Le problème, quand on est pas dans son
assiette, c'est que non seulement on manque d'énergie pour accomplir
la moindre tâche et qu'à part lire ou regarder la télé on ne sait
trop quoi faire. La télévision est une source inégalable de
stimulation intellectuelle. Les émissions d'Hanouna, de Nagui ou de
Ruquier entraînent les esprits vers des terres inconnues. La chaîne
Arte est là pour nous rappeler qu'il y aura bientôt 9 décennies le
monde s'était laissé aller à des dérives qu'il vaudrait mieux que
nous évitions de reproduire. Tout cela est vivifiant.
Malheureusement, lorsque la tête vous
tourne, il devient difficile de savourer pleinement les leçons des
programmes évoqués. On tend à leur préférer des émissions plus
légères, moins ardues. Mon actuel état de faiblesse m'a permis de
découvrir et d'apprécier deux émissions de rénovations
immobilières étasuniennes.
Dans la première, des équipes de
rénovateurs s'affrontent pour acheter lors d'une vente aux enchères
une maison délabrée. Ils l'acquièrent pour une somme variant
d'environ 1000 à 1000 dollars puis ils la font transporter par la
route jusqu'à leur chantier où ils rénovent le taudis au prix de
quelques dizaines de milliers de dollars et en font une demeure de
rêve qui est mise aux enchères et dont la vente leur rapporte une
somme raisonnable voire un peu faible. On peut raisonnablement penser
que le gros de leur bénéfice leur sera versé par la production de
l'émission. La maison est vendue meublée, décorée, prête à être
transportée sur le terrain de l'heureux acquéreur.
Évidemment, tout ça n'est possible
que parce que ces maisons étasuniennes sont en bois et ont pour
toutes fondations des plots de béton , ce qui explique leur faible
prix et les ravages occasionnés par les tempêtes et autres
ouragans.
Il serait difficile d'appliquer ce
genre de rénovation dans mon Sud-Manche où les maison sont en
granite, munies de caves, souvent mitoyennes et de ce fait très
délicates à transporter
Une autre émission de rénovation,
toujours étasunienne, est basée sur une autre démarche : les
rénovateurs, en fonction du budget qui est le leur, proposent à des
acheteurs potentiels des maisons à un prix susceptible de permettre
une rénovation totale de la cabane. Bien entendu, ce sont les
rénovateurs qui se chargent de tout, les acheteurs étant
probablement trop stupides pour avoir la moindre idée de ce qui leur
conviendrait. Les travaux sont menés à bien et les acheteurs
découvrent ravis leur nouveau foyer.
Dans les deux cas, les rénovateurs ne
se bornent pas à améliorer le bâti. Ils décorent les murs,
procurent vaisselle et linge de table et de toilette. On en est à se
demander si commodes, armoires et dressings ne sont pas garnis de
vêtements convenant parfaitement aux propriétaires.
Tout ça se passe dans cette atmosphère
à la fois bon enfant et hystérique qui caractéristique le pays.
On sent bien que les rénovateurs ne travaillent qu'au bonheur
d'autrui. On constate que les vœux des acheteurs sont comblé
au-delà de leurs plus folles espérances. Il y a des rires, des
pleurs (de joie!) de l'humour (enfin, de ce qui tient lieu d'humour
aux USA). On ne peut s'empêcher d'imaginer que fournisseurs et
clients vont vivre ensemble une durable amitié.
Tout ça est magnifique mais me laisse
un regret : ne serait-il pas possible que, pour un petit
supplément, les rénovateurs procurent à leurs clients une famille,
des amis, un chat ou un chien qui leur conviennent autant que la
baraque ?