On croise beaucoup de gens au long
d'une vie. Parfois même on les rencontre. Il s'ensuit parfois du
bonheur, du malheur ou de l'indifférence. Parfois le croisement mène
à la rencontre.
Nono, je l'avais croisé au temps des
marchés. C'était un nain. Accompagné d'un âne, il parcourait les
allées, au cri de « Les copains,les copines, cacahuète est
là ! » ou chantant «Je suis la cacahuètera »
air calqué sur une célèbre chanson dont le titre ne me revient
pas.
Je trouvais son « numéro »
un rien pathétique, mais on voit tant de gens bizarres sur les
marcas... Je suppose que, par amitié pour l'âne ou par pitié pour
le nain, il devait parvenir à survivre de son industrie. Et puis on
s'est rencontrés.
Jacques, qui devait devenir mon
ex-associé avant même que notre entreprise commune ait vu le jour,
mais qu'un temps nous fréquentions beaucoup, lors d'un déjeuner
dominical commun, nous annonça qu'il avait également invité Nono
et qu'il viendrait avec son saxo. Les nains, la musique, c'est pas
forcément mon truc, mais bon...
Nono arriva donc, au volant de sa 2 cv
camionnette. Le véhicule était adapté à ses membres atrophiés.En
plus il lui permettait de trimballer son bourricot. Il avait comme
promis apporté son instrument. Dès l'arrivée, il annonça à notre
hôte, qu'il n'était venu QUE parce que ce dernier était un VÉRITABLE ami, que ce n'était qu'à cette condition qu'il acceptait
les invitations. Ceux qui le conviaient pour qu'il fasse son show
pouvaient aller se faire voir. Cette déclaration me mit mal à
l'aise. Mais on se détendit en buvant quelques verres. Visiblement,
le Nono ne crachait pas dessus. Je me demandais même s'il ne s'était
pas un peu entraîné avant la séance. Il finit rond comme une queue
de pelle et quand il reprit le volant, vous fûmes un peu inquiets.
Honnêtement, sa performance au saxo
avait été moyenne. Nono en avait un bon coup dans le nez et ça
n'améliorait pas son jeu. Seulement, il nous en avait raconté de
belles. Sa vie de nain de cirque dès l'enfance où on ne le traitait
guère mieux que les animaux. Les putes qui, pour baiser avec un
nain demandaient un supplément (alors qu'une réduction aurait parue
logique), bref, un résumé des joies que le monde réserve aux
anormaux.
"une célèbre chanson dont le titre ne me revient pas." Ce ne serait pas La Violetera?
RépondreSupprimerOrage
C'est ça ! Bravo !
Supprimer...sonne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de petite taille...", "personne de pe...
RépondreSupprimerPersonne de petite taille de cirque ?
SupprimerIl paraît que dans certains cirques on pratiquait même le lancer de nains !
RépondreSupprimerC'était un sport en Australie.
SupprimerUn nain... comme ceux là>?
RépondreSupprimerDans Freaks, il y des lilliputiens ("nains harmonieux") et des nains avec un corps normal et des membres atrophiés. Mimi Mathy appartient à cette deuxième catégorie, comme Nono. Malheureusement, ce dernier manquait de charme, je dirais même qu'il était assez antipathique. Mener une vie de merde n'engendre pas toujours la bonne humeur...
SupprimerVous me serrez le cœur, chez Jacques. Cacahuète me rappelle un personnage de vacances, qui arpentait la plage de la pointe du Devin jusqu'à celle de la Loire, en criant "cacahuètes !" (justement) car il les vendait, et qui avait du attraper quelque chose comme la polio, l'obligeant marcher les genoux comme joints (essayez sur le sable en plein été, vous verrez si c'est facile.) C'était Cacahouète.
RépondreSupprimerUne autre figure de ces vacances était Six-doigts ; réparateur de bicyclettes, il avait en effet un doigt surnuméraire (côté de l'auriculaire.) C'était Six-doigts.
Il y avait également monsieur Chifolleau, le (cultivateur et) marchand de patates -de Noirmoutier- et poète...
On croise de malheureux, des vrais. Ce qui ne nous empêche pas de nous plaindre de nos petites misères. La vie va ainsi.
SupprimerEt quid de l'onanisme ?...
RépondreSupprimerDominique