J'apprends,
sidéré, qu'un agriculteur de la Manche s'est vu condamné à 500 €
d'amende et à reboucher un trou qu'il avait lui-même creusé dans
son champ afin d'en retirer du sable. Parce que, figurez vous, des
espèces protégées étaient venues s'installer dans la mare qui s'y
était formée, le sol étant marécageux. La mare devint donc un
biotope auquel il était criminel de nuire ! Des inspecteurs de
l'environnement constatèrent le délit de remblayage. En 2015, le
pauvre paysan se vit d'abord condamné à 200 € d'amende. Mais on
avait affaire à un criminel endurci. Ivre de cupidité, le paysan
finit de reboucher son trou sous prétexte de cultiver sur son lopin
du maïs ou des céréales. Ce grave manquement au respect des
biotopes le mena donc, ce mardi 21 novembre de l'an de disgrâce
2017, à se voir infliger la peine susmentionnée par le tribunal de
Cherbourg.
Cette affaire m'inquiète à plus d'un
titre : ainsi il devient dangereux de creuser un trou voir de
créer des ornières sur son propre terrain. Car qui vous dit qu'au
mépris de tout droit de propriété ne va pas s'y installer une
famille de crapouillots malingres à crête mordorée ou de
mélenchons à col stalinien ? Espèces rares et protégées
qu'un observateur distrait pourrait prendre pour de vulgaires
boudinets nauséabonds dont la destruction est non seulement permise
mais recommandée. Détruire leur biotope serait criminel !
D'autre part, je ne comprends pas très
bien la logique du tribunal. Si le trou a été rebouché on peut
penser que les espèces protégées vivant dans la mare ont migré ou
été détruites. Le mal étant fait, qu'est-ce qui nous garantit que
ces espèces reviendront s'installer dans le nouveau trou ?
Qu'elles n'auront pas trouvé un nouveau biotope où vivre à l'abri
des paysans reboucheurs ?A moins qu'elles ne pullulent auquel cas pourquoi les protéger ?
De plus, des événements récents me
font m'inquiéter. Figurez-vous que cette semaine ma fidèle Nicole a
constaté les ravages opérés par des rongeurs dans le placard sous
l'évier. De même après avoir arraché mes poireaux j'ai pu
constater que la plupart d'entre eux abritaient des bestioles qui les
rongeaient. Face à ces constats, j'ai réagi rapidement, trop
peut-être, et le placard vidé et nettoyé j'y ai installé des
pièges qui ne tardèrent pas à éliminer les squatters. Les
poireaux atteints se virent dûment épluchés et les parties
attaquées supprimées ainsi que leurs auteurs. Seulement un doute
m'étreint : et si j'avais commis un crime ? Et si,au lieu
de supprimer des campagnols ou autres mulots et de répugnantes
larves j'avais détruit le biotope d'espèces rares d'insectes et de
rongeurs ressemblant à ces nuisibles hélas trop communs ?
N'aurait-il pas été plus prudent de capturer un spécimen de
rongeur et d'aller, poireau en main, faire examiner ces animaux par
les services compétents ?
Si l'affaire était éventée, ne
peut-on pas envisager qu'un tribunal me condamne à replanter des
poireaux et à remettre des pommes de terre sous l'évier avec
interdiction de changer quoi que ce soit à l'écosystème ayant
permis l'installation de ces braves animaux ? Je me vois déjà,
après m'être acquitté d'une forte amende, contraint de remettre
en place les sacs poubelles et les produits d'entretien à l'endroit
exact où ils se trouvaient au temps béni où pullulait le rongeur.
Devrais-je, afin d'éviter toute récidive, leur abandonner le
placard et trouver un autre lieu ou entreposer sacs poubelles et
produits d'entretien en espérant que ne s'y installent de nouveaux
squatters avec, de proche en proche, la perspective de me voir
finalement contraint d'abandonner la maison entière aux rongeurs
protégés ?
Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
Toute personne qui ne trouve pas notre époque formidable devrait
être sévèrement fusillée.
C'est vrai ça ! Fusillons avec bénévolence : le vivre-ensemble ne s'en portera que mieux.
RépondreSupprimerRassurez-moi, ce texte n'a rien de métaphorique? On ne peut en rien le rattacher à des évènements passés ou actuels?
RépondreSupprimerLe Page.
Non, il ne l'est pas.
SupprimerEh oui, fini la rigolade, les squatters de toute espèce sont désormais sacrés...tremblez sales bourgeois, votre fin est proche!
RépondreSupprimerAmitiés.
Eh oui, Nouratin, c'est le "progrès".
SupprimerTu fais bien de me prévenir, je vais faire attention à ne pas faire de trous dans mes bacs sur mes fenêtres, surtout que maintenant les mésanges s'y attardent dans la cantine que je leur ai installé
RépondreSupprimerSois prudente et assure toi que les mésanges ne creusent aucun trou.
SupprimerC'est ce qu'on appelle des espèces opportunistes (les bestioles ou les écolos).
RépondreSupprimerAmike
Les écolos sont utiles : ils défendent notre matrimoine (entre autres belles actions).
SupprimerCharbonnier n'est plus maître chez lui. Quelle époque !
RépondreSupprimerS'il n'y avait que les charbonniers...
SupprimerUn peu de sévérité est parfois nécessaire.
RépondreSupprimerDe là à en venir à ce genre d'absurdités, il y a de la marge.
RépondreSupprimerLe sapeur Camembert (un de vos voisins!) en connaissait un rayon sur les trous. Je vois avec plaisir que le relais a été pris, et de quelle façon ! par les écologistes de la région.
RépondreSupprimerCes gens-là creusent de plus en plus profondément la fosse qui nous engloutira au milieu du compost et des espèces protégées. Mais nous mourrons dans un monde enfin dépollué, surtout de notre présence...
Je vais de ce pas lancer le "hashtag" #balancetonecolo même si au fond c'est injuste car si dans le porc tout est bon, c'est le contraire chez un écolo, animal qui s'engraisse sans rien restituer, comme une vulgaire Royal Ségolène, par exemple.
Au passage une bonne nouvelle, le glyphosate, alias le roundup, n'est pas nocif. (http://imposteurs.over-blog.com/2017/11/glyphosate-perturbateurs-endocriniens-nous-et-nos-enfants-allons-tous-trepasser-dans-d-atroces-souffrances-par-jerome-quirant.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail)
Merci pour le lien !
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