Je viens de terminer la lecture de Brideshead Revisited (Retour
à Brideshead in French) de M. Evelyn Waugh. Je dois à l’honnêteté de
reconnaître que les cinq ouvrages précédemment lus du même auteur m’avaient
laissé des impressions, disons… …diverses. Si le ton léger et ironique de Scoop m’avait ravi, si les mésaventures
quasi-picaresques de Paul Pennyfeather dans Decline
and Fall (Grandeur et décadence) m’avaient
agréablement diverti, si j’avais
passablement apprécié The Loved One (Le
cher disparu), il n’en alla pas de même pour l’interminable récit guerrier The Sword of Honour Trilogy ou encore pour
le divorce narré dans A Handful of Dust (Une poignée de cendres).
J’en étais venu à me demander si cet auteur, en dehors de me permettre de
souffler entre deux fantaisies de l’aimable Wodehouse, n’était pas trop inégal
quand il s’éloignait de la satire.
Le hasard de la disponibilité de l’ouvrage en occasion sur
Amazon fit que ce n’est que récemment que me parvint Brideshead Revisited. Pourtant plus de quatre mois s’étaient
écoulés depuis que l’ami Didier
Goux m’avait fait découvrir le nom de Waugh avant de recommander chaudement
cette lecture, terminant par ces mots : « Le livre refermé, on a l'impression
qu'on vient de lire un grand roman. Cette “impression”, c'est toute l'élégance
d'Evelyn Waugh. » Ça donne envie, non ? Même si cette opinion émane
d’un fan de Proust, auteur dont la brute épaisse que je suis n’a jamais pu lire
plus de quelques phrases avant que le livre ne lui tombe des mains…
Eh bien, je dois dire que le récit de Charles Ryder m’a
passionné. De quoi qu’y cause-t-y ton sacré bouquin, me demanderiez-vous si
plutôt que fins lettrés vous étiez d’infâmes ploucs ?
Durant la seconde
guerre mondiale, les hasards de la vie militaire ramènent le narrateur à
Brideshead, la propriété des Marchmain, famille de la haute aristocratie
britannique avec qui Charles a jadis et naguère entretenu des liens étroits que
ce soit à Oxford avec Sebastien, le fils cadet, ou Julia, sa sœur, avec qui il
vivra bien plus tard une longue liaison avant qu’ils ne se séparent pour des
raisons qui échappent à mon esprit de mécréant.
Étude d’une longue maturation,
hymne à une société révolue, roman initiatique ou nostalgique, histoire d’amitié
et d’amour ? C’est tout cela à la fois et bien plus. J’avoue n’avoir vu aucune
trace du burlesque dont Didier fit un des charmes discrets du récit. Qu’importe
au fond ? Un grand roman, tient du Rorschach et de l’auberge espagnole :
on y trouve ce qu’on y apporte. Cette infinie et multiple richesse en fait tout
le prix.