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jeudi 14 mai 2020

Irréductibles !

M. Onoda lors de sa reddition. Son air martial contraste avec celui, rigolard, de l'officier qui reçoit son sabre ! 

En 2014, à l’âge canonique de 91 ans, mourait à Tokyo M. Hiroo Onoda, sujet japonais qui avait vécu une expérience pour le moins extraordinaire. Officier de l’armée impériale, il fut envoyé en mission avec quelques subordonnés sur l’île philippine de Lubang. C’était en 1944. Les ordres étaient clairs : il lui fallait résister jusqu’à ce qu’arrivent des renforts. Toute reddition, quoi qu’il arrive, était hors de question. M. Onoda était un militaire discipliné et un patriote incapable de concevoir que l’Empire du Soleil Levant pût être vaincu. Il respecta les ordres reçus…

...jusqu’en 1974 ! Car il était de ces hommes à qui on ne la fait pas. Trente ans durant, il continua le combat. Avec un groupe qui se réduisit avec le temps, il continua d’affronter les troupes philippines ennemies, leur infligeant de lourdes pertes et ce jusqu’en 1972 où, lors d’un engagement il perdit son dernier compagnon d’armes. Bien des efforts furent déployés pour le traquer ou le convaincre de se rendre : rien n’y fit. Les tracts largués, il n’y croyait pas. Les recherches engagées furent vaines. Durant la guerre du Vietnam, la vue des bombardiers américains survolant son île, renforça sa conviction que le conflit faisait toujours rage. Il ne consentit à se rendre après trente ans de résistance acharnée que lorsque son ex-commandant, s’étant engagé dans la jungle et l’ayant retrouvé lui donnât l’ordre de le faire. Discipliné, vous dis-je !

Pourquoi évoquer aujourd’hui quand un soleil radieux darde ses rayons sur mon coin de Normandie vertement en voie de déconfinement ? C’est parce que je crains que la guerre menée par notre valeureux peuple contre le Covid-19 n’engendre des émules de M. Onoda. Lorsque le gouvernement, dans sa grande inconscience selon eux, décida d’esquisser l’amorce d’un déconfinement très progressif, nombre de nos concitoyens jugèrent la mesure prématurée. Pour eux, la guerre continuait. Il fallait rester chez soi, le tueur invisible n’ayant aucunement perdu de sa virulence. Sans oser tenter de l’imposer, certaines hautes autorités invitèrent cependant les personnes à risques à rester chez elles.

Dans ces conditions, ne pourrait-on pas envisager que, traumatisés par la terrible menaces, certains, du genre à qui on ne la fait pas, décident, quoi qu’il en coûte de poursuivre le combat en utilisant les armes qui avaient permis aux valeureux guerriers de maîtriser la progression du virus ? Ils continueraient donc de se signer une autorisation de sortie, ne quitteraient pas, dûment munis d’un masque fait-maison, leur domicile plus d’une heure et cela sans outrepasser un rayon d’un kilomètre, se maintiendraient à un mètre au moins de leurs semblables, porteraient des gants, tousseraient et éternueraient dans leur coude, se laveraient les mains sans cesse, désinfecteraient tout objet susceptible d’avoir d’une manière ou d’une autre été contaminé, ne recevraient personne et refuseraient toute invitation et limiteraient leurs motifs de sorties à la liste édictée par le gouvernement.

Il est certain qu’au fil des décennies, le nombre de ces irréductibles irait s’amenuisant du fait des décès et des campagnes de désensibilisation. Peut-être que le dernier d’entre eux, convaincu par un de ces nombreux professeurs jadis alarmistes que tout danger était écarté, finira par rendre les masques en 2050 avant de mourir de vieillesse en 2090. Espérons que comme pour M. Onoda, un article de Libé viendra saluer son souvenir.

12 commentaires:

  1. Vous lisez Libé?
    Hmmmm...
    Y a pas que Fredi qui ait des tendances gauchistes.

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    1. Moi, lire Libé ? Plutôt mourir ! Il se trouve qu'ayant l'idée de mon article, j'en cherchai un traitant des japonais irréductibles et que je suis tombé sur celui-là qui était exploitable dans le cadre de mon projet. L'article date de 2014, comme vous pouvez le vérifier. N'importe comment, je ne lis aucun quotidien.

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    2. Disons que votre fond remonte volontiers à la surface, cher Fredi...

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  2. Ôtez-moi d'un doute, êtes-vous en train de nous dire que nous pourrions désormais sortir sans signer la fameuse autorisation ?

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    1. Ben oui. On peut même s'éloigner de 100 km (a vol d'oiseau) de chez soi. La liberté, quoi.

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  3. La caractéristique du Japonais c'est qu'il vit sur une île. Je doute qu'aucun de ceux vivant sans un pays qui, un jour, a été occupé par les Japonais, n'aurait envie de leur faire des mamours comme par exemple les Français en font à leur ancien occupant - suivez mon regard.
    Mais peut-être est-ce hors sujet ? Cela dit j'ai eu le privilège d'être occupée par les Japs, et je peux vous assurer que cela ne se compare à rien !

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    1. Il est vrai que les Japonais ont laissé de très mauvais souvenirs ! Où viviez-vous en ces temps ?

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    2. A Shanghaï ! J'aurais pu ne jamais y arriver car le voyage s'est fait par le Transsibérien de Moscou à Vladivostock et de là dans un bateau japonais. Or ma sœur et moi, (2 et trois ans) avons été prises de maux de ventre et ma mère a voulu faire appel au médecin de bord.
      Heureusement qu'elle avait accueilli un immigrant dans sa vaste cabine - je précise en tout bien tout honneur, comme on disait en ces temps-là - qui l'en a dissuadée disant : "Si vous faites venir le médecin ils jetteront vos filles par-dessus bord plutôt que d'avoir à subir une quarantaine pour risque de choléra."
      On nous a donné à boire de l'eau de riz et tout est rentré dans l'ordre, ce qui fait que quatre-vingts ans plus tard je peux vous raconter cette histoire !

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  4. Je dois reconnaître que je fais encore partie de ces fameux irréductibles : non pas que je craigne une épidémie qui n'a fait aucun mort dans mon entourage proche ou lointain et qui s'est traduite par un gros rhume pour les (très) rares personnes affectées, mais il se trouve que je suis cloîtré chez moi pour encore un bon mois pour raisons professionnelles (télétravail). Et comme les restrictions à la liberté d'aller et venir rendent impossible le moindre déplacement en train, que les restaurants sont fermés et qu'il faut encore se déguiser pour aller à la banque, au supermarché ou chez le coiffeur, eh bien j'attendrai encore quelques temps avant de prendre une journée pour voir ce qui se passe dans le monde. Le marché du samedi matin et le tour de vélo du dimanche me suffiront. Le rythme de ma vie de "confiné" est bien rodé, j'ai viré mes "amis" Facebook rendus totalement neuneus par la moraline ambiante, et fini par couper la radio. Les rares nouvelles que je lis proviennent des quelques blogs auxquels je suis abonné, dont celui-ci. J'ai des réserves de nourriture pour encore un bon mois et des tas de livres à lire ou à relire.
    Pour résumer : ce cirque me fatigue et je n'ai aucune envie d'y participer.

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    1. Je vous comprends ! Moi, je sors, masqué dans les commerces car après avoir été au chômage technique du fait de la fermeture des magasins de bricolage, j'étais impatient de reprendre mes activités.

      Pour ce qui est des amis Facebook, j'ai comme vous fait le ménage car certains, après les gilets jaunes, la grève des transports ont continué à m'agacer avec leur peur panique du Covid. D'épuration en épuration, il ne m'en reste que peu...

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  5. Ce brave M.Onoda avait l'excuse d'être Nippon, ce n'est pas donné à tout le monde, c'est même un rare privilège, il n'y a qu'à voir comment ces gens là ont résisté au coronavirus! Pouvons nous receler des caractères de cette envergure? Peut être, finalement, face à l'épidémie nous avons vu certains donner toute la mesure de leur ardeur confinatoire...alors, pourquoi pas 2090 après tout!
    Amitiés.

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    1. En fait, et malgré tous les avantages que ça présente, je ne suis pas certain de regretter de ne pas être Japonais.

      Quant à rester confiné jusqu'en 2090, je ne suis pas pour car ça m'amènerait à 140 ans, ce qui est un peu âgé pour sortir en boîte.

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