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mercredi 21 août 2013

Parlons « nature »



J’ai cru déceler, au fil de commentaires, certaines réticences de Pangloss quant à mon attitude vis-à-vis de quelques  animaux ou bestioles. Je me suis rendu sur son blog, y ai visionné toutes les (très belles, soit dit en passant) photos de sa rubrique « Animaux familiers et autres » et cela a provoqué une tempête sous mon pauvre crâne, me plongeant dans un océan de réflexions diverses.

Contrairement au personnage joué par Philippe Noiret  dans  Coup de torchon, mes réflexions m’ont amené à  une conclusion claire : on peut très bien vivre dans un endroit isolé sans pour autant être un fanatique de ce qu’il est convenu d’appeler la nature.

Aimer la campagne n’a pas pour corolaire d’aimer la nature. Car comme la ville et les espaces périurbains, la campagne n’a rien de naturel. Elle a été aménagée, modelée, on pourrait même aller jusqu’à dire qu’elle a été fabriquée par les efforts de générations et de générations d’hommes afin de devenir un endroit vivable et productif. On a asséché les marais, défriché les forêts, planté des haies, aménagé des chemins ce qui a probablement dérangé voire éradiqué bien des sympathiques grenouilles, loups,  ours, sangliers ou autres moustiques.  Il s’agissait de mettre la « nature » au service de l’homme, pas de faire joli, même si le résultat de ces travaux rendait  les campagnes agréables à l’œil. Je m’inscris davantage dans cette logique que dans celle qui consisterait à maintenir les choses dans un état « naturel » rêvé plus ou moins éternel.

Si je plante des choux, c’est pour les manger et non pour engraisser des larves de piérides. Si j’élevais poules, poulets, oies ou canards, ce  serait pour me nourrir et non pour que renards ou hérissons se repaissent d’eux ou de leurs produits. C’est d’ailleurs la difficulté de la mettre à l’abri des prédateurs qui m’a fait renoncer à mon projet de basse-cour. 

Il a fallu des siècles pour éradiquer loups et ours de nos belles montagnes (seuls endroits où ils subsistaient après avoir été exterminés en plaine). Ce n’était pas par méchanceté ni à cause de légendes qui tendaient à faire de ces doux animaux de redoutables prédateurs de petits chaperons rouges  et de mères-grands  mais parce que leur présence était difficilement compatible avec l’élevage de moutons en altitude. Maintenant on les réintroduit, on les protège, on les bichonne au nom de la biodiversité. Au nom de cette valeur insigne on stoppe la construction de routes qui traverseraient une mare où le cancrelat à crête mordorée, animal rare et essentiel, vient s’abreuver. Tout ça est bel et bon, mais découle d’une conception moderne des rapports entre l’homme et la nature. Si nos ancêtres avaient eu la même, nous serions bien moins nombreux et moins bien nourris dans le meilleur des cas et dans le pire notre espèce aurait disparu.

Trouver un équilibre entre agriculture, élevage et biodiversité est délicat mais souhaitable. Faire de la biodiversité et du maintien en l’état de la soi-disant « nature » une fin en soi ne me paraît pas très raisonnable.

16 commentaires:

  1. Pour reprendre une expression qui vous est chère : "je plussoie"

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  2. Moi de même!
    Oh comme vous avez raison et que nous avons de la chance que nos ancêtres se soient montrés moins cons que nous.
    En même temps, c'est la jolie petite vie douillette qu'ils nous ont fabriquée qui nous a rendus imbéciles...
    La vie est décidément très bizarre.
    Amitiés.

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  3. Aucune réserve à tout ce qui est écrit, dans le texte comme dans les commentaires.

    Popeye

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  4. Merci pour les "très belles photos". Mon appareil est rudimentaire à la mesure de mes connaissances en photographie.
    L'équilibre entre protection de la biodiversité et présence humaine est souhaitable, dites vous. Et j'en suis d'accord. Au fur et à mesure de l'augmentation des populations et des progrès techniques, la place de la "nature sauvage" s'est restreinte. Nous ne sommes plus au temps où l'espace humain et l'espace "sauvage" étaient séparés. Dans le meilleur des cas, nous en sommes à la cohabitation avec les espèces animales et végétales quand c'est possible (tant pis pour les loups) quand il a fallu faire un choix). Dans les pires, on oscille entre protection (quand on en arrive à devoir protéger, on peut penser que la situation est préoccupante) et hostilité systématique, héritage d'un temps où le combat était nécessaire et où les connaissances étaient rudimentaires.
    L'agriculture moderne et le jardinage amateur sont friands de pesticides divers et souvent au delà du nécessaire ("pour être sûr, je double la dose", dit mon voisin et ce n'est pas Monsanto qui le lui déconseillera): l'anti-limace tue aussi les hérissons qui s'en nourrissent et l'on oublie que les limaces se reproduisent plus vite que les hérissons, le round-up détruit les mauvaises herbes mais aussi la flore bactérienne indispensable aux plantes (proverbe: un binage vaut deux arrosages et un petit paillage vaut mieux qu'un grand désherbage), les OGM qui produisent leur propre insecticide tuent aussi les insectes pollinisateurs etc.
    A cela s'ajoutent des modes de pensée héritages d'un passé très lointain: combattre la nature vous fait sentir plus humain, plus "supérieur". Et même quand c'est artificiel: l'élevage de gibier de repeuplement ou le nourrissage d'hiver d'animaux que l'on se plaira à tuer à la saison de la chasse répond à cette pulsion qui n'est plus depuis longtemps une nécessité alimentaire. A force d'être chassée et de voir son habitat détruit, l'alouette est en voie de disparition en Beauce. Quant à l'outarde canepetière, elle ne survit que dans une réserve qu'on peut aller observer après en avoir demandé l'autorisation à l'office de protection de la faune sauvage. Idem pour la loutre et le castor qui font moins de mal aux rivières et aux poissons qui essaient d'y survivre que les agriculteurs "protecteurs de la nature". Sans parler de la destruction de "nuisibles". Je suis triste de voir des bandes de faisans s'approcher de la route quand ma voiture arrive, espérant que je suis celui qui va leur apporter leur nourriture. Et je pense quelquefois à ces Indiens d'Amazonie que, jusqu'à une époque récente, des expéditions massacraient parce que leur existence et leur mode de vie était incompatible avec le progrès de la société de ceux qui venaient les envahir.
    Mais au delà du combat, il y a l'inconscience ou la cruauté: le hérisson qu'on écrase alors qu'on pourrait l'éviter, le crapaud qu'on tue parce qu'il est laid, la chouette que l'on déloge du grenier, les nids d'hirondelles que l'on détruit parce que ça fait sale ou les chauve-souris qu'on dérange dans leur hibernation ("profitons-en puisqu'on refait la toiture"). Moi, je préfère protéger pour profiter du spectacle de la vie sous toutes ses formes. Il m'est même arrivé de recueillir en plein hiver une buse qui, à moitié morte de faim, s'était attaquée à un de mes coqs sans avoir la force de le tuer. Après quelques jours de beefsteak haché, requinquée, elle a pu s'envoler. La voir partir m'a procuré un immense plaisir. Un plaisir certainement plus intense que celui qu'un autre aurait éprouvé en la tuant.
    Vive la vie!

    Je n'arrive pas à consommer tout ce que mon potager produit (vous voulez des courgettes et des salades?).

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    1. D'abord, merci d'avoir pris la peine de rédiger ce long et intéressant commentaire.

      Je suis d'accord avec vous sur bien des points que vous évoquez. Je ne vois pas l'intérêt de traiter chimiquement un potager d'amateur. Pour ce qui est du respect systématique de la vie, je suis plus réticent. Certains animaux pour une raison ou pour une autre (abondance de la nourriture, absence de prédateurs, etc.) peuvent se mettre à proliférer, mettre en péril l'équilibre de l'"écosystème" (Je mets des guillemets, car je ne crois pas en l'existence pérenne de ce genre de "système") et détruire d'autres espèces (Ex : ce frelon d'Asie qui tue les abeilles). Doit-on pour autant respecter leur vie ?

      Pour les courgettes et les salades, j'ai ce qu'il me faut. Mais l'intention était bonne.

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  5. Je partage votre avis cher Jacques même si le plaidoyer de Pangloss est une ode à la nature mais quand même ne noircit il pas trop le tableau car même si je ne suis pas un écologiste de combat, je n'irais pas écrasé un hérisson.

    Pnagloss, si vous avez trop de légumes, je peux les adopter.

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  6. bonjour...
    je viens de chez Pangloss qui invite a vous lire...alors curieux je viens..et je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre vue des choses sur la nature..
    Tout d'abord je ne suis pas, mais alors pas du tout écologiste je considère que ce mot ne veut rien dire..
    Vous avez raison sur une chose la biodiversité ne doit pas être une fin en soi, mais voyons, si l'homme avait été de l'intelligence que l'on vante tant il n'y aurait pas besoin de se préoccuper de biodiversité..mais voila l'homme est en haut de la chaîne et est de loin le prédateur le plus redoutable....c'est l'homme qui est l’espèce à éradiquer, pas le loup, l'ours ou la limace, chaque prédateur dans la nature tue pour manger l'homme tue par plaisir, l'exemple type est le bison d'Amérique, éliminé par les riches européens et certains colons débiles...
    Mes choux? et bien que le papillon en mange, il y en aura toujours pour moi, mes poules ben voyons il y a toujours un bon moyen d'empêcher Goupil de compléter son déjeuner de mulot par une cocotte...bien que l'homme ait déjà éliminé le mulot alors goupil vient par nécessité...
    bref l'homme veut une nature pour lui, lui seul...
    les frelons d’Asie ne sont pas venus tout seul...la coccinelle asiatique également....
    bon j'arrête là mon playdoyer
    bonne journée..
    également
    http://c-est-pas-lui.over-blog.com/
    amicalement

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    1. Éradiquer l'homme ? Comme vous y allez ! Vous feriez passer tous les grands tyrans sanguinaires du vingtième siècle pour des timides !

      Quant à vos piérides, elles doivent être anorexiques : les miennes bouffent toutes les feuilles!

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  7. Bonjour, tout comme Geo, je fais ma curieuse, et ton article me parait fort judicieux. J'habite moi même en campagne bretonne et je me bats au quotidien de certaines aberrations pratiquées par les éleveurs et les agriculteurs. Idem quand je pouvais me rendre dans mon fief, l'île de Batz, et que j'allais farfouiller la grève pour le plaisir de ramener quelques bouquets roses, étrilles, coques ou palourdes. Je ne supportais pas les "doryphores" (touristes incultes se croyant tout permis, déplacer et renverser les cailloux dans les remettre en place.) Bonne journée et au plaisir de te lire.

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    1. Merci de votre visite (et de votre appréciation). J'étais amateur de pêche à pied quand ce "sport" était seulement pratiqué par quelques gens du cru. Nous y allions à Louannec, village de mon père. Et puis ceux que vous nommez doryphores sont arrivés, par centaines, et rien n'est resté.

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    2. En 40, "doryphores" c'était un des noms donné aux boches.

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  8. Le réac a généralement une forte tendance écolo, au sens noble du terme. Aussi je ne partage pas tout à fait votre point de vue sur les grands prédateurs comme le loup. Surtout s'agissant de l'activité pastorale de haute montagne :

    http://koltchak91120.wordpress.com/2011/07/27/au-loup/

    L'absence de grands prédateurs a de graves répercussions sur l'écosystème. La magnifique forêt de Tronçais a failli mourir à cause de la bêtise des écolos conjuguée à cette absence. Un temps ces connards avaient réussi à obtenir la fin de la chasse dans ce magnifique massif forestier. Comme le gibier pullulait, cerfs, chevreuils, sangliers, et qu'il n'y avait plus de prélèvements, des dégénérescences apparurent dans le cheptel, les jeunes et tendres pousses de chênes et autres essences nobles étaient dévorées.

    L'équilibre est certes difficile à trouver, mais je reste persuadé que les grands prédateurs doivent revenir, pas partout, mais il y a des endroits, comme la haute montagne, où il n'a pas vocation à s'installer. A moins bien sûr d'assumer les conséquences de ses choix.

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    1. Lequel massif forestier, sauf erreur de ma part, est artificiel puisque faisant des superbes futaies de chênes que Colbert fit planter il y a près de 4 siècles pour assurer le renouvellement de la Flotte Royale vers 1920.

      Popeye

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  9. Les premiers des nuisibles sont ces écologistes encartés EELV.

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  10. je comprends tout à fait ton point de vue, mais jusqu'à présent, il régnait une harmonie, tandis-que maintenant !!!

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