..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 14 juillet 2019

Oh ! Quelle nuit!

J'en parlais récemment, la campagne, même la plus rase, est bruyante. Ce n'est pas pour cela qu'il y a un peu plus d'un an j'ai décidé de la quitter pour la petite ville voisine mais plutôt par lassitude. Dix ans de collines, c'est long... Je me suis donc installé dans ce gros bourg de 3000 habitants et je viens d'y vivre ma première fête nationale. Je suppose que l'an dernier j'étais sagement parti pour la Corrèze...

Hier donc, en allant acheter une cartouche au tabac du coin, j'avais remarqué sur les trottoirs de ma rue des panneaux d'interdiction de stationner ainsi que des barrières. Intrigué, je m'approchai d'un de ces panneaux sur lequel était collé une affiche. J'appris alors que, vus bien des articles de loi, M. le maire avait, pour cause de fête nationale, de banquet, de feu d'artifice et de bal, pris la décision d'interdire la circulation et le stationnement non seulement dans ma rue mais aussi sur les places environnantes. Mon sens civique me dicta donc d'aller garer mon break dans l'entrée de mon garage, laquelle donne sur une ruelle perpendiculaire à ma rue. Toutefois, une voiture, probablement conduite par un analphabète, vint se stationner à l'endroit que je venais de libérer et y passa la nuit. Comme quoi, le civisme ne paie pas toujours.

Dès le début de la soirée, je notai une animation inhabituelle. Des personnes âgées, en groupes ou seules se rendaient d'un pas traînant vers la place où était organisé pour elles un banquet. Ensuite des plus jeunes prirent le relais. Ils se rendaient sur la même place assister au tir du feu d'artifice. Je montais me coucher afin de passer une soirée paisible en compagnie de M. Maugham. Peu après, la pétarade commença. Vu sa durée, j'en conclus que nos édiles n'avaient pas mégoté sur le spectacle pyrotechnique. Contrairement à bien des gens, ce genre de divertissement m'ennuie profondément.

Le calme ne revint que très brièvement car bien vite commença le bal, toujours sur la même place près de laquelle j'ai le malheur de vivre. La sono était à fond et l'animateur s'époumonait dans le micro. Dans ces conditions, bien que mes yeux commençassent à piquer, me poussant à cesser ma lecture, bien difficile de trouver le sommeil... Une, heure, deux heures, trois heures du matin et le bazar ne s'arrêtait toujours pas... Pour me distraire, j'étais descendu commander sur le Net des bobines de fil pour mon taille-bordures, mais l'opération ne dura guère. Le comprimé que j'avais pris ne m'apportait pas le sommeil. Je finis pourtant par m'endormir, bercé par le raffut.. .

Malheureusement, la nuit fut courte et je passe ma matinée à me traîner comme une vieille loque en me disant que tant qu'à balancer le bon argent de mes impôts par les fenêtres, j'aurais préféré que le maire et ses adjoints le consacrent à un bon gueuleton entre eux (homards et vins fins) : ça coûterait moins cher et ça ne troublerait pas mon sommeil.

vendredi 12 juillet 2019

Encore une !

En France, nous avons de la chance et même de plus en plus de chance. Mon ex-pharmacien me le disait : « Il n'y a qu'en France qu'existe un journal comme Le Canard enchaîné ! » Quelle chance ! Je n'allais pas me mettre à dos ce brave homme en lui disant qu'à 20 ans j'avais cessé de lire ce torchon parce que ses formidables révélations sur les dessous de la politique française me semblaient avoir l'importance d'un pet sur une toile cirée. Portant notre chance à son comble, depuis quelques années est venu s'adjoindre à ce merveilleux media un autre, presque aussi intéressant, sous la bienveillante houlette de M. Edwy Plenel, un personnage qui a réussi à reléguer M. Noël Mamère à la seconde place de mon hit-parade des gauchistes répugnants.

Mediapart, journal d'information en ligne payant, vient de lancer une nouvelle affaire, propre à faire vaciller notre démocratie déjà chancelante : le scandale des homards, Figurez-vous qu'un personnage important de la république aurait régalé ses amis de ce précieux crustacé arrosé de couteux vins fins ! Le tout-media s'en émeut, le tout-Landerneau politique lui emboîte le pas, et le bon peuple s'en indigne.

Eh bien, quitte à choquer certains de mes lecteurs, de l'affaire de Rugy, comme de l'affaire Benalla, comme de l'affaire Trucmuche ou de l'affaire Machin, je me foutrais complètement si le retentissement qu'on leur donne n'était, parmi tant d'autres, un signe de la décadence de notre pays.

Il semble de plus en plus que la première chose que l'on demande aux politiques est d'être des modèles de vertu. La république exemplaire devrait se hisser au niveau d'éthique des monarchies scandinaves. Ce n'est pas ma façon de voir les choses. Politique et sainteté n'ont rien à voir ensemble. Le rôle des dirigeants est de s'attaquer efficacement aux problèmes du pays. Je préfère, et de loin, un « corrompu » efficace à un incapable vertueux. Le train de vie, si fastueux soit-il, de nos gouvernants ne me dérange aucunement. Mais, me dira-t-on, c'est tes impôts qui financent ce luxe ! Et alors ? Ces mêmes impôts financent nombre d'actions extrêmement plus coûteuses qui, elles, me scandalisent.

Toutes ces pseudo-affaires sont certes distrayantes à tous les sens du terme. Seulement elles sont basées sur l'exploitation du fervent désir d'égalitarisme qui continue d'animer bien des gens. Comme si les tentatives d'égalitarisme avaient mené à autre chose qu'au totalitarisme et à la misère.

mercredi 10 juillet 2019

Néo-ruraux ou paléo-emmerdeurs ?

On entend de plus en plus parler de procès opposant des néo-ruraux aux naturels du pays. Les causes de ces litiges sont diverses. Ça peut être la sonnerie de l'Angélus qui, dès sept heures du matin vient perturber le sommeil des grincheux. Ça peut venir aussi de ces sons de cloches qui, jour et nuit viennent sonner heures et demi-heures, leur rendant la vie impossible. Parfois c'est un coq qui ne trouve rien de mieux que de venir saluer l'aube de son retentissant chant. Et puis il y a les grenouilles dont les mâles enamourés lancent de toutes leurs forces, les soirs de printemps, un chant d'amour pour attirer les belles. Et s'il n'y avait que ça ! Dans les pleines céréalières, le temps que dure la moisson vous avez droit au vacarme nocturne que produit la noria des tracteurs qui vont livrer leur récolte au silo voisin. Des paysans mécréants, au lieu d'observer la trêve dominicale, ne trouvent rien de mieux à faire que de tronçonner ou, pire, de scier leur bois le dimanche. Le meuglement des vaches qui rentrent pour la traite, le bêlement des brebis et des agneaux viennent compléter le tohu-bohu.

Car figurez-vous que, n'en déplaise aux citadins, campagnes et villages ne sont pas des lieux de silence. Ceux qui viennent l'y chercher se trompent. La scie avec laquelle votre bon voisin débite ses bûches y produit bien plus de décibels qu'une rue passante...

La vie à la campagne c'est comme la vie avec Cunégonde ou Gontran : pour la supporter, il faut l'aimer. Car si elle a des attraits, elle a ses défauts. Elle n'est agréable que dans la mesure où pour ceux qui la choisissent les premiers l'emportent sur les seconds.

L'erreur de certains néo-ruraux est de vouloir transformer l'endroit où ils s'installent en un paradis rêvé, remplissant toutes leurs attentes. S'ils bénéficiaient d'un minimum de raison, ils prendraient conscience que c'est à eux de s'adapter au cadre qu'ils ont choisi et non le contraire. Si l'adaptation leur est impossible il leur reste la possibilité de retourner en ville et de s'y enfermer dans dans un caisson étanche qui leur apportera le calme et le silence désirés.

Toutefois il me semble que le néo-rural anti-coq, anti-cloche, anti-grenouilles, anti-tout n'est qu'un avatar récent d'une espèce bien plus ancienne : le paléo-emmerdeur qui, quel que soit son environnement, met un point d'honneur à faire chier le monde.

dimanche 7 juillet 2019

Rénovations

Le problème, quand on est pas dans son assiette, c'est que non seulement on manque d'énergie pour accomplir la moindre tâche et qu'à part lire ou regarder la télé on ne sait trop quoi faire. La télévision est une source inégalable de stimulation intellectuelle. Les émissions d'Hanouna, de Nagui ou de Ruquier entraînent les esprits vers des terres inconnues. La chaîne Arte est là pour nous rappeler qu'il y aura bientôt 9 décennies le monde s'était laissé aller à des dérives qu'il vaudrait mieux que nous évitions de reproduire. Tout cela est vivifiant.

Malheureusement, lorsque la tête vous tourne, il devient difficile de savourer pleinement les leçons des programmes évoqués. On tend à leur préférer des émissions plus légères, moins ardues. Mon actuel état de faiblesse m'a permis de découvrir et d'apprécier deux émissions de rénovations immobilières étasuniennes.

Dans la première, des équipes de rénovateurs s'affrontent pour acheter lors d'une vente aux enchères une maison délabrée. Ils l'acquièrent pour une somme variant d'environ 1000 à 1000 dollars puis ils la font transporter par la route jusqu'à leur chantier où ils rénovent le taudis au prix de quelques dizaines de milliers de dollars et en font une demeure de rêve qui est mise aux enchères et dont la vente leur rapporte une somme raisonnable voire un peu faible. On peut raisonnablement penser que le gros de leur bénéfice leur sera versé par la production de l'émission. La maison est vendue meublée, décorée, prête à être transportée sur le terrain de l'heureux acquéreur.

Évidemment, tout ça n'est possible que parce que ces maisons étasuniennes sont en bois et ont pour toutes fondations des plots de béton , ce qui explique leur faible prix et les ravages occasionnés par les tempêtes et autres ouragans.

Il serait difficile d'appliquer ce genre de rénovation dans mon Sud-Manche où les maison sont en granite, munies de caves, souvent mitoyennes et de ce fait très délicates à transporter

Une autre émission de rénovation, toujours étasunienne, est basée sur une autre démarche : les rénovateurs, en fonction du budget qui est le leur, proposent à des acheteurs potentiels des maisons à un prix susceptible de permettre une rénovation totale de la cabane. Bien entendu, ce sont les rénovateurs qui se chargent de tout, les acheteurs étant probablement trop stupides pour avoir la moindre idée de ce qui leur conviendrait. Les travaux sont menés à bien et les acheteurs découvrent ravis leur nouveau foyer.

Dans les deux cas, les rénovateurs ne se bornent pas à améliorer le bâti. Ils décorent les murs, procurent vaisselle et linge de table et de toilette. On en est à se demander si commodes, armoires et dressings ne sont pas garnis de vêtements convenant parfaitement aux propriétaires.

Tout ça se passe dans cette atmosphère à la fois bon enfant et hystérique qui caractéristique le pays. On sent bien que les rénovateurs ne travaillent qu'au bonheur d'autrui. On constate que les vœux des acheteurs sont comblé au-delà de leurs plus folles espérances. Il y a des rires, des pleurs (de joie!) de l'humour (enfin, de ce qui tient lieu d'humour aux USA). On ne peut s'empêcher d'imaginer que fournisseurs et clients vont vivre ensemble une durable amitié.

Tout ça est magnifique mais me laisse un regret : ne serait-il pas possible que, pour un petit supplément, les rénovateurs procurent à leurs clients une famille, des amis, un chat ou un chien qui leur conviennent autant que la baraque ?

vendredi 5 juillet 2019

Le scandale Carglass

Bien sûr, il n'y a pas véritablement de scandale Carglass. Mais, sans titre « punchy » comment attirerait-on les foules ? Bien sûr, quand le Monsieur de Carglass vous annonce qu'il vous offre des essuie-glaces « Boches », on pourrait trouver scandaleux qu'il n'emploie pas plutôt le terme « Allemands ». Personnellement, ça ne me choque pas : ça a un petit côté suranné assez sympathique.

Ce qui m'amuse dans les publicités de cette aimable société, c'est leur catastrophisme. Pour Carglass, le moindre impact mènera forcément à l'un des drames les plus épouvantables qu'un humain puisse connaître au cours de sa chienne de vie : la fissure du pare-brise, puisqu'il faut l'appeler par son nom. Les causes de l'horrible mutation de l'impact en fissure sont multiples. Il fait froid, vous actionnez le dégivrage : crac ! Il fait chaud, vous actionnez la clim : crac ! Vous passez sur un nid de poule : crac ! Un insecte entre en collision avec votre pare-brise : crac ! Vous éternuez : crac ! Vous mettez la musique à fond : crac ! Vous ou l'un de vos passagers fait une crise d'asthme : crac ! Et tout ça parce que vous n'avez pas eu le réflexe Carglass ! Avouez que c'est ballot ! Surtout que l'avoir eu ne vous aurait rien coûté, vu que les frais de réparation auraient été obligeamment pris en charge par votre assurance !

Admettons que vous suiviez les conseils avisés du Monsieur de chez Carglass et qu'au moindre impact vous fassiez appel à ses services. Au bout de quelques années, vous vous retrouveriez avec un pare-brise truffé de réparations, invisibles certes, mais quand même un peu usé et qui aurait perdu de sa transparence alors que si vous aviez attendu que l'impact se transforme en fissure, vous en auriez un neuf ou au moins un plus récent.

Il y a maintenant 50 ans que je conduis. Des impacts, les pare-brises de mes voitures en ont connu des tas. Curieusement, aucun d'entre eux ne s'est transformé en fissure, ce qui m'eût arrangé, me permettant d'avoir un pare-brise neuf. De deux choses l'une : soit je bénéficie d'une protection divine, soit Carglass nous prend pour des cons. Vu que la vie ne m'a pas épargné certaines épreuves égalant voire dépassant la malédiction du pare-brise fissuré, je tends à pencher pour la seconde hypothèse.

Mais bon, peut-on en vouloir à une société commerciale d'exploiter la pusillanimité de nos contemporains ? Vu que tout est fait pour que nous nous prémunissions contre des « accidents » aussi bénins qu'exceptionnels, elle aurait tort de s'en priver.