Certains personnages bien qu'ayant
de manière insigne contribué au progrès de la science ou de la
civilisation sont tombés dans un total oubli au point que l'on ait
perdu toute trace de leur œuvre. C'est le cas du docteur Larry
Boisière , qu'une curieuse homophonie effaça de nos mémoires.
Fils de Charles
Oscar Nestor Népomucène Adrien Robert Daniel Boisière, explorateur
et homme d'affaires d'origine québécoise et de Lorraine Smith, jeune
américaine rencontrée lors d'un voyage d'études à l'origine de sa
thèse Étude comparative des moeurs dans les bobinards du
Wisconsin et du Connecticut, qui fait encore autorité sur le
sujet, Léon Aristide Robert René Yves Boisière naquit le 29 février
1808 à Paris où ses parents s'étaient installés suite à un
malentendu avec la justice du comté de Hartford qui contraignit le
couple à s'expatrier en catastrophe.
Connaissant des débuts
difficiles, l'inventivité commerciale de son père, qui devait plus
tard lui valoir une condamnation à vingt ans de travaux forcés,
permit à celui qui préférait qu'on le nommât Larry ( acronyme de
ses cinq prénoms*) de vivre une enfance aisée. Après des études
secondaires au Lycée Louis-Le-Grand où il s'illustra en décrochant
un 3e accessit en macramé ainsi qu'en jouant un rôle déterminant
dans la victoire de son établissement lors du championnat
inter-académique de bilboquet en 1824, Larry, suite à une cuisante
expérience, décida de poursuivre des études de médecine et de se
spécialiser dans la vénérologie où il excella.
Exerçant à
l'Hôpital du Nord, il devint bien vite médecin chef de son service
et s'acquit une réputation d'excellence qui fit y accourir tout ce
que Paris comptait de personnalités des mondes politique et
littéraire. Se rendre chez Larry Boisière devint bien vite un must
et un espoir de guérison pour les poètes et les ministres victimes
de leur désir de mieux cerner les arcanes de la féminité (ou de la
masculinité, au choix) au point que la phrase devint proverbiale et
que l'on tendit à appeler Larry Boisière l'ensemble de
l'établissement que les vicissitudes de l'histoire firent
successivement nommer Hôpital Louis-Philippe puis « de la
république ».
Hélas, le grand
médecin, uniquement préoccupé de la santé d'autrui, négligea
d'appliquer sa thérapeutique aux petits soucis que lui avaient valus
sa constante exploration des sources des maux qu'il soignait. Il
succomba à l'action combinée de la maladie et du surmenage le 18
mars 1849. Un deuil de quatre jours fut observé en sa mémoire Rue
Saint-Denis.
Un
étonnant concours de circonstance voulut, alors qu'on s'apprêtait à
donner officiellement à l'hôpital le nom de celui qui avait tant
fait pour sa renommée, que mourût en décembre 1851 une obscure
comtesse d'empire qui, sans héritiers, laissa par testament
la plus grande partie de sa fortune pour la fondation d'un hôpital à
Paris. Elle se nommait Élisa de Lariboisière ! Profitant de
ce hasard, l’hôpital du Xe arrondissement eut beau jeu de réclamer
que l'on consacrât l'argent de la généreuse donatrice à la
construction de ses nouveaux bâtiments. Faisant d'une pierre deux
coups, on pourrait ainsi honorer la bienfaitrice et, indirectement,
le grand praticien. Le ministre de la santé publique, grand habitué
du service de Larry souscrivit à cette demande. C'est ainsi que fut
inauguré en 1854, l'hôpital sis au 2 rue Ambroise Paré et classé
aux monuments historiques.
* Cette
inventivité réjouit son père qui se garda cependant de l'imiter.
Sublime biographie!
RépondreSupprimerMerci, cher grandpas.
SupprimerJe me permets de rajouter à cette biographie un détail peu connu.
RépondreSupprimerA l'issue de ses obsèques les putes de la rue Saint Denis décidèrent
de surnommer Géraldine "Pompes Funèbres" car celle-ci suçait Larry à mort fréqemment.
Je le savais, mais il ne s'agissait ici que d'honorer un homme injustement oublié sans trop entrer dans les détails.
Supprimertu tiens une forme olympique
RépondreSupprimerEn effet !
SupprimerBel hommage à un bienfaiteur de l'humanité dont la célébrité se cache derrière les sous de la Comtesse! Il fallait que cette injustice fût réparée, merci pour sa mémoire (un peu défaillante, certes).
RépondreSupprimerAmitiés.
Je le devais à l'Histoire et il le méritait !
SupprimerJ'imagine que vous parlez de cet hôpital où ma sœur a travaillé en tant qu'infirmière pendant vingt ans ?
RépondreSupprimerElle avait un temps partiel à 80% ! Elle a demandé un 50% qui lui a été refusé ! Son mari lui a dit : "Très bien, tu leur diras que puisqu'ils te refusent le 50% ce sera un 0% !"
Elle a démissionné de son travail et du même pas, son mari est allé voir son chef, dans la grande entreprise où il travaillait, lui disant:
"Voilà, ma femme est fatiguée, elle doit arrêter de travailler, j'ai besoin d'une augmentation !
- Et vous la voyez de quel ordre, cette augmentation ?
- De l'ordre du salaire de ma femme : 10000 francs par mois.
- Vous savez ce qu'on va faire, on va vous mettre en place tout de suite, une prime de 50 000 francs, et pour la suite, on verra ce qu'on peut faire !"
Et de fait, son salaire fut, illico, augmenté du salaire de sa femme.
Et mon beau-frère de me demander : "Qu'est ce que tu en penses ?
- Eh bien , j'en pense, que toutes ces années tu as été sous-payé !"
Oui bon, je suis d'accord avec vous : tout le monde s'en fout !
Mais non, Mildred. J'adore les anecdotes, surtout quand elles sont porteuses d'une morale.
SupprimerMerci Fredi !
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