..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 16 janvier 2012

Spécial vieux cons ?





Il y a plus de trois mois déjà j’écrivis un billet constatant  avec un rien de mélancolie  la mystérieuse disparition des chanteurs  lors des repas de famille.  Suzanne, dans un commentaire, nota que mon texte lui faisait penser  au livre d’Annie Ernaux « Les Années ».  Je lui promis de me le procurer. Comme je suis homme de parole, j’en parlai donc à la bibliothécaire du bourg voisin  et cette consciencieuse personne lors de la visite que je lui rendis avant-hier me signala l’avoir reçu de la Bibliothèque Centrale de Prêt.

J’en ai entamé cet après-midi la lecture et, bien que j’aie de plus en plus de difficulté à m’intéresser  aux nouveautés –je relis plus que je ne lis-, j’ai eu bien du mal à m’en arracher.

Quoique l’auteur  soit de dix ans mon aînée, je me suis retrouvé plongé dans mon enfance. Il faut croire qu’en ces temps reculés les choses changeaient lentement. Annie Ernaux le note elle-même quand elle écrit : « La photo pourrait dater de la fin des années quarante ou du début des années soixante ».

Car c’est à partir de photos que se construit, pour reprendre les termes de la quatrième de couverture, cette « autobiographie impersonnelle et collective ».  Au départ  ces photos renvoient évidemment à des souvenirs de l’auteur mais bien vite le champ s’élargit et c’est toute la société du temps qui nous est  dépeinte. Rien n'y manque : la religion, encore prépondérante, les écoles séparées, les marques et leurs slogans, les différences sociales et culturelles, les interminables repas de famille où les parents parlaient guerre, les chansons, les émissions de radio, mille détails font renaître l’époque et plongent le lecteur cacochyme que je suis dans un bain de nostalgie.

Et pourtant des années et le sexe nous séparent…  Là est le talent de l’auteur : par delà des différences minimes ou fondamentales, elle a su extraire l’essence d’une société avant que celle-ci ne disparaisse emportée par le vent nouveau des « swinging sixties » dont le vieux général par son conservatisme un rien guindé  avait su préserver  la France jusqu’à ce que mai 68  emporte tout et lui avec.

Au moment d’en recommander la lecture,  je me demande si pour les générations plus récentes ce livre peut présenter un intérêt autre que purement littéraire ou archéologique…   Ce qui après tout ne serait déjà pas si mal.

dimanche 15 janvier 2012

Curieux "Français"



L’oisiveté est dite mère de tous vices. Mère, sœur, cousine, tante ou belle-sœur, qu’importe, n’empêche que c’est elle qui, hier, m’a poussé à aller faire un tour sur le forum que je hantais voici quelques années, avant que la lassitude ne m’en éloigne. C’était, et c’est toujours,  un lieu hanté par une gauche plutôt radicale.  Enfin, hanté est un bien grand mot, vu que les interventions s’y font de plus en plus rares. Un de ces soubresauts qui indiquent que le lieu n’est pas  totalement déserté fut créé par Sébastien (Sébastien, si tu me lis…)qui lança l’idée d’un quiz sur Jeanne d’Arc.

S’ensuivirent diverses considérations plus ou moins (souvent TRÈS moins) intéressantes sur la pucelle, ses divers aventures et mérites comme sur les légendes et rumeurs qui courent sur elle. Un intervenant habituel écrivit cette phrase qui retint mon attention :
« L'histoire ridicule de jeanne d'arc n'a aucun intérêt. Beaucoup de Français en revanche vibrent aujourd'hui au souvenir d'Abdelkrim, d'Ali la Pointe ou de Fanon.
On y peut rien* ».

C’est pas mal, non ? Qui sont ces « Beaucoup » qui n’ayant rien à battre de la ridicule pucelle d’Orléans s’enflamment à l’évocation du rebelle du Rif, du voyou de la casbah devenu héros du FLN et de cet antillais qui appelait dans ses écrits au meurtre des Français ?  Je doute que ce soient les braves gens que je croise au marché aux veaux de Sourdeval. Je soupçonnerais même ces Français-là de mieux connaître Jeanne d’Arc que les « héros » ci-dessus évoqués. « Héros » qui ont pour point commun d’avoir, dans le cadre de leur combat anticolonialiste, partagé une haine fervente des Français.

Les plus futés d’entre vous auront deviné qui sont ces « Beaucoup ». L’auteur de cette phrase d’anthologie est lui-même un « Beaucoup ». Un de ces « Beaucoup »  qui, bien que devenus Français,  font allégeance à tout ce qui hait la France. Expression de l’aigreur résultant de l’exclusion ? Détrompez-vous : ce « Beaucoup »-là est fonctionnaire de la République, il est même professeur de lettres dans le 9-3 où, je lui fais confiance, il doit transmettre à ses élèves (très souvent "Beaucoup" eux-mêmes) son message d’amour pour le pays qui lui a offert sa nationalité.

Voilà où nous en sommes : des « Beaucoup », français de fraîche date, n’ont que mépris pour l’histoire de « leur » pays et dégoulinent d’admiration pour ses ennemis.  

Après ça, ils s’étonneront que certains jugent qu’être « Beaucoup » c’est déjà « Trop ». Et d'ailleurs, n'y pouvons-nous vraiment RIEN ?


*Notons au passage que notre ami,  s’il ignore les majuscules pour Jeanne en redécouvre par miracle l’usage pour ceux qui peuplent son panthéon personnel.  Maladresse de qui ne domine que partiellement l’usage ou  acte délibéré ?

samedi 14 janvier 2012

Au fil des ondes...



J'écoutais ce matin un débat intéressant sur l'urbanisme. C'était sur France Inter, radio de service comique.

Parmi les choses intéressantes qui furent dites, deux m'ont paru dignes d'être relevées.

La plus édifiante fut l'intervention d'une participante déclarant qu'ayant demandé à un maire d'une commune de gauche particulièrement défavorisée pourquoi il ne tentait pas d'y implanter une zone résidentielle, il lui fit répondu que cela amènerait une population qui ne voterait pas pour lui et risquerait de lui faire perdre les élections. Ce n'est pas un scoop, mais c'est toujours amusant d'entendre des gens qui parlent sans cesse de mixité sociale se montrer sincères. La gauche prospèrant sur le fumier de la misère, il est bien naturel qu'elle l'entretienne...

L'autre fut  la tendance à construire des résidences sécurisées et à voir de plus en plus d'urbains fuir la ville pour s'installer dans de paisibles villages. Cela fut attribué à une société de la peur. Peur de quoi ? Va savoir... Paranoïa, probablement. Vu qu'évidemment, il n'y a aucune raison de fuir, quand on le peut, nos riantes et paisibles banlieues. Il paraîtrait même que certains promoteurs sécuriseraient les résidences qu'ils construisent afin de faire des profits supplémentaires  alors que les acheteurs potentiels n'auraient aucun désir de sécurisation. On suppose que ces mêmes promoteurs, s'ils travaillaient en Afrique équatoriale, équiperaient les logements de puissants et coûteux calorifères. Les clients renâcleraient un peu sur le prix mais finiraient par se résigner...

En fait, pour redresser le pays il y a un créneau évident : exploiter les peurs irraisonnées des français. Puisqu'on est parvenu à leur faire croire que pouvait exister de l'insécurité dans les grandes métropoles, ne pourrait-on pas leur faire craindre la submersion dans les hautes montagnes, l'installation d'un climat tropical en Normandie ou la pénurie de céréales en Beauce ? Il n'y aurait plus qu'à produire les moyens permettant de lutter contre ces périls et à nous le sextuple A (celui grâce auquel c'est le prêteur qui vous verse des intérêts) !

vendredi 13 janvier 2012

Soignons nos bobos !



Il est frappant de voir comme le vote socialiste est fréquent parmi les cadres. C’est un peu comme si une fois qu’il  a le vêtement seyant,  la belle auto, le logement confortable, la femme qui va avec et des enfants qui préparent la grande école dès la maternelle, l’ex-bouseux , l’ex-prolo de base, promu bobo se disait qu’il lui faudrait une idéologie assortie. Question de standing.

Or,  quoi de plus classieux  que des idées « généreuses » ?  Comme les vacances exotiques et le ski, c’est bon pour le teint.

Des idées généreuses, certes, mais modérées. Seuls les cons vont aux extrêmes, c’est bien connu. Le cadre n’est pas un con. La preuve, il a des diplômes, des vêtements seyants, etc (cf supra). Il va donc naturellement vers la gauche modérée. Il n’est pas question de mettre le système cul par-dessus tête, non, simplement  de le fustiger et d’en corriger les excès. Et quels sont ces excès, s’il vous plaît ? Eh bien, les I-NÉ-GA-LI-TÉS. Le bobo de base rêve d’une société égalitaire où tout le monde serait comme lui et où lui-même monterait d’un petit barreau sur l’échelle, histoire que son mérite se voit reconnu tout de même.

Il aime les pauvres. Enfin, pas tels qu’ils sont maintenant mais comme ils deviendront une fois qu’ils ne le seront plus. C’est pourquoi, en attendant l’égalité, il les évite soigneusement. Un peu comme, malgré tout l’intérêt qu’il présente, les riches ne le fréquentent pas. On finirait par se demander s’il ne déteste pas plus les riches qu’il n’aime les pauvres.

Réduire les inégalités, donc. En prenant aux détestables riches l’argent qu’ils volent pour le rendre  aux pauvres qu’ils lèsent. En voilà une belle justice sociale ! Mine de rien, notre bobo est un Robin des bois moderne. Rien que du bel et bon dans son esprit généreux.

Seulement, le riche est rusé. Pas facile à faire aux pattes. Il planque ses sous, l’avare ! Et il a un gros défaut : il est rare. Tandis que le bobo, lui, est nombreux et ne demande qu’à se faire tondre. Moi, si j’étais le gouvernement, plutôt que d’arpenter la campagne à la recherche d'un hypothétique riche sauvage je préfèrerais me rabattre sur les bobos d’élevage. Il faut croire que le gouvernement n’est pas plus aventureux que moi. Il se contente de plumer le bobo. Et le bobo est content tant la cause est bonne.

Seulement, il se peut qu’un jour vienne où le bobo, se voyant  petit à petit ramené au niveau du pauvre sans que le pauvre ait beaucoup progressé, quitte l’état d’hypnose idéologique où l’avaient plongé ses généreuses convictions.

Et le jour où le bobo s’éveillera, le monde tremblera.

jeudi 12 janvier 2012

J'existe, Dieu m'a rencontré




La nuit dernière, j’ai, en rêve, rencontré Dieu. J’en vois, au fond, qui commencent à ricaner.  En rêve ? Ça compte pour du beurre ! J’ignorerai ces mécréants mais leur conseillerai de relire l’Ancien Testament où les rencontres de ce type sont fréquentes.

Dieu était attablé au bar-tabac où j’allai acheter des cigarettes. De la main, il me fit signe de m’approcher. Je sus d’emblée que c’était Lui : cheveux, blancs, lunettes, la soixantaine un rien fatiguée, de taille moyenne, un peu corpulent, Il me rappelait quelqu’un de manière troublante. J’en fus surpris jusqu’à ce que je me souvienne que c’était parfaitement logique, vu qu’Il m’avait créé à son image.
-          Qu’est-ce que tu prends, me demanda-t-Il ?
J’hésitai un instant car je bois rarement entre les repas puis me décidai pour un café.
-          Que me vaut l’honneur, m’enquis-je ?
-          Rien de bien spécial. Il se trouve qu’hier ton blog entamait son cinquième mois et que je souhaitais t’en féliciter. On s'y sent comme dans une bonne chaumière, les pieds en éventail au coin du feu, un verre de cognac au bord des lèvres, et de la chaleur entre le maître de maison et ses hôtes.
Ces compliments me touchèrent autant qu’ils me troublèrent. Après une gorgée de café, je repris :
-          Merci, Mon Dieu. Votre attention me flatte sans que je sois certain de la mériter. Une chose me trouble cependant : il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, un ami m’a dit mot pour mot la même chose…
-          Ah, Labeuche ? Rien d’étonnant à cela : je l’inspire beaucoup ces temps derniers. Au fait, tu peux me tutoyer, pas de manières entre nous.
-          Je Vous remercie Mon Dieu, mais je n’oserais pas… Je n’ai pas le tutoiement facile, Vous savez. Sauf Votre respect, j’aimerais savoir pourquoi Vous Vous intéressez à moi qui ne pense pas souvent à Vous.
-          Pas souvent ? Ça c’est de l’euphémisme !  En fait, tu m’amuses, ça me détend de lire tes conneries…
-          Encore merci Mon Dieu, mais reconnaissez que si je ne pense jamais à Vous c’est un peu de Votre faute : Vous ne m’avez pas fait le don précieux de la foi…
-          Pleure pas la bouche pleine, Jacquot ! Si je ne te l’ai pas donné, c’est que tu n’en avais pas besoin.  Je t’ai donné le goût des femmes et des alcools forts, ce n’est déjà pas si mal…
-          Ça se tasse, tout ça…
-          Ah bon, ça se tasse ? Le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas très frappant quand tu vas mettre des bouteilles au tri.
-          Je parlais des femmes, Mon Dieu…
-          Ah je voulais te demander une chose : il m’arrive de venir faire une belote ici de temps en temps avec des amis. Ça te dirait de faire le quatrième ?
-          En suis-je digne, Mon Dieu ? Je ne joue pas si bien que ça. Pourquoi ne pas choisir Lorraine ? Elle est nettement plus forte que moi.
-          Justement ! Je n’aime pas tellement perdre…
-          Entendu. Bon, mais c’est pas tout ça, j’étais venu en coup de vent, j’ai des choux de Bruxelles sur le feu, je n’aimerais pas les retrouver cramés, alors si Vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais prendre congé. A la prochaine, pour une belote !
-          Je comprends, allez, à la revoyure !
Je poussais la porte quand Dieu me rappela :
-          Quand tu verras Didier Goux, tu lui diras que j’aime bien ce qu’il fait.
-          Quand je le verrai ? Jusqu’ici, on n’a pas eu la chance d’une rencontre…
-          Je vais t’arranger ça, mon p’tit gars !
-          Merci Mon Dieu !
Rasséréné, je rentrai chez moi en me disant que Dieu était bien agréable, même si  prononcer toutes ces majuscules ne facilitait pas la conversation.