Grâce au bon M. de Rugy, ce crustacé
décapode vient de connaître un regain de popularité. Je ne
reviendrai pas sur cet anecdotique « scandale » mais il
me semble que le temps est venu de lui consacrer une de ces
chroniques éthologiques qui ne sont pas pour rien dans le renom
national et international de ce blog. Tout le monde en parle mais, en
fait, peu le connaissent, c'est pourquoi j'ai choisi ce titre inspiré
d'Alexis Carrel.
En tant que Nouvel Animal de Compagnie,
le homard présente un inconvénient majeur, celui d'attirer sur ses
propriétaires la haine d'une majorité de citoyens. En effet, il est
de coutume pour eux,quand vient le temps des vacances, de manger
leur ami à dix pattes afin qu'il ne souffre pas de la solitude. Car
si de nombreux hôtels acceptent chiens et chats, je n'en ai
jusqu'ici trouvé aucun pour signaler qu'ils acceptent les homards,
quelle que soit leur taille. Manger du homard est très mal vu :
c'est, aux yeux de beaucoup, le signe d'une honteuse opulence. Je
vous conseille donc de lui préférer le chat ou le chien car le fait
de manger ces sympathiques mammifères avant de partir en congé ne
vous attirera que l'inimitié des âmes sensibles.
Mais revenons à nos moutons. La vie du
homard est passionnante et serait longue si elle n'était trop
souvent interrompue par une capture. En effet, sa gourmandise le
pousse à venir se nourrir des appâts que les pêcheurs placent dans
des casiers. Incapables d'en sortir, ils sont remontés à la
surface, on leur met des élastiques autour des pinces avant de les
vendre à des restaurants de luxe ou à des ploutocrates. Il connaît
ensuite un bien triste sort : il meurt ébouillanté vivant.
D'un autre côté, s'il avait été moins con, ça ne lui serait pas
arrivé.
Il existe deux espèces de homards.
L'européenne (appelée, en France, homard breton) et l'américaine
qui ne présente pas grand intérêt. Sauf accident, notre crustacé
peut vivre jusqu'à 40 années ! Et quelle vie ! La femelle
pond des œufs qu'elle couve sous son abdomen jusqu'à ce qu'ils
éclosent libérant une larve minuscule qui vit une vie planctonique
avant de subir une mue et de se mettre à vivre au fond de la mer,
Une vingtaine de mues suivront jusqu'à ce qu'il atteignent l'âge
adulte vers quatre ou cinq ans. Et ce n'est pas fini car l'adulte
continue de grandir et change de carapace tous les un ou deux ans.
Grâce à quoi, à la différence de l'humain, il ne reste jamais
éternellement mal dans sa peau et ne fait donc appel à aucun psy.
La nature l'a doté de deux pinces
différentes : la gauche pour couper, la droite pour broyer, ce
qui peut poser des problèmes à ceux d'entre eux qui sont gauchers.
Nul observateur sérieux n'a jamais pensé que la langouste était la
femelle du homard. Tout au plus a-t-on parfois avancé qu'elle
n'était qu'une copine qu'il sautait de temps en temps. C'est faux.
Pour la simple raison que la langouste vit dans des eaux chaudes et
que le homard a horreur de celles-ci, répugnance explicable par la
triste fin qui souvent l'attend.
De tout temps, le homard a été
apprécié. On lui a même trouvé des vertus médicinales.
Toutefois, plus que toute autre chose, c'est sa chair qui l'a fait
rechercher. Du fait de la surpêche et de la pollution, le homard
européen se fait rare et son prix monte. C'est pourquoi tant de
Français ont du mal à en remplir leur frigo. Est-ce vraiment
dommage ? Pas vraiment. A mon avis, la chair de ce crustacé
est loin d'égaler en saveur celle de la langouste ou même du crabe
araignée.
Mais je cause, je cause et tout ça me
donne faim. Je crois que je vais aller faire un tour chez Leclerc
histoire de voir si par hasard ils n'auraient pas quelque savoureux
crustacé à me proposer...