Ce joli trou donne au plafond une note de discrète fantaisie |
« Degadezo » est le mot qu’utilisent les Portugais (ou les italiens à moins que ce ne soient les Roumains ou encore les Espagnols, je n’ai pas le temps de vérifier) pour décrire les dommages opérés par l’eau dans un bâtiment. Admirons au passage la concision de la langue Portugaise (ou italienne ou etc.) pour décrire ce genre de problème. J’ai donc connu un degadezo !
Si on ajoute à ça la profonde affliction dans laquelle m’a plongé la disparition de la reine Elizabeth, le temps pris par l’équeutage des haricots verts, la confection de sauce tomate et un malheureux incident gymnique cela explique mon long silence.
Procédons par ordre. La nouvelle de la mort d’Elizabeth m’a littéralement, comme ce fut le cas de bien des Papous, plongé dans un état de sidération. Il ne faudrait pas oublier que j’ai passé plus de quatre ans de ma vie dans son pays. Même si nous ne fréquentions pas les mêmes pubs, ça fait quand même un choc.
Des haricots et des tomates, je ne ferai pas mention (prétérition).
Je n’en avais parlé ni ici ni ailleurs mais une de mes ambitions les plus anciennes est de devenir acteur de films burlesques. Cependant, pour la réaliser, il faut se montrer capable de chuter avec élégance ce qui déchaîne le rire des esprits distingués. C’est pourquoi, dimanche, la fantaisie me prit de m’offrir une petite séance d’entraînement au vol plané. Revenant d’un tour de jardin où j’avais cueilli quelques tomates, je me dis qu’en buttant du pied droit dans le rebord de la terrasse, je pourrais réaliser une de ces cascades qui ont tant fait pour la renommée de Horst Tappert dans Inspecteur Derrick. Allez savoir pourquoi, mon rétablissement fut d’un niveau très médiocre. J’eus mème un peu de mal à me relever tant les violentes douleurs que je ressentais au genou et ou poignet gauches compliquèrent la manœuvre. Mais je tenais debout. Donc rien de bien grave. Je me surpris cependant à boiter bas et la montée de l’escalier pour rejoindre ma chambre le soir arrivé s’avéra pénible. Je décidai donc de migrer le lendemain soir vers la chambre du bas et, puisque j’avais acheté une tronçonneuse à Vire via le bon coin, je pris la décision d’en profiter pour consulter mon bon docteur. En remerciant la providence de m’avoir fait acquérir une voiture à boite automatique, je me rendis donc en ville. Le praticien me rassura : son examen ne décelant aucune fracture, il me prescrivit un gel dont masser mes blessures et m’assura que d’ici une à deux semaines je pourrais renouer avec les ineffables joies du Twist, de la Lambada et du bras de fer.
La nuit du mardi au mercredi, alors que je me rendais aux toilettes, j’aperçus sur le carrelage du couloir une mappe d’eau qui d’ordinaire ne s’y trouvait pas. Son origine s’expliquant par une chute d’eau provenant du premier, je gravis tant bien que mal l’escalier et constatai que la salle de bain du haut était également inondée du fait de la profuse fuite affectant le robinet de la chasse d’eau. Il était un peu tôt (4 heures du mat’) pour procéder à un examen approfondi du problème. Je descendis donc, non sans mal, à la cave couper l’arrivée d’eau et placer un seau à l’endroit où l’eau venue d’en haut s’y répandait puis remontai me coucher.
Au matin, je fus en mesure de constater les dégâts apparents et me mis en devoir d’en réparer la cause. Je finis par constater que le joint du robinet s’était soudainement détérioré. Je le changeai et tout redevint normal. Toutefois, je trouvai qu’à un endroit, le faux plafond du couloir accusait une inquiétante pente. Pensant d’abord que l’eau en avait décollé les plaques de polystyrène, j’allai vérifier mon hypothèse. Hélas, si ces plaques se décollaient, c’était que l’aggloméré sur lesquelles elles étaient fixées était complètement pourri comme en témoignait la couleur noire qu’il avait prise et son état avancé de décomposition. Le poids de l’eau absorbée expliquait qu’il ne tarderait pas à tomber. J’y pratiquai un vaste trou pour en retirer les parties pourries. Il faut croire que depuis bien longtemps une fuite minime autant que sournoise l’avait affecté.
Face à pareil dommage, certains seraient allé pleurer leur degadezo auprès de leur assureur. Vu que je dispose des matériaux nécessaires à la réparation et que je n’ai aucune envie de faire les démarches qu’un tel appel impliquerait je ne le ferai pas. Je vais laisser le trou béer autant que nécessaire afin que murs et plafond sèchent puis je me mettrai au travail.
Cher Oncle Jacques, vous n'avez pas votre pareil pour nous faire pleurer de ce qui devrait nous faire rire, et - en même temps comme dirait l'autre - nous faire rire de ce qui devrait nous faire pleurer !
RépondreSupprimerVous êtes quelqu'un de très précieux !
"Vous êtes quelqu'un de très précieux !" : c'est vrai !
SupprimerL'humour ne consiste-t-il pas à rire de ce qui pourrait faire pleurer ?
Il y a du vrai dans ce que vous dites !
RépondreSupprimer...et après ça, les petits z'artisans plombiers et maçons du coin vont aller pointer à l'ANPE (ou l'équivalent pour les équivalents)
RépondreSupprimerIl y a douze ans, suite à un incendie dans une précédente maison, je fis appel aux services d'un artisan-peintre du village. Non seulement l'expert trouva son devis un peu élevé mais il me fit un travail de cochon, très inférieur à ce que j'aurais fait moi-même. Ces gens-là peuvent crever sans que je les pleure !
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