Selon la sagesse des nations, le hasard fait bien les choses. J’en
ai eu une nouvelle preuve pas plus tard qu’avant hier. Quittant le
Limousin pour la Normandie je sentis comme une odeur de gazole brûlé
dans l’habitacle de mon fidèle break. Je n’y prêtai pas plus
attention que cela, pensant que, comme j’avais fait chauffer un peu
la voiture avant de prendre la route, cette odeur désagréable
s’expliquait par le fait que des gaz d’échappement avaient pu
s’y introduire.J’ouvris les fenêtres mais l’odeur persistait.
Je mis ça sur le compte d’un problème d’échappement et
parcourus ainsi plus de 100 kilomètres quand, approchant de Bellac,
charmante sous-préfecture de la Haute-Vienne, se produisit un
curieux événement : sans que rien ne l’ait provoqué, mon
break fit une embardée vers la gauche que je corrigeai par un coup
de volant à droite ce qui provoqua une nouvelle embardée dans la
direction contraire. J’eus la très nette impression que j’allais
finir dans le décor mais je parvins à reprendre le contrôle et
réussis, à faible vitesse ,à rejoindre un proche parking. Allez
savoir pourquoi la voiture qui me suivait ne tenta pas de me
dépasser. Les gens sont parfois étonnants. Je descendis de la
voiture, allai vérifier que mon pot d’échappement était bien en
place puis ouvris le capot et découvris l’ampleur des dégâts. Un
liquide continuait d’inonder le moteur dégageant une désagréable
fumée.Je coupai le contact et appelai mon assistance qui m’envoya
une dépanneuse. Je pensais, dans ma grande ignorance que ma
direction était foutue mais, vu que nous étions arrivés au garage
passé midi, il fallait attendre 14 heures et l’arrivée du
technicien qui sait pour connaître la raison de mes déboires. La
gentille dame de l’assistance me rappela pour me proposer de me
louer une voiture afin de regagner mes pénates. Je lui dis que
plutôt que de rentrer je préférais attendre le diagnostic et le
délai de l’éventuelle réparation avant de prendre une décision.
Si le délai était court, je resterais sur place à attendre dans
une chambre d’hôtel. Là dessus j’allais déjeuner dans un
restaurant voisin et à 14 heures, le mécano arriva et diagnostiqua
une étonnante fuite affectant une durite de gazole. Accessoirement,
ce liquide avait profité de son écoulement pour détruire le
démarreur. Il s’enquit de la disponibilité des pièces et
m’annonça que la voiture pourrait être prête le lendemain
après-midi. Il m’apprit que mes embardées s’expliquaient par le
fait que du gazole avait coulé sur le pneu avant gauche et que la
direction n’était aucunement en cause. On me loua donc une chambre
d’hôtel mais la réception n’ouvrant qu’à 17 h j’eus le
temps de découvrir la ville en attendant. Et c’est ainsi que je
pris les jolies photos qui suivent :
Ma favorite, bien qu'un peu délavée la voici :
Ce clin d’œil d'Eléonore do Vincou (Le vicou et la rivière qui arrose Bellac) à son homologue italien m'a d'autant plus fait rire que le texte plus très lisible qui l'accompagne est réjouissant. On y apprend par exemple que"les portions du corps du mouton, ça déchire, deux gigots c'est presque la moitié de l'agneau, les côtelettes il y en a de chaque côté et le ris, c'est pas l'accompagnement mais c'est délicieux"
Bellac est au centre
d’une région d’élevage ovin. Mais de là à lui vouer pareil
culte, il y avait un mystère. J’avais pu constater à Domfront
qu’afin de rendre moins affligeante la vue des vitrines des
commerce désertés au rez-de-de chaussée des immeubles lépreux de
rues jadis commerçantes, on les peignait ou les couvrait d’affiches
auxcouleurs gaies. C’est ce matin que je découvris sur Internet la
raison de tous ces moutons : du 4 au 7 juillet avait eu lieu au
Dorat, village voisin possédant une magnifique collégiale romane,
le championnat du monde de tonte de mouton et que la ville voisine de
Bellac avait voulu ainsi célébrer l’événement.
Les plus
observateurs d’entre vous auront noté que ces anciens commerces
sont très souvent à vendre. Si l’idée de faire rapidement
faillite en y ouvrant un quelconque négoce vous séduit, je suppose
que les prix sont très abordables et que vous n’aurez que
l’embarras du choix. Une mise en garde cependant : si vous
vous imaginez déjà trotter allègrement par les rues de la ville,
n’y comptez pas : cette plaque de rue douchera votre enthousiasme :
J'ai vu sur le site de la ville qu'il y a un concours de belote (inscr. 8€) au "Centre Culturel des Rochettes", organisé par la paroisse Notre-Dame de Lorette...
RépondreSupprimerProfitez-en bien.
concours belote
Hélas, je ne suis plus à Bellac depuis deux jours. Je sens que j'ai raté quelque chose !
SupprimerC'était journée ville morte ou c'est habituel ? on doit s'ennuyer à cent sous de l'heure !
RépondreSupprimerJe ne crois pas que c'était journée ville morte. Bellac ne doit jamais être bourdonnante d'activité. Si on ajoute à ça le froid ou la pluie, tout s'explique !
SupprimerHeureusement que Nicolas (J) n'a pas encore lu ce message !!! Il vous aurait rappelé que DURIT ne prend pas de "e"! Merci qui ??
RépondreSupprimerLes deux sont employés. J'ai fait des recherches.
SupprimerAh Bellac! bourgade de mon enfance. A cette époque y vivre était presque agréable. Bellac a subi de plein fouet la crise ovine des années 80-90.Ce n’est pas un concours mondial de tonte dans le bourg proche du Dorât qui changera quelque chose. Nous avons là l’exemple même des conséquences d’une politique européenne mortifère: la production ovine française avec ses coûts, ses normes n’était pas compétitive face aux productions anglo-saxonnes. Voilà le résultat, une petite ville et une région entière qui meurent.
RépondreSupprimerDe plus, la déviation de la nationale 147 qui apportait son lot de bouchons dans Bellac, mais qui faisait vivre nombre de restaurants, bars et supérettes, a sonné le glas de ce village.
Quelle tristesse quand j’y retourne..
Il est vrai que le spectacle qu'offre Bellac est plutôt lugubre. Comme l'est celui de bien des petites villes et villages de la France profonde. La population les ayant désertés ou ayant fait bâtir des maisons dans des lotissements, les centre-bourgs ont plus de volets fermés que de demeures habitées. C'est toute une France qui se meurt pour toutes sortes de raisons économiques. C'est navrant mais c'et comme ça. Les gens veulent vivre "écologiquement" en ville plutôt que de profiter de la paisible vie à la campagne. J'ai personnellement fait le choix inverse il y a des décennies.
SupprimerEt pas même une petite visite à la maison natale de Jean Giraudoux ?
RépondreSupprimerJe suis passé devant, mais mon humeur n'était pas au pèlerinage et Giraudoux n'est plus vraiment ma tasse de thé.
SupprimerJe ne serais pas entré non plus : j'ai une sainte horreur du style chantourné de ce monsieur.
SupprimerIl lui arrivait cependant, dans sa grande préciosité, d'émettre d'heureuses formules.
SupprimerQuand on est doué pour les formules, on se met pharmacien !
SupprimerParcourant Le Canard un article a attiré mon attention. On y raconte qu'une dame au volant de son Volkswagen Tiguan neuf à 54 000 boules, est tombée en panne sur l'autoroute parce que "des durites ont été grignotées par des rongeurs. Des récentes normes européennes… imposent aux constructeurs d'utiliser des pièces mécaniques moins polluantes à base des produits recyclés - et non de pétrole. D'où l'idée de fabriquer des durites en amidon de maïs sans se douter que rats et souris en raffolent…"
RépondreSupprimerL'article ajoute que la plaisanterie pourrait coûter cher : "De 700 euros le faisceau électrique à 2 800 euros pour les tuyaux de dépression et les durites de gazole..."
Un Oncle Jacques averti en vaut deux !
En écrivant " le mécano arriva et diagnostiqua une étonnante fuite" j'ai voulu faire court. En fait, la fuite lui parut étonnante car la durite en question n'avait aucun point de frottement avec une autre pièce qui eût pu l'expliquer. Il me demanda d'ailleurs si j'avais des souris chez moi. Je lui répondis que je n'en élevais pas mais qu'il se pouvait qu'il y en ait. Votre mise en garde ne m'étonne donc pas. D'autant moins que la soeur de mon amie avait eu son circuit de freinage (si je me souviens bien) boulotté par des rongeurs. Ce problème est d'ailleurs signalé dans l'article "Durit" (ou durite) de Wikipedia. Le Canard enfonce donc une porte ouverte. Maintenant qu'y faire, vu qu'installer des pièges à rongeurs sous le capot me paraît aléatoire...
Supprimer« D'autant moins que la soeur de mon amie avait eu son circuit de freinage (si je me souviens bien) boulotté par des rongeurs »
SupprimerQuand les filles se mettent à avoir leur circuit de freinage boulotté par des rongeurs, c'est qu'il est grand temps pour nous de passer à la masturbation ou à l'abstinence.
Rêveur, je ne pense pas. Comme je l'expliquais je pensais à un problème d'échappement peu susceptible d'arrêter mon élan.J'ai eu tant de pannes d'auto bizarre dans ma vie que plus rien ne m'étonne.
RépondreSupprimerPéter une durite, ça nous va… "péter un durit", n’a aucun avenir...
RépondreSupprimerQue l'on choisisse l'une ou l'autre orthographe, le mot reste féminin et se prononce pareil...
SupprimerSans parler de La Petite Durite, le célèbre roman de Dickens.
SupprimerBellac serait donc la cité des moutons et non celle des Apollons ... suis déçue.
RépondreSupprimerC'est joli un mouton ! Et ça se mange !
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