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jeudi 13 avril 2017

Au four et au moulin

Deux endroits où l'on ne peut être en même temps. Sauf en cas de don d'ubiquité, don reconnaissons-le assez rare dont même M. Macron ne bénéficie pas bien qu'il fut un temps où les media tendirent à nous le faire accroire. Malgré les immenses avantages dont Dieu ou la nature m'a pourvu, je ne l'ai pas non plus et le regrette amèrement en voyant approcher la date fatidique du 16 avril, jour de Pâques mais aussi de mon départ pour la Corrèze. « Tous les départs, même les plus souhaités, ont leur mélancolie » se plaisait à citer mon ex-épouse (probablement en souvenir d'un de ces sujets de dissertation qui présentent l'avantage de demander qu'on réponde à des questions qu'on ne s'est pas plus posé qu'on ne se les posera jamais.). Je ressens toutefois cette mélancolie.

Les missions que je m'étais imposées pour la quinzaine de jours passés en Normandie sont remplies : je laisserai un potager entièrement nettoyé et partiellement semé, une serre débarrassée de ses herbes folles, un portail et une cabane ayant retrouvé leur blancheur, des gueules de loups repiquées, une pelouse par deux fois tondue, des annexes vidées des cartons et autres déchets qui attendaient depuis des mois qu'on les emportât à la déchetterie, bref je partirai l'âme sereine ou presque car deux choses la troubleront : l'impatience de mener à bien certaines tâches en Limousin et la crainte de manquer certains événements cruciaux en Normandie.

Si je me donne le mal d'entretenir un jardin, c'est pour les petits bonheurs qu'il offre à la belle saison. Celui d'y faire au matin un tour d'inspection n'est pas le moindre. Ça permet de noter que les pois ont levé, que la glycine se pare de feuilles, que la pivoine que l'on croyait morte redonne signe de vie, que  les fleurs d'une autre s'apprêtent à éclore, que les lilas fleurissent, imités par les fraisiers... Mille petits changements qu'une observation quotidienne permet de déceler et dont une absence prive...

Les iris qui devraient bientôt éclore seront-ils fanés à mon retour ? Manquerai-je la floraison du muguet, précoce cette année ? Les pommes de terre lèveront-elles sans que je le voie ? La première fraise de l'année sera-t-elle dévoré par un merle vorace ? Faute d'arrosage et en cas de beau temps, retrouverai-je mes semis de fleurs sous serre desséchés ?

Bien sûr Le Lonzac m'apportera d'autres spectacles mais en moindre nombre, le terrain n'y étant que rudimentairement planté. Retrouverai-je fanées les fleurs du tulipier qui s’apprêtaient à éclore ? Le spectacle de la floraison des iris limousins compensera-t-il celle des normands ? D'autres fleurs auront-elles apparu ?

On ne peut pas être au four et au moulin. Et c'est bien dommage.

11 commentaires:

  1. Je comprends bien vs tourments pour les avoir connus entre ne résidence en France et une autre en Asie. On cherche toujours le livre, le CD ou le DVD que l'on a laissé de l'autre côté. On se prive du meilleur café que fait la superbe cafetière d'un endroit alors que l'autre endroit vous apporte d'autres plaisirs qui manqueront plus tard une fois retourné à la première adresse.
    Cette dichotomie est très perturbante, comme si les racines étaient un peu éparpillées.
    Aujourd'hui revenu vivre en France j'apprécie de n'être base qu'à un seul et même endroit. Mais l'Asie me manque terriblement... On n'est jamais content, quoi !

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    1. Le problème est que l'on ne peut tout avoir. Le beurre, l'argent du beurre, le cul de la crémière. Il faut choisir et tout choix implique renoncement.Mais pas forcément dans le cas de la crèmerie où il suffit d'inverser les termes pour tout obtenir...

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    2. Ah oui, mais il y a cas de proxénétisme aggravé là !

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  2. Ah, qui dira le tourment des nantis qui ne peuvent occuper leurs nombreux palais ! Mais attendez donc un peu que Mélenchon prenne les commandes : vous allez voir ce qu'il va en faire, de votre arrogante opulence !

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  3. N'oubliez pas de préciser dans votre testament, qu'on veuille bien disperser la moitié de vos cendres dans votre jardin normand, et l'autre moitié dans votre jardin limousin, sinon vous risqueriez de passer votre éternité entière à vous plaindre d'être ici et pas là !

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    1. Sans compter que les cendres font peut-être un bon engrais pour les fleurs.

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    2. N'ayant pas encore décidé si l'incinération sera préférable à l'inhumation, je ne saurais donner d'instructions précises quant à ce qu'il conviendrait que l'on fît de mes restes.

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  4. Comme quoi, à l'heure de la révolution numérique, nous demeurons bêtement soumis à des contingences d'un autre âge!
    Amitiés.

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    1. C'est parce que l'informatique est manichéiste 0 ou 1. Le système normand est plus ouvert : P'têt' ben qu'oui, p'têt ben qu'non.

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