..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 8 mars 2020

Le pangolin : une solution !




Comme bien des gens vous vous plaignez de ce que votre logement est infesté de vermines diverses qui, malgré votre sympathie pour, comme disait le regrettable Jean Ferrat, « tout ce qui tremble et palpite, tout ce qui lutte et se bat » pourrissent votre existence. Quand les punaises de lit et les puces vous permettent de fermer un œil, vous trouvez désagréable d’être réveillé par tous ces cafards qui vous courent sur le visage. Voir vos portes, fenêtres et meubles dévorés par de gras termites nuit à votre bonne humeur. Les cloportes qui se sont établis sous votre évier ne vous paraissent qu’à moitié sympathiques. En été, les fourmilières se réveillent et les asticots envahissent votre poubelle. Ce n’est plus une vie !

Toutefois, votre foi écologiste et vos convictions anti-capitalistes vous interdisent d’avoir recours aux insecticides produits par les multinationales de l’industrie chimique qui n’ont pour raison d’être que l’exploitation (avant licenciement) de leurs personnels et l’empoisonnement de leur clientèle. Bien sûr, vous avez tenté des remèdes de bonne femme ( l’orthographe « de bonne fame » étant basée sur une fausse étymologie) comme l’huile essentielle de perlimpinpin alpestre ou les bouquets de sacrebleu tibétain mais vos persécuteurs se sont empressés de la boire ou de les boulotter avant qu’ils n’aient fait le moindre effet. Vous en êtes à éviter le rayon insecticides de votre grande surface pour éviter la tentation et lors d’horribles cauchemars vous vous voyez exterminer, une bombe de Baygon dans chaque main, tout ce petit monde avant de vous réveiller le visage couvert d’une sueur âcre dans laquelle cafards, puces et punaises tendent à patiner. Vous êtes à bout. N’y a-t-il pas de solution ?

Rassurez vous, il en est une simple, naturelle, écologique : Le pangolin. Ce petit animal s’avère un redoutable insectivore s’il est un piètre animal de compagnie. Ne vous y attachez donc pas trop, car sa vie en captivité ne dure guère que quelques mois et sa conversation est inexistante. Si par malheur vous le caressez à rebrousse-écailles il se met en boule et, pour couronner le tout, il est très laid. Vous pourrez en adopter un couple sans craindre la prolifération : il ne se reproduit pas en captivité. A deux, ils devraient donc normalement vous débarrasser de votre vermine plus rapidement. Grâce à une langue longue et visqueuse, il peut traquer les insectes dans les moindres recoins où ils se tapiraient. Se cachent-ils sous la moquette ou dans votre literie ? Pas de problème ! Ses doigts griffus lui permettront de les en débusquer.

Vu qu’il en existe diverses espèces, autant choisir la mieux adaptée. Nous ne saurions trop vous conseiller d’en choisir une diurne et arboricole. Elle vous foutra la paix de nuit et installer un tronc d’arbre dans votre salon vous évitera les inconvénients des espèces fouisseuses à terrier ( à moins, bien entendu, que vous veniez de vous débarrasser de votre wombat).

Reste le problème de sa courte existence en captivité. En fait, ce n’en est pas un car à sa disparition, vous n’aurez aucun mal à vous débarrasser de sa dépouille. Il se trouve que nos amis asiatiques sont de grands amateurs non seulement de sa chair mais de ses écailles auxquelles ils attribuent des vertus curatives, comme augmenter la virilité, favoriser la santé des femmes allaitantes et mettre à l’abri des contrôles fiscaux. Tout restaurateur chinois se fera donc un plaisir de vous échanger son cadavre contre la fourniture d’un nombre conséquent de Chow mein à la chauve-souris, de Chop suey au crotale ou de tout autre plat à votre convenance.

Du point de vue écologique, vous serez donc comblé : élimination naturelle des vermines et recyclage profitable des restes du pangolin. Pourrait-on rêver mieux ?

mercredi 4 mars 2020

Féminisme


J’ai du mal à me déclarer féministe. Je ne parle pas des hystériques comme les végans ou les LGTB+ rabiques, dont les prises de position appellent plus un traitement qu’un débat. Non, même les féministes modérées qui se contentent de réclamer la parité dans certaines professions et de se déclarer maintenues dans une position d’infériorité sans pour autant voir en tout homme un violeur et un assassin dans le meilleur des cas potentiel. Ça doit être dû à mon expérience personnelle.

Il se trouve que ma mère (que ce Dieu qui finit par monopoliser toute ses affections l’ait en sa sainte garde !) était féministe à sa manière. Étant dotée d’un caractère dominateur et d’une ténacité remarquables, elle régnait en maîtresse sur toute la maisonnée. Ce qu’elle n’arrivait pas à imposer d’emblée, elle l’obtenait par les scènes, le chantage affectif et d’interminables bouderies. Ne pas lui obéir, c’était la contrarier. Toute contradiction entraînait des maux d’estomac. Ne pas partager ses opinions revenait donc à la torturer.

Alors que mon père ramenait par son seul travail de quoi faire tourner la maison, il n’était aucunement autorisé à engager la moindre dépense. Je me souviendrai toujours de ce jour de grande scène où mon père s’aventura à payer d’un chèque un petit magnétophone. Cette action inconsidérée fut jugée de nature à ruiner le ménage, à compromettre à jamais son équilibre financier. La somme était pourtant minime mais le sacro-saint principe que cet achat foulait au pied était celui de de la souveraineté financière maternelle. Certes, mon père avait le droit de posséder un carnet de chèque, mais il n’était pas permis qu’il l’utilise. Jusque dans les moindres détails, tout était organisé par la maîtresse de maison qui coupait le nombre de tranches de pain nécessaires selon elle à un repas. En réclamer plus eût été contrariant. De même son organisation prévoyait qu’un plat devait constituer tant de repas : quand ses prévisions se montraient erronées, on avait le choix entre manger léger et se bourrer de restes. Malgré cette tyrannie domestique, elle se sentait en position d’infériorité dans la maison et soumise à l’arbitraire autorité de son mari. Sur quelles bases ? Va savoir Charles…

Cela dit, il me fut ensuite difficile ensuite de trouver anormal qu’une femme exerçât une position de direction. Ça ne m’a même jamais traversé l’esprit. Grâce à ma mère, j’ai, entre autres choses appris le respect des femmes et à manger de tout. Deux atouts dans la vie ! Elle a également su faire naître en moi l’impatience de quitter le cocon familial et la résolution de ne jamais reproduire son modèle. Ainsi mes compagnes n’ont jamais été importunées par mes regrets de ne pas les voir ressembler à ma génitrice. Ce qui est déjà ça. Prenant le contre-pied de mon expérience, j’ai eu tendance à souhaiter, en toute concertation, me charger de l’administration domestique au point qu’un jour ma première épouse déclara à la seconde : « Avec lui, tu n’as pas à t’en faire : il s’occupe de tout ! » . Je traitais les affaires courantes et, en dehors de leur participation aux frais, elles faisaient ce qu’elles voulaient de leurs ressources.

Ai-je eu raison ou bien tort ? Qu’importe ! Il n’en demeure pas moins que le féminisme me laisse sceptique dans son exigence d’égalité et/ou de parité et sa dénonciation de la domination masculine. La parité n’est voulue que pour des postes de « prestige » et jamais dans les professions largement féminisées comme l’enseignement ou certains secteurs paramédicaux. L’égalité des salaires, quand elle n’est pas réalisée, s’explique généralement par des interruptions de carrière généralement dues aux maternités, qui, tant qu’on n’aura pas suffisamment bricolé la matière humaine dans ce sens, affectent davantage les femmes que les hommes. Quant à la domination, elle n’est pas si générale que les féministes peuvent le dire. Dans combien de ménages la femme, pour reprendre une expression vieillotte, porte-t-elle la culotte et/ou rudoie sans vergogne un mari qui n’en peut mais ?

Quoi qu’on fasse, l’autoritaire, quel que soit son sexe, dominera toujours le docile. Ce n’est pas une question de sexe mais de caractère, l’égalité ne pouvant exister qu’entre des personnes indépendants et de nature débonnaire...

dimanche 1 mars 2020

Une nouvelle preuve du génie humain


Les challenges que l’homme a dû relever afin d’accéder au bonheur sont légion. Il a fallu créer et perfectionner l’agriculture et l’élevage afin de s’assurer une nourriture abondante et de qualité, il a fallu maîtriser les techniques du bâtiment afin de se mettre à l’abri des rigueurs du climat, il a fallu inventer des moyens de transports, de communication, de transmission des savoirs, il a fallu développer la médecine, il a fallu trouver des sources de divertissement et bien d’autres choses encore. Une fois ces problèmes résolus, l’homme put enfin mener une existence confortable et regarder les passionnantes émissions de M. Hanouna à la télé (privilège dont seuls les Français et leurs voisins francophones peuvent bénéficier et que le monde entier leur envie).


L’homme moderne peut profiter pleinement de la vie, à un détail près. Si, comme moi, il habite une maison individuelle à étage (s) (ou un duplex) une ombre plane sur son bonheur : lorsqu’il contemple avec tristesse le papier vieillissant de sa cage d’escalier, une angoisse l’étreint et son bonheur tranquille cède la place à la morosité. Comment pourrai-je remplacer ce papier quand ni mon échelle ni mon escabeau ne sauraient me permettre d’atteindre le plafond ? A quoi a-t-il servi que je rénove les pièces de l’étage si l’escalier qui y mène demeure cette affreuse mouche dans le lait de ma félicité ? De là à ce que l’homme moderne se pose des questions sur le sens de sa vie, il n’y a qu’un pas (De droite à gauche ? De gauche à droite ? De haut en bas ? De bas en haut ? Etc?)

Il doit bien exister une solution ! Ses doigts fébriles pianotent le clavier espérant que M. Google saura lui fournir des pistes. Il en trouve. Mais entre les échafaudages coûteux et difficiles d’accès et le système D des bricolos du dimanche qui n’hésitent pas à courir le risque de se retrouver, suite à une confrontation avec la rude loi de la gravitation, en train de baigner dans une mare de sang au bas de leur escalier après avoir tendu une planche entre escabeau et échelle, que choisir ? MM. Mano-Mano et Amazon s’étant montré décevants, il tente, sans trop d’espoir, une dernière recherche chez M. C-discount et sous ses yeux éberlués apparaît la solution : le pied réglable pour échelle ! Comme toute les grandes idées nées du génie humain (fil à couper le beurre, masse d’arme, râpe à fromage) l’objet est simple, d’un coût modéré et efficace. En effet, vissé sur l’un des montants de l’échelle, il permet de compenser un dénivelé d’une ou deux marche. Les avis clients, pour une fois, sont unanimes : l’appareil donne entière satisfaction, pas un pour se plaindre de graves chutes suite à son utilisation.

Alléluia ! m’écriai-je en tapant ma commande de deux doigts rassérénés. Quelques jours plus tard j’allai récupérer mon achat au point relais et à moi les accès faciles, à moi les ivresse ineffables de la tapisserie ! Il me suffisait de réaliser quelques travaux d’installation électrique avant d’en jouir pleinement, mon pied réglable m’en facilita l’achèvement. Mais trêve de discours, place aux images :




Magnifique, non ?



samedi 29 février 2020

Sacrée soirée !


Le côté héroïque de mon existence n’a certainement pas échappé aux plus attentifs de mes lecteurs. Au nombre, déjà élevé, de mes exploits, est venu s’en ajouter un nouveau : hier soir, au risque d’y perdre à jamais les dernières bribes de ma santé psychique j’ai regardé la soirée des césars. Malgré le terrible ennui que je ressentis tout au long de cette interminable « cérémonie », j’ai tenu jusqu’au bout. Ça na pas été sans mal. J’étais loin de me douter que tant de récompenses y étaient distribuées à tant d’inconnus qui, pêle-mêle remerciaient Dieu, leur boucher-charcutier, l’amant de leur grand-mère, la bicyclette du cousin Jules, l’humanité en général et les concessionnaires Renault de la région Nouvelle Aquitaine en particulier, sans l’aide et le soutien sans faille desquels ils n’auraient pas même osé rêver d’obtenir d’obtenir un jour le César de la meilleure dame-pipi ou celui de meilleur troisième grand mamamouchi de la pelloche.

Mais, vieil âne, suite à quel absurde défi, suite à quelle impitoyable coercition, vécûtes-vous cette redoutable épreuve, me demanderez-vous ? Ma réponse sera simple : la curiosité, mes bons amis ! Je voulais savoir si M. Polanski et/ou son film « J’accuse» obtiendraient ou non la moindre récompense. N’ayant pas vu le film, je ne saurais dire si ce dernier, sous le mince prétexte de traiter de l’affaire Dreyfus est ou non une apologie du viol, de la sodomie, de la pédophilie et de toutes sortes de répugnantes perversions. On serait tenté de le penser vues les raisons mises en avant pour prôner son boycott.

En fait, il semblerait que le tohu-bohu provoqué par les nombreuses nominations dudit film soit dû à une affaire vieille de quarante trois ans sur le détail de laquelle je ne reviendrai pas car il faudrait avoir vécu sur Mars ces cinq dernières décennies pour n’en rien savoir. Ce qui est curieux, c’est que, sans provoquer tant d’émoi dans le Landerneau cinématographique, le même délinquant aux crimes imprescriptibles avait été couronné par la même institution en 1980, 2002,2011, 2012 et 2014. Simple distraction ? Manque d’information sur la vraie nature du monstre ?

Se poser ces dernières questions relève de la plus crasse mauvaise foi. C’est prétendre tout ignorer de la profonde révolution qui a ébranlé les bases du milieu cinématographique d’abord puis de la société en général. « Me too », « Balance ton porc », « Embastille ton chameau » sont passés par là, libérant la parole des femmes meurtries à vie et au-delà, sortant les cadavres des placards où on les espérait oubliés. Le milieu du cinéma, comme celui de la triperie ou des farces et attrapes a ses particularités. Vu que parmi les articles qu’il propose à sa clientèle, en plus de la violence, des crimes, des super-héros, de l’exposition des multiples tares d’une société injuste, le sexe a sa place peut-être n’est-il pas si étonnant que, poussée par une soif de gloire moins commune chez les détaillants en fruits et légumes, la « promotion canapé » y tienne un rôle important ?

Il se trouve que mon meilleur ami de jeunesse évoluait dans ce milieu : fils d’un directeur de production de la plus ancienne société cinématographique du monde, après quelques stages, il devint vite l’assistant de réalisateurs célèbres (le cinéma est une grande famille!) et j’appris par son canal certaines anecdotes concernant le comportement sexuel de telle ou telle personnalité en vue du grand écran. Oserai-je esquisser que parmi les gros consommateurs de partenaires se comptaient certaines vedettes féminines et non des moindres ?

Mais tout ça, c’était avant. La starlette qui posait ravie au bras de Weinstein, ayant atteint son but se découvre, le temps passant, être une quasi-rosière à la moralité austère. Le monde a changé, vous dis-je ! Mais, comme le disait si bien Lao-Tseu (à moins que ce ne soit mon poissonnier, je les confonds toujours), on ne m’empêchera pas de penser que « Plus ça change et plus c’est pareil » en dépit des progrès de l’hypocrisie.

vendredi 28 février 2020

Coronavirus quand tu nous tiens !


Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais un certain virus venu de Chine serait supposé débarrasser la planète de cette plaie qu’est pour elle l’humanité. Pour l’instant, il n’a fait que mettre l ‘économie mondiale cul par dessus tête. On parle d’arrêter tout commerce avec la Chine, de rapatrier les belles industries qu’on a délocalisées là-bas. Seulement, à quoi bon relocaliser si la population française est appelée à disparaître ?

De deux choses l’une, soit les prophètes de malheur ont raison, soit, comme il leur arrive parfois, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Dans ce dernier cas, quand à l’avenir on sera affecté d’un coup de blues, on pourra se payer une pinte de bon sang en se passant leurs déclarations en boucle. Quoi qu’il arrive, il est probable qu’un bon nombre de prises de parole risquent de sembler croquignolettes a posteriori.

Personnellement, ceux que j’appelle les apocalypsistes me laissent sceptique. A l’approche de mes soixante dix ans, j’ai vu tant de catastrophes promises se transformer en autant de pétards mouillés que j’ai du mal à m’émouvoir quand une nouvelle est annoncée. Et pourtant, mon grand âge, l’état de mon cœur et une capacité respiratoire affaiblie par plus de cinquante ans de tabagisme militant devraient me faire redouter le pire d’un virus si taquin ! Seulement, le pire n’est que très rarement garanti et quand il arrive, on n’y peut rien. Si une pandémie devait se produire, ce n’est pas en en causant dans le poste qu’on l’empêchera. Seules les autorités sanitaires seront aptes à prendre les mesures qui s’imposeraient, Le reste n’est que bavardage.

Pas plus tard que ce matin, je me suis rendu au cabinet de soins infirmiers afin d’y subir une prise de sang. En arrivant, je toussai un peu et la secrétaire se mit à parler du coronavirus*. Je lui signifiai mon scepticisme. A quoi elle me répondit qu’il ne fallait pas prendre les choses à la légère vu qu’un cas avait été détecté à Vire ! Diantre me dis-je ! A Vire ! Ce n’est pourtant pas la saison où des myriades de Chinois envahissent la petite cité du bocage afin d’y faire l’emplette de ces andouilles dont ils sont si friands** ! Rentré chez moi, je m’informai et appris qu’en fait ce « cas » n’en était pas forcément un . Tout ce qui s’était produit c’est qu’une employée de La Poste, revenue d’un voyage en Italie du nord avait été mise en quarantaine. Seulement, vu qu’elle avait repris le travail depuis trois jours, elle pouvait avoir contaminé d’autres personnes… Vire supplantera-t-elle Creil en tant que foyer d’infection ? L’avenir nous dira s’il ne s’agit que d’un de ces non-événements qui provoquent les rumeurs…

En attendant, je vais continuer à améliorer l’installation électrique de ma maison, fort de l’espoir que cette quasi-mise au norme ne sera pas interrompue par une maladie fatale. Je souhaite qu’il en aille de même pour vous et que l’épidémie ne viendra pas perturber vos projets en cours.

* Mise en garde : Ce virus a pour pseudo Covid-19. S’il demande à devenir votre ami sur facebook, ne l’acceptez pas : il pourrait détruire votre ordinateur !
**En vérité, à part quelques tenanciers de restaurants, on ne voit jamais de Chinois à Vire.

jeudi 27 février 2020

Des risques fous !


Mettre sa vie en danger quotidiennement ne peut être que le fait d’un inconscient. Maintenant, il se peut que cette inconscience ne soit que le résultat d’un manque d’information. C’est pour cette raison que, sans m’en rendre compte et depuis des années, j’ai mis mon existence en péril.

Je m’explique : depuis des décennies, j’ai pris l’habitude de manger léger le midi, tandis que pour le dîner je me concocte des menus plus conséquents. Est-ce une saine pratique ? Je n’en sais rien et de plus je m’en tamponne le coquillard. L’hygiène de vie n’a jamais fait partie de mes préoccupations principales. Depuis plus de huit ans , je profite d’une retraite qu’il est convenu de qualifier de bien méritée et mon déjeuner consiste invariablement en un casse-croûte composé d’un quart de baguette, de rillettes ou de pâté et de fromage. Quelle vie passionnante vous direz vous ! Eh bien figurez vous qu’inconsciemment, ce faisant, je prenais des risques inconsidérés. Il y a quelque temps mon attention a été attirée sur ces dangers que j’affronte désormais en toute connaissance de cause.

Cette prise de conscience s’est faite progressivement. C’est en lisant l’étiquette d’un bocal de sauce tikka massala avant de me préparer un plat de poulet auquel j’avais pris goût en Angleterre que j’appris à ma grande surprise, qu’il fallait, après ouverture, consommer ce produit dans les trois jours sous peine, je suppose, d’un empoisonnement alimentaire potentiellement fatal. J’en fus étonné et, à partir de ce moment, je me mis à lire plus attentivement la partie « conservation » des étiquettes. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’il était impératif de consommer sous deux ou trois jours bien des produits qui restaient jusqu’à huit jours dans mon frigo avant que je ne les finisse ! Parfois le conseil était plus vague : il fallait les consommer « rapidement ». La rapidité étant une notion toute relative, comment savoir à partir de quel moment on commence à jouer avec sa santé ?

Il n’empêche que ces délais de consommation après ouverture sous deux ou trois jours semblent bien inquiétants. Bien sûr, je n’attendais pas que mon saumon fumé ou mon jambon cru aient pris une jolie teinte verdâtre, se soient couverts de moisissures et dégagent une odeur pestilentielle pour m’inquiéter de leur état de fraîcheur. Mais de là à me hâter de consommer certains produits au risque d’une indigestion où à y renoncer pour cause de conditionnements trop importants pour une personne seule, il y a un pas que je répugne à franchir. Surtout qu’il me semble que ces mises en garde sont plutôt récentes et que je les soupçonne de participer du sacro-saint principe de précaution. Combien de produits restent parfaitement consommables après leur DLC ? J’ai l’impression que les industriels de l’agro-alimentaire se servent de ces injonctions comme d’un parapluie leur permettant de se protéger contre les éventuelles récriminations de consommateurs accusant leurs produits de provoquer des troubles digestifs aussi bénins que d’origines diverses.

La vie moderne devient un chemin semé de fatales embûches dont le nombre ne cesse de croître. On se demande par quel miracle l’homme d’aujourd’hui parvient à leur survivre et ce de plus en plus longtemps.Le mieux n’est-il pas, dans la limite du raisonnable, de traiter les multiples mises en garde dont on nous rebat les oreilles par le mépris ?


mardi 25 février 2020

Le wombat


Comme bien des gens, vous aimeriez adopter un ornithorynque. Ambition ô combien compréhensible ! Seulement, votre studio du XVIIIe arrondissement ne bénéficiant aucunement d’un accès à un plan d’eau privatif, vous savez que ce charmant animal ne pourrait réellement s’épanouir chez vous. Votre goût pour la faune australienne n’en demeure pas moins vif. C’est pourquoi à vous comme à tous les citadins disposant de logements exigus je proposerai une alternative satisfaisante : le wombat.

Le quoi, se demanderont certains ? En effet, ce mammifère marsupial ne bénéficie pas de la notoriété de son compatriote à bec de canard. Le wombat a une apparence normale, enfin, pour un animal des antipodes. Avant d’aller plus loin je voudrais vous signaler que contrairement à une idée reçue, les habitants de l’hémisphère sud lorsqu’ils viennent chez nous ne marchent pas au plafond comme on serait en droit de s’y attendre et c’est tant mieux pour eux car sinon dès qu’ils seraient à l’extérieur ils disparaîtraient dans l’atmosphère avant de se retrouver en orbite. Je suppose qu’il en va de même pour leur faune. Ne vous attendez donc pas à voir votre wombat s’ébattre au plafond. Cela précisé, il vous procurera bien d’autres joies.

Tout d’abord, précisons de quel wombat nous allons parler car il en existe trois espèces : le wombat commun, le wombat à nez poilu du nord (espèce très menacée) et le wombat à nez poilu du sud. C’est le wombat commun qui va nous occuper. Mais foin de discours, admirons le :


Ne dirait-on pas un ourson obèse et court sur pattes auquel ses parents auraient négligé de tirer les oreilles ? Quand on voit sur le continent austral les koala et les wombats, on est tenté de se dire que le créateur, ayant perdu la formule des ours après en avoir pourvu l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Asie et l’Amérique a tenté de bricoler quelque chose de vaguement ressemblant pour l’Australie… Mais revenons à nos wombats.

Ce marsupial présente, comme bien d’autres, des caractéristiques étonnantes. Bien que mesurant un mètre vingt de long pour une hauteur de 70 cm et accusant jusqu’à 40 kilos sur la balance, il vit dans un terrier mais le plus étonnant est qu’il dispose d’une plaque osseuse située sur les fesses, sous la peau, qui lui permet de boucher avec son postérieur l’entrée de son logis lorsqu’il est poursuivi par un prédateur. Herbivore, il se nourrit également de racines, de champignons et d’écorces. Vous trouverez de quoi le nourrir sans problème lors de vos promenades en forêt. Sa digestion est très lente. Il faut attendre deux semaines jours avant qu’il produise des crottes de forme cubique. Ce qui peut, mettez-vous à sa place, expliquer qu’il connaisse des sautes d’humeur.

Si vous êtes du genre à câliner les animaux, le wombat vous ravira : il raffole des caresses ! Toutefois, avec l’âge, il devient plus farouche quand ils se sent menacé ou simplement de mauvaise humeur et ses longues incisives peuvent infliger de cruelles morsures. Il est donc, pour la raison que j’exposais au paragraphe précédent préférable de ne pas l’importuner quand il sort des toilettes. Sinon, l’animal est d’une nature tranquille : il passe le plus clair de ses journées dans son terrier à lire des BD ou à regarder la télé*. Peu sociable, il vit seul, sauf pendant la période de reproduction. Il sort au soir pour se nourrir, sauf à la saison froide où il aime se réchauffer au soleil, inutile donc d’installer le chauffage dans son terrier : une lampe à ultraviolets près de son entrée suffira.

Si bous disposez d’un tas de terre et habitez près d’une forêt vous avez tout ce qu’il faut pour son bonheur simple. Quel compagne, quel compagnon se satisferait de si peu ?


* En fait, on ne sait pas vraiment à quoi il occupe ses journées, vu que personne n’a pu l’observer dans son terrier (cf. supra). Il s’agit donc là d’une simple conjecture...