..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 3 janvier 2012

POUR EN FINIR AVEC LES FONCTIONNAIRES



Hier encore, sur le blog de l'Amiral, a eu lieu un débat sur les fonctionnaires. Si on caricature, on a deux camps face à face. D'un côté ceux qui pensent que les fonctionnaires sont d'horribles privilégiés, des fainéants qui, protégés par leur statut, ne pensent qu'à semer le désordre en ruinant au passage notre économie qui n'a vraiment pas besoin de ça. Entre autres tares, ces agents de l'état ont celle d'être trop nombreux. Ce  camp tend à brosser, par contraste, un portrait flatteur de qui travaille dans le privé, sorte de héros dont l'efficacité redoutable est malheureusement freinée voire réduite à néant du fait qu'un sort absurde lui inflige de traîner ce boulet économique qu'est le fonctionnaire. Un remake du vieux mythe où le privé tient le rôle de Sisyphe et le fonctionnaire celui du rocher...

De l'autre côté, les partisans de la fonction publique, souvent fonctionnaires eux-mêmes, nient le côté exorbitant des avantages de ces derniers, les décrivent consciencieux, honnêtes, dévoués, mal payés pour accomplir d'indispensables fonctions au service d'un public souvent ingrat.

Ces points de vue irréconciliables génèrent d'infinis débats d'où il ne sort pas grand chose. Ça prend des airs de guerre des tranchées.

A mon sens, les vraies questions sont les suivantes : Est-il nécessaire que certaines fonctions soient tenues par des employés de l'Etat ou des collectivités locales ? Est-il obligatoire de garantir à ceux qui remplissent ces fonctions un emploi à vie, un avancement plus ou moins automatique et un système de retraite avantageux ?

A la première question, au moins pour les fonctions régaliennes, la réponse est bien évidemment oui. De là à ce que les magasins de chaussures soient tenus par l'état, il y a un pas que seuls les vrais communistes franchissent sous prétexte que tout le monde devant être chaussé, il s'agit bien là d'un service public. Au fond, il y a peu de fonctions relevant nécessairement de la puissance publique. Nous n'avons donc besoin que de peu de "fonctionnaires".

Maintenant, si l'état a besoin d'employés pour mener à bien ses missions, est-il essentiel qu'en échange de la réussite à un concours l'emploi de ceux-ci soit garanti à vie, leur avancement dans la carrière assuré et leurs vieux jours bien rémunérés ? Il n'y a, en dehors du sacro-saint principe de l'intangibilité des  avantages acquis, absolument aucune raison à cela. Mais, s'écrieront certains, comment l'état sans ces avantages pourrait-il s'assurer la fidélité de ses "serviteurs" ? Je pense qu'il le ferait de la même manière que William Saurin s'assure la fidélité des "serviteurs" de la choucroute et du cassoulet. En leur offrant un salaire correct et des conditions de travail acceptables.

Un des principaux problèmes de nos sociétés héritières d'un état providence est l'aspiration générale à la stabilité, tendance qui mène à la sclérose. Tout le monde rêve de l'emploi garanti, quitte à s'y emmerder comme un rat mort. Et cela parce que, en dehors de cette stabilité, point de salut. Si vous travaillez sans interruption depuis de nombreuses années en CDD, vous êtes, aux yeux des banques ou des propriétaires, bien plus suspect que celui qui vient d'obtenir un CDI et plus encore qu'un fonctionnaire fraîchement recruté. Tout est fait pour que chacun reste à sa place. On en est presque à revendiquer l'hérédité des fiefs (les médiévistes me comprendront).

Et c'est bien dommage. Si nous comparons le marché du travail à un jeu de chaises musicales, 10% de chômeurs n'est pas un problème. A chaque signal de changement, le chômeur a une chance  de pouvoir s'asseoir. Sauf, bien entendu si un quart des "joueurs" est propriétaire de sa chaise et que le reste s'accroche à la sienne comme à une planche de salut...

Il me semble donc que par-delà l'intéressant débat public-privé, il serait utile de réfléchir à une société où, que l'on travaille pour l'état ou pour une quelconque société privée, on relèverait d'un même statut. Et,  pour une meilleure fluidité sociale,  il serait préférable de "privatiser"  le fonctionnariat que de "fonctionnariser" l'emploi privé.

Je n'ai aucune illusion sur la faisabilité de ce que je préconise : c'est complètement à contre-courant :  à part quelques illuminés chacun aspire au contraire. Quitte à en crever.

lundi 2 janvier 2012

35 heures, ça ne serait pas un peu timide ?



Prenez un dirigeant socialiste. Choisissez-le de préférence plutôt gras et de poil luisant. Pour le détendre, branchez-le sur Sarkozy. Suivant la taille et le poids du spécimen, laissez-le exprimer sa hargne entre dix minutes et trois heures. Approuvez-le régulièrement, avec enthousiasme si possible. Épongez soigneusement l'écume qui sourd à la commissure de ses lèvres. Quand le flot se tarit, la bête est prête à être cuisinée.

Vous pouvez donc l'interroger sur le bilan des trente-cinq heures. La réponse ne se fera pas attendre : celui-ci est positif. Grâce à cette mesure, des millions d'emplois ont été créés ou sauvegardés. Il ne vous précisera pas si c'est ici ou en Chine, mais on peut supposer que c'est ici, vu qu'en général un socialiste ne s'intéresse qu'à la France. C'est pourquoi les piètres résultats des autres socialistes, notamment en Espagne, ne le concernent en rien.  Si vous l'avez totalement détendu, il enchaînera sur les gains humains de la réforme : vie de famille améliorée, plus de temps à consacrer à la culture (le temps passé à visionner les émissions de TF1 et M6 a progressé). Bref, on n'aurait pas pu voter loi plus juste, plus efficace ni plus bénéfique.

Laissez-le reprendre le chemin de Solférino et, apaisé, allez faire une petite sieste réparatrice. Approuver un socialiste est toujours éprouvant. A moins que...

A moins que, comme moi, un détail ne vous turlupine. 

Récapitulons : en 1998, la durée hebdomadaire du travail est ramenée de 39 à 35 heures. Aussitôt, tout va mieux : baisse du chômage, augmentation du bonheur familial, boom culturel, on ne sait plus où donner de la satisfaction ravie ! Dès lors, une question se pose : face à une telle réussite comment se fait-il qu'on s'arrête en chemin ? Pour quelle raison obscure cherche-t-on en vain le passage des 35 aux 31 heures hebdomadaires dans le programme de l'auto-proclamé futur président ? Se désintéresserait-il du bonheur et de la prospérité des français ?  Les 35 heures constitueraient-elles un idéal indépassable ?

Je donne ma langue au chat. A moins que cette défense acharnée ne relève que de la mauvaise foi la plus éhontée ?  Personnellement je n'ose même pas l'imaginer.

dimanche 1 janvier 2012

Meilleur vœu !



Une chose est certaine : ceux qui liront ce billet auront atteint 2012, ce qui faute d'être un but en soi, peut être une consolation.

Mon vœu sera simple : je vous souhaite le bonheur. Oh, pas un bonheur grandiose, juste un petit bonheur fait sur mesure,  simplement pour vous. Rien de plus, rien de moins. Ça vous va ?

Difficile d'imaginer qu'on puisse l'atteindre en souffrant comme un damné,  avec des problèmes financiers inextricables et détesté de tous. Quoique...

Mais ça c'est individuel. A l'échelon collectif, que souhaiter ? Qu'on sorte de la crise de l'Euro afin que les actualités redeviennent variées ? Que soit élu(e) un(e) président(e) et une assemblée qui donnent entière satisfaction à tous et à toutes ? Que le printemps arabe soit suivi d'un printemps africain qui permettront, grâce à la prospérité qui les suivra immanquablement, à tous ceux qui souffrent dans ce pays où on les bafoue de retourner vers le bonheur ?

Ces vœux collectifs, je vous laisse le soin de les formuler... Surtout que, si vous êtes personnellement comblés, vous risquez d'avoir tendance à moins attendre de la société....






samedi 31 décembre 2011

America ? No, thanks !



Hier soir, j'ai encore fait une crise : alors que Didier Goux dédiait un billet au bon président  Chavez qui accuse plus ou moins les Américains d'inoculer le cancer aux dirigeants de la partie sud du nouveau monde, ça m'a repris.

En fait, il y a bien quarante ans que ça ne m'a pas vraiment quitté. Il y a eu des périodes d'apparente rémission, certes. J'ai étudié à l'université dans le cadre de ma maîtrise d'anglais (consacrée à Erskine Caldwell) les fondements idéologiques de cette société. Un temps fut, j'ai beaucoup lu de littérature Etats-Unienne : Caldwell, Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Miller (les deux)....  J'ai même failli aller vivre aux Etats-Unis!

Et pourtant, je dois le confesser : mon anti-américanisme est primaire, profond et incurable. Au point qu'il me suffit de savoir qu'un film est américain pour ne pas le regarder.

La raison de ce rejet total est simple : pour moi tout ce qui est socialement mauvais nous vient d'outre-atlantique : melting-pot, politiquement correct, théorie du genre, approche puritaine du politique, consommation effrénée, "humanisme" dégoulinant, etc.

Ces poisons sociétaux, ils ne nous sont pas imposés par la force, à la totalitariste, non. C'est plus habile, plus insidieux. Ça se fait au charme. Il n'est de pire bourreau que celui qui obtient le consentement de sa victime. Comme le charmeur de rats du conte amenait les enfants, séduits par sa musique, à la noyade, les américains nous mènent à notre perte en nous faisant rêver. Le rêve américain ! Une nation qui a inscrit le droit à la poursuite du bonheur dans sa constitution ! Qui dit mieux ?  Personne apparemment. 

Et cet "americain way of dreaming" nous est inculqué par ces images qui bougent dont ils inondent le monde entier. Y'a pas à dire, pour ce qui est de faire bouger les images, ils ont le coup : le rythme avant tout. Pas de temps mort. Efficace. On jurerait des films ! Mais ce qui compte, c'est le subliminal, le message implicite qu'ils colportent et qui s'insinue au profond des esprits jusqu'à paraître l'unique manière de penser...

Américanoïaque*, direz-vous. Peut-être. Je l'assume.

* Pour reprendre un terme de  Rezvani.

vendredi 30 décembre 2011

Point trop n'en faut ? (2)



Il y a une chose qui, si j'étais du genre à me laisser chiffonner, me chiffonnerait dans la pub pour les Restos du cœur qui passe à la télévision  en ce moment. 

On y voit des gens faire la queue. Toto attend le Père Noël, Titine attend la retraite, Rigobert attend le Messie, Léonie attend la fin de la grève à la SNCF, puis vient une kyrielle d'autres qui attendent également. Et qu'attend la kyrielle ? Elle s'écarte, apparaît le mâle visage de Michel Colucci, accessoirement comique et fondateur des Restos du cœur. La kyrielle attend vos dons afin de pouvoir continuer à fréquenter lesdits restos.

Et alors ? Ben, alors, il y a quelque chose qui cloche dans la liste des prénoms : mis à part celui d'une femme, aucun n'est DIVERS ! Ceux qui attendent votre générosité sont des Albert, des Ginette, des Robert. Pas de Mamadou, point de Fatoumata, Mouloud est aux abonnés absent quant à Cherifa, elle doit être au Fouquet's.

C'est un peu curieux, non ? Moi qui croyais innocemment que les multiples  discriminations dont souffrent nos amis divers avaient pour conséquence de les plonger dans la misère. On s'attendrait donc à ce que parmi ceux qui attendent les subsides des généreux donateurs ils se trouvent en nombre. Eh bien non : ils sont bien blancs, ceux qui espèrent.

La diversité serait-elle trop digne pour accepter la charité ? Les Restos la discrimineraient-ils ? Ou bien, du fait que les donateurs (toujours généreux) sont dans leur immense majorité des Français de souche et qu'il est nécessaire qu'ils puissent s'identifier un minimum aux bénéficiaires de leurs largesses, l'escamoterait-on ?

Je crois, comme je l'évoquais dans un précédent billet que c'est du côté de la troisième hypothèse que nicherait la vérité. Ce doit être un crève-cœur , pour des âmes généreuses, de devoir se soumettre aux impératifs du marketing, surtout quand il vous pousse dans un sens opposé à vos inclinations. 

Mais ce qui importe c'est que les disparus des files d'attente publicitaires réapparaissent miraculeusement et en nombre lors des distributions, non ?