..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 28 février 2020

Coronavirus quand tu nous tiens !


Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais un certain virus venu de Chine serait supposé débarrasser la planète de cette plaie qu’est pour elle l’humanité. Pour l’instant, il n’a fait que mettre l ‘économie mondiale cul par dessus tête. On parle d’arrêter tout commerce avec la Chine, de rapatrier les belles industries qu’on a délocalisées là-bas. Seulement, à quoi bon relocaliser si la population française est appelée à disparaître ?

De deux choses l’une, soit les prophètes de malheur ont raison, soit, comme il leur arrive parfois, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Dans ce dernier cas, quand à l’avenir on sera affecté d’un coup de blues, on pourra se payer une pinte de bon sang en se passant leurs déclarations en boucle. Quoi qu’il arrive, il est probable qu’un bon nombre de prises de parole risquent de sembler croquignolettes a posteriori.

Personnellement, ceux que j’appelle les apocalypsistes me laissent sceptique. A l’approche de mes soixante dix ans, j’ai vu tant de catastrophes promises se transformer en autant de pétards mouillés que j’ai du mal à m’émouvoir quand une nouvelle est annoncée. Et pourtant, mon grand âge, l’état de mon cœur et une capacité respiratoire affaiblie par plus de cinquante ans de tabagisme militant devraient me faire redouter le pire d’un virus si taquin ! Seulement, le pire n’est que très rarement garanti et quand il arrive, on n’y peut rien. Si une pandémie devait se produire, ce n’est pas en en causant dans le poste qu’on l’empêchera. Seules les autorités sanitaires seront aptes à prendre les mesures qui s’imposeraient, Le reste n’est que bavardage.

Pas plus tard que ce matin, je me suis rendu au cabinet de soins infirmiers afin d’y subir une prise de sang. En arrivant, je toussai un peu et la secrétaire se mit à parler du coronavirus*. Je lui signifiai mon scepticisme. A quoi elle me répondit qu’il ne fallait pas prendre les choses à la légère vu qu’un cas avait été détecté à Vire ! Diantre me dis-je ! A Vire ! Ce n’est pourtant pas la saison où des myriades de Chinois envahissent la petite cité du bocage afin d’y faire l’emplette de ces andouilles dont ils sont si friands** ! Rentré chez moi, je m’informai et appris qu’en fait ce « cas » n’en était pas forcément un . Tout ce qui s’était produit c’est qu’une employée de La Poste, revenue d’un voyage en Italie du nord avait été mise en quarantaine. Seulement, vu qu’elle avait repris le travail depuis trois jours, elle pouvait avoir contaminé d’autres personnes… Vire supplantera-t-elle Creil en tant que foyer d’infection ? L’avenir nous dira s’il ne s’agit que d’un de ces non-événements qui provoquent les rumeurs…

En attendant, je vais continuer à améliorer l’installation électrique de ma maison, fort de l’espoir que cette quasi-mise au norme ne sera pas interrompue par une maladie fatale. Je souhaite qu’il en aille de même pour vous et que l’épidémie ne viendra pas perturber vos projets en cours.

* Mise en garde : Ce virus a pour pseudo Covid-19. S’il demande à devenir votre ami sur facebook, ne l’acceptez pas : il pourrait détruire votre ordinateur !
**En vérité, à part quelques tenanciers de restaurants, on ne voit jamais de Chinois à Vire.

jeudi 27 février 2020

Des risques fous !


Mettre sa vie en danger quotidiennement ne peut être que le fait d’un inconscient. Maintenant, il se peut que cette inconscience ne soit que le résultat d’un manque d’information. C’est pour cette raison que, sans m’en rendre compte et depuis des années, j’ai mis mon existence en péril.

Je m’explique : depuis des décennies, j’ai pris l’habitude de manger léger le midi, tandis que pour le dîner je me concocte des menus plus conséquents. Est-ce une saine pratique ? Je n’en sais rien et de plus je m’en tamponne le coquillard. L’hygiène de vie n’a jamais fait partie de mes préoccupations principales. Depuis plus de huit ans , je profite d’une retraite qu’il est convenu de qualifier de bien méritée et mon déjeuner consiste invariablement en un casse-croûte composé d’un quart de baguette, de rillettes ou de pâté et de fromage. Quelle vie passionnante vous direz vous ! Eh bien figurez vous qu’inconsciemment, ce faisant, je prenais des risques inconsidérés. Il y a quelque temps mon attention a été attirée sur ces dangers que j’affronte désormais en toute connaissance de cause.

Cette prise de conscience s’est faite progressivement. C’est en lisant l’étiquette d’un bocal de sauce tikka massala avant de me préparer un plat de poulet auquel j’avais pris goût en Angleterre que j’appris à ma grande surprise, qu’il fallait, après ouverture, consommer ce produit dans les trois jours sous peine, je suppose, d’un empoisonnement alimentaire potentiellement fatal. J’en fus étonné et, à partir de ce moment, je me mis à lire plus attentivement la partie « conservation » des étiquettes. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’il était impératif de consommer sous deux ou trois jours bien des produits qui restaient jusqu’à huit jours dans mon frigo avant que je ne les finisse ! Parfois le conseil était plus vague : il fallait les consommer « rapidement ». La rapidité étant une notion toute relative, comment savoir à partir de quel moment on commence à jouer avec sa santé ?

Il n’empêche que ces délais de consommation après ouverture sous deux ou trois jours semblent bien inquiétants. Bien sûr, je n’attendais pas que mon saumon fumé ou mon jambon cru aient pris une jolie teinte verdâtre, se soient couverts de moisissures et dégagent une odeur pestilentielle pour m’inquiéter de leur état de fraîcheur. Mais de là à me hâter de consommer certains produits au risque d’une indigestion où à y renoncer pour cause de conditionnements trop importants pour une personne seule, il y a un pas que je répugne à franchir. Surtout qu’il me semble que ces mises en garde sont plutôt récentes et que je les soupçonne de participer du sacro-saint principe de précaution. Combien de produits restent parfaitement consommables après leur DLC ? J’ai l’impression que les industriels de l’agro-alimentaire se servent de ces injonctions comme d’un parapluie leur permettant de se protéger contre les éventuelles récriminations de consommateurs accusant leurs produits de provoquer des troubles digestifs aussi bénins que d’origines diverses.

La vie moderne devient un chemin semé de fatales embûches dont le nombre ne cesse de croître. On se demande par quel miracle l’homme d’aujourd’hui parvient à leur survivre et ce de plus en plus longtemps.Le mieux n’est-il pas, dans la limite du raisonnable, de traiter les multiples mises en garde dont on nous rebat les oreilles par le mépris ?


mardi 25 février 2020

Le wombat


Comme bien des gens, vous aimeriez adopter un ornithorynque. Ambition ô combien compréhensible ! Seulement, votre studio du XVIIIe arrondissement ne bénéficiant aucunement d’un accès à un plan d’eau privatif, vous savez que ce charmant animal ne pourrait réellement s’épanouir chez vous. Votre goût pour la faune australienne n’en demeure pas moins vif. C’est pourquoi à vous comme à tous les citadins disposant de logements exigus je proposerai une alternative satisfaisante : le wombat.

Le quoi, se demanderont certains ? En effet, ce mammifère marsupial ne bénéficie pas de la notoriété de son compatriote à bec de canard. Le wombat a une apparence normale, enfin, pour un animal des antipodes. Avant d’aller plus loin je voudrais vous signaler que contrairement à une idée reçue, les habitants de l’hémisphère sud lorsqu’ils viennent chez nous ne marchent pas au plafond comme on serait en droit de s’y attendre et c’est tant mieux pour eux car sinon dès qu’ils seraient à l’extérieur ils disparaîtraient dans l’atmosphère avant de se retrouver en orbite. Je suppose qu’il en va de même pour leur faune. Ne vous attendez donc pas à voir votre wombat s’ébattre au plafond. Cela précisé, il vous procurera bien d’autres joies.

Tout d’abord, précisons de quel wombat nous allons parler car il en existe trois espèces : le wombat commun, le wombat à nez poilu du nord (espèce très menacée) et le wombat à nez poilu du sud. C’est le wombat commun qui va nous occuper. Mais foin de discours, admirons le :


Ne dirait-on pas un ourson obèse et court sur pattes auquel ses parents auraient négligé de tirer les oreilles ? Quand on voit sur le continent austral les koala et les wombats, on est tenté de se dire que le créateur, ayant perdu la formule des ours après en avoir pourvu l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Asie et l’Amérique a tenté de bricoler quelque chose de vaguement ressemblant pour l’Australie… Mais revenons à nos wombats.

Ce marsupial présente, comme bien d’autres, des caractéristiques étonnantes. Bien que mesurant un mètre vingt de long pour une hauteur de 70 cm et accusant jusqu’à 40 kilos sur la balance, il vit dans un terrier mais le plus étonnant est qu’il dispose d’une plaque osseuse située sur les fesses, sous la peau, qui lui permet de boucher avec son postérieur l’entrée de son logis lorsqu’il est poursuivi par un prédateur. Herbivore, il se nourrit également de racines, de champignons et d’écorces. Vous trouverez de quoi le nourrir sans problème lors de vos promenades en forêt. Sa digestion est très lente. Il faut attendre deux semaines jours avant qu’il produise des crottes de forme cubique. Ce qui peut, mettez-vous à sa place, expliquer qu’il connaisse des sautes d’humeur.

Si vous êtes du genre à câliner les animaux, le wombat vous ravira : il raffole des caresses ! Toutefois, avec l’âge, il devient plus farouche quand ils se sent menacé ou simplement de mauvaise humeur et ses longues incisives peuvent infliger de cruelles morsures. Il est donc, pour la raison que j’exposais au paragraphe précédent préférable de ne pas l’importuner quand il sort des toilettes. Sinon, l’animal est d’une nature tranquille : il passe le plus clair de ses journées dans son terrier à lire des BD ou à regarder la télé*. Peu sociable, il vit seul, sauf pendant la période de reproduction. Il sort au soir pour se nourrir, sauf à la saison froide où il aime se réchauffer au soleil, inutile donc d’installer le chauffage dans son terrier : une lampe à ultraviolets près de son entrée suffira.

Si bous disposez d’un tas de terre et habitez près d’une forêt vous avez tout ce qu’il faut pour son bonheur simple. Quel compagne, quel compagnon se satisferait de si peu ?


* En fait, on ne sait pas vraiment à quoi il occupe ses journées, vu que personne n’a pu l’observer dans son terrier (cf. supra). Il s’agit donc là d’une simple conjecture...

vendredi 21 février 2020

Un cas rare (qui ne me laissa pas de marbre)


Il m’arrive de me demander pourquoi j’ai choisi ce métier. Conseiller conjugal ! Quelle idée ! Enfin, c’est comme ça. Il faut reconnaître que je ne savais pas trop quoi faire de ma peau quand, arrivé à quarante-cinq ans après trois divorces et une deuxième faillite dans le commerce des N AC (nouveaux animaux de compagnie), je me vis dans l’obligation de donner une nouvelle orientation à ma vie. Je suis, par hasard, tombé sur l’annonce d’un organisme de formation de conseillers conjugaux et familiaux. J’ignorais alors jusqu’à l’existence d’une telle profession. Renseignements pris, ça ne me parut pas une si mauvaise idée : à l’abri des intempéries, aucune charge lourde à soulever, la possibilité d’exercer en indépendant donc d’horaires souples, rien de carrément rebutant. Et puis, faire ça ou peigner la girafe… Surtout que mes expériences matrimoniales, pour malheureuses qu’elles aient été, pourraient s’avérer utiles. A défaut de savoir ce qu’il fallait faire, je savais ce qu’il était souhaitable d’éviter. Je suivis donc la formation et ouvris un cabinet.

Depuis, on peut dire que j’en ai entendu des conneries ! Il est rare que les clients se déclarent heureux de leur sort et qu’ils viennent vous voir pour trouver des façons de l’améliorer encore. C’est plutôt le bureau des pleurs. On reçoit des personnes, des couples, des familles (composées, décomposées, recomposées, surcomposées) qui n’ont en commun que des déboires variés et la croyance que leurs problèmes ne sauraient trouver de solution sans une aide extérieure. Des gens qui assimilent leur vie à une croisière sur le Titanic et qui espèrent tout des secours. N’étant pas la petite fée bleue, tout ce que je peux leur offrir c’est des conseils de simple bon sens. En général ça marche et ces braves gens reprennent, rassérénés, leur course vers l’iceberg.

Toutefois, dans cet océan de banalité, il arrive qu’apparaissent des cas originaux. Comme celui de Mme B. Lorsque j’ouvris la porte de mon cabinet, je vis dans la salle d’attente une jeune femme au physique plutôt agréable. Je la priai d’entrer et de m’exposer les motifs de sa visite.
- Eh bien voilà, docteur,
Je l’arrêtai tout de suite, lui signifiant que je n’étais aucunement docteur mais un simple conseiller et que monsieur serait plus approprié.
- Eh bien voilà, monsieur, je me suis mariée il y a quelque mois et, depuis, ma vie est devenue un enfer.
- Un enfer ? Comment cela ?
- Oui, un enfer où l’ennui et la tristesse seraient les tourments, précisa-t-elle tandis que des larmes lui montaient aux yeux.
- Ce que vous me dites là m’étonne. Que l’ennui, né de la routine, s’installe en quelques mois est inhabituel. N’aviez-vous pas noté auparavant chez votre mari une certaine tendance à se montrer lassant ?
- Mais non ! C’était un vrai boute en train, toujours gai, toujours partant pour la fête, toujours le mot pour rire, toujours un verre à la main ! Avec lui, c’était la vie rêvée ! Il fallait l’entendre, au petit matin, après une nuit bien arrosée, déclamer du Claudel ou du Péguy ! C’était à se tordre ! Sans compter que, dans nos rapports, euh, disons… ...intimes, c’était incroyable, on aurait dit qu’il était plusieurs et pas des manchots, des habiles, des langoureux, des raffinés… Le pied, quoi ! Et puis délicat, attentionné, gentil. Je l’avais rencontré au pot de Noël du CE – nous travaillons dans la même boîte - , il faut dire que nous n’avions pas sucé que des glaçons, et, tout de suite, j’ai su que c’était lui. Ma moitié d’orange ! On ne s ‘est plus quittés, on a fait des bringues mémorables, et de fil en aiguille, on s’est mariés. Et là tout a changé. En prononçant ces derniers mots, la gaîté retrouvée à l’évocation des temps heureux s’embruma de mélancolie.
- Si je vous suis bien, votre mari était un bringueur invétéré qui trouvait dans l’alcool une source de bonne humeur sous laquelle il dissimulait son mal être. Je suppose que, suite au mariage, il a tombé le masque et révélé sa vraie nature..
- Sa vraie nature, vous croyez ?
- Toutes les épouses d’alcooliques se posent la même question. Je suppose qu’il se montre agressif, violent, avec vous, qu’il est sujet à des crises d’abattement qu’il noie dans un verre…
- Mais non ! Pas du tout ! Il ne boit plus une goutte d’alcool ! Il est resté gentil, prévenant, délicat,souriant. Seulement, il est devenu carrément chiant, y’a pas d’autre mot. Depuis notre mariage, il a, allez savoir pourquoi, décidé de passer à autre chose, d’être sérieux, enfin, ce qu’il considère comme sérieux. Il refuse les sorties, a repris des cours par correspondance en vue d’améliorer sa situation, reste à étudier jusque tard dans la nuit.Il a même ouvert un plan d’épargne logement, il rêve d’un pavillon. Quand je tente de l’entraîner dans des ébats amoureux, il me répond « pas aujourd’hui » et retourne à ses foutus cours. Vous appelez ça une vie, vous ?
- Hum, ce que vous me dites là a quelque chose de déroutant. Votre enfer ressemble beaucoup à ce que bien d’autres que vous appelleraient un tranquille bonheur conjugal…
- Le problème est que je ne suis pas une autre que moi. Je pensais avoir épousé un joyeux drille et je me retrouve avec un bonnet de nuit ! Il y a tromperie sur la marchandise !
- On peut en effet le voir comme ça… Toutefois, ne pourriez-vous pas tenter de vous accommoder à cette nouvelle donne ? Ne pensez-vous pas que ce qui vous paraît aujourd’hui ennuyeux pourrait, avec le temps, devenir agréable, rassurant ?
- Mais je n’ai aucun besoin d’être rassurée ! Je veux vivre, rigoler, faire la fête, pas m’enterrer dans une routine sclérosante !
- Vous êtes-vous ouverte à votre mari de vos griefs ?
- Bien sûr, mais tout ce qu’il trouve à me répondre c’est qu’il fait tout ça pour moi, que dans la vie il y a un temps pour tout, qu’avec les années, j’en viendrai à réaliser qu’il a raison, et tout ça avec son éternel et doux sourire : IL M’EMMERDE !
- J’avoue que vos propos me laissent perplexe. Peut-être pourrions-nous envisager une rencontre ensemble afin de tenter que chacun fasse un pas vers l’autre ?
- Je doute qu’il accepte, il est tellement persuadé d’être sur le droit chemin ! En vous parlant, j’ai réalisé une chose : il n’était pas fait pour le mariage. En effet, son comportement passé aurait rebuté celle à qui sa vie actuelle conviendrait, tandis que cette vie détruit les espoirs que j’avais placés en lui. La séparation s’impose.
- Peut-être avez vous raison… Ça fera cinquante Euros, conclus-je en soupirant.

mardi 18 février 2020

Le rat est l’avenir du Parisien


Lorsque aucun fait saillant (Exhibition biroutesque, libération d’un politicien fraudeur, parole maladroite d’un ministre, danse frénétique de Mme Benbassa ou autre foutaise) ne vient au secours de media en quête de sensationnel, il arrive que l’on parle de l’invasion de Paris par les rats. D’ailleurs, comme pour bien d’autres sujets, ne serait-il pas pus prudent de parler d’un sentiment de pullulation ? Quoi qu’il en soit, sentiment ou réalité, la prolifération de ces rongeurs est de temps à autre évoquée. Et, curieusement, les gens semblent davantage s’en offusquer que s’en réjouir. J’ai du mal à les comprendre. Me mettrais-je à geindre si je découvrais en bêchant mon jardin que celui-ci se trouvait situé au-dessus d’une importante nappe de pétrole ?

Dans bien des pays d’Asie du Sud-Est (Chine, Cambodge, Viet-Nam, Laos, Thaïlande), on est friand de viande de rat. D’ailleurs, consommer sa viande fut très tendance à l’occasion du siège de Paris en 1870. On m’objectera que les asiatiques se repaissent de rat des champs et non de rats d’égout, que les rats se gavant dans les rizières sont gras et nourris sainement quand leurs collègues citadins se repaissent d’ordures.J’appelle ça chipoter. Le cuisinier Thomas Génin qui prôna la création de la première école de cuisine de Paris servait aux gourmets de 1870 des terrines de rat farcies de chair et de graisse d’âne pour le prix modique de 15 francs-or. Selon lui,  « le rat, s’il était désagréable à toucher, donnait une viande d’une formidable qualité, fine et un peu fade, mais parfaite si elle était bien assaisonnée. » et ce n’était pas, vu le faible nombre de rizières de la ville, de celle du rat des champs asiatique dont il parlait. Sans compter qu’avec la multiplication des cultures potagères urbaines, l’alimentation des rongeurs deviendra de plus en plus saine.

Bien sûr, il faudra, dans un premier temps, que le Parisien surmonte la répugnance atavique que provoque l’animal mais la raison voudra que celle-ci soit dépassée : quoi de plus en accord avec des convictions locavores que de consommer une viande produite Intra Muros ? D’autre part, cette consommation réduirait fortement la prolifération du rongeur au grand bonheur des musophobes tout en permettant la création de nombreux emplois lucratifs de chasseurs. Il se pourrait même que le succès des plats de rats n’amènent leur prix à flamber comme c’est le cas en Thaïlande (voir ici) et que des commerçants indélicats ne servent en lieu et place du muridé de vulgaires lapereaux !

Les Parisiens au lieu de s’en plaindre devraient donc, pour des raisons morales autant qu’économiques, se réjouir du trésor que leur apporte l’invasion et prier pour qu’il ne s’agisse pas là d’un simple sentiment.

Pour finir sur une note plaisante, je vous donne ci-dessous la traduction d’une des recettes de rat parue en 1973 dansThe Brand new Monty Python bok, ouvrage dont je suis l’heureux propriétaire et qui devrait avoir une place d’honneur dans la bibliothèque de tout honnête homme du vingt-et-unième siècle :

«Soufflé au rat

 Assurez vous que les couinements du rats ne sont pas audibles de la rue, en particulier dans les endroits où la Ligue Anti-soufflé et des « bonnes âmes » du même acabit se mêlent de persécuter les amateurs des innocents plaisirs de la table. Quoi qu’il en soit, placez le rat sur votre planche à découper. Levez bien haut votre couperet afin que son acier scintille aux lueurs du soleil couchant et ensuite abattez-le d’un coup - tchak ! - provoquant ainsi un craquement – sur le cou gras du rongeur terrifié et préparez-le en soufflé .»

Gourmets, à vos fourneaux !