Les gouvernements, depuis déjà quelque temps, se veulent paritaires
et représentatifs de la diversité de la population. Ainsi, bien que les races n’existent
pas, nous nous retrouvons avec des ministres et des secrétaires d’État à égales parties féminins et masculins et d’origine
Asiatique, Nord-Africaine, Antillaise ou Africaine. C’est bel et bon, mais outre
que le choix ne se fait plus en fonction des talents des personnes appointées c’est
réduire la diversité à son aspect « ethnique ». Or il existe bien d’autres
critères qui participent à la bigarrure d’une population : certains s’adonnent
au bricolage, d’autres à la boisson, au sport, à la belote, à la chasse, à la
pêche, à la bigoterie, à la gastronomie, au naturisme, aux mots croisés, au
sexe, au macramé, à l’étude des chansons de geste ou de tout autre domaine, à
la collection d’objets divers, au vol à voile ou à main armée, à la lecture, aux magouilles douteuses, à la
broderie, au brigandage de grand chemin etc. Une liste exhaustive des centres d’intérêt
qui font que coexistent dans une société des êtres divers serait impossible à
établir. Il n’empêche que leurs adeptes
sont bien mal représentés au gouvernement. Et c’est dommage.
Mme Fleur Pellerin, nous a montré qu’en étant ministre de la
culture on pouvait à la fois représenter une « minorité visible » et
la catégorie répandue des incultes. C’est un pas dans la bonne direction, même
si son appartenance à la seconde catégorie n’a pas été signalée comme un des
critères de sa sélection. Je suppose que le gouvernement ne manque aucunement
de nymphomanes, d’ivrognes ou de cruciverbistes, seulement, ils ne se
présentent pas comme tels. Ça nuit à sa représentativité et renforce la rupture
entre la population et ses élites.
Surtout qu’il est vraiment aisé de concilier la diversité ethnique et la
diversité culturelle.
Rien ne s’oppose en effet à ce qu’un ministre représente à
la fois une minorité (ou une majorité) ethnique et plusieurs minorités
culturelles. Ainsi, M. Dupont* pourrait devoir son poste à la fois à son
appartenance à la majorité leucoderme et à son penchant pour la bouteille, les
jupons, la bonne chère et la belote. De même, M. Durant* pourrait-il justifier
son embauche par son goût pour le point de croix, la copocléphilie, la pêche au
gros et les tripatouillages financiers et Mlle Diallo*, représenter non
seulement les mélanodermes mais aussi les nudistes, les fanatiques de la
matière de France, les chasseurs de palombes et les collectionneurs de
réfrigérateurs des années cinquante tandis que M. Ben Mohammed*, en plus d’assurer
la présence de nos amis dont les racines plongent dans une terre située sur l’autre
rive de la Méditerranée, pourrait également assurer la représentation des
lecteurs de polars, des amateurs de skateboard, des buveurs de Coca et des
pêcheurs au lancer.
Si ma suggestion était entendue, je crois que se comblerait
bien vite l’énorme fossé qui s’est creusé entre population et gouvernants, la
multiplication des critères de sélection ayant pour effet que pratiquement tout
citoyen aurait la certitude d’avoir un des siens dans la place. Ce qui n’est
pas le cas quand on s’entête à sur-représenter la catégorie des énarques dans
laquelle bien peu se reconnaissent.
PS : Dans un second temps on pourrait sélectionner le
pannel sur des critères professionnels et régionaux. On finirait par contenter
tout le monde à part peut-être au niveau des résultats de leur politique mais
est-ce vraiment important ?
*Toute ressemblance avec des ministres (ou secrétaires d’État)
existants ou ayant existé serait purement fortuite.