Désolé pour les amateurs de paris, mais ce n’est pas du brave Blaise qu’il va s’agir ici, la photo vous aura mis, je pense, sur la voie. C’est d’un autre, tout aussi réjouissant dont il sera question à savoir du variant Praud du Pascal.
J’ai découvert par hasard l’émission qu’il anime sur la seule chaîne dite d’information que je regarde désormais. Ce qui m’a d’abord plu c’est d’entendre s’y exprimer des opinions que l’on ne rencontrerait pas sur le service public ou les chaînes comme il faudrait.
Il faut reconnaître au cher Pascal un talent certain : celui de savoir transformer le moindre débat en total bazar. Ce n’est pas donné à tout le monde. En dehors du regrettable Michel Polak, je crois que nul n’a su le surpasser. Il faut dire que sa manière d’interrompre constamment ses invités et de les contredire est remarquable.
Du point de vue politique, il est difficile et même impossible de le situer avec exactitude. Il peut avoir des sanglots dans la voix pour évoquer le souvenir de de Gaulle comme des son ennemi de toujours l’inénarrable François Mitterrand. Nostalgique du bon vieux temps, il considère comme allant de soi les innovations sociétales récentes qu’il qualifie volontiers de progrès. Il peut trouver bien du mérite à Zemmour, à Marine, comme à Fabien Roussel et saluer le talent de Mélenchon voire celui du président Macron. Seule la pauvre Madame Hidalgo fait l’objet de son constant vilipendage. Prompt à s’émouvoir des plus minimes « scandales » ou « affaires », critiquant avec ardeur la totale incapacité de l’équipe gouvernementale, il lui arrive de vouloir voir tomber des têtes avant de tresser des lauriers à certains ministres. Il trouve tour à tour insupportables certains de ses invités comme, par exemple, MM. Rioufol et Joffrin (qui se détestent cordialement) avant de les noyer sous une avalanche de protestations d’amitié ou de fustiger leur monopolisation de la parole, travers qu’il se réserve. A la fois sévère et caressant, amical et hostile, il part dans tous les sens.
Et c’est ce qui fait son succès. Il est facile à des Français qui ne sont pas férocement gauchistes de s’identifier à lui. S’il fallait absolument lui coller une étiquette, je lui attribuerais celle de populiste si l’on admet que le populisme est un mélange assez paradoxal entre progressisme social, conservatisme sociétal (mais pas en tout domaine), défense des petites gens (son corollaire étant la stigmatisation des élites) et admiration inconditionnelle des footballers multimillionnaires comme de certaines stars, etc.
De plus, il est sympathique en diable : il pousse volontiers la chansonnette, imite avec un certain talent nombre de célébrités, a l’air, au fond, d’un bon gars, avec lequel on pourrait passer une bonne soirée ; pour les plus jeunes, il peut s’assimiler au tonton râleur, mauvaise tête mais bon cœur, avec qui on s’engueule sans que ça porte à conséquences, avec qui on rigole aussi et qui met de l’ambiance dans les repas de famille, pas fier pour un sou mais instruit, quand même !
Ce portrait n’est peut-être pas très flatteur. Cela n’empêche que je lui suis, bien qu’il m’agace, fidèle. Pour la raison qui a fait de la découverte de son émission une heureuse trouvaille : il aborde des sujets et fait intervenir des invités qu’on voit rarement ailleurs.