..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 10 juillet 2019

Néo-ruraux ou paléo-emmerdeurs ?

On entend de plus en plus parler de procès opposant des néo-ruraux aux naturels du pays. Les causes de ces litiges sont diverses. Ça peut être la sonnerie de l'Angélus qui, dès sept heures du matin vient perturber le sommeil des grincheux. Ça peut venir aussi de ces sons de cloches qui, jour et nuit viennent sonner heures et demi-heures, leur rendant la vie impossible. Parfois c'est un coq qui ne trouve rien de mieux que de venir saluer l'aube de son retentissant chant. Et puis il y a les grenouilles dont les mâles enamourés lancent de toutes leurs forces, les soirs de printemps, un chant d'amour pour attirer les belles. Et s'il n'y avait que ça ! Dans les pleines céréalières, le temps que dure la moisson vous avez droit au vacarme nocturne que produit la noria des tracteurs qui vont livrer leur récolte au silo voisin. Des paysans mécréants, au lieu d'observer la trêve dominicale, ne trouvent rien de mieux à faire que de tronçonner ou, pire, de scier leur bois le dimanche. Le meuglement des vaches qui rentrent pour la traite, le bêlement des brebis et des agneaux viennent compléter le tohu-bohu.

Car figurez-vous que, n'en déplaise aux citadins, campagnes et villages ne sont pas des lieux de silence. Ceux qui viennent l'y chercher se trompent. La scie avec laquelle votre bon voisin débite ses bûches y produit bien plus de décibels qu'une rue passante...

La vie à la campagne c'est comme la vie avec Cunégonde ou Gontran : pour la supporter, il faut l'aimer. Car si elle a des attraits, elle a ses défauts. Elle n'est agréable que dans la mesure où pour ceux qui la choisissent les premiers l'emportent sur les seconds.

L'erreur de certains néo-ruraux est de vouloir transformer l'endroit où ils s'installent en un paradis rêvé, remplissant toutes leurs attentes. S'ils bénéficiaient d'un minimum de raison, ils prendraient conscience que c'est à eux de s'adapter au cadre qu'ils ont choisi et non le contraire. Si l'adaptation leur est impossible il leur reste la possibilité de retourner en ville et de s'y enfermer dans dans un caisson étanche qui leur apportera le calme et le silence désirés.

Toutefois il me semble que le néo-rural anti-coq, anti-cloche, anti-grenouilles, anti-tout n'est qu'un avatar récent d'une espèce bien plus ancienne : le paléo-emmerdeur qui, quel que soit son environnement, met un point d'honneur à faire chier le monde.

dimanche 7 juillet 2019

Rénovations

Le problème, quand on est pas dans son assiette, c'est que non seulement on manque d'énergie pour accomplir la moindre tâche et qu'à part lire ou regarder la télé on ne sait trop quoi faire. La télévision est une source inégalable de stimulation intellectuelle. Les émissions d'Hanouna, de Nagui ou de Ruquier entraînent les esprits vers des terres inconnues. La chaîne Arte est là pour nous rappeler qu'il y aura bientôt 9 décennies le monde s'était laissé aller à des dérives qu'il vaudrait mieux que nous évitions de reproduire. Tout cela est vivifiant.

Malheureusement, lorsque la tête vous tourne, il devient difficile de savourer pleinement les leçons des programmes évoqués. On tend à leur préférer des émissions plus légères, moins ardues. Mon actuel état de faiblesse m'a permis de découvrir et d'apprécier deux émissions de rénovations immobilières étasuniennes.

Dans la première, des équipes de rénovateurs s'affrontent pour acheter lors d'une vente aux enchères une maison délabrée. Ils l'acquièrent pour une somme variant d'environ 1000 à 1000 dollars puis ils la font transporter par la route jusqu'à leur chantier où ils rénovent le taudis au prix de quelques dizaines de milliers de dollars et en font une demeure de rêve qui est mise aux enchères et dont la vente leur rapporte une somme raisonnable voire un peu faible. On peut raisonnablement penser que le gros de leur bénéfice leur sera versé par la production de l'émission. La maison est vendue meublée, décorée, prête à être transportée sur le terrain de l'heureux acquéreur.

Évidemment, tout ça n'est possible que parce que ces maisons étasuniennes sont en bois et ont pour toutes fondations des plots de béton , ce qui explique leur faible prix et les ravages occasionnés par les tempêtes et autres ouragans.

Il serait difficile d'appliquer ce genre de rénovation dans mon Sud-Manche où les maison sont en granite, munies de caves, souvent mitoyennes et de ce fait très délicates à transporter

Une autre émission de rénovation, toujours étasunienne, est basée sur une autre démarche : les rénovateurs, en fonction du budget qui est le leur, proposent à des acheteurs potentiels des maisons à un prix susceptible de permettre une rénovation totale de la cabane. Bien entendu, ce sont les rénovateurs qui se chargent de tout, les acheteurs étant probablement trop stupides pour avoir la moindre idée de ce qui leur conviendrait. Les travaux sont menés à bien et les acheteurs découvrent ravis leur nouveau foyer.

Dans les deux cas, les rénovateurs ne se bornent pas à améliorer le bâti. Ils décorent les murs, procurent vaisselle et linge de table et de toilette. On en est à se demander si commodes, armoires et dressings ne sont pas garnis de vêtements convenant parfaitement aux propriétaires.

Tout ça se passe dans cette atmosphère à la fois bon enfant et hystérique qui caractéristique le pays. On sent bien que les rénovateurs ne travaillent qu'au bonheur d'autrui. On constate que les vœux des acheteurs sont comblé au-delà de leurs plus folles espérances. Il y a des rires, des pleurs (de joie!) de l'humour (enfin, de ce qui tient lieu d'humour aux USA). On ne peut s'empêcher d'imaginer que fournisseurs et clients vont vivre ensemble une durable amitié.

Tout ça est magnifique mais me laisse un regret : ne serait-il pas possible que, pour un petit supplément, les rénovateurs procurent à leurs clients une famille, des amis, un chat ou un chien qui leur conviennent autant que la baraque ?

vendredi 5 juillet 2019

Le scandale Carglass

Bien sûr, il n'y a pas véritablement de scandale Carglass. Mais, sans titre « punchy » comment attirerait-on les foules ? Bien sûr, quand le Monsieur de Carglass vous annonce qu'il vous offre des essuie-glaces « Boches », on pourrait trouver scandaleux qu'il n'emploie pas plutôt le terme « Allemands ». Personnellement, ça ne me choque pas : ça a un petit côté suranné assez sympathique.

Ce qui m'amuse dans les publicités de cette aimable société, c'est leur catastrophisme. Pour Carglass, le moindre impact mènera forcément à l'un des drames les plus épouvantables qu'un humain puisse connaître au cours de sa chienne de vie : la fissure du pare-brise, puisqu'il faut l'appeler par son nom. Les causes de l'horrible mutation de l'impact en fissure sont multiples. Il fait froid, vous actionnez le dégivrage : crac ! Il fait chaud, vous actionnez la clim : crac ! Vous passez sur un nid de poule : crac ! Un insecte entre en collision avec votre pare-brise : crac ! Vous éternuez : crac ! Vous mettez la musique à fond : crac ! Vous ou l'un de vos passagers fait une crise d'asthme : crac ! Et tout ça parce que vous n'avez pas eu le réflexe Carglass ! Avouez que c'est ballot ! Surtout que l'avoir eu ne vous aurait rien coûté, vu que les frais de réparation auraient été obligeamment pris en charge par votre assurance !

Admettons que vous suiviez les conseils avisés du Monsieur de chez Carglass et qu'au moindre impact vous fassiez appel à ses services. Au bout de quelques années, vous vous retrouveriez avec un pare-brise truffé de réparations, invisibles certes, mais quand même un peu usé et qui aurait perdu de sa transparence alors que si vous aviez attendu que l'impact se transforme en fissure, vous en auriez un neuf ou au moins un plus récent.

Il y a maintenant 50 ans que je conduis. Des impacts, les pare-brises de mes voitures en ont connu des tas. Curieusement, aucun d'entre eux ne s'est transformé en fissure, ce qui m'eût arrangé, me permettant d'avoir un pare-brise neuf. De deux choses l'une : soit je bénéficie d'une protection divine, soit Carglass nous prend pour des cons. Vu que la vie ne m'a pas épargné certaines épreuves égalant voire dépassant la malédiction du pare-brise fissuré, je tends à pencher pour la seconde hypothèse.

Mais bon, peut-on en vouloir à une société commerciale d'exploiter la pusillanimité de nos contemporains ? Vu que tout est fait pour que nous nous prémunissions contre des « accidents » aussi bénins qu'exceptionnels, elle aurait tort de s'en priver.

dimanche 30 juin 2019

Nono, nain

On croise beaucoup de gens au long d'une vie. Parfois même on les rencontre. Il s'ensuit parfois du bonheur, du malheur ou de l'indifférence. Parfois le croisement mène à la rencontre.

Nono, je l'avais croisé au temps des marchés. C'était un nain. Accompagné d'un âne, il parcourait les allées, au cri de « Les copains,les copines, cacahuète est là ! » ou chantant «Je suis la cacahuètera » air calqué sur une célèbre chanson dont le titre ne me revient pas.

Je trouvais son « numéro » un rien pathétique, mais on voit tant de gens bizarres sur les marcas... Je suppose que, par amitié pour l'âne ou par pitié pour le nain, il devait parvenir à survivre de son industrie. Et puis on s'est rencontrés.

Jacques, qui devait devenir mon ex-associé avant même que notre entreprise commune ait vu le jour, mais qu'un temps nous fréquentions beaucoup, lors d'un déjeuner dominical commun, nous annonça qu'il avait également invité Nono et qu'il viendrait avec son saxo. Les nains, la musique, c'est pas forcément mon truc, mais bon...

Nono arriva donc, au volant de sa 2 cv camionnette. Le véhicule était adapté à ses membres atrophiés.En plus il lui permettait de trimballer son bourricot. Il avait comme promis apporté son instrument. Dès l'arrivée, il annonça à notre hôte, qu'il n'était venu QUE parce que ce dernier était un VÉRITABLE ami, que ce n'était qu'à cette condition qu'il acceptait les invitations. Ceux qui le conviaient pour qu'il fasse son show pouvaient aller se faire voir. Cette déclaration me mit mal à l'aise. Mais on se détendit en buvant quelques verres. Visiblement, le Nono ne crachait pas dessus. Je me demandais même s'il ne s'était pas un peu entraîné avant la séance. Il finit rond comme une queue de pelle et quand il reprit le volant, vous fûmes un peu inquiets.

Honnêtement, sa performance au saxo avait été moyenne. Nono en avait un bon coup dans le nez et ça n'améliorait pas son jeu. Seulement, il nous en avait raconté de belles. Sa vie de nain de cirque dès l'enfance où on ne le traitait guère mieux que les animaux. Les putes qui, pour baiser avec un nain demandaient un supplément (alors qu'une réduction aurait parue logique), bref, un résumé des joies que le monde réserve aux anormaux.

jeudi 27 juin 2019

Le monde est bien fait !

C'est la conclusion à laquelle je suis parvenu après une succession d'événements qui auraient apparemment dû m'amener à en tirer une leçon différente.

Récapitulons. Il y a une quinzaine de jours, je poussai un ouf de soulagement : j'étais parvenu à terminer la rénovation de ma chambre. Ces travaux m'avaient paru durer éternellement et les mener à bien m'avait demandé de grands efforts car je commençais à ressentir des étourdissements et que de nouvelles crises de tachycardie étaient venues me perturber. Une fois la tâche terminée, les choses s'aggravèrent au point qu'un jour en me levant, je vis les murs bouger et je faillis tomber. Je courus voir mon bon docteur qui me prescrivit de jolis médicaments censés éliminer ces fâcheux symptômes. Du fait de mes étourdissements, de mes problèmes intestinaux, d'une perte de poids qui allait croissante (10 kg en trois mois, sans régime particulier ), je me trouvai dans un état de faiblesse qui m'interdit de me rendre aux funérailles de mon ex-épouse, comme d'aller me reposer en Corrèze. Je restai donc à me morfondre en Normandie, incapable de fournir le moindre effort, me contentant de lire et de dormir.

Le traitement du bon médecin ne semblait aucunement améliorer mon état. Dimanche dernier, alors que je réglais l'achat d'une cartouche de cigarettes, mes mains se mirent à trembler au point que composer mon code me fut difficile. En rentrant chez moi, je me mis à faire des recherches sur le Net, afin de voir si les divers symptômes que je ressentais pouvaient permettre un diagnostic. Elles me menèrent à un article traitant de l’hyperthyroïdie. Perte de poids injustifiée, tremblement des mains, problèmes intestinaux, tachycardie y apparaissaient, entre autres, comme caractéristiques de ce dysfonctionnement hormonal. Simple coïncidence ? Je voulus en avoir le cœur net et, le lendemain, je demandai un rendez-vous à mon médecin qu'elle m'accorda dès l'après-midi.

Je lui expliquai mes recherches et lui demandai s'il lui serait possible de me prescrire une analyse sanguine permettant de confirmer ou d'infirmer mon diagnostic. Elle se montra sceptique, mais me prescrivit cependant l'analyse. Le lendemain matin, je me rendis au cabinet des infirmières et le jour suivant les résultat arrivèrent. Mon taux de T4L était quatre fois et demi supérieur au maximum de référence quant à celui de la T.S.H. Ultra-sensible il était de presque vingt fois inférieur au minimum de référence. Le diagnostic était donc sans appel et mon bon docteur me prescrivit un traitement antithyroïdien. J'ai pris le premier comprimé ce matin mais les effets bénéfiques ne devraient se faire sentir, au mieux, que dans une huitaine de jours. Je devrai également subir de nouvelles analyses sanguines et tout un suivi médical.

Certains se demanderont en quoi la conclusion à laquelle je suis parvenu peut se justifier. La réponse est simple : cette maladie m'a évité de me rendre en Corrèze où la canicule sévit gravement. Ayant horreur des grandes chaleurs, cette épreuve m'a été épargnée. Il est pas bien fait, le monde ?