S’il y a une chose dont il faut se méfier, c’est bien des
sentiments. M. Gainsbourg nous avait mis
en garde contre eux il y a des décennies déjà :
« Laissez glisser
Papier glacé
Les sentiments
Papier collant
Ça impressionne
Papier carbone
Mais c'est du vent »
Papier glacé
Les sentiments
Papier collant
Ça impressionne
Papier carbone
Mais c'est du vent »
Saurait-on mieux dénoncer leur manque de fondement comme
l’embarras qu’ils provoquent ?
Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que ceux de nos
compatriotes qui pensent correctement dénoncent à longueur de temps l’un
d’entre eux à savoir le « sentiment
d’insécurité » qu’éprouveraient
certains mauvais Français, manipulés par une extrême droite désireuse de
voir renaître les heures les plus sombres de notre histoire. Ce sentiment, n’est, comme le disait si bien le
beau Serge, basé que sur du vent. Il ne résulte d’aucune réalité.
On n’est ni plus ni moins en sécurité qu’à n’importe quelle
époque. Plus qu’à certaines même. Et
c’est indéniable. Je n’en prendrai qu’un exemple : vous courez, en 2013,
nettement moins de risques, en vous promenant sur le Chemin des Dames, d’y
être déchiqueté par un obus ou haché par la mitraille qu’au printemps
1917. Celui qui penserait le contraire
souffrirait donc du fameux « sentiment d’insécurité ».
En fait, ce « sentiment » n’est qu’une
manifestation paranoïaque. N’était le complot conjoint des assureurs, des
serruriers et des marchands d’équipements de sécurité, personne n’achèterait
ces digicodes, alarmes et autres portes blindées qui sont venus équiper les immeubles de nos
cités ces dernières décennies et que rien ne saurait justifier. Comme beaucoup de ses collègues bijoutiers,
M. Collier, exerçant ce noble métier à Albertville, a eu le sentiment que des
braqueurs brisaient ses vitrines et qu’un d’entre eux lui tirait dessus.Transporté à l’hôpital il eut même le
sentiment de mourir, sentiment d’ailleurs partagé par le personnel soignant,
ses proches et ses amis.
Et si tout n’était que sentiment ? Le cancéreux au
stade terminal a un sentiment de souffrance, le noyé un sentiment d’humidité,
le gouvernement un sentiment d’impopularité, le condamné un sentiment
d’emprisonnement (pas toujours), le contribuable un sentiment de spoliation, le
pauvre un sentiment de misère, le gauchiste un sentiment de sécurité, le cypriote
un sentiment de confiscation, le cardinal le sentiment d’être vêtu de rouge, etc.
Nous ne saurions qu’y gagner ! Ravaler
au niveau de « sentiment » tous les problèmes que peut connaître la
société ne serait-ce pas la meilleure des solutions qu’on puisse leur
apporter ?