..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 24 mars 2015

Retour à Brideshead



Je viens de terminer la lecture de Brideshead Revisited (Retour à Brideshead in French) de M. Evelyn Waugh. Je dois à l’honnêteté de reconnaître que les cinq ouvrages précédemment lus du même auteur m’avaient laissé des impressions, disons…   …diverses. Si le ton léger et ironique de Scoop m’avait ravi, si les mésaventures quasi-picaresques de Paul Pennyfeather dans Decline and Fall (Grandeur et décadence) m’avaient agréablement diverti,  si j’avais passablement apprécié The Loved One (Le cher disparu), il n’en alla pas de même pour l’interminable récit guerrier The Sword of Honour Trilogy ou encore pour le divorce narré  dans A Handful of Dust (Une poignée de cendres). J’en étais venu à me demander si cet auteur, en dehors de me permettre de souffler entre deux fantaisies de l’aimable Wodehouse, n’était pas trop inégal quand il s’éloignait de la satire.

Le hasard de la disponibilité de l’ouvrage en occasion sur Amazon fit que ce n’est que récemment que me parvint Brideshead Revisited. Pourtant plus de quatre mois s’étaient écoulés depuis que l’ami Didier Goux m’avait fait découvrir le nom de Waugh avant de recommander chaudement cette lecture, terminant par ces mots : « Le livre refermé, on a l'impression qu'on vient de lire un grand roman. Cette “impression”, c'est toute l'élégance d'Evelyn Waugh. » Ça donne envie, non ? Même si cette opinion émane d’un fan de Proust, auteur dont la brute épaisse que je suis n’a jamais pu lire plus de quelques phrases avant que le livre ne lui tombe des mains…

Eh bien, je dois dire que le récit de Charles Ryder m’a passionné. De quoi qu’y cause-t-y ton sacré bouquin, me demanderiez-vous si plutôt que fins lettrés vous étiez d’infâmes ploucs ? 

Durant la seconde guerre mondiale, les hasards de la vie militaire ramènent le narrateur à Brideshead, la propriété des Marchmain, famille de la haute aristocratie britannique avec qui Charles a jadis et naguère entretenu des liens étroits que ce soit à Oxford avec Sebastien, le fils cadet, ou Julia, sa sœur, avec qui il vivra bien plus tard une longue liaison avant qu’ils ne se séparent pour des raisons qui échappent à mon esprit de mécréant. 

Étude d’une longue maturation, hymne à une société révolue, roman initiatique ou nostalgique, histoire d’amitié et d’amour ? C’est tout cela à la fois et bien plus. J’avoue n’avoir vu aucune trace du burlesque dont Didier fit un des charmes discrets du récit. Qu’importe au fond ? Un grand roman, tient du Rorschach et de l’auberge espagnole : on y trouve ce qu’on y apporte. Cette infinie et multiple richesse en fait tout le prix.

lundi 23 mars 2015

Je vous l’avais bien dit !



Donc le FN a connu la cuisante défaite que j’avais prédite. Rendez vous compte : même pas 26 % des suffrages exprimés ! Juste une poignée d’élus au premier tour ! En tête dans seulement 43 des 98 départements concernés ! Des candidats maintenus au second tour dans 1100 malheureux cantons !  Quelle déception, que dis-je quelle correction pour un parti que ne comptait auparavant qu’un seul conseiller général ! La république ne s’est pas fracassée, le PS gardera des départements, L’UMP-UDI-DVD est largement en tête, tout va très bien madame la marquise.

Lors de la soirée électorale sur France 3, au début, on avait fait fort : on mettait la gauche à égalité avec l’UMP-UDI-DVD à 37%. Il faut dire que pour atteindre ce merveilleux résultat, il avait fallu racler les fonds de tiroirs, je suppose qu’il avait fallu additionner le PS, les DVG, les communistes, les écolos, le front de gauche, les miettes trotskistes… Quand on sait à quel point ces gens-là s’aiment de fine amour et se soutiennent quoi qu’il arrive, on voyait bien que les meubles étaient sauvés. Avec le temps, il a bien fallu se résigner au constat que le PS (et ses alliés) n’atteignait qu’environ 21%, que du coup le FN vaincu était tout de même en seconde position.

Comme je le disais, un FN à moins de trente et quelques pour cents, c’était la Bérézina. Ça n’a pas manqué ! Des cyniques diront comme je l’écrivais qu’un sondage national sur des élections locales où l’enracinement joue un rôle non négligeable était une aberration. Ainsi, dans mon village, le FN n’a obtenu que 25% des suffrages exprimés tandis que la sortante DVG en obtenait 28 et le DVD 46. Quel contraste avec les européennes ! Il faut dire que l’abstention lors de  ce scrutin était montée à pratiquement 60% (contre 34 hier) et qu’on y avait vu un FN à 39%, l’UMP 30% et le PS…  … à 5,5% !

Donc, pas de « Vague Bleu Marine ». Seulement, sauf accident, cette vague redoutée n’est pas forcément remise aux calendes grecques. Il y aura en décembre prochain des régionales. Et là, ce sera une autre paire de manches car l’enracinement, du fait du mode de scrutin à la proportionnelle, y est inexistant : qui connaît les conseillers régionaux ? On votera donc pour un parti et non des personnes. Les braves DVD et DVG ne pèseront guère. A quel niveau faudra-t-il surestimer le vote FN pour qu’il connaisse une nouvelle défaite sanglante ?

samedi 21 mars 2015

Leçons d’un sondage



A l’heure où nous mettons sous presse il ne vous reste plus que dix-huit heures pour participer au sondage exclusif sur la qualité de ce blog. Autant dire que les carottes sont cuites et qu’est venu le temps d’en tirer les premiers enseignements.

La première leçon est que l’on constate un fort taux d’abstention. En effet sur les millions de lecteurs fidèles qui viennent quotidiennement lire avec attention ses articles, seuls 109 se sont prononcés. Il faut reconnaître que l’actualité particulièrement chargée de cette semaine n’a pas été de nature à favoriser la réflexion profonde que requiert une prise de position capitale. Entre les condamnations véhémentes de ceci ou de cela prononcées par notre cher président, l’éclipse partielle de lune et la marée du siècle (ainsi nommée parce qu’il n’y en a de telles que tous les dix-neuf ans) tout a concouru à détourner les esprits futiles des vraies questions.

Pour qualifier ce blog, les participants avaient le choix entre « Génial », « Super génial » et « A chier », autant dire que toutes les nuances d’opinion possibles avaient été proposées. Avec 56 votes, c’est « Super génial » (soit 51%) qui est arrivé en tête. Il ne faudrait pas cependant se laisser aller à un triomphalisme déplacé car immédiatement ensuite est arrivé « Génial » avec 47  opinions (soit 43 %). Faut-il attribuer ce jugement tiède à une profonde incapacité des sondés à s’enthousiasmer pour les belles choses ou bien comme un avertissement adressé à l’auteur afin qu’il améliore le contenu de ses articles ? Nous penchons pour la seconde explication. Enfin, et loin derrière avec 6 choix (soit 5%) arrive « A chier ». Ce qui donne une indication sur la proportion de masochistes au sein de son lectorat. Ce taux est anormalement bas si on le compare à celui de la population générale vu qu’à son plus bas M. Hollande réunissait tout de même 13% de satisfaits. Toutefois, ce résultat peut s’expliquer par le fait que peu de hollandistes convaincus fréquentent cet endroit.

Quoi qu’il en soit, l’auteur est clairement encouragé par une forte minorité à améliorer ses prestations. Ça ne va pas être simple vu l’ambiance peu motivante du moment. Enfin, on va quand même essayer…

Là-dessus, bon dimanche et bon vote et rappelez-vous que celle qui a les plus gros nibards ou celui qui vous parait le mieux monté (bien que ça ne se voit pas toujours clairement sur les affiches électorales) ne sont pas forcément les plus qualifiés pour décider de l’urgence de la remise en état de la Départementale 627bis ou du nouveau nom à donner au collège Salvador Allende.

vendredi 20 mars 2015

Des défaites annoncées du FN



Comme ma Metabo, ma boule de cristal est d’une totale fiabilité. C’est grâce à elle que je suis en mesure de vous annoncer la Bérézina que connaîtra le FN au soir du 22 mars prochain. Et cela quel que soit son score. Car sauf quand il est favorable au(x) parti(s) soutenu(s) par les media, un score ne veut strictement rien dire. D’autant plus qu’on peut lui faire dire ce que l’on veut. Surtout dans une élection locale.

Le score du FN, une fois terminé le dépouillement, peut être soit supérieur, soit égal, soit inférieur à celui du meilleur sondage. Dans le premier cas, en faire une cuisante défaite est acrobatique, mais pas impossible. Dans le second, on a endigué son « irrésistible montée. Dans le troisième, c’est la débandade, le sursaut « républicain, la Patrie sauvée, la France pas fracassée pour un sou (qu’importe en ce cas si le score reste le plus élevé jamais obtenu par ce parti et si la « baisse » se trouve dans la marge d’erreur inhérente à tout sondage).

Personne n’insistera sur le fait que les pourcentages donnés à chaque parti lors des sondages ne veut strictement rien dire vu que s’ils avaient un sens un PS à 21 % avec un taux de 50 % d’abstention n’aurait logiquement aucun candidat au second tour vu qu’il n’atteindrait pas les 12.5% nécessaires à son maintien. Comme il s’agit de scrutins locaux, il y aura forcément des candidats socialistes dans bien des circonscriptions. Il sera donc toujours possible, même en cas de catastrophe, d’affirmer qu’il y en a bien plus qu’on ne s’y attendait et de transformer le fiasco en une preuve de résistance et pour tout dire en promesse de victoire future.

Il y aura toujours des élus au premier tour. Ils seront forcément plus nombreux parmi les candidats des « partis de gouvernement ». L’ennemi commun de ceux-ci (et par conséquent de la république et de la France) étant le FN, on pourra parler de victoire de la démocratie.

De plus, resteront les trois autres tours. Au deuxième, il sera dans la majorité des cas facile de faire mordre la poussière aux nauséabonds même si on assiste à quelques désagréables surprises. Encore une victoire ! Lors de l’élection des présidents, la victoire sera de nouveau au rendez-vous. Pour le quatrième tour, c’est à dire les sénatoriales, il se peut qu’ajoutés aux représentants des conseils municipaux les nouveaux conseillers départementaux fassent tanguer la barque ici ou là mais la victoire restera aux démocrates alliés comme au bon temps où Anglais, Américains et Soviétiques combattaient un ennemi commun.

Nous allons donc vers une série de défaites cuisantes pour les fracasseurs. Jusqu’à quand ?

mercredi 18 mars 2015

Du cloporte et de sa disparition saisonnière



Afin d'évaluer objectivement la qualité de ce blog, un sondage a été ajouté en haut à gauche de la page. Votez et faites voter en masse (si ce n’est déjà fait) ! De votre opinion dépendra la qualité future de ce blog.

Dernièrement, l’essentiel de mon temps a été consacré à la réfection des joints de mon garage, occupation aussi nécessaire qu’ingrate et épuisante. Entre autres conséquences, cette tâche m’a tenu éloigné de ce blog, et je prie ceux qui depuis des années déjà viennent y puiser leur ration quotidienne d’instruction et de sagesse de m’en excuser, mais comme disait Heidegger « On ne peut pas être au four et au moulin ». Toutefois, le travail manuel ne saurait dispenser de la réflexion profonde. J’irais jusqu’à dire qu’il la favorise et qu’il fournit parfois fortuitement des réponses aux questions fondamentales que se pose tout esprit curieux depuis que l’homme est homme et le monde monde. Ainsi ai-je découvert, en faisant sauter les joints anciens au burin monté sur ma perceuse à percussion Metabo* ce qu’il advenait des cloportes durant la mauvaise saison.

Parmi les sujets de conversation de l’honnête homme de ce siècle, le cloporte occupe une place bien souvent modeste. Pourtant, s’il est une créature qui mérite attention et estime, à l'exception près du lapin,  c’est bien lui. Peu de gens le savent, mais cette sympathique petite bestiole qui compte plus de trois mille espèces dont cent-soixante en France** est un crustacé. Il est même le seul de cette famille à être entièrement terrestre, ce qui prouve sa grande intelligence car à la différence de ses cousins et cousines les crabes, langoustes, homards et autres écrevisses son habitat le met à l’abri des pêcheurs. Une autre de ses caractéristiques morales est la modestie : il a horreur de la lumière et se tient par conséquent dans des endroits sombres et mène une vie nocturne sans faire le moindre tapage. Ce n’est pas lui que l’on verrait dévorer les choux, comme certaines larves de papillon sur les méfaits desquelles nous éviterons de revenir. En fait, il se nourrit de détritus végétaux et ainsi favorise un retour rapide des nutriments dans le sol. C’est donc un animal utile.

Du point de vue physique, on ne peut pas dire que la nature l’ait vraiment gâté. Ne croyez pas qu’il en souffre ! D’un naturel jovial, optimiste, et sage, il a bien vite compris que « dans la vie, faut faire avec c’qu’on a » c’est pourquoi il ne milite pas à la CGT. Il bénéficie cependant de certains avantages, ainsi son thorax est divisé en sept segments dont chacun porte une paire de pattes, ce qui est bien pratique pour se déplacer surtout quand, comme c’est son cas, on est exempt d’arthrose du genou et de la hanche. Bien sûr une telle caractéristique pourrait ruiner sa famille en achats de souliers mais adultes comme enfants préfèrent aller pieds nus. La femelle transporte ses œufs fécondés dans une poche incubatrice nommée « marsupium » et semble, après un mois, « donner naissance » à ses petits ce qui la rapproche à la fois de la vipère et de la femelle kangourou bien qu’elle ne morde pas comme la première et saute moins loin que la seconde.

Seulement, malgré toutes ses qualités, le cloporte n’en demeure pas moins une énigme. Comme moi, vous vous êtes certainement maintes souvent demandé ce que le cloporte pouvait bien faire de sa peau l’hiver, quand le détritus végétal se fait rare. La réponse est simple : comme l’ours, la marmotte, le hérisson ou le sénateur, il hiberne. Il se cherche un endroit tranquille, se roule en boule (il a cette capacité !) et attend que ça se passe. A moins qu’un abruti, avec sa Metabo se mette en tête de venir détruire les joints de son garage et ce faisant vienne perturber son salutaire repos… Eh oui, sans le vouloir j’ai perturbé la vie de centaines de ces estimables bestioles. Sans compter qu’il va être difficile pour cellesque je n’aurais pas intempestivement réveillées de franchir la barrière que constituent les nouveaux joints…

*Si j’en trouve  un jour le temps, il faudra que je consacre le long panégyrique qu’il mérite à ce magnifique outil qui depuis plus de dix ans me sert avec une efficacité et un dévouement dignes d’éloge.
**Soit presque autant que de nationalités d’origine dans une école du 9-3 sans que ces deux faits entretiennent le moindre rapport.

 DERNIÈRE MINUTE :

Afin de répondre aux interrogations d'Orage qui se demandait quelle différence pouvait exister entre anciens et nouveaux joints, je vous soumets les photos suivantes :

Avant :

Vous noterez la disparition partielle des joints. Ne subsistent que de tristes restes. Ailleurs, le vieux mortier laisse place au torchis ou à des trous où viennent parfois s'installer plantes et nids de bourdons.

Après :
Après avoir supprimé les restes de joints et creusé les interstices entre les pierres, les cavités sont bouchées au mortier de ciment ce qui évite que les murs ne se dégradent davantage. Certains diront que c'était mieux avant. Je ne partage pas leur goût des ruines...