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jeudi 8 août 2013

Heureux qui comme Ulysse…



Il  était bien mélancolique, ce vieux Joachim lorsqu’éloigné pour gagner sa croûte auprès de son cardinal de tonton en la lointaine Rome, il pleurait en alexandrins l’absence de son petit Liré avec son ardoise fine, son Loir Gaulois, sa douceur angevine ! Il est vrai que le voyage qui n’en finit pas peut être source d’ennui. En revanche, la courte escapade peut être grande joie.

C’est ce que j’ai pu ressentir  ces deux derniers jours en me rendant, à l’invitation d’un blogueur  féru de littérature épique médiévale, en la lointaine et mystérieuse ville d’Évreux. Ce n’est jamais sans appréhension que l’on part vers l’inconnu. Quitter la Basse-Normandie pour la Haute ne va pas sans angoisse. Quelle langue y parle-t-on ? Des équipements spéciaux n’y sont-ils pas nécessaires afin de lutter contre l’ivresse des cimes ? Le moteur de mon cher break ne risquerait-il pas la surchauffe dans l’ascension des pentes qui y mènent ?

Arrivé à Évreux je pus réaliser la vanité de ces alarmes. Tout s’était très bien passé. Je trouvai sans trop de mal la demeure de mon hôte.  S’ensuivirent des heures d’agréables conversations tour à tour doctes ou frivoles et un bon repas. Le lendemain, après une matinée pluvieuse digne d’un printemps landais, nous allâmes, midi passé, visiter la cathédrale Notre-Dame. Les splendides vitraux du XVe siècle de la chapelle absidiale étant malheureusement en travaux, nous ne pûmes les  admirer qu’en partie. Toutefois le mobilier, des fragments de vitraux du XIIIe siècle, enchâssés dans les fenêtres latérales et bien des éléments architecturaux de ce monument gothique tardif furent l’objet de nos échanges et la source de notre ravissement.

Une visite du musée suivit. Situé dans l’ancien palais épiscopal, l’établissement recèle des collections variées couvrant un large spectre de l’histoire européenne. D’origine locale ou venus de loin, ces objets nous firent voyager du paléolithique au dix-huitième siècle. Mobilier, montres coquines, portraits et objets du quotidien tant par leur variété que leur abondance rendirent l’excursion agréable.

Nous terminâmes notre périple ébroïcien par la visite de l’ancienne abbatiale Saint-Taurin dont l’architecture  d’époques variées  abrite en une chapelle les reliques du bon Saint éponyme. La châsse qui les contient est une merveille. Faite de bois et d’argent  recouverts de feuille d’or, sa taille imposante et la finesse des sculptures qui l’ornent  font qu’à elle seule cette œuvre du XIIIe siècle eût justifié mon voyage.

Après un agréable dîner et une nuit reposante, plein de gratitude je quittai mon hôte, ravi de l’excursion avec pour seul regret la défection d’un blogueur et de son épouse qu’un problème de santé contraignit à renoncer à nos agapes. Que le brave homme qui s’autoproclame être à la littérature ce que l’entreprise Chombier  (peinture et décoration) est  à Léonard de Vinci sache qu’il fut l’objet de nos pensées et de nos souhaits de prompt rétablissement. J’emportai avec moi le roman d’un autre blogueur que je soupçonne fort d’être habité par une vive passion pour notre XVIIIe siècle et dont la lecture du premier chapitre s’avéra prometteuse de moments réjouissants.

De retour dans mes collines, j’espère que mon hôte ne se sent pas, pris qu’il fut dans le flot quasi-permanent de mes bavardages, dans  l’état d’épuisement que connaît le rescapé quand il atteint la sûreté de la rive, ayant de peu évité la noyade.  

23 commentaires:

  1. "Plein de gratitude", c'est bien mais vous avez oublié de lui baiser les mains - et pourquoi pas les pieds - et ça c'est impardonnable !

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    1. Certes, j'ai oublié... Mais bon il y a des bénéficiaires de tôles qui oublient. Ainsi va la décadence. Nul n'en est exempt.

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  2. Je me demande bien qui peuvent être ces personnages que vous évoquez en termes allusifs.

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    1. Demandez vous, demandez vous...

      Quiconque sait comprendra. D'autant plus facilement que la mèche est vendue (voire donnée) ailleurs.

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  3. Que de félicités !
    Je suis passée je ne sais combien de fois par Evreux en allant en Normandie ou en Mayenne et je n'ai jamais pensé à m'arrêter, il faudra y remédier !

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  4. Avec toutes ces conneries sur l'art, on ne sait même pas ce qu'il y avait à boire : il est nul, ce billet.

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    1. Certes ! Je dois confesser que nous ne bûmes pas beaucoup...

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  5. Robert Marchenoir8 août 2013 à 20:31

    Pourrait-on avoir l'adresse de l'entreprise Chombier ? La visite chez Bricorama me déprime d'avance.

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    1. Les Chombier sont partout. Un véritable empire qui vous salope appartements et maisons en plus de temps que vous ne sauriez payer.

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    2. Une sacrée dynastie, les Chombier. Les plus connus sont Marcel et Victor. Par ailleurs, "fabriqué chez Chombier" est un label de qualité reconnu.

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    3. La pensée de Victor est une source de sagesse où trop peu s'abreuvent.

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  6. Le renom de M. Chombier dépasse largement les deux Normandies.

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    1. Robert Marchenoir8 août 2013 à 22:07

      Ah, mais je m'en fous qu'il parte en vacances au Club Méditerranée, Monsieur Chombier... tant qu'il fait les enduits correctement...

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    2. Il ne les fait pas correctement. C'est pourquoi il peut s'offrir des vacances de rêve au Club Med. Chombier est un escroc (ou artisan).

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  7. Normandie , terre de voyage et rencontres; la cause en serait elle la venue des vikings ou de la rotondité des pommes qui peuvent ainsi aller très loin tant qu'il y a une pente.

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  8. Il n'y a pas que les pommes qui sont rondes en Normandie...

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    1. Exact. C'est le cas de la quasi-totalité des boules de pétanque et de bien des femmes.

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  9. Chez le blogueur de haute graisse l'art de la conversation est porté aussi haut que celui de l'écriture, au moins.
    Je puis donc ainsi dissiper vos inquiétudes.
    Amitiés.

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    1. Ben oui, au moins, et c'est la le problème. On peut en devenir soulant.

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