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samedi 10 mars 2012
Vialatte, encore.
Après quelques centaines de « Chroniques de la Montagne » d’Alexandre Vialatte, mon intérêt ne s’émousse pas. Ces petits textes d’une drôlerie absurde, où la réflexion profonde est bientôt désamorcée par une notation incongrue quand ce n’est pas le contraire constituent une lecture légère dont il ne reste rien sinon du plaisir et l’envie d’en lire de nouveaux.
Une chose me tarabuste cependant. Ces chroniques sont parues sans discontinuer pendant près de vingt ans à raison d’une par semaine dans le quotidien « La Montagne » de Clermont-Ferrand. De cette ville de lave qu’aucun débarbouillage n’empêchera jamais de rappeler les lugubres façades noires du Paris de mon enfance, je ne connais pas grand-chose. J’y ai passé quelques jours, il y a une dizaine d’années. Ne m’en reste que la conviction que, pour bien faire, une cathédrale se doit d’être en pierre blanche ou à la rigueur en granite. Oui, je sais, Albi, Toulouse, etc. Mais que voulez-vous, je suis du Nord-Ouest…
Clermont-Ferrand, donc. La Montagne, quotidien régional. Les années-50-60, glorieuses certes, mais joyeuses non. Et c’est là ce qui me chiffonne : qu’est-ce qui pouvait bien pousser les lecteurs auvergnats ou limousins à lire la prose un rien déconcertante du grand Alexandre ? Étaient-ils tous de fins lettrés amateurs d’humour absurde ? L’appréciaient-ils vraiment ? La lisaient-ils seulement ? J’imagine la perplexité du bon paysan du fin fond de son Cantal en apprenant que Kant et Nietzsche sont des zouaves. Surtout que ces deux zouaves risquaient fort à l’époque comme maintenant de n’évoquer que peu de choses pour le bon peuple rural, même en Corrèze… Ces chroniques ne visaient-elles qu’une frange marginale du lectorat ?
Et si elles ne visaient personne ? Peut-être qu’en ces temps austères un journal ignorait le marketing et qu’il pensait de son devoir de laisser place dans ses colonnes à un écrivain régional de talent ? Nous aurions bien régressé, me semble-t-il…
Quoi qu’il en soit, merci à la Montagne sans laquelle ces chroniques n’auraient pas existé. Merci également à Philippe Meyer, de France inter et France culture, de me les avoir faites découvrir.
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Bonjour Jacques-Etienne,
RépondreSupprimerPourquoi voudriez vous que les paysans quelque soit la région, n'aient pas le sens de l'humour.
Car croyez moi laisser "Flamby" tripoter le cul d'une vache avec une brosse ( faut pas pousser quand même)il faut avoir un sacré sens de la dérision.
Dans ces années là, le diversité n'avaient pas encore fait son travail de nivellement par le bas ou éclater en sous-culture.
C'est bien triste.
Je ne dis pas que les paysans manquent d'humour, simplement que l'humour très spécial de Vialatte est difficilement accessible à qui ne possède pas un minimum de culture littéraire. Culture qui faisait défaut à bien des gens dans les années 60-70 comme aujourd'hui.
SupprimerIl n'est pas sûr, en effet, que les fidèles lecteurs de La Montagne se soient tous rués sur la chronique en question. ce dont je crois me souvenir, en revanche, c'est que les ventes du quotidien augmentaient de façon perceptibles ce jour-là, et notamment pour les exemplaires vendus à Paris. On peut donc supposer que les lecteurs “captifs” continuaient d'acheter leur journal comme chaque jour, en se foutant éperdument de Vialatte, et que d'autres personnes ne l'achetaient, elles, que ce jour-là.
RépondreSupprimerOn notera aussi que, dans les dernières années de sa vie, Philippe Muray avait repris, dans le même quotidien, la place laissée libre par Vialatte – dans un tout autre genre évidemment. On trouve la plupart de ces chroniques reprises dans ses Exorcismes sprirituels (éditions des Belles Lettres).
Merci de ces informations. Si vos souvenirs sont exacts, le journal avait donc intérêt à publier ces chroniques. Ce qui est rassurant.
SupprimerJe ne pense pas qu'il y ait la moindre condescendance à avoir envers les Auvergnats ou les Limousins, qui en matière de culture pourraient en remontrer à bien des parisianistes.
RépondreSupprimerVoici ce qu'écrit Jean-Yves Lenoir, directeur de la Compagnie de théâtre "Le Valet de Coeur" de Clermont-Ferrand, en présentation de la pièce "Le Libertin" de Eric-Emmanuel Schmitt.
"Diderot appartient au patrimoine français.
C'est dire que si vous demandez à Monsieur Tout le Monde : - Connaissez-vous Diderot ? La réponse est - Oui, bien sûr ! Et si vous ajoutez :
- Pouvez-vous me citer quelques oeuvres de Diderot ? Monsieur Tout le Monde hésite, mentionne comme une page de catéchisme la trilogie Voltaire-Rousseau-Diderot, parle du siècle des Lumières, se hasarde à demander : - Le Neveu de Rameau, c'est bien de lui ?
-Et puis..., et puis..., je l'ai lu autrefois, conclut Monsieur Tout le Monde.
Autrefois ? Dans les oubliettes, Diderot ! Voilà pourquoi j'ai choisi Diderot. A cause des oubliettes.
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Car il en est ainsi du patrimoine français : qu'il s'agisse d'architecture, de peinture, de théâtre, de poésie, le patrimoine français est recouvert d'un voile qui en efface l'universalité et le fait tomber - sinon dans l'oubli - du moins dans l'ennuyeux et l'élitisme. Brûlons ce voile."
Vous voyez que les Auvergnats ne sont pas tous des boeufs !
Les Auvergnats sont presque tous des bœufs, si. De même que les Parisiens, les Brestois, les Toulousains, les New-Yorkais ou les Moscovites.
SupprimerSi vous avez décidé d'être désagréable, autant vous dire tout de suite que vous avez fait un flop, tant votre dernier billet m'a mise de bonne humeur !
SupprimerSachez que le B.A. BA pour un homme politique qui veut atteindre le sommet de l'arbre, c'est d'éradiquer systématiquement toutes les branches qui pourraient éventuellement le gêner dans son ascension.
C'est ce qui est arrivé à Fabius, et l'autre soir ça a été le tour de Valls qui s'est proprement fait étriller par Bayrou, et on n'en a pas entendu parler non plus.
Comme dirait Brel : "Au suivant !"
Je n'ai jamais pensé que les Auvergnats soient plus ou moins boeufs que les autres. Ce que j'en disais s'appliquerait aussi bien aux Bretons, aux Normands ou au Lorrains. Les lecteurs de la PQR ne sont pas toujours intéressés par la littérature surtout quand celle-ci est non-conformiste.
Supprimerje suis entièrement d'accord avec vous, Didier.
SupprimerVous avez remarqué que je n'ai cité aucune ville africaine ni arabe (à part Toulouse…), pour ne pas me faire traiter de raciste ?
SupprimerTiens, voilà qui me donne envie de relire les Chroniques de Vialatte. Desproges les appréciait beaucoup mais n'en parlait pas trop. Peur qu'on compare l'original à la copie ?
RépondreSupprimerPuisque vous êtes un abominable homme de droite, je me permets de vous conseiller dans le genre "chroniques" (c'est moins bon que Vialatte mais ça se laisse rire tout de même) "Papiers gommés", d'ADG. (du Journal "Minute")
Merci. Vous savez que je suis vos conseils...
SupprimerSinon, nous avons aussi les blocs-notes de BHL dans Le Point. On nous les réclame beaucoup, cette saison…
SupprimerTrèfle de plaisanterie, comme dirait Béru : le Bloc-Notes de François Mauriac reste une roide lecture, malgré les années. Et, pour être fort différent, son humour n'est pas moins ravageur que celui de l'Auvergnat…
Supprimerle groupe Vialatte sur Fahttp://www.facebook.com/groups/306920442716905/cebook :
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