..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 5 octobre 2019

Les Philosophes



Je relis plus que je ne lis. Aussi m'est-il agréable de découvrir une nouveauté distrayante. Michel Desgranges m'offrit ce plaisir avec ses Philosophes, deuxième*volet des ses Mœurs contemporaines .

Si vous vous attendez à un austère essai sur l'état actuel de la pensée française, vous serez déçu. Si votre âme est troublée par les questions que pose l'Être, bref, si à la fréquentation assidue des oncologistes vous préférez (comment ne vous comprendrait-on pas ?) celle des ontologistes, vous allez vers une frustration. Car si M. Desgranges nous présente quelques spécialistes de l'ontologie, ce n'est pas afin de faire le point sur les recherches sur l'Être, mais pour se gausser de l'insignifiance pompeuse à laquelle parvient une philosophie universitaire consistant, à l'instar de la scolastique du Moyen-Age finissant, à commenter les commentaires des commentaires.

L'art de M. Desgranges est de pratiquer la caricature. Bien sûr les grands universitaires qui nous inspirent un tel respect que rares sont ceux qui vont jusqu'à ouvrir leurs œuvres, ne sont pas exactement tels qu'il nous les décrit. Seulement, il n'est pas rare que leurs écrits soient abscons. Il arrive aussi que leur ambition les pousse à la servilité vis-à-vis de ceux qui pourraient favoriser l'évolution de leur carrière. Si dans le meilleur des cas, ils finissent couverts d'honneurs, il est moins fréquent qu'on les couvre d'or. Il arrive qu'ils trouvent cela bien triste et qu'ils tentent d'arrondir leurs fins de mois par des activités éloignées de leurs fins premières.

Ces derniers traits, pour notre plus grand plaisir, l'auteur les pousse jusqu'à l'absurde. Il couvre notre territoire d'un blanc manteau d'universités** peu florissantes. L'onomastique vient souligner la satire. Les personnages principaux qu'ils enseignent à la Ferté-Guidon ou au Collège de France, qu'ex-haut fonctionnaires ils tentent de survivre d'un commerce hérité, que, bibliothécaires, ils améliorent leur sort en vendant les incunables de leurs fonds, partagent tous une noble ambition : s'en mettre plein les poches ou au moins sortir de la quasi-misère où les relègue un monde ou tout est citoyen, équitable ou démocratique . Et ils y parviendront car le roman est optimiste dans son acidité. Les voies de Dieu sont impénétrables dit-on. Celles qui les mèneront au succès ne le sont pas moins. Tel, suivant le conseil d'un autre, se fera travelo et ainsi regagnera l'amour d'une épouse volage autant que vénale. Tel autre trouvera dans un emploi de domestique la paix que l'ontologie lui avait jusque là refusée. Un autre se fera gigolo, une autre encore fera un riche mariage... Happy end assuré !

Au-delà du cas des philosophes, c'est d'une société qui ressemble beaucoup à la nôtre dont traite Michel Desgranges en en soulignant les ridicules et petitesses que tente de masquer un discours inepte, prétentieux et surtout inintelligible. En cela, il se montre moraliste. Si notre époque de grands progrès répond à vos attentes et vous comble de bonheur, NE LISEZ PAS CE LIVRE !

*J'emploie deuxième car selon certains que ne suit pas l'Académie, second, terme que je lui préfère, n'impliquerait pas de suite et que ce serait dommage.
** Pour parodier Raoul Glaber

dimanche 29 septembre 2019

Promenade en Haute-Corrèze

Vendredi, veille de mon anniversaire, parce que le temps pluvieux  m'interdisait de terminer la taille de mes haies, je me suis offert une virée en Haute-Corrèze. Pour atteindre mon but, j'ai dû traverser le massif des Monédières sous une pluie incessante et il ne faisait pas plus beau lorsque j'atteins Meymac, porte du plateau de Millevaches et première étape de mon périple. J'étais en pleine circonscription chiraquienne mais ma visite n'était pas un pèlerinage, je l'avais programmée bien avant le décès de l'ex-président. Mon but était de visiter deux églises du XIIe siècle,et, éventuellement, la vieille ville d'Ussel, ancienne capitale de la vicomté de Ventadour plus tard érigée en duché.

Ça commença plutôt mal. Arrivé devant l'abbatiale l'abbatiale Saint-André Saint-Léger je remarquai que deux hommes en noir étaient en train d'installer des tréteaux devant le porche visiblement en vue d'un service funéraire. Qu'importe, me dis-je, j'irai d'abord visiter le musée archéologique installé dans une aile de l'abbaye. Et là m'attendait une seconde déconvenue : lorsque je me présentai au comptoir pour y prendre mon billet d'entrée, la charmante hôtesse m'annonça que le musée s'apprêtait à fermer car le personnel se rendait aux obsèques. Je pris mon billet, commençai ma visite et, quand les cloches se mirent à sonner, je quittai les lieux  pour, comme convenu avec l'hôtesse,  y revenir une heure plus tard pour voir le reste. 

Je pris donc la route de Saint-Angel et arrivai devant l'imposante église fortifiée Saint-Michel-des-Anges qui , avec ce qui reste des bâtiments conventuels du prieuré , domine de sa puissante et massive silhouette le village sus-nommé : 




Je vous montrerai quelques photos de cette église qui présente, entre autres, la particularité que les vicissitudes de l'histoire ont fait que sur des bases et des murs romans sont venus au fil des siècles  s'ajouter des élément plus tardifs comme la voûte gothique de la nef. Mais laissons parler les images : 

















 Craignant qu'aller à Ussel ne m'amène trop tard pour visiter l'abbaye et le musée de Meymac, je revins donc sur mes pas, terminai ma visite du musée puis passai à l'abbatiale :
















Je pris le chemin du retour, la tête pleine des merveilles contemplées. Je passai à proximité du Mont Bessou, point culminant de la Corrèze. D'une altitude de 976, profitant de ce que la tempête de 1999 en avait déboisé le sommet, on y fit construire une tour panoramique de 24 m de hauteur afin d'y atteindre les mille mètres et d'offrir une vue sur les principaux sommets du Massif Central. cependant, vu l'état lamentable de mes bronches et ma  forte tendance au vertige, je m'empressai de n'y point aller.











vendredi 27 septembre 2019

Peindre, c'est aimer à nouveau.


Si je reprends ce titre de Henry Miller, auteur qui fut du temps de ma jeunesse folle (Ouquel j’ay plus qu’autre gallé) un de mes favoris et dont je ne songerais plus à lire une page aujourd'hui, c'est parce qu'il s'applique parfaitement aux deux Monochromes mobiliers corréziens auxquels je viens de mettre la dernière main.

Monsieur Fredi M., s'il émet son éternel « C'était mieux avant » fera montre d'une mauvaise foi éhontée car je n'accompagnerai ces deux œuvres d'aucune photo de leur état antérieur. Voyez plutôt :



La difficulté dans les Monochromes mobiliers n'est pas la peinture elle même mais la préparation des supports. Ces deux meubles furent abandonnés sur place par les héritières du précédent propriétaire, probablement parce qu'ils leur semblaient manquer d'intérêt et auraient eu du mal à s'intégrer dans leur intérieur. Il faut dire que le buffet était surmonté d'un haut d'un style différent (qui a fini à la déchetterie) et la disparition du grand tiroir du bas laissant une béance que j'ai bouchée d'une planche en contreplaqué. Je voudrais souligner au passage que les vols de tiroirs sont une catégorie de méfaits dont l'ampleur n'est pas suffisamment signalée par les media. Mais revenons à nos Monochromes. Ces meubles étaient par ailleurs habités. Non pas qu'ils aient eu, comme disait l'autre « une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer » mais plutôt que les vers s'y offraient de copieux banquets. Les xylophènes en vinrent à bout. Restait à supprimer la vieille cire dont, des décennies durant on les avait nourris. Le décireur dont j'avais fait l'emplette se révéla inapte à la tâche. C'est donc au papier de verre à gros grain, afin de permettre à la peinture d'y adhérer, que je préparai mes supports. Une sacrée corvée ! Deux couches de noir permirent à l'armoire de mieux s'intégrer aux autres meubles de ma chambre. Il en fallut trois de blanc pour obtenir le même résultat avec le buffet.

Vous savez tout sur la genèse de ces œuvres. Pour en revenir à ce vieux cochon de Henry, il avait raison : peindre ces meubles m'a fait les aimer à nouveau.

Vu qu'il pleut sur la Corrèze, je me trouve aujourd'hui au chômage technique n'ayant rien à faire à l'intérieur et le temps n'étant pas favorable à la taille des haies, j'hésite entre passer mon après-midi à pleurer Jacques Chirac histoire d'avoir l'air Corrézien et visiter quelques églises romanes. Je crains que la deuxième possibilité ne me séduise plus que l'autre.

mercredi 25 septembre 2019

Un brave vieux

Quand j'ai aperçu sa silhouette, marchant avec difficulté, s'aidant d'une canne anglaise, ça m'a fait plaisir. J'adore parler avec ce vieil homme. Pour diverses raisons dont la moindre n'est pas qu'il parle d'une voix très douce avec cet accent limousin que seuls les vieux possèdent encore alors qu'il y a trente ans, quand j'ai découvert la Corrèze, il était le fait de beaucoup. Je parle de voix douce, pas efféminée.C'est un bonheur de l'entendre. Il me héla d'un « Alors, toujours au travail ? » à quoi je répondis d'un simple «  Toujours ! » Une longue conversation s'ensuivit. Nous parlâmes santé, bien sûr. Le pauvre a connu trois AVC et l'an dernier une chute qui lui brisa des côtes. Le diabète, l'hyperthyroïdie (quatre ans de traitement!) n'ont plus de secrets pour lui. Depuis quatre ans que je le connais, les choses ne s'arrangent pas. Il est vrai qu'il se traîne vers les quatre-vingts ans, comme il peut mais avec le sourire. Il se plaint un peu, certes, mais sans geindre...

Je ne me souviens pas de comment nous nous sommes connus. Je me souviens par contre qu'il y a un an ou deux il m'avait salué d'un « De retour au pays ? » me donnant un sentiment d'appartenance à un village où, prenant la suite de son père, il avait exercé toute une vie la profession de menuisier. Fier de ses réalisations, il m'en cita quelques unes dans le village. Je fis semblant de voir de la porte de quel garage il était l'auteur... Il m'apprit que c'était son père, alors qu'il était tout gamin, il y a plus de 70 ans de cela, qui avait fabriqué mes volets, content de les voir toujours fonctionnels et en bon état malgré les ans avec leurs petites ouvertures circulaires pratiquées afin qu'on pût voir s'il faisait jour. On sentait l'homme à sa place, l'homme qui aimait son métier et en tire une modeste fierté. Il m'arrive d'envier, moi 'éternel nomade, les gens qui sont de quelque part, qui y ont passé toute leur vie, entourés de leurs parents et des mêmes amis, y voyant grandir puis partir leurs enfants, aux côtés de la même femme... Mais étais-je fait pour ça ? J'en doute.

Une particularité de langage que j'ai remarquée chez lui comme chez le vieil homme avec qui je partageai ma chambre à l'hôpital de Tulle et qui ne saurait donc être une idiosyncrasie, c'est qu'évoquant leur épouse, ils ne disent pas « Ma femme » mais « La femme ». Comme si, ce disant, à la possession ils préféraient l'unicité.

La conversation fut longue. On parla de ci, de ça, d'autres choses et surtout du reste. Un peu honteux, j'appris son aversion pour la peinture des meubles, surtout s'ils étaient d'un bois noble comme le châtaignier ou le merisier. J'étais justement occupé à peindre un vieux buffet et une armoire moins ancienne. J'atténuai plus tard mes remords en arguant, dans mon for intérieur, que ces meubles, abandonnés par les héritières de l'ex-propriétaire, n'étaient pas de première beauté ni jeunesse, que les vers s'en étaient copieusement repus, que je leur avais rendu un peu de leur lustre, bref, je me trouvais toutes les excuses que le fautif ou son avocat trouve à ses forfaits...

Nous finîmes par nous quitter. L'heure de la soupe approchait.Il ne fallait pas que « la femme » s'inquiète.

lundi 23 septembre 2019

Ras le bol !

Je ne regarde plus les infos. Je lis de moins en moins les statuts Facebook de mes amis dont j'ai supprimé un grand nombre durant l'épisode des Gilets Jaunes. J'apprends, en gros, ce qui se passe en regardant L'Heure des Pros, émission qui présente l'avantage de donner la parole à des gens défendant des positions proches des miennes. Malheureusement, ce que j'y apprends ne fait que confirmer mon ras-le-bol et monter en moi la certitude que, sauf improbable miracle, les carottes de l'Occident sont cuites. La folie y règne en maître et le simple bon sens est moqué car passéiste et par conséquent condamnable.

Nous sommes en 2019 entend-on comme s'il s'agissait d'un argument et que les conservateurs n'en étaient pas conscients. L'opinion change ! Ah oui, pour ce qui est de changer, elle le fait. On pourrait même la soupçonner de versatilité. Mais qu'est-ce qui la transforme cette fameuse opinion, sinon la reprise par les media des opinions d'illuminés ultra-minoritaires mais qui finissent par voir leurs inepties adoptées par une majorité sans colonne vertébrale éthique ou intellectuelle et redoute plus que tout de prendre du retard par rapport à la folie ambiante.

Les politiques ne font qu'enregistrer les variations d'une majorité décervelée. Ainsi voit-on un président découvrir le Pérou à Romorantin et esquisser la téméraire hypothèse que l'immigration devrait être un peu contrôlée. Ainsi voit-on la droite dite de gouvernement, celle qui se juge plus à même d'instaurer le collectivisme que ne l'est la gauche, pratiquer une forme d'homéopathie en diluant son peu d'idéal dans tant de gloubi-boulga centriste qu'on se demande en quoi elle s'oppose à la majorité instable d'aujourd'hui. Ainsi entend-on les populistes, que les gauchistes continuent de fustiger du qualificatif infamant d'extrême droite, tenir des discours que ne renieraient pas leurs pires ennemis.

Aucune idée n'apparaît suffisamment absurde pour que celui qui l'énonce se voit demander s'il pense vraiment que ce sont les marmottes qui emballent le chocolat dans le papier d'alu. Tout se valant, on donne la parole au fou et, au lieu d'en rire, on l'écoute avec autant, voire plus, d'attention et de respect qu'on en accorderait au sage si, par une inversion des valeurs, on n'en avait fait un aliéné passéiste.

Comment dans ces condition faire autre chose que le Candide de Voltaire ? Cultiver son jardin, peindre sa façade, tailler sa haie, lire de bons livres, regarder des films comiques, me paraît plus sage que de s'indigner de la politique du président Trucmuche ou Machin. Que ce soit l'un l'autre ou encore un troisième, qu'importe au fond ? Quel qu'il soit, il aura été élu par un peuple qui ne saurait qu'avoir les dirigeants qu'il mérite et les haïr ensuite, comme si la triste image qu'ils leur renvoient de lui-même lui était intolérable.

Le ramassis de truismes qui précède est inutile, j'en suis conscient. Disons que ça soulage de les exprimer de temps à autre...