un autre, je suivais les Turco-Mongols au gré de l’expansion de leur immense empire, ou les multiples ramifications de telle ou telle famille d’hyménoptères… Passe-temps innocent ! Depuis une quinzaine d’années, c’est sur le net que de lien en lien je pars à l’aventure. Un voyage en Sicile, il y a plus de dix ans déjà m’avait sensibilisé à la destinée prodigieuse de la famille de Hauteville partie d’un obscur fief normand à la conquête d’un royaume. M’installant progressivement dans le beau département de la Manche, je visitai un peu plus tard le village de Hauteville-la-Guichard supposé être le berceau de la  remarquable fratrie que composèrent les onze fils de Tancrède qui, « comme un vol de gerfauts hors du charnier natal » allèrent tenter leur chance dans le Sud de l’Italie puis en Sicile avec le succès que l’on sait.

Mes « recherches » m’amenèrent de fil en aiguille à suivre Bohémond de Hauteville, prince de Tarente qui s’empara d’Antioche et se tailla une principauté aux alentours avant que, fait prisonnier par l’émir de Sivas, son neveu Tancrède, devenu prince de Galilée, ne s’en vit confier la régence. Retracer les péripéties que connurent Bohémond, Tancrède et leurs descendants ou alliés, les rivalités de clans entre croisés, les brusques renversements d’alliances, serait œuvre de Bénédictin. Toujours est-il qu’en suivant leurs traces, j’en vins à rencontrer un personnage encore plus étonnant par ses « exploits » :  Renaud de Châtillon qui devint en 1153 le second époux de Constance, princesse régente d’Antioche et petite fille de Bohémond.

Dire que le désir de protéger la Terre Sainte des musulmans fut le seul ressort qui anima ce cadet sans fortune serait sans doute exagéré. Car le bougre se montra tout au long des soixante-sept ans de son existence d’une rapacité et d’une cruauté insignes. De plus, il avait mauvais caractère : apprenant que le patriarche d’Antioche, Aimery de Limoges avait médit de lui, il le fit jeter en prison et torturer avant de l’exposer en plein soleil, enchainé et ses blessures enduites de miel afin qu’elles attirassent les insectes. Gageons que cela encouragea ses éventuels détracteurs à mesurer leurs paroles…

Afin de se rembourser des sommes qu’il estimait lui  être dues par le basileus Manuel 1er Comnène, il s’en alla razzier l’île de Chypre et avec ses troupes s’y livra à de multiples « incivilités » comme le viol, la prise d’otages, les exécutions sommaires et pour couronner le tout, ayant rassemblé prêtres et moines grecs, il leur fit couper le nez avant de les renvoyer à Constantinople. Ses débiteurs durent y voir un encouragement à honorer leurs obligations…

Toutefois, le basileus ayant repris du poil de la bête et menaçant Antioche, le brave Renaud jugea judicieux,  quelques années plus tard, d’aller implorer, la corde au cou, le pardon de ses errances cypriotes. Bon prince, l’empereur le lui accorda.

Hélas, un triste jour de novembre 1160, alors qu’il se livrait à quelque innocent pillage, des soldats turcs le firent prisonnier. Sa captivité dura seize ans. On ne sait si sa libération fut due à un échange de prisonniers ou au versement d’une rançon de roi…

Revenu à Jérusalem, notre héros, toujours gaillard mais non assagi, devenu veuf durant sa captivité, épousera en sa  cinquantaine finissante une jeune dame dont l’alliance fera de lui le seigneur consort d’Outre-Jourdain et d’Hébron. Pour se délasser il pillera en 1181 une caravane se rendant à la Mecque. Cette nouvelle espièglerie irritera fort Saladin car elle eut lieu alors que ce dernier avait signé une trêve avec le Roi Beaudouin IV de Jérusalem. On dit même que c’est à cette occasion que l’irritable souverain ayyoubide jura de le tuer de ses propres mains. Toutefois, l’influence de Renaud à la cour de Baudouin et son ascendance sur le roi étaient telles qu’il ne pâtit aucunement de cette peccadille.

Les années suivantes le verront dévaster les côtes du Hedjaz, couler un bateau de pèlerins se rendant à La Mecque, et accessoirement piller une caravane reliant l’Égypte à Damas. La routine, quoi. Seulement, cette routine finit par agacer Saladin dont nous avons déjà pu noter le tempérament irascible. La trêve sera rompue, la guerre déclarée au royaume de Jérusalem et les Francs défaits à la bataille de Hattin, le 4 juillet 1187. Fait prisonnier, Renaud sera alors immédiatement décapité d’un coup  de sabre par Saladin lui-même lequel se montra ainsi homme de parole sinon de miséricorde.

Y a-t-il une morale à cette histoire ?  Faut-il considérer l’histoire d’un point de vue moral ? Je vous laisse le soin de répondre  à ces questions… Quoi qu’il en soit, la vie aventureuse de Renaud si elle s’éloigne par bien des points de l’hagiographie n’en demeure pas moins sinon exemplaire du moins révélatrice du fait qu’entre le XIIe siècle finissant et le XXIe commençant le comportement des élites franques s’est notablement modifié…