..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 11 octobre 2013

A Édith Gassion, chanteuse de son plus en état



Dans le fond, entre nous, qu’est-ce qu’on en a à foutre que la fille de joie soit triste ou hilare au coin de la rue là-bas (ou Labat, grammatici certant), que quand il la prend dans ses bras, qu’il lui parle tout bas, elle voit la vie en rose en vert ou en bleu-canard, qu’il ait porté des culottes, des bottes de moto, un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos plutôt qu’un costume trois pièces en tweed, que Milord vienne ou pas, que son Dieu le lui ait laissé un jour, deux jours ou quatre-vingt-sept ans, qu’il lui ait fait tourner la tête ou la cheville, qu’elle n’ait rien ou tout regretté, que Johnny ait été un ange ou un marchand de couleurs, qu’elle ait essuyé les verres au fond du café ou servi des hamburgers chez MacDo, que le pauvre Jean n’ait pas été aimé des femmes ni des travelos de chez Michou, que cet air la poursuive jour et nuit ou qu’il ne le fasse qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, que de l’autre côté de la rue il y ait une fille, une belle fille ou un bureau de tabac, que si un jour la vie l’ait arraché à elle, qu’il soit mort, qu’il ait été loin d’elle, elle soit morte  ou se soit acheté un sac à main en peau de lézard, que son légionnaire ait senti le sable chaud ou le bouc, que ces soit à Hambourg ou à Romorantin-Lanthenay ?

C’est pas nos oignons, pas vrai ? Si vraiment ça l’intéresse, elle s’en démerde et elle nous fout la paix.

C’est un peu pareil avec toutes les chansons. Et s’il n’y avait que les chansons ! Pourtant, on a parfois l’impression que ça nous parle, que c’est un peu à nous qu’elle s’adresse, qu’on est un rien accordéoniste, qu’on aime à en voir la vie changer de couleur, qu’on partage le deuil de Marie-Lou,  qu’on est triste comme un lord quand s’éloigne le navire, qu’on voudrait garder celui ou celle que la vie nous arrache, que l’autre est notre manège, qu’on va repartir à zéro, qu’on est tombé sur une charogne, qu’un pacte suicidaire c’est triste mais beau, que sans amour on n’est rien du tout, que padam padam, padam, qu’on est peut-être un tas mais qu’on vaut largement la fille d’en face, qu’on mourirait* d’amour  et que dans le ciel Dieu Il nous réunirait, que la légion c’est quelque chose ou qu’on a été un peu pute à Hambourg. Et il arrive qu’on en ait la chair de poule.

Tout ça par le truchement de la voix miraculeuse d’une micro-bonne femme d’un mètre quarante-sept,  morte il y a un demi-siècle. Fallait-il qu’elle en ait eu du talent pour éveiller en nous la midinette! Et puis d’abord, elle n’est pas morte. On ne connaissait que sa voix, ses chansons. Elles sont toujours là. Elle est encore là.

*Faute volontaire !

jeudi 10 octobre 2013

Menthol : le sursis



J’annonçais  voici trois mois une menace affligeante : l’interdiction des cigarettes menthol par le parlement européen. Eh bien c’est chose faite. En catimini, la mesure fut récemment  prise comme nous l’annonce le Huffington Post. Le prétexte est bien entendu généreux : il s’agit de protéger la jeunesse.  Les cigarettes aromatisées, moins âcres mais tout aussi mortelles, encourageraient le développement du tabagisme chez nos chers petits. Admettons.

Qu’on interdise les menthols aux jeunots de moins de soixante ans, soit. Mais à des tabagiques invétérés comme moi ou mon compagnon de vice Helmut Schmidt qui ont derrière eux plusieurs décennies d’intoxication aromatisé, à quoi bon ?

Toutefois, cette décision est assortie d’un sursis de huit ans. Huit ans durant lesquels, l’odieux menthol pourra continuer de séduire d’innocents jouvenceaux.  Permettez-moi de m’interroger sur le sérieux d’une telle décision. Car soit ces cigarettes représentent une terrible menace  et continuer d’y exposer si longtemps ses éventuelles victimes est irresponsable, soit le danger est inexistant et il ne sert à rien de lutter contre maintenant ou dans le futur. Que dirait-on d’une mesure destinée à combattre quelque odieux crime et qui ne prendrait effet que des années après sa promulgation ?

Quoi qu’il en soit, le vieil Helmut qui s’était  constitué 6 ans de réserves, s’il maintient ces dernières à leur niveau actuel est assuré d’entretenir son vice jusqu’à 108 ans. Après, il lui faudra aviser.

Pour ce qui me concerne, les huit ans fatidiques devraient m’amener jusqu’après mon soixante et onzième anniversaire. Si on considère les statistiques et qu’on admet qu’existe une justice immanente, la mesure ne devrait pas trop me concerner. L’âge de survenue du cancer du poumon se situant selon les sources entre 63 et 68 ans, ce mal qui répand la terreur m’aura normalement fait débarrasser le plancher d’ici là. A moins qu’un AVC quelconque ne m’ait frappé en punition de mes péchés.

Reste la possibilité que cette fameuse justice n’existe que dans l’imagination de nos contemporains et que je me trouve épargné… Auquel cas, de nouveaux délais seront peut-être d’ici là accordés sinon il faudra bien que je m’y fasse.  Qui vivra verra.

mercredi 9 octobre 2013

Voyage en Absurdie



L’avantage, avec les voyages en Absurdie, c’est qu’ils n’exigent aucun passeport et aucun déplacement. En fait, comme une sorte de double peau, l’Absurdie recouvre avec exactitude le territoire de ce qui fut la France. J’en ai eu une nouvelle preuve ce matin.

Depuis jeudi, j’étais privé de téléphone fixe (la privation de portable étant ancienne et permanente, faute de  réseau). Pas de tonalité, rien qu’une affreuse friture. Le problème s’était déjà posé il y a quelques années, en moins grave toutefois vu que la friture rendait simplement toute conversation quasi-inaudible. Le monsieur de France Télécom était venu et avait changé la partie du câble endommagée. Pourquoi pas le câble en entier ? Eh bien parce que pour ce faire il lui eût fallu percer un trou en haut de ma porte d’entrée, ce que sa déontologie ou sa non-habilitation en tant que perceur de haut de porte en bois (la porte était alors en bois) lui interdisait formellement. Il était plus que probable que le restant du câble, tout aussi vieux finirait par se montrer à son tour défaillant mais, que voulez-vous, quand on ne peut pas, on ne peut pas.

Ce matin donc, je vis arriver un beau camion tout neuf doté d’une jolie nacelle piloté par le technicien censé savoir dûment accompagné de son arpète. A part à regarder son chef travailler, je n’ai pas bien saisi à quoi servait l’arpète. Il faut croire que parcourir les collines embrumées provoque une neurasthénie que seule la compagnie d’un homme jeune et gaillard peut tempérer…

Aux commandes de la nacelle le brave technicien commença par vérifier que jusqu’au poteau d’où partait le câble menant à la maison la ligne fonctionnait. C’était le cas.  C’est là que les choses se compliquèrent car il m’avoua ne pas pouvoir vérifier la ligne plus avant, n’étant pas en possession d’une échelle et son camion ne pouvant s’aventurer sur la pelouse. « Qu’à cela ne tienne, lui dis-je, innocent que j’étais, j’en ai une d’échelle ! Une échelle de toute beauté, une échelle comme je souhaite à tous d’en avoir ! »  Que n’avais-je pas dit là. L’homme me jeta ce regard apitoyé que réserve l’initié à l’ignorant. « Je ne peux pas monter sur  VOTRE échelle, au cas où surviendrait un accident, je ne serais pas couvert ! » Je ne pus me retenir de lui signaler à quel point ce règlement était absurde. Il n’alla pas jusqu’à en convenir, arguant de questions de sécurité. Il faudrait, pour inspecter le reste faire venir une autre équipe munie d’une Échelle appropriée.

Toutefois, doté d’un escabeau, il consentit à inspecter le boitier d’arrivée intérieur. Ce test permit d’établir un diagnostic définitif : c’était bien mon câble qui était fautif. Je m’en doutais déjà un peu. Il me dit qu’il m’enverrait  une autre équipe le surlendemain, possesseur de la Sainte-Échelle et apte à remplacer (à mes frais) le Saint-Câble mais qu’il serait bon que je perçasse moi-même un trou à l’endroit où je désirais faire entrer les fils et que ce trou fût suivi d’une gaine menant à l’endroit où je désirais qu’il installât l’arrivée. Les écumeurs de collines partis, je grimpai sur mon échelle afin de bien voir où percer mon trou et c’est là que j’avisai le raccord entre le morceau de câble remplacé et l’ancien. Et si c’était là l’origine du problème ? J’allai inspecter la jonction et m’aperçus immédiatement qu’à la sortie du boitier, une section du câble était complètement pourrie. Il me fallut une petite heure pour remplacer le morceau défaillant et retrouver le parfait usage de ma ligne. Je décommandai donc par téléphone la seconde équipe, exigeant, on n’est jamais trop prudent, qu’on me confirmât par mail l’annulation de l’intervention.

De cette captivante aventure, j’ai tiré quelques leçons :


     1) Il existe parmi les réparateurs de lignes plusieurs catégories : le technicien AVEC échelle (mais sans nacelle) et le technicien (avec  nacelle mais) SANS échelle. La catégorie AVEC nacelle ET échelle existe-t-elle ?  Ne rêvons pas trop.  Il serait donc utile, lors du dépôt d’une réclamation de préciser quel genre d’intervenant l’on souhaite.

     2) On peut supposer qu’au sein de la catégorie AVEC échelle, existent les sous-classes avec et sans  chignoles lesquels se subdivisent en aptes à percer ou non tel ou tel matériau. Reste à savoir si le perceur agréé à les capacités d’utiliser les autres outils qui s’avéreraient nécessaire et de poser des gaines.

     3) Vu la complexité des précautions requises j’ai pris la sage décision, la prochaine fois que le problème se posera de changer moi-même la totalité du câble. Car payer le déplacement et les heures de deux gars qui viennent de plus de cinquante kilomètres pour me dire qu’ils ne sont pas en mesure d’intervenir et qu’un jour d’autres viendront me paraît abusif. Ou du moins le serait ailleurs qu’en Absurdie.


lundi 7 octobre 2013

Qui fut vraiment Saint Marcelin ? (fin)



Le premier miracle de Saint Marcelin me fut inspiré par un des intervenants du forum sur lequel les chroniques furent d'abord publiées. Gauchiste fervent, il fustigeait le néo-libéralisme avec une constance et une  violence qui n'avaient d'égales que l'indifférence et les sarcasmes que ses interminables copiés/collés suscitaient.

Tout ça est bel et bon, me direz-vous, mais en quoi Marcelin était-il un saint ?

Sans parti pris, émanciper ses serfs, leur offrir des conditions de vie décentes, favoriser le développement économique d’un petit coin de France, c’est déjà pas mal. Si tous les saints du calendrier en avaient fait autant, on n’en serait pas là.

Durant leur longue vie de passion, la coquine Guenièvre et le robuste Marcelin s’envoyèrent si souvent en l’air qu’on pouvait considérer à juste titre que le (septième) ciel était leur résidence secondaire. De là à y prendre leur retraite, il n’y avait qu’un pas… 

Et puis il y eut les miracles…

Un peu avant l’an Mil, alors qu’il prenait en compagnie d’une Guenièvre plus dodue mais toujours aussi souple et inventive le proverbial « café du pauvre », on amena au vigoureux septuagénaire un bien curieux personnage
.
Depuis quelques années, en proie à une folie millénariste, hirsutes, le regard perdu, quelques prêcheurs fous parcouraient les campagnes, annonçant une prochaine apocalypse. Leurs discours enflammés appelant à la repentance faisaient plutôt sourire qu’ils n’effrayaient. On ne les écoutait pas beaucoup plus qu’on n’écoute aujourd’hui José, Olivier ou Arlette… Mais le personnage qu’on amena ligoté et bâillonné au Sire de la Riche-Motte était plus inquiétant.

Jehan-Michel d’Amiens, comme il aimait qu’on le nommât, jadis apprenti clerc, avait jeté le froc aux orties avant de terminer ses études. Les bribes de savoir mal digérées qui se bousculaient dans son esprit affaibli par les constantes courses qu’il s’imposait en pénitence l’avaient amené à « identifier » l’ennemi. Selon lui, ce n’étaient pas les quatre cavaliers, ni les armées de Gog et Magog qui allaient ravager la chrétienté. Comparés à la vraie menace, ces derniers paraissaient bénins. Ce nouveau Léviathan avait pour nom « Néo-féodalisme » ! Il détruirait tout avant de se détruire ! Ainsi divaguait l’Amiénois par monts et par vaux, invectivant les rieurs au passage.

Depuis quelque temps, il s’était installé dans ce qui restait de la Forêt de Chaude-Touffe. Il s’y livrait à un curieux manège. Dans sa vieille bible, il cherchait les passages qui lui semblaient en rapport avec « Néo ». Il les copiait ensuite sur des parchemins regrattés (ou palimpsestes) qu’il se procurait Dieu sait comment. Ensuite il courait les coller sur la colonne du carrefour de Vains-Escrits où traditionnellement s’affichaient les nouvelles intéressant la communauté.

Au début, certains les lurent, puis, vu leur manque d’intérêt, on les recouvrit sans s’en donner la peine.Le pauvre garçon, pour toute réponse multiplia ses copies et ses collages au point qu’il arriva que des avis importants en fussent masqués. Dès lors on pria le faux ermite de s’abstenir de tant coller. Il prit la chose très mal, traitant ses détracteurs d’injures bizarres, de lui seul connues… Les choses empirèrent, il se fit violent, on dut intervenir. 

Quatre hommes maîtrisèrent à peine le forcené qu’on amena au seigneur. Quand on lui ôta son bâillon, sur ordre de Marcelin, mêlé à un flot de bave jaune-verdâtre, sortit de sa bouche un discours inarticulé autant que véhément où semblait revenir sans cesse les syllabes « Né-o » tandis que tel un vers coupé il s’agitait dans ses entraves.
 
Le seigneur ordonna qu’on les laissât seuls. Nul ne sait ce qu’il se passa. Mais les quatre hommes qui se tenaient prêts à intervenir derrière la porte virent bientôt ressortir un Jehan-Michel apaisé qui prit congé de son hôte en le remerciant. Dès le lendemain il s’installa dans une maison. Son lopin défriché, il prit femme, fonda une belle famille et vécut le reste de son temps en personne honorable.

De tels miracles ne s’expliquent. Marcelin se vit attribuer la qualité de thaumaturge et ça marcha.

Rendre la parole aux muets, redresser les bossus, faire marcher les paralytiques, dénouer les aiguillettes, guérir la lèpre, la galle, les chancres divers, la danse de Saint-Guy devint routine. De tout le pays et d’ailleurs on accourait vers Marcelin en dehors des heures de la sieste où il recevait la seule Dame Guenièvre, quelques heures quand la nuit avait été folle, plus longuement en cas de nuit plus sage… 

Mais le plus étonnant des miracles fut lorsqu’il changea l’eau de la fontaine en bouillette. D’autant plus étonnant qu’à l’époque personne n’avait jamais entendu parler de bouillette.
Ce qui surprit d’abord Paul le bouvier fut la démarche de son chien. Celui-ci semblait tituber. Il allait signaler ce fait étrange à sa belle mère qui l’avait amené avec elle à la fontaine, lorsque cette dernière, le prenant dans ses bras, l’embrassa comme du bon pain en lui disant qu’elle l’aimait et que s’il n’y avait pas eu sa fille… Paul fut étonné. Jusqu’ici, la vieille bique ne lui avait donné que peu de signes d’affection. A moins que « bon à rien » et « feignant » n’eussent été des formes codées du discours amoureux. D’autre part elle empestait l’alcool. Ce qui était singulier. A 10 heures du matin ! D’ordinaire, la vioque était rarement schlass avant 14 heures !
Après s’être enquis de ce qui avait pu mettre belle maman dans un état si jovial et s’être vu répondre qu’elle s’était rafraîchie à l’eau de la fontaine, désespérant de tirer un mot sensé de la pocharde, Paul lui prit des mains la cruche quelle rapportait. Il y but une rasade. Puis une autre. Il y avait quelque chose dans cette eau… Quelque chose de fort et doux à la fois… Et pas cette insipidité ordinaire qui pousse le sage à éviter ce breuvage. Il sentit une joie mêlée de désir monter en lui. Très vite il courut vers la fontaine vérifier que l’eau qui en coulait était la même. Et c’était le cas. Afin d’en être certain, il la goûta de nouveau. Pas de doute possible. Il ameuta la population qui accourut…

Des jours durant les moins flageolants se relayèrent pour aller quérir le précieux liquide à la fontaine. La communauté résonnait de cris orgasmiques car la bouillette a pour triple avantage de bien saouler, de rendre amoureux et de n'entraîner aucune gueule de bois…

C’est ainsi que commença ce qui reste dans les mémoires comme la Grande Cuite de 1007 et dont nous devrions arroser le millénaire prochainement*. Marcelin avait voulu, pour célébrer ses 80 ans, offrir ce petit plaisir au village. Attention touchante. Et appréciée.

Mais toute chose a une fin. Au bout de deux semaines de libations, l’eau se remit à couler. On retourna au travail. Certains consacrèrent beaucoup de leur temps à essayer de retrouver la formule du merveilleux breuvage. Malheureusement, la bouillette de synthèse ne s’approcha jamais de la bouillette miraculeuse. Encore aujourd’hui quand de son alambic clandestin un vieux distillateur parvient à sortir un nectar d’exception, il est de tradition de lui dire qu’ « on dirait de la 1007 ». Bien sûr, l’intéressé sait qu’on lui ment, mais aussi que le compliment est sincère…

Marcelin et Guenièvre moururent passé cent ans. Un jour, leur sieste s’éternisa. Leurs enfants, petits enfants, arrières petits enfants, arrière arrière petits enfants, serviteurs et candidats aux diverses guérisons, s’attroupèrent devant la porte de leur chambre à mesure que s'écoulait le temps. Deux jours passèrent. Ne sortait de la chambre que de faibles gémissements extasiés. On retint son souffle. Thibault Forte-Tige, leur fils aîné, finit par conclure que quelque chose d’anormal se passait. Les gémissements étaient plus faibles que ceux qu’émettaient d’ordinaire ses parents lors de leurs entretiens. Il finit par ordonner qu’on enfonçât la porte.

On trouva les deux vieillards couchés sur le dos, l’un près de l’autre, se tenant la main. Leurs yeux grand ouverts exprimaient une félicité surnaturelle. Leurs poitrines se soulevaient rythmiquement en exhalant de faibles cris d’extase. On en conclut que suite à un orgasme particulièrement carabiné, les deux braves vieux étaient restés scotchés. On décida de les veiller. Leur « agonie » dura dix jours. Enfin, le dernier soir venu, serrant la main de sa compagne, Marcelin prononça ses dernier mots : « Viens, Guenièvre, on va continuer ça là-haut » à quoi sa Dame répondit : « J’arrive, Marcelin! ».

Ainsi mourut Saint Marcelin.

*Eh oui, ce texte fut écrit il y a six ans au moins. Comme le temps passe !


L’histoire de sa « canonisation » fera l’objet d’une prochaine chronique.