..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 13 mars 2016

Qu'elle est belle !

Un bonheur n'arrivant jamais seul, rentrant de Vire je trouvai dans ma BAL un mail de M. Amazon m'annonçant que mon colis était arrivé à Sourdeval. J'y descendis donc et récupérai le paquet dont la légèreté m'étonna un peu. Une fois déballé, je compris la raison de ma surprise : elle était toute petite, bien plus que celle qu'elle est appelée à remplacer et dont les batteries devenues faiblardes justifient qu'elle fasse valoir ses droits à une retraite bien méritée. Mais ne faisons pas plus languir les amateurs de belles choses, la voici :


Eh oui, il s'agit bien de la magnifique perceuse-visseuse Black et Decker ASD 184 KB capable de régler elle-même son couple et à laquelle ses deux batteries lithium de 18 v assurent une autonomie fabuleuse. Et ce n'est pas tout ! Figurez vous que, comme par magie, cette prodigieuse machine s'arrête dès que la tête de votre vis est parvenue au niveau de la surface du support . Souhaiteriez-vous qu'elle s'enfonçât un peu plus ? Il vous suffira d'appuyer sur la « gâchette » et, à raison d'un quart de tour par pression, vous serez exaucé. Comment passer de la fonction de visseuse à celle de perceuse ? Rien n'est plus simple : une pression sur un bouton suffit ! Vous trouvez-vous dans un rabicoin sombre ? Qu'importe, une petite lampe est là qui viendra éclairer votre travail ! Astucieux, non ?

Mais me direz-vous une telle merveille doit coûter un bras voire la peau des rouleaux ? Eh bien non ! Le prix affiché est d'environ 160 € mais une offre promotionnelle le ramène à moins de 130 ! Dès lors comment pourrait-on continuer de déplorer l'état d'un monde où de tels outils sont proposés ? Bien sûr, s'en porter acquéreur ne se conçoit que lorsqu'on a bien des choses à visser ce qui se trouve être mon cas présent. La réfection du plancher, le doublage des murs de ma maison corrézienne vont bientôt m'offrir l'occasion d'en tester les performances comme la fiabilité qui, si elles s'avèrent à la hauteur de mes attentes, rendront mon bonheur complet.







samedi 12 mars 2016

Examen réussi !

Or donc, hier, je fus à Vire. Eh bien, je dois vous dire que les mœurs du Virois sont pour le moins surprenantes. J'allais y subir un examen. Rien de bien nouveau pour qui a passé 6 ans à l'Université. Pourtant je dois à la vérité de dire que je fus surpris.

L'examinateur vint me chercher dans la salle d'attente et m'amena dans une petite pièce dont il me demanda de fermer la porte au verrou, ce qui éveilla ma méfiance. Ensuite il me pria de me déshabiller. Je lui demandai de préciser de quels vêtements je devrais me défaire. De tous, répliqua-t-il. Je lui fis remarquer que nous ne nous connaissions qu'à peine. Pour toute réponse, je n'eus droit qu'à un rire, même pas sardonique. Il faut croire que de telles pratiques lui étaient familières. Docile, je m'exécutai. Et passai une sorte de chemise en sorte d'intissé que je déconseillerais aux Inuits d'adopter comme costume national.

L'être maléfique revint et, après un bref passage au toilettes m'invita à m'allonger sur une espèce de table, qui par la suite s'avéra coulissante et mener son prisonnier faire des aller-retours sous un anneau parlant. Mais avant que ne se déclenche ce système infernal, mon tourmenteur se livra sur ma personne à des manœuvres dont la décence m'interdit de préciser les détails mais dont le but avoué était de dilater mon côlon en y introduisant force gaz carbonique. Je ne fus cependant pas pris en traître vu que le bougre (le mot dans son acception littérale lui convient parfaitement) me prévint que l'expérience serait douloureuse.

Ensuite commença un curieux manège où, après m'être tour à tour placé sur le dos, le ventre, le côté droit puis le gauche, la table coulissa tandis qu'une voix m'intimait l'ordre d'inspirer, de retenir ma respiration et en fin d'aller-retour de respirer à nouveau. La séance ne dura qu'un quart d'heure mais serait à classer dans la catégorie qualifiée de « sale » parmi ces fractions d'heures. J'eus l'heureuse surprise de retrouver l'intégralité de mes vêtement et les remis avant de sortir (on a sa dignité, que diable!). Mon bourreau me demanda de me rendre dans la salle d'attente de l'entrée afin que le bon docteur me communiquât les résultats. J'espérais être reçu.

Quelques minutes après que je me fus assis, une personne sortit du bureau du médecin. Je crus alors innocemment que j'étais sur le point d'être invité à lui succéder. Mais en fait l'attente se prolongea plus d'une heure durant. A mesure que le temps passait, augmenta mon inquiétude. Quelles insignes anomalies le praticien avait-il décelées ? Avait-il contacté ses collègues pour qu'ils s'éberluassent sur icelles ? Le retard qu'il mettait à me convoquer était-il dû à la difficulté de totaliser les diverses lésions et autres métastases qui peuplaient mon côlon ?

La porte s'ouvrit et l'homme de l'art prononça mon nom avant de m'inviter à entrer. A la différence de mon organe artificiellement dilaté, je n'en menais pas large. Le brave homme commença par m'avouer qu'un anormal développement musculaire et de nombreux spasmes avaient rendu l'exploration de la partie basse de l'organe impossible mais que, vu que son collègue en gastro-entérologie était, lors de sa tentative malheureuse d'examen, parvenu à l'inspecter, je pouvais être rassuré : aucun cancer, pas le moindre polype à signaler. La prise d'un rendez-vous avec le prescripteur de l'examen était donc inutile. OUF !

Cependant, avant de le quitter je lui signifiai que tout cela était bel et bon mais que je ressentais tout de même au quotidien et depuis des lustres certaines douleurs qui sans faire que je me roulasse par terre n'en étaient pas moins dérangeantes. Il convint que celles-ci du fait de la dysmorphie des lieux et de la sensibilité de ses parois n'avaient rien d'étonnant mais qu'en l’occurrence à part prendre son mal en patience on ne pouvait rien y faire. Le syndrome du côlon irritable est un compagnon fidèle dont on ignore l'origine comme le remède. Me voilà rassuré.

Je vais donc bientôt pouvoir rejoindre la Corrèze pour m'y livrer aux plaisirs ineffables de la réfection de plancher. Elle est pas belle, la vie ?

jeudi 10 mars 2016

Tout ça, c'est la faute à Gerhard !




Gerhard Schmidt, prussien d'origine, dirigeait une unité de production pharmaceutique de la société Bayer en la bonne ville d'Épernon. Sous sa débonnaire férule officiaient deux chimistes anglais, Ann et John. Le couple britannique avait conçu une animosité certaine voire une certaine haine vis-à-vis de leur supérieur lequel les traitait avec ce mépris amusé que ressent parfois le Teuton vis-à-vis de nos voisins d'Outre-Manche.Il se trouva que je fus amené à faire profiter de mon savoir en Français Langue Étrangère au trio et que ma nature joviale fit que se développèrent entre les trois ennemis et moi des rapports amicaux. Situation quelque peu délicate car, durant les cours individuels que je leur dispensais ou lorsque l'un m'invitait en quelque bon restaurant ou que les autres me conviaient à dîner, j'étais inévitablement contraint d'entendre tout le mal que pensait chacun de la partie adverse tout en me gardant bien de prendre vis-à-vis des récriminations réciproques une position nette. Ménager la chèvre, le chou et jusqu'au cul de la crémière est un de mes rares talents...

Cette situation prit fin lorsque, avant de fermer, l'usine fut cédée à un concurrent. Gerhard retourna en Germanie prendre une retraite bien méritée ; Ann et John restèrent en France. Nous continuâmes donc à nous fréquenter tandis que je recevais au nouvel an de bons vœux de Leverkusen. Et puis les liens se distendirent, comme il est d'usage. Nous nous vîmes moins. Plus de cartes d'Outre-Rhin. Ainsi va la vie. Pourtant, un jour que je passais près d'Épernon, je m'arrêtai saluer mes amis anglais. Nous parlâmes de choses et d'autres autour d'un verre avant que la conversation ne vienne, comme de juste, à évoquer ce diable de Gerhard. Tandis que John ressassait son amertume, Ann l'interrompit en déclarant qu'on ne disait pas de mal des morts. Je crus avoir mal entendu et demandai confirmation de la triste nouvelle. Il me fut alors narré que, subissant une intervention chirurgicale, le brave homme ne s'était pas réveillé de l'anesthésie. Ainsi s'expliquait son silence.

Cette nouvelle provoqua en moi une allergie peu commune aux anesthésies, surtout générales. Car s'il y a une chose qui m'ennuierait au plus haut point c'est bien de ne pas voir la mort venir. A la différence de nombre de mes contemporains, je préférerais , quitte à souffrir, que sa venue me laisse le temps de m'organiser un peu : ranger mes papiers, faire un peu de ménage, indiquer les démarches utiles à effectuer par mon héritière, etc.

Demain, après l'échec de la tentative d'octobre dernier je vais donc subir une coloscopie virtuelle par scanner. Seulement, là où les choses se corsent, c'est qu'au cas où un ou des polypes seraient détectés (ce qui fut le cas il y a déjà quelques années de ça) il faudra les éliminer par voie endoscopique avec à la clé une anesthésie... Aurai-je reculé pour mieux sauter ? J'espère que non !

Quand je pense que si ce bon Gerhard n'avait pas eu l'idée saugrenue de mourir sur le billard ces angoisses m'eussent été épargnées, j'en viens à penser qu'il eût été préférable que nos rapports se fussent bornés au domaine strictement professionnel.

mercredi 9 mars 2016

Cinéma




Hier soir, je me suis régalé devant un film français ! Oui, je sais, c'est honteux. Mais, que voulez vous, quand on a l'âme mauvaise ça affecte tous les domaines. Je pourrais utiliser le terme par trop galvaudé de « chef d’œuvre » au sujet d'Une affaire de femmes que le bon M. Chabrol nous offrit en 1988 avec la délicieuse Isabelle Huppert* en vedette. Mais bon, plutôt qu'établir je-ne-sais quel hit parade, je me contente d'apprécier des films qui, comme les livres, ne suscitent pas mon mortel ennui et effacent la sensation du temps qu'ils occupent.

MM. Chabrol, Lelouch, Lautner, Blier, Leconte, Mocky, Becker, Chatiliez, de broca, par exemple, réalisent souvent ce tour de force comme le font quelques réalisateurs italiens ou anglais. On pourra m'objecter que les « divinités » de mon « Panthéon » sont bien vieillottes quand la mort ne nous en a pas privé. Et alors ? Je ne suis pas non plus de première fraîcheur, je suis de mon époque, comme le sont ceux qui me suivent et le seront d'autres suivants. Je ne ressens aucune tentation de jouer les gars dans le coup ni les curieux de tout.

De manière générale, mes goûts cinématographiques me portent vers la comédie. Je laisse le « sérieux » et l'exploration des sombres recoins de l'âme humaine à qui ça intéresse. C'est pourquoi quand des films comme le sus-mentionné ou La fille sur le pont parviennent à me captiver et je m'en trouve ravi autant que surpris.

Quoi qu'on en dise, la France ne manque pas de talents. Ceux que j'apprécie sont de « mon temps » mais il y en a certainement d'autres en gestation, qui finiront bien par éclore voire exploser. Et puis que nous propose-t-on d'autres ? Des âneries étasuniennes, en général, où des personnages sans consistance s'agitent comme vers coupés sur fond d'effets spéciaux ? Où de graves psychopathes filment une violence débridée autant que gratuite ? Je laisse ça aux amateurs d'une modernité qui tend à transmuer l'aberrant en norme.

Je suis un vieux con franchouillard, bien ranci, fier de l'être et si aveuglé qu'il ne saurait renoncer à la confiance qu'il place en l'avenir de son pays et de sa culture.

*Je dois devenir gâteux (ou sage?) avec l'âge. Je me souviens qu'il y a quelques décennies le parrain de ma fille m'étonnait par le culte qu'il déclarait vouer à cette actrice que j'avais tendance à trouver bien fade. En la voyant hier évoluer entre triste mère de famille prolétaire, joyeuse femme adultère débordante de vitalité et finalement condamnée en total désarroi sans rien perdre ni en conviction ni en cohérence, je me suis dit:quel talent !

vendredi 4 mars 2016

Curieuses manières



J'apprends avec étonnement qu'afin de protester contre l'évacuation de la « Jungle » de Calais ou la fermeture de la frontière macédonienne des « migrants » se cousent la bouche. Ces malheureux seraient Iraniens. Par delà la compassion qu'on peut ou non ressentir vis à vis de ces braves gens impatients d'aller s'installer dans des ghettos britanniques ou allemands, on ne peut que se trouver intrigué par cette manière curieuse d'exprimer son mécontentement. Ma surprise se mue en consternation quand je lis dans Le Parisien « huit migrants iraniens, selon deux responsables associatifs et deux selon la préfecture, se sont cousu la bouche avec des aiguilles et du fil. Une initiative renouvelée ce jeudi par neuf Iraniens, sans que l'on sache si parmi eux certains s'étaient déjà fait coudre la bouche la veille. La scène se passait, au milieu d'un attroupement, devant des photographes et cameramen, juste en face de l'abri de Médecins sans frontières.  Sur une pancarte, on pouvait lire en anglais «Est-ce que vous allez nous écouter, désormais ?»»

Qu'ils aient été deux, huit ou neuf ne présente guère d'intérêt. De même préciser que ladite couture fut effectuée à l'aide d'aiguilles et de fil me paraît superfétatoire car à part l'utilisation d'une machine, peu envisageable vu la nature et la configuration des pièces à joindre, c'est généralement à l'aide de ces deux éléments que ce genre d'opération s'effectue. Ce qui est consternant c'est le texte de la pancarte : avoir la bouche cousue empêchant de s'exprimer avec clarté, on voit mal comment une telle action pourrait faciliter l'écoute.

Le problème est donc au niveau symbolique. Pour nous, l'expression « motus et bouche cousue » est utilisée pour conseiller de taire un secret. N'oublions cependant pas que les revendications des « migrants » s'adressent aux Anglais qui ignorent une telle locution. Je me suis donc mis en devoir d'apprendre quelle(s) signification(s) pouvait avoir le fait de se coudre la bouche chez nos voisins d'Outre-Manche. Selon Wikipedia, version anglaise, cette curieuse pratique peut être motivée par des raisons esthétiques (!) ou religieuses ou constituer une manière de protestation. Vous pouvez grâce à elle vous donner une allure de zombie, chasser l'ennui, favoriser votre méditation, ou montrer à d'éventuels sceptiques que votre grève de la faim n'est pas du bidon.

Dans le cas qui nous intéresse (ou pas) il s'agit surtout d'impressionner. Les images bouleverseront les âmes sensibles, en ce qu'elles les ressentiront comme une manière désespérée d'exprimer une détresse abyssale. Reste à savoir si, au-delà de l'apparence, ces travaux d'aiguille sont réellement douloureux. Je me souviens, tout gosse, avoir assisté, à la fête du quartier de l'Union à Sartrouville, au spectacle d'un « fakir » qui se transperçait différentes partie du visage ou du corps à l'aide de fortes aiguilles. Intrigué autant qu'impressionné et toujours à l’affût d'une ânerie, je me mis en devoir de vérifier si l'exercice était ou non pénible. Armé d'aiguilles, je pus constater qu'on pouvait se transpercer les joues et bien d'autres endroits sans douleur et sans, heureusement pour moi, la moindre septicémie. Mon goût des expérimentations stupides s'étant émoussé avec le temps, je ne tenterai donc pas de me coudre la bouche. Je me contenterai d'exprimer des réserves sur le côté réellement dramatique de l'opération.

Quoi qu'il en soit, l'important est d'impressionner le bon peuple toujours avide de sensations fortes et d'apitoiement. De ce point de vue, il semble que la manœuvre ait réussi. S'il s'avérait que le geste est surtout symbolique et n'a rien de particulièrement héroïque, on finira par s'en lasser. Il faudra alors trouver du nouveau comme se broder les joues ou se piquer le nez... Ira-t-on jusqu'à s'arracher les ongles ? Permettez moi d'en douter.