Il arrive que je me demande pourquoi je
m'agite, pourquoi je prends parti alors que je suis heureux.
Attention cependant : pas béatement. Juste aussi heureux que je
suis capable de l'être. Comme tout le monde, en somme. Certains
baignent dans une joie optimiste et permanente, certains connaissent
les tréfonds de la dépression. Chacun fait avec sa capacité au
bonheur. Comme toute chose, celle-ci est inégalement répartie. Je
ne sais pas si la mienne est supérieure, inférieure ou égale à la
moyenne et, disons-le tout net, je m'en fous. Toujours est-il que je
suis heureux.
Il faut reconnaître que j'ai pour ça
de nombreuses raisons : par exemple, je suis pratiquement libre
de toutes contraintes : pas d'horaires, pas d'obligations
sociales, pas de promiscuité imposée. Et cela depuis bientôt six
ans ! J'étais fait pour être rentier et je le suis enfin !
Je jouis d'une certaine aisance c'est à dire que mes modestes moyens correspondent à mes modestes besoins. Je suis exempt d'envie et de vraies
colères. Je sais occuper mon temps de diverses manières et en tirer
satisfaction. Ma santé pourrait être meilleure mais également bien
pire. Elle me permet de faire ce qui me plaît et c'est l'essentiel.
J'aurais du mal à gravir le Ventoux à vélo ou à skier sur ses
pentes mais vu que je n'aime pas plus le vélo que le ski ou tout
autre sport, pourquoi m'en plaindrais-je ? Je suis souvent seul.
Ça tombe bien, j'aime la solitude. Je vis dans des lieux retirés et
paisibles, loin de la course des rats et de son bruit. Un rien
m'amuse. Tout un tas d'infimes satisfactions me sont offertes par la
vie. Faire une liste complète de mes raisons d'être heureux serait
bien fastidieux et je ne suis pas d'humeur à m'ennuyer avec une
tâche aussi vaine...
Je suis d'autant plus heureux que je ne
l'ai pas toujours été. Rien de plus normal : toutes les
conditions n'étaient pas réunies pour que je le sois. J'ai connu,
des hauts, des bas, de grosses emmerdes, de grandes joies. Tout ça
nuit à la sérénité. Après deux tiers de siècle, je l'ai
atteinte. Que demander de plus, sinon que ça continue un peu ?
C'est pour tout cela qu'il m'arrive de
me demander pourquoi je m'intéresse à la politique. Il se peut que
ce ne soit qu'un hobby comme un autre. Car même si, à mon sens, la
civilisation occidentale est poussée à la folie par des imbéciles
qui se croient généreux et de nuisibles idiots prétendument
progressistes, cela n'affecte que très peu ma vie et, sauf
cataclysme, il est peu probable que ça vienne jamais l'affecter.
Peut-être qu'en plus d'être un passe-temps, cet intérêt naît de
l'agacement que provoque en moi l’œuvre de destruction
systématique poursuivie par certains en un temps où sans leur haine
nous aurions enfin tout pour être heureux ? Une chose est
certaine : ce n'est pas l'intérêt personnel qui m'y pousse. Ma
vie est faite, sa fin plus proche que son début, et mon sort me
convient.
On s'intéresse à la politique comme on assiste à une pièce de théâtre de boulevard : ça vole souvent très bas, mais c'est tout de même assez drôle pour qu'on y passe un bon moment.
RépondreSupprimerUne tragi-comédie parfois...
SupprimerIl y a des gens qui s'intéressent à la politique et d'autres pas, c'est aussi simple que cela. Rien à voir avec le fait qu'on soit heureux ou pas.
RépondreSupprimerVous êtes heureux ? Je crois que nous en serons tous fort aises !
Je crois que le malheur pousse souvent à se révolter contre un monde dans lequel on en voit la cause !
SupprimerPasse temps comme un autre, profitez de votre bonheur et vivez longtemps.
RépondreSupprimerMerci, une fois de plus.
SupprimerJe n'atteins cet état de contentement qu'au coin du feu, avec le chat sur les genoux, mais en écoutant les petits zosiaux, pas les politicards ;)
RépondreSupprimerLes politicards n'ont rien à voir avec mon bonheur.
Supprimer