..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 30 avril 2022

Gary, encore et toujours !

 


Je ne me souviens pas plus de ce que j’écris que de ce que je lis. Ce qui me permet de découvrir avec le même plaisir des livres naguère ou jadis lus. Ayant entamé la relecture des Mangeurs d’étoiles de Romain Gary, j’ai, afin de vérifier si je n’avais pas consacré à ce roman un précédent article, effectué une recherche dans le dossier qui regroupe mes bavardages et constaté qu’à douze reprises j’avais cité ou fait mention du double lauréat du prix Goncourt. Il faut dire que, si j’étais tenté d’établir un palmarès de mes écrivains favoris, il y occuperait la première place et que L’Angoisse du roi Salomon est, de loin mon roman favori. Je l’ai lu, relu, j’y ai surligné ou souligné tant de passages, corné tant de pages, que mon exemplaire Folio, acheté en 87, menace ruine.

Dire que je placerais Les Mangeurs d’étoiles au rang de mes favoris serait exagéré. Il ne manque cependant, malgré des longueurs, pas d’intérêt. N’étant qu’à la moitié de sa lecture, je ne saurais vous en narrer le dénouement.

Tout commence lorsqu’un cortège de Cadillac vient chercher à l’aéroport quelques invités du dictateur José Almayo. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils forment un groupe disparate : le composent un télévangéliste américain de renom, un « virtuose » du violon qui, vêtu en clown joue d’un minuscule instrument debout sur la tête, un agent artistique, un jongleur dévoré par l’ambition de réussir l’exploit qu’aucun de ses collègue n’a pu réaliser, un ventriloque et sa marionnette, un « virtuose » des spectacles porno et la « fiancée » d’Amayo, jeune américaine aussi alcoolique qu’idéaliste. Sur son chemin, le convoi s’arrête pour que se joigne à eux une vieille indienne, abrutie par la mastication de feuilles feuilles hallucinogènes (une mangeuse d’étoiles) qui s’avère être la mère du dictateur. On est en bonne compagnie ! Soudain des militaires viennent bloquer le convoi. Le responsable de la sécurité du groupe apprend par un entretien téléphonique qu’Almayo lui donne l’ordre d’immédiatement fusiller tout ce joli monde et de transporter les cadavres à l’écart de la route dans un endroit où il sera facile de les retrouver. Le capitaine n’en croit pas ses oreilles. Il finit par avoir confirmation de l’ordre par le dictateur lui-même et s’apprête à exécuter l’ordre quand il apprend par radio que l’armée s’est soulevée contre l’autocrate et que son trône risque de vaciller. Cela explique l’ordre donné : Almayo compte faire porter la responsabilité de ce crime barbare sur les insurgés afin que les Américains volent à son secours et écrasent la rébellion. Seulement, au cas où ce plan échouerait, l’homme de la sécurité redoute d’avoir à porter le chapeau pour ce massacre et décide d’annuler l’exécution et d’aller cacher les « otages » dans la montagne…

Au fil des pages, nous en apprenons davantage sur le dictateur et sa fiancée. Almayo, jeune indien misérable (pléonasme), a, depuis toujours, ambitionné de devenir un personnage important. D’abord apprenti torero subventionné par son riche amant, il réalise qu’il manque de talent. Or, sans talent, point d’avenir. Comment l’obtenir sans l’aide de Satan ? Car son manichéisme simpliste le pousse à penser que la terre est dominée par ce dernier, Dieu régnant sur le ciel sans s’occuper des hommes. Pour réussir, il faut donc séduire le diable en se montrant digne, par des crimes odieux, de bénéficier de ses faveurs. D’abord petit voyou,trafiquant de drogue, il organise ensuite des milices sanguinaires qui défendent « l’ordre » et ainsi finira par arriver au pouvoir.

Sa « fiancée » est tout autre : idéaliste invétérée, elle cherche à faire le bien, voudrait sortir le peuple de la misère crasse où il survit « en mangeant des étoiles ». Sous son influence, Almayo sans croire un instant à leur utilité, dote le pays, grâce à l’aide américaine, d’une université, d’un très bon réseau téléphonique et d’autres foutaises censées sortir la plèbe de sa terrible condition. De manière à peine dissimulée, Gary dresse un portrait physique et mental de Jean Seberg son épouse d’alors que son idéalisme ingénu conduira à la déchéance et à la triste fin que l’on sait. Il reviendra d’ailleurs sur ce thème quelques années plus tard dans Chien blanc. Sa première rencontre avec Almayo plante d’ailleurs le décor : alors qu’elle vient de se faire violer par un chauffeur de taxi qui prétendait lui faire découvrir la beauté des ruines d’une pyramide sous la lune, elle se réfugie dans la boîte de nuit qu’il possède. « Elle parlait d’ailleurs sans cesse d’une grand-mère qu’elle avait dans l’Iowa et d’un diplôme de langues qu’elle avait obtenu dans une Université là-bas, en le regardant d’un air pitoyable et en pleurant dans son mouchoir. Elle voulait probablement dire que ce n’était pas elle que le chauffeur de taxi aurait dû violer, mais quelqu’un d’autre qui n’avait ni grand-mère ni diplôme. José et le barman se regardaient en rigolant. ».

Du Gary pur sucre,mélange de cynisme, d’humour et de dérision qui me fait l’aimer. Je sens que je vais en relire beaucoup d’autres .

mercredi 27 avril 2022

Qui perd perd !

Le 28 octobre dernier, terminant la revue de son dernier livre, voici ce que j’écrivais ici au sujet d’Éric Zemmour : « Loin d’être son ennemi, saluant son talent et son engagement sans faille, j’apprécie l’écrivain comme le débatteur et n’aurais à aucun prix raté ses éditos de Face à l’info. De là à penser qu’il a l’étoffe d’un président, il y a un pas que j’hésite à franchir. J’y reviendrai peut-être. ».

Six mois ont passé et j’y reviens. Ma religion et faite : Non seulement M. Zemmour n’est pas taillé pour occuper la magistrature suprême mais il ne me semble pas avoir les qualités nécessaire pour devenir un politicien fût-ce de second plan. De cela, il a donné une preuve éclatante au soir du 24 avril. En déclarant que c’était « la 8e fois que la défaite frapp[ait] le nom de Le Pen » avant d’appeler à l’union du bloc national, il a démontré non seulement qu’il manquait de sens politique mais aussi du plus élémentaire bon sens. Comment pouvait-il rêver qu’en fustigeant pour la Énième fois l’incapacité à gagner de Mme Le Pen au lieu de saluer sa progression, il pouvait appeler à une quelconque alliance avec celle, que ça lui plaise ou non, ralliait le gros des troupes « nationales » autour d’elle ?

Il ne faudrait pas que M. Zemmour oublie que s’il a pu un temps mobiliser une partie non négligeable de l’opinion française autour des thèmes de l’immigration ou de l’identité française, c’est qu’avant lui, depuis 50 ans, les Le Pen père et fille lui avaient préparé le terrain en « lepenisant » les esprits comme aiment à le dire les « de gauche ». Il ne faudrait pas non plus qu’il oublie qu’au plus haut de sa popularité, quand la mode était, chez les cadres du RN, à la trahison, les sondages lui prédisaient cependant une défaite bien plus cuisante face à M. Macron que la concurrente qu’il méprise tant. Il faudrait encore moins qu’il oublie qu’il fait partie des élites qu’il fustige, qu’il ne peut regrouper autour de lui que des droitards CSP+, qu’on le voit mal enthousiasmer les cités ouvrières du Pas-de-Calais, bref que sa base est trop réduite pour ne serait-ce que s’approcher d’une forte minorité.

Les jolis meetings, les enthousiastes adhésions qui font passer votre parti du néant à la première place c’est excellent pour vous développer le melon mais ça ne suffit pas pour vous donner une assise populaire.

Marion* Maréchal-pas-Le-pen, se voit contrainte de voler au secours du petit Éric en arguant, sondage à l’appui, que faute d’union du bloc national, le RN n’obtiendrait que quelques sièges alors que dans le cas contraire ce serait le succès que voici :


Comme si les électeurs de DLF et Reconquête ! risquaient de voter Mélenchon ou Macron. Je crains que l’avenir politique de M. Zemmour ne soit sombre et qu’il doive songer à une reconversion vu qu’en tant que « polémiste » M. Bock-Côté a pris sa place avec un brio qui devrait rendre un retour délicat.

Espérons qu’un sort cruel et ironique ne le contraindra pas à se faire poissonnier sur les marchés du 9-3 !

*Probablement ainsi prénommée en l’honneur de sa chère tante Marine dont c’est le véritable prénom. 


lundi 25 avril 2022

Ils ont voté et puis après ?

 

Sur cette photo : un leader et un insignifiant. Saurez-vous les identifier ?

On en reprend pour 5 ans. Et je n’y suis pour rien, comme pour la fois d’avant. Bien sûr, j’habite ce que l’on appelle la « France périphérique » mais c’est par choix. Je n’en retire aucune frustration ni amertume. Bien sûr, nous ne bénéficions pas des embouteillages et des problèmes de stationnement qui font le charme des plus ou moins grandes villes. Bien sûr nous n’avons aucun théâtre, aucun cinéma et encore moins d’opéras où aller s’endormir devant de coûteux spectacles soporifiques. Bien sûr, quand je sors faire des courses, il est rare que je ferme ma porte à clé par crainte d’une effraction vu que si nous avons des délinquants ceux-ci doivent être bien paresseux. Bien sûr, nos commerces n’offrent pas le choix qu’on trouve dans les métropoles. Bien sûr, nous ne bénéficions pas de l’enrichissement qu’entraîne une forte immigration. Bien sûr les transports publics sont quasi inexistants et nous privent des joies ineffables de la promiscuité. Bien sûr les services publics offrant les aides qui ne m’intéressent pas ou auxquelles je n’ai pas droit ne se bousculent pas.

Malgré tous ces handicaps, j’y suis heureux et j’ai voté Marine. C’est d’autant plus étonnant que je suis un « Boomer » (ce qui impliquerait que l’on vote Macron des deux mains), que loin d’être totalement analphabète j’ai fait 6 ans d’études supérieures et obtenu deux maîtrises avec des mentions plutôt flatteuse, que dans les cases des CSP , je coche la case plus, qu’à la différence de bien des « citoyens  du monde » autoproclamés, j’ai vécu et travaillé des années à l’étranger et je n’ai aucun problème de fin de mois. Je n’ai donc aucune excuse.

Sauf que… J’aime la France, non comme un simple territoire ouvert à tous les vents, vague province de l’Union Européenne mais comme un pays et une culture millénaires où plongent mes racines, le seul où je me sente vraiment chez moi et dont, quand je m’en suis éloigné, je me suis senti exilé. En résumé je suis patriote. Comme le sont tous les Français conscients qu’ils ne sont pas de la Matière Humaine Indifférenciée, pour reprendre l’expression de Renaud Camus, mais que la patrie est pour eux une richesse et une protection.

Contrairement à ce qu’on entend dire un peu partout, il n’existe pas deux France mais une seule : celle des territoires, la France profonde et fidèle à son identité. A côté de cela coexiste, dans les grandes agglomération une sorte de magma composite regroupant des gens riches ou aisés, des CSP+ fiers d’un statut qui leur inspire un contentement de soi pas toujours accompagné d’opulence, des cassos et des allogènes qui savent de quel côté leur tartine est beurrée et des nostalgiques de la dictature communisme. Ces gens votent extrêmement différemment de la France. Sans eux, M. Macron aurait pu aller planter ses choux.

Mais qu’on le veuille ou non ces gens existent et ils nous en ont recollé pour 5 ans. J’en suis triste. M. Macron, de nouveau, ne sera aucunement mon président. Je ne supporte pas d’entendre ses interminables autant qu’insipides et creuses harangues (quand elles ne sont pas nocives) et cela depuis le début de sa campagne de 2017. Je coupe le son quand il intervient. Cinq années qui s’annoncent donc éprouvantes pour ma télécommande.

vendredi 22 avril 2022

Autopsie d’un suicide

 

J’ai longtemps cru que le refus d’alliance entre LR (et ses précédents avatars) et le RN (et son précédent avatar) n’était dû qu’à une stratégie consistant à éviter la confusion entre les deux partis et de voir, selon la formule de Jean-Marie Le Pen , les électeurs préférer l’original à la copie. Et cela uniquement pour sauver ses fiefs et prébendes. Mais ça, c’était avant. Du temps où le parti de « la droite républicaine » comptait dans ses rangs une forte proportion de gens réellement de droite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où les ralliements croissants à M. Macron débutés il y a cinq ans se sont amplifiés pendant et après la dernière campagne. Les 20 % obtenus par M. Fillon se seraient , le 10 avril répartis comme suit : 32 % pour M. Macron, 18 pour M. Zemmour, 16 pour Mme Le Pen, et 22 se sont abstenus ne laissant à Mme Pécresse que des miettes.

Ces transferts ne risquent-ils pas de réduire LR au statut de coquille vide et de réduire le nombre de ses représentants à l’assemblée ? Certains barons locaux, fortement implantés dans leur territoire conserveront peut-être leur siège mais quid des nouveaux venus qui auront bien du mal à mobiliser les électeurs autour d’un projet précis ? Si voter LR est ressenti comme apporter son soutien à une force d’appoint à M. Macron, pourquoi ne pas voter directement pour ce dernier ?

A un légèrement moindre degré, LR, comme le PS est tombé dans le piège macroniste et son avenir, s’il lui en reste un, semble bien sombre.

Il me paraît tout à fait aventureux de présager de ce que pourrait être le résultat des prochaines législatives. Il dépendra probablement du résultat de la présidentielle et du rapport de forces qu’il instaurera. Une chose est cependant évidente : il existe un bloc plutôt homogène de droite dure, un bloc « macroniste » par conviction ou par défaut et une bloc de gauche que M. Mélenchon n’est pas certain de rallier à son panache rouge.

Dans ce contexte, quelle place pourrait occuper LR ?

mardi 19 avril 2022

Le « grand débat »

 


Demain soir aura lieu un débat. On nous le présente comme décisif. Cependant, il est probable que comme d’habitude une large majorité d’électeurs ne le regarde pas. Il se contenteront, dans le meilleur des cas, d’écouter ce qu’en diront les enculeurs de mouches commentateurs médiatiques Vu l’objectivité de ces braves gens à qui leur cécité à géométrie variable a interdit depuis plus de cinq ans déjà de réaliser que leur idole n’était qu’une baudruche verbeuse et nocive en perpétuelle contradiction avec lui-même, on peut s’attendre à des comptes-rendus fidèles.

Quoi qu’il en soit, je trouve ces débats foncièrement inutiles. On tente d’en faire un haut moment de la démocratie mais ce n’est souvent qu’une occasion pour les candidats de glisser la petite phrase qui tue dont leur partisans continueront de se gargariser des décennies durant du genre «  Vous n’avez pas le monopole de la choucroute », « Moi président, je mangerai du cassoulet, moi président, j’irai à la messe à vélo , moi président, j’etcoeterai », « Mais vous avez tout à fait raison, M. le chef de gare... » *

M. Macron est une nouvelle sorte de guignol : pas de petite phrase qui tue, mais d’interminables périodes engendrant une stupéfaction teinté de lassitude et que ses thuriféraires trouvent géniales faute d’êtres compréhensibles. Comme disait à propos d’un sénateur Eurélien la Mère Plateau qui logea mes 18 ans « Ah ça, il parle mieux qu’un lièvre mais il court pas si vite » ! C’est tout ce qu’on peut en dire.

A ces parlottes inutiles, la sagesse exigerait qu’on ne se rende point. Mais ce serait considéré comme une dérobade…

Franchement, je me fous de savoir qui « gagnera » ou « perdra » lors de cette pantalonnade. J’en dirai autant du résultat du deuxième tour. La victoire de ma candidate n’est ni probable, ni inconcevable. Les urnes parleront.

Ce qui compte vraiment à mes yeux, c’est la progression du camp national : plus de 32 % au premier tour. C’est l’élimination du candidat de gauche, c’est le fait que dans plus de 20 000 communes de France Marine arrive en tête, c’est qu’il en est de même dans 206 (sur 566) des circonscriptions législatives et qu’elle obtient plus du tiers des voies dans 63 d’entre elles, c’est que le « FRONT RÉPUBLICAIN » est moribond. Ces progrès ne sont pas négligeables, il faut qu’ils se poursuivent et mènent finalement à une victoire indiscutable.

Le reste n’est que bavardage.


*Je cite de mémoire mais ça doit être à peu près ça.