Le résultat, après 3 heures de cuisson (30 mn seulement pour les patates). Les poireaux cachent leur honte sous patates et carottes. Ce fut néanmoins excellent. |
Quel bonheur ! Faisant
l’inventaire de mon congélateur, j’y découvris du plat de côte
acheté cet été. Car il faut l’avouer, je suis de ceux qui font
leurs courses sans idées préconçues. En dehors des incontournables
(sel, beurre, crème, sucre, café, rosé, whisky, vodka, etc.) dont
je manque, je fais mon (super) marché à l’ancienne, achetant ce
qui m’attire et qui se trouve en promotion. Si le poisson a l’œil
d’un Gainsbourg au petit matin, je m’en passe. Si la viande est à
un prix réduit pour cause de date courte, j’achète : ça
m’évite d’avoir à la laisser mûrir dans le frigo. Tout cela
est bel et bon mais a parfois pour conséquence que je me retrouve
avec un congélateur rempli de manière à me permettre de soutenir
un fort improbable siège.
Du
plat de côte, donc, je découvris. Quand le ciel bas et lourd pèse
comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie au longs ennuis
et que, pour arranger le tout, souffle un vent à décorner les
cocus, quoi de plus consolant
que de se préparer un bon pot-au-feu ? Rien, bien sûr. La
viande sortie hier soir avait dégelé, j’avais fait l’emplette
de navets, oignons et patates chez le bon monsieur Leclerc. Pour le
bouquet garni et les poireaux, je comptais sur mon jardin. J’arrachai
donc quelques poireaux à une terre que j’espérais généreuse.
Grande fut ma désillusion quand vint le temps de l’épluchage !
Mes poireaux, déjà bien frêles par rapport à ceux du commerce,
avaient été victimes d’attaques du ver du poireau et une fois que
j’eus éliminé les feuilles abîmées, il n’en resta plus
grand-chose. Je fis contre mauvaise fortune bon cœur et en ajoutai
de nouveaux. Telle est la
rançon d’un potager sans engrais ni traitement : des légumes
parfois malingres souvent attaqués par nombre de prédateurs
(piéride du choux, vers du pois ou du poireau, mulots, cloportes,
pour n’en citer que quelques uns). Même si votre récolte est
gravement réduite voire totalement détruite, est-ce bien grave ?
Non, car, une fois vos pleurs séchés et votre deuil fait, il existe
un plan B : acheter des légumes sains dont commerces
alimentaires et étals de
marchés regorgent. Et pourquoi cela ? Parce que les
producteurs, bio ou pas, traitent les leurs. Le traitement est plus
ou moins nocif, l’engrais est plus ou moins « naturel »
mais sans l’un et l’autre point de beaux légumes en abondance.
Contrairement
à ce que pensent certains citadins pour qui faire la différence
entre une fourche-bêche et un cacatoès d’Indonésie pose
problème, la nature n’est, je me tue à le répéter, ni bonne ni
généreuse. Les temps
heureux où l’on ignorait tout des
traitements et où les apports nutritionnels à la terre étaient
réduits étaient aussi ceux des disettes et des famines. Laisser,
comme je le fais, faire la nature, c’est s’exposer à des
déconvenues. Je ne compte pas pour autant changer de méthode. Pour
moi, le potager est un loisir. Une
fois les gros travaux terminés, j’y
trouve
le plaisir innocent des visites du matin où j’observe la
croissance de mes semis et plantations, où j’arrache ici et là
quelques mauvaises herbes, je
récolte des haricots verts ou
une courgette, mange au passage
une fraise qu’oiseaux, fourmis ou cloportes ont consenti à me
laisser. Cette activité, comme tout loisir, n’a pas la rentabilité
pour but. C’est un bien modeste luxe et non une façon
d’économiser.
Je n'ai aucune peine à imaginer ce que cela peut avoir de désagréable, pour un monsieur d'un certain âge, d'être confronté à des poireaux "bien frêles" ! Le plaisir que vous retirez du jardinage n'en est que plus méritoire ou mérité (j'hésite entre les deux mots).
RépondreSupprimerAvec l'âge, les problèmes de poireau deviennent quasi inévitables…
SupprimerPersonnellement, je pense que l'âge résout plus de problèmes de poireau qu'il n'en crée.
Supprimer