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vendredi 16 décembre 2011

Evaluation des profs : LA solution.


Pour en finir avec le débat qui occupe les français (et ceux qui, sans être français, n'en sont pas moins le sel de notre terre) je vous apporte LA solution. Le processus serait d'ailleurs en marche en Angleterre. Les plus observateurs d'entre vous me reprocheront d'utiliser la même illustration que pour un billet précédent. Que voulez-vous, je ne me lasse pas des bonnes choses...

Si l’évaluation  des professeurs ne peut être opérée par leurs chefs  comme c’est le cas pour les autres fonctionnaires et que l’on supprime l’inspection, qui  sera à même de les noter ?

La réponse est simple : les élèves . Ils sont en position de noter les failles d’un enseignant comme ses points forts.  A part que ça peut poser des problèmes, par exemple  au niveau de la petite section de maternelle. Des enfants de deux à trois ans ont-ils la maturité nécessaire pour juger de la valeur pédagogique de leurs enseignants ?  Il est de notoriété publique  que les jeunes de maintenant sont beaucoup plus mûrs que nous ne l’étions à leur âge, mais quand même…  A partir de quel niveau devrait-on commencer ? Collège ? Lycée ?  La préadolescence et l’adolescence sont des âges émotionnellement  fragiles. Ne risqueraient-ils pas de mélanger l’affectif et l’objectif ?

Non mais, c’est pas fini ces pinaillages ? Le progrès ne s’embarrasse pas de  détails. Ceux qui  critiqueraient la notation par l’élève sont, comme moi, des rétrogrades.

Je m’explique : au temps lointain de ma jeunesse, les institeurs et les professeurs n’étaient pas spécialement sympathiques ou attentifs à nos états d’âmes. Je les soupçonnerais même d’avoir souvent considéré les ouailles qu’on leur confiait comme une bande de petits sauvages dont il fallait tâcher d’endiguer  les débordements et  auxquels ils se devaient d’inculquer un minimum de savoir, de méthode et de discipline.  Je ne me souviens pas de beaucoup de mes enseignants.  A part une qui a assombri deux années de mon enfance et un autre qui m’a donné le goût des lettres, je serais bien en peine de trouver parmi eux des gens qui m’aient marqué autrement qu’en m’enseignant une syntaxe et une orthographe passables sans oublier de m’apprendre à compter et accessoirement à aborder tout problème avec un minimum de logique. Bref, les bases qui permettent d'aller plus loin si on le souhaite. Ce qui n’est déjà pas si mal. Il semblerait même que ces objectifs un peu basiques soient de plus en plus difficiles à atteindre malgré des effectifs plus réduits, des moyens nettement plus conséquents et un niveau de recrutement souvent supérieur. Vous me direz, c’est l’évolution de la société, les jeunes ne sont plus les mêmes ;  la crise, le réchauffement global, la piéride du chou et tout ça font que.  Et vous aurez raison.

Un bon prof, de nos jours, donne de bonnes notes à tout le monde, il est sympathique, gentil, attentif. Il sait amuser les jeunes et leur organise des activités aussi agréables qu’inutiles au progrès de leurs savoirs.  Il les aide à s’épanouir et à se sentir bien à l’école même s’il ne leur enseigne rien ou pas grand-chose. Ça suffira toujours pour rentrer à Sciences-Po Paris. Il y a certes encore  quelques mauvaises têtes, des récalcitrants, des qui continuent contre toute raison à vouloir inculquer des connaissances et établir une hiérarchie entre les cancres et les bons éléments. Eh bien justement : une notation par les élèves les ramènerait vite à plus de discernement.

Certains avanceront qu’on pourrait peut-être aussi demander leur avis aux parents.  Ils plaisantent ! Dans une société moderne, les parents font ce que leurs enfants leur  disent.

23 commentaires:

  1. Pas d'accord avec vous. A deux ou trois ans on a tout à fait la maturité nécessaire pour juger de la valeur pédagogique des enseignants. Mais cela demande d'être à l'écoute de l'enfant.
    Si tous les matins il se lève avec entrain et se dirige vers l'école avec plaisir, c'est que l'enseignant est bon.
    Si au contraire, au moment d'aller à l'école il rechigne et pleurniche qu'il a mal au ventre, c'est que l'enseignant est mauvais.

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  2. "Si au contraire, au moment d'aller à l'école il rechigne et pleurniche qu'il a mal au ventre, c'est que l'enseignant est mauvais."

    Et si c'était un ulcère ou un cancer de l'estomac, tout simplement ?

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  3. Pour répondre à votre question, il paraît tout à fait souhaitable que le taux de mortalité dans les classes enfantines puisse, dans une certaine mesure, être pris en compte dans l'évaluation de l'enseignant.

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  4. Tiens, pour une fois je vais essayer d’être sérieux.
    Sur le principe l’évaluation par les élèves me semble plutôt une bonne idée.
    Après tout, qui mieux que les élèves est capable de savoir ce qui se passe en classe et d’évaluer au moins en partie la qualité du service rendu ?
    Comme vous le savez sans doute ce genre de chose se pratique déjà dans certaines université et certaines grandes écoles. Alors bien sûr il y a la question de l’âge. On ne peut pas attendre la même chose, en terme de sérieux et de sincérité, d’un adolescent de treize ans et d’un jeune adulte de 20 ans. Mais je ne suis pas sûr que la difficulté soit insurmontable.
    A mon sens il y aurait au moins trois points à prendre en compte.
    1) D’une part le type de questionnaire. Il ne peut guère s’agir d’évaluer le savoir de l’enseignant, bien évidemment. Mais le fait que vous ne soyez pas médecin ne vous empêche d’avoir une appréciation sur la qualité du service que vous rend votre médecin. Vous faites porter votre évaluation sur d’autres éléments que sur son savoir pur, même si vous pouvez aussi vous faire une idée de ce savoir, sur la durée. Donc un questionnaire qui porterait sur des éléments que les élèves sont susceptibles d’évaluer à peu près correctement. Il devrait être détaillé et prendre du temps à remplir, pour écarter les fumistes et favoriser une évaluation « dans le silence des passions ».
    Il devrait aussi comprendre des questions destinées à évaluer la sincérité des réponses données. Cela se pratique couramment pour les tests de personnalité par exemple, il devrait être possible de faire de même dans ce cas là. Et bien entendu il devrait être adapté à l’âge des élèves. A partir de quel âge faire remplir un questionnaire de ce genre et selon quelles modalités (à l’école ? à la maison ?) ? Ce sont des questions à débattre.
    2) La loi des grands nombres. Ne prendre en compte ces évaluations que de manière agrégée, et non pas classe par classe, afin de « lisser » les résultats. Il peut toujours arriver que le courant ne passe pas avec une classe particulière, sans que le prof soit en cause, mais de mauvaises évaluations de la part de plusieurs classes et sur plusieurs années signalent assurément un problème (de même que de bonnes évaluations années après années disent quelque chose de la qualité de l’enseignant). Là aussi modalités à définir.
    Et combiner l’évaluation par les élèves avec d’autres formes d’évaluation, par exemple par le chef d’établissement (si, si, je crois cela possible).
    3) L’usage qui serait fait de ces évaluations sur la carrière des enseignants. Avancement plus ou moins rapide ? primes ? licenciement ? Bien évidemment cela supposerait une remise à plat complète de leur statut. On peut toujours rêver...
    Evidemment aussi, mettre en place quelque chose de ce genre supposerait un travail et une détermination que je crois au-dessus des forces de n’importe quel ministre. Donc c’est pas demain la veille.
    J’ajoute, et c’est très important, que l’évaluation par les élèves ne pourrait être envisagée que si les profs retrouvaient les moyens de faire proprement leur travail, c’est à dire la possibilité d’être aussi exigeants qu’ils le jugeraient nécessaires et de pouvoir se débarrasser définitivement de ceux qui ne veulent pas apprendre.
    Autant dire, quand les piérides auront des dents.
    Mais à supposer que les piérides développent un jour une dentition, pourquoi pas ?

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  5. Supprimons donc les évaluations pour tout le monde et hop plus de cancre et de mauvais professeurs et tout ça fera de bons électeurs socialistes.

    Pour les caciques du PS évidemment leurs chiards seront scolarisés dans les meilleurs écoles privées comme l'Ecole Alsacienne.

    On va quand même pas se mélanger à la populace.

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  6. Un seul comment de ma part : un ajout: " se débarrasser définitivement de ceux qui ne veulent pas apprendre" = 2/3 d' élèves en moins...= je prends tout de suite .... Geargies.

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  7. @ Mildred : Il me semble qu'en effet on ne tient pas suffisamment compte du taux de mortalité de leurs élèves pour noter les enseignants.

    @ Aristide : Une évaluation "dans le silence des passions" me paraît difficile à obtenir, vu l'âge des élèves et le fait que l'enseignant est détenteur d'autorité, autorité que les ados aiment à contester. Une évaluation par les élèves aurait pour conséquence d'inverser ce rapport et ça ne me semble pas souhaitable.

    "l’évaluation par les élèves ne pourrait être envisagée que si les profs retrouvaient les moyens de faire proprement leur travail, c’est à dire la possibilité d’être aussi exigeants qu’ils le jugeraient nécessaires et de pouvoir se débarrasser définitivement de ceux qui ne veulent pas apprendre." Cela est bel et bon mais, comme vous le soulignez vous-même, ce n'est pas dans l'air du temps et pour peu que ceux dont les professeurs exigeraient le départ soient des meneurs (ça s'est vu) c'est lui qui, s'ils avaient le moindre pouvoir, se retrouverait en difficulté.
    Quoi qu'il en soit, je pense que même dans un système amélioré, il ne serait pas souhaitable de donner aux élève ce pouvoir. La jeunesse est un temps d'apprentissages et parmi ces apprentissages il y a ceux de la discipline et de la hiérarchie. Inverser cette dernière me semblerait contre-productif au niveau de la formation d'une personnalité.

    P.S. : Au rythme où vont les choses, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que les piérides aient bientôt des dents ou du moins à ce qu'on nous contraigne à le penser.

    @ Grandpas : C'est une idée...

    @ Geargies : Un tiers de motivés ? Votre optimisme vous perdra. On pourrait quand même garder également ceux qui ont un minimum de dons...

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  8. Je ne suis d'accord avec personne (sauf Mildred), mais ce serait trop long à expliquer clairement (clin d'oeil à Monsieur Pierre de Fermat). J'ai noté une densité peu commune d'idées intéressantes.
    Donc bravo au taulier.

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  9. @ Jazzman : Dommage que vous manquiez de temps... Merci quand même.

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  10. Jacques Etienne,

    Je suis évidemment d’accord avec vous sur la nécessité d’inculquer la discipline et la hiérarchie. Je serais même partisan de rétablir la blouse et les châtiments corporels, c’est dire... bon j’exagère un peu, mais à peine.
    Ceci dit je ne crois pas que cela soit contradictoire avec ma suggestion, qui d’une certaine manière tient compte de votre objection. C’est bien parce que j’avais à l’esprit le genre de problème auquel vous faites allusion que j’ai dit que l’évaluation par les élèves ne pourrait être utilisée que de manière agrégée, afin de ne pas donner barre sur le professeur à un élève ou même à un groupe d’élève. C’est aussi pour cela que j’ai dit qu’elle devrait être combinée avec d’autres formes d’évaluation. Se pose aussi la question des effets des évaluations sur la carrière des profs. Il est bien évident qu’il ne saurait être question de sacquer un enseignant pour une mauvaise évaluation.
    Mais tout ceci étant dit, je persiste à penser que si l’on veut sérieusement évaluer les enseignants, il est difficile de se passer de l’avis des élèves. Ce n’est certes qu’un avis, ou un sentiment si vous voulez, et il faut le prendre avec précaution, étant donné leur âge, leur situation d’élève, justement, etc. mais il pourrait être utile de le connaitre, y compris bien sûr pour les enseignants eux-mêmes.
    Il y a là une question à creuser.

    Enfin bon, nous sommes d’accord, tout ceci n’est que purs châteaux en Espagne puisque les conditions d’une telle évaluation ne seront sans doute jamais réunies dans notre beau pays de France.

    Au fait, avez vous pensé à demander à vos piérides d’évaluer la qualité de vos choux ?

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  11. L'évaluation par les élèves, je l'ai vécu (mal) ce n'est jamais constructif et cela peut facilement être instrumentalisé par des chefs(cheffes) d'établissement contestables, je l'ai vécu aussi, mal aussi, merci.
    Mais je pense pouvoir m'abstraire de cela car j'ai eu des professeurs objectivement mauvais mais dont l'effet a été aussi bon (avec le recul) que d'autres, bons pédagogues. Je parle plutôt d'enseignement supérieur, mais qu'importe.
    Mon idée est la suivante: si on veut évaluer les professeurs, et souvent en plus, c'est pour qu'ils changent, qu'ils s'adaptent à ce que l'on pense être le bon profil.
    Certains ne sont pas fait pour enseigner, bon, ils devraient être éliminés lors de leurs cylcles pédagogiques, point final.
    Les autres devraient avoir le droit d'êtres des humains cohérents, avec leurs qualités et leurs défauts.
    Le prof d'histoire est un facho ? Eh bien on sait dans quel sens il va biaiser son enseignement.
    S'il est forcé à le cacher cela va rendre le décryptage impossible.
    Autre effet pervers, surtout dans l'enseignement technique, certains professeurs vont cacher les difficultés et les pièges de leur discipline pour être bien notés par les élèves qui tomberont de haut plus tard, mais trop tard.
    Cet effet pervers fonctionne à plein pour les cours à option.
    Pour finir les enseignants sont aussi des modèles que l'ont peut vouloir suivre ou pas. Sils sont tous de la même eau tiède et
    qu'en plus ils se forcent à être ce qu'ils ne sont pas...
    Pour résumer, la volonté actuelle d'évaluer les professeurs procède de la volonté de détruire l'enseignement, sous prétexte de l'améliorer, comme toujours.
    Le jour où on voudra détruire le corps médical, les patients évalueront les médecins et les infirmières.

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  12. Un dernier point: j'ai aussi édité les bulletins de notes pour un département d'environ 500 étudiants dont je connaissais les professeurs. On voit nettement d'après les notes les différences entre les cours obligatoires et à option, c'est passionnant.

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  13. "Mon idée est la suivante: si on veut évaluer les professeurs, et souvent en plus, c'est pour qu'ils changent, qu'ils s'adaptent à ce que l'on pense être le bon profil."

    Tout à fait d'accord. L'idée même du "bon" prof me paraît absurde : tel prof est bon pour certains élèves et pas pour d'autres. D'autre part, si on veut préparer les jeunes à la vie, il est important qu'ils rencontrent des caractères différents et non un profil modèle reproduit à l'infini.
    J'avais dans un collège un collègue de Maths qui notait largement et faisait faire aux élèves des exercices faciles. Ils se croyaient donc forts en Maths. Au DNB, leurs notes n'étaient pas meilleures qu'en français mais je pense qu'il aurait été mieux noté par eux que moi. J'en suis même certain...

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  14. @ jazzman
    "Le prof d'histoire est un facho ? Eh bien on sait dans quel sens il va biaiser son enseignement."
    J'ai une fille qui a eu un prof d'histoire maoïste : c'était pas triste comme biaisage non plus ! Mais toute la hiérarchie en avait bien trop peur pour lui reprocher quoi que ce soit.

    "Le jour où on voudra détruire le corps médical, les patients évalueront les médecins et les infirmières."
    Parce que vous croyez qu'ils se gênent ? Quand un médecin leur déplait ils vont en voir un autre : c'est aussi simple que ça !

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  15. @ jazzman
    Pourquoi "moi aussi" ? C'est qui, les autres ?

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  16. Hélas la liste est trop longue pour le serveur blogspot.com (c'est la méthode Pierre de Fermat, fort utile lorsqu'on est pris de court).
    Mais vous illustrez fort à propos le noeud gordien de l'enseignement: on ne peut pas transmettre une idée, mais seulement l'expression d'une idée.
    Le seul moyen d'y arriver est de faire plusieurs transmissions de différentes expressions de cette même idée pour que l'élève puisse l'apréhender.
    Il est vain de rechercher la pédagogie idéale, seule la répétion variée a une chance de fonctionner.
    On dit aussi tourner autour du pot pour illustrer cette idée.

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  17. Je proposais la notation des profs par les élèves en boutade. Je PLAISANTAIS, quoi.
    Comme quoi...
    Le meilleur prof ? Celui qui ne met que des bonnes notes.
    Adaptons-nous.

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  18. Dans ses lettres, Isaac Newton parlait respectueusement de "Monsieur Pierre de Fermat" et ce n'est pas rien que d'avoir un tel homme dans son fan-club, d'autant que Newton n'avait pas l'admiration facile.
    J'ai une tendresse particulière pour le "petit théorème" de Fermat, qu'il a quand même énoncé trois siècles avant qu'il ne devienne réellement utile grâce aux ordinateurs...

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  19. @ jazzman
    Je ne sais pas qui tourne autour de quel pot, mais je constate que vous vous y entendez pour noyer les poissons !

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  20. J'avoue que mes commentaires pourraient être mal perçus par les gens qui, lorsqu'ils entendent le mot culture, sortent leur arrosoir.
    Vous remarquerez, j'espère, que j'ai habilement adapté la phrase à l'atmosphère rurale du blog des collines.

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  21. Je disais tout cela parce que les gens (ahem..) associent tout de suite Fermat à son fameux commentaire dans une marge de Diophante à propos du "Dernier théorème" alors que je préfère le "Petit théorème" qui est plus mignon.

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