Notre cher président ne cesse de
répéter qu'il appliquera le programme qui l'a fait élire. On ne
saurait lui en vouloir si son élection avait été basée sur un
choix entre différents programmes. Hélas pour lui, il n'en est
rien. Si, parti de quasiment rien, il a atteint la magistrature
suprême ce n'est que suite à une série de manœuvres apparemment
habiles mais qui ne pouvaient mener qu'à la situation actuelle après
un deuxième tour imperdable.
En effet, lors du premier tour il ne
parvint à réunir sur son nom que 18,9% des inscrits et 24,01% des
suffrages exprimés. Ce qui est très peu si l'on considère qu'il ne
bénéficiait pas d'alliés déclarés avec qui former une majorité
au deuxième tour. Confronté à une candidate diabolisée et réputée
incompétente, avec le soutien de media qui lui avaient ouvert la
voie vers la finale, il obtint une victoire nette comme il était
impossible d'imaginer qu'il pût en aller autrement.
Ensuite vinrent des législatives qui
lui offrirent une large majorité faite de bric et de broc. Des
défections diverses lui permirent de constituer un gouvernement qui
aurait pu être qualifié d'union nationale s'il n'avait été
constitués de renégats et d'inconnus. Sans avoir connu de véritable
état de grâce, il ne tarda pas à connaître une baisse de
confiance dès le mois d'août suivie d'une petite remontée avant
que ne s'amorce la chute libre qui devait l'amener en 18 mois à des
scores comparables à celui de son prédécesseur de triste mémoire
et de presque 20 % inférieurs à ceux de M. Sarkozy dont on ne peut
pas dire que les media l'aient beaucoup soutenu.
Il faut dire que les maladresses
langagières de celui qu'on déclare et qui se pense très
intelligent furent légion. Elles n'arrangèrent pas les choses.
L'absence de résultats concrets de sa politique, des mesures
favorables aux riches, des taxes touchant les classes populaires,
amenèrent populistes de droite et de gauche à une hostilité accrue
et déçurent ses électeurs. L'affaiblissement des partis
traditionnellement considérés comme « de gouvernement »
ne se fit pas à son profit comme il l'avait espéré. S'il réussit
à rassembler les Français ce ne fut que dans le rejet de sa personne.
Il voulait dynamiter l' « ancien
monde ». Il y a réussi mais sans parvenir à en créer un nouveau. On
pourrait dire que comme l'arroseur arrosé, le dynamiteur s'est
dynamité. Du coup nous nous retrouvons avec un paysage politique
divisé en deux blocs disparates par leur taille comme par leur
composition : les soutiens du pouvoir largement minoritaires et
une majorité d'opposants qui n'ont en commun que leur détestation
de celui qui venant de rien s'est voulu ailleurs et se retrouve au
milieu de nulle part dans un pays si divisé qu'il est devenu
difficile d'envisager une solution de rechange.
CHAPEAU L'ARTISTE !