« Madame ?
Le bonheur ça n'est pas grand-chose
Madame ?
C'est du chagrin qui se repose
Alors
Il ne faut pas le réveiller
Le bonheur...
QU'EST-C'QUE C'EST ? »
Le bonheur ça n'est pas grand-chose
Madame ?
C'est du chagrin qui se repose
Alors
Il ne faut pas le réveiller
Le bonheur...
QU'EST-C'QUE C'EST ? »
Ainsi se termine la chanson « Le
bonheur » de Léo Ferré. Je serais tenté d'approuver. Même
si les mots « bonheur » et « malheur » me
paraissent excessifs et que je leur préfère les termes « bien
être » et « mal être », plus modestes. Ce côté
absolu du vocable « malheur » fut souligné par Romain
Gary dans L'angoisse du Roi Salomon : « La pire chose
qui puisse arriver à un malheur, c'est d'être sans importance ».
En va-t-il de même pour son opposé ? Je crois que non. Être
sans importance ne retire rien à l'agrément qu'on retire d'un petit
bonheur (ou moment de bien être). Lequel peut naître, justement, de
la dissipation d'un petit malheur.
J'en
veux pour exemple une expérience sans importance capitale que j'ai
vécue ces derniers jours. Alors que je m'apprêtais à descendre au
bourg voisin acheter quelque article de plomberie, j'eus la curiosité
d'aller jeter un coup d’œil à ma boite à lettres histoire de
voir si la CNP me donnait signe de vie. M'étant vu refuser toute
assurance aux niveaux 1 et 2 de la convention AERAS censée offrir
une seconde chance aux emprunteurs présentant comme moi un « risque
aggravé de santé », j'attendais qu'au niveau ultime me fut
enfin accordé un contrat. Ce n'est pas un mais deux courriers qui
m'attendaient. Les ouvrant, je constatai qu'ils disaient à peu près
la même chose : je n'étais pas assurable. Je n'en fis pas un
fromage et descendis au village faisant étape à ma banque pour
prendre rendez-vous afin de voir quelles solutions alternatives me
seraient proposées. Cela fait, j'allai acquérir la pièce qui me
faisait défaut puis, vu le bas niveau de carburant de mon véhicule,
passai par la station service avant de regagner sans histoire mes
pénates.
Le
lendemain, afin d'aller rencontrer ma banquière, je tournai la clé
de contact et, à ma grande surprise mon cher break refusa de
démarrer. J'insistai. Le moteur finit par tourner un peu avant de
s'arrêter dans un festival d'inquiétants cliquetis. Je récidivai
et, après quelques essais, il accepta de tourner en faisant un bruit
de casserole. J'accélérai mais, dès son retour au ralenti,
l'horrible bruit recommença. Je descendis de voiture pour aller voir
ce qui se passait sous le capot et m'aperçus qu'une épaisse fumée
sortait de l'échappement. Je m'empressai de couper le contact et en
même temps réalisai la raison de mes ennuis : pris que j'étais
dans mes préoccupations immobilières, à la station service j'avais
machinalement pris du SP 95 au lieu du Diesel ! Car sur la
vingtaine de voitures que j'ai possédées en bientôt 50 ans, seule
une avait auparavant utilisé ce carburant.
J'appelai
l'assistance, un camion avec plateau vint chercher mon véhicule pour
le mener à un garage qui, débordé de travail m'assura ne pas
pouvoir s'en occuper avant lundi. Ainsi commencèrent trois jours
d'angoisse. M'étant rendu sur des forums afin de voir les
conséquences que pourrait avoir ma distraction, comme c'est toujours
le cas sur le Net, je trouvai des avis différents. Pour certains ce
n'était rien, on vidangeait le réservoir, changeait le filtre à
gazole et ça repartait comme en quarante. Selon d'autres les
conséquence étaient catastrophiques : injecteurs foutus,
moteur cassé étaient à attendre. Mon pessimisme naturel me
poussant à envisager le pire, je me vis sans véhicule pendant un
temps indéterminé ou, pourquoi pas, contraint d'en changer.
Perspective à la fois coûteuse et attristante car, pour une raison
que j'ignore, je m'étais attaché à ce break.
Le
lundi après-midi le garage m'annonça que ma voiture était prête
et qu'elle tournait. Je m'en sentis tout guilleret. Seul ombre à mon
bonheur : combien allait me coûter l'incident. Quand la
secrétaire me tendit la facture et que je vis qu'on ne me réclamait
que 175 €, l'ombre se dissipa et j'en sentis un tel bien-être que
l'employée, le lisant sur mon visage, en fut un rien décontenancée,
les clients ayant plutôt tendance à trouver les factures exagérées
qu'à se réjouir de leur montant.
C'est tout content
que je regagnai les collines. Comme quoi, même si « c'est
du chagrin qui se repose », le bonheur tient à peu de
chose.
Et un petit bonheur, un, pour l'Oncle Jacques !
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=jLf4l7rrUT4
Merci à vous deux pour ces petits bonheurs. Si celui de Mildred m'était bien connu, je découvre la chanson de Brassens et c'est toujours un bonheur.
SupprimerVous pouvez aussi essayer/interrompre les coups de marteau sur la tête.
RépondreSupprimerCe serait tricher !
SupprimerNous sommes sûrement nombreux à avoir eu la même pensée que Léon : " ça fait du bien quand ça s'arrête ". Mais cela n'enlève rien à la justesse de votre réflexion. Le soulagement d'une menace qui disparaît stimule les circuits neuronaux euphorisant. Le mécanisme biochimique est simple, il faut seulement se convaincre de la réalité de dangers imaginaires pour parvenir à stimuler lesdits circuits. Je m'y essaie quelquefois lorsque la vie quotidienne me paraît trop monotone…
RépondreSupprimerIntéressant !
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