..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 24 octobre 2014

Quel délinquant routier êtes-vous ?



Ce rapide test vous permettra d’apprendre, au cas où vous l'ignoreriez, si votre attitude vis-à-vis de la police de la route est adaptée et quelles peuvent en être les conséquences…


Le début des trois conversations est identique :

-          Bonjour Monsieur, Gendarmerie Nationale.
-          Veuillez arrêter le moteur et présenter les documents du véhicule, s’il vous plaît.
-          Bonjour Monsieur. Tenez, permis, carte grise, assuranceVous venez d’être contrôlé à 84 km/h sur une section de route limitée à 70 km/h. Je vais devoir vous verbaliser. Vous encourez  une amende de 90 € et le retrait d’un point sur votre permis.

Première suite

-          84 km/h, ça m’étonnerait !  Et n’importe comment, la route est droite, dégagée, la visibilité parfaite, je ne vois pas pourquoi ce tronçon serait limité à 70 km/h !
-          Je ne fais qu’appliquer la loi, monsieur, et vous, vous  devez la respecter.
-          Elle a bon dos, la loi ! Vous n’avez rien de mieux à faire de d’emmerder les honnêtes gens ? C’est moins dangereux que de s’occuper des délinquants, hein ? On se planque dans des endroits où n’existe aucun danger, et on rackette les conducteurs ! Vous faites un beau métier !  D’ailleurs, je l’paierai jamais votre PV de merde, j’ai le bras long, vous savez !
-          Je vous en prie, monsieur, gardez votre calme. Je vais vous demander de bien vouloir souffler dans cet éthylotest.
-          Etc…

Deuxième suite

-          84 km ! Excusez-moi, Monsieur, mais j’avais la tête ailleurs. J’étais un peu pressé car je ne voulais pas rater l’heure des visites à l’hôpital où je vais voir ma fille qui vient de subir une intervention chirurgicale…
-          Moi aussi j’ai des enfants, monsieur, mais si vous ne respectez pas les limites, un jour, c’est votre fille qui ira visiter son papa à l’hôpital. Ou au cimetière…
-          Je sais Monsieur, mais il arrive qu’on se laisse distraire.
-          Justement, cette sanction vous servira de leçon, j’espère et vous poussera à plus de concentration, c’est toute l’idée…
-          Etc.

Troisième suite

-          84 km/h ! Alors là !  mais j’étais 14 km au-dessus de la limite !  Ça alors ! Mais j’en suis rendu à faire n’importe quoi ! Je suis un vrai danger public ! Et vous dites qu’on va me retirer…
-          Un point.
-          Un seul petit point ? Et ça va me coûter combien ?
-          90 €
-          Seulement ? Mais c’est pas assez ! Vous êtes trop bon, mon colonel. (Lui tendant une grosse coupure) Tenez, pour vos enfants…
-          Je ne peux accepter, monsieur, en revanche, je vais vous demander de bien vouloir souffler dans cet éthylotest.
-          Etc.
 
Si vous vous reconnaissez dans la suite un, vous feriez mieux de vous taire et tout ce qu’on peut vous souhaiter, c’est que le test sera négatif  et que votre véhiculesoit en parfait état. Sinon vous allez être mal, TRÈS mal…

Si  c’est plutôt la suite deux qui vous ressemble, vous êtes une personne raisonnable et ça devrait bien se passer. Il arrive même que votre excuse émeuve le gendarme (personnellement j’ai évité de perdre trois points et 70 € grâce à une excuse plus ou moins valable…)

Si votre attitude est celle de la suite trois, Soit vous vous foutez du monde, soit vous devriez consulter. Espérons que le test sera négatif. En ce cas vous devriez vous en tirer bien : le métier de gendarme amène à fréquenter toutes sortes de malades mentaux.

jeudi 23 octobre 2014

Berthe au grand pied






Tout le monde le sait, Berthe (au grand pied) était femme de Pépin (le bref) et mère de Charles (le grand ou Carolus magnus) plus connu sous le nom de Charlemagne. Seulement, si on savait peu de choses de la vie de Bertrade de Laon (son véritable nom) on connaissait encore moins sa légende.  Car, qui de vous, érudits lecteurs, a lu les quelque trois mille cinq-cents vers du  Berte as grans piés d’Adenet Le Roi ?  Aucun ? C’est bien dommage, car l’histoire n’est pas commune.

Rémi Usseil, blogueur et savant amateur des chansons de geste de la Matière de France, a entrepris de pallier ce manque. Il s’en est suivi un ouvrage que vient de publier la société d’édition Les Belles Lettres et que je ne saurais trop vous encourager de découvrir.

Je ne vous dirai rien de l’intrigue sinon que les rebondissements, attendus ou surprenants, y abondent et que s’y mêlent  trahison, vertu, cupidité, bonté, perfidie,  piété, miracles, fidélité, rouerie,  amour, longues chevauchées, foi chrétienne, générosité, bref,  tous les ingrédients nécessaires au XIIIe siècle à une histoire digne de ce nom. Seuls y manquent les combats sanglants mais nous en plaindrons-nous ?

M. Usseil a pris le parti de nous conter  cette légende par le truchement d’un narrateur médiéval et cela n’est pas sans influence sur le style du récit : archaïsmes syntaxiques  et mots d’ancien français, sans nuire à la compréhension (un glossaire vous est aimablement fourni !), l’ancrent dans ce  Moyen Âge central qu’on a longtemps voulu faire passer pour obscurantiste mais qui produisit tant de merveilles architecturales et littéraires. Le récit s’agrémente de ci-de là de pièces en vers (octosyllabes, décasyllabes, alexandrins et mètres mêlés) qui s’y intègrent harmonieusement et participent avec bonheur à créer le « dépaysement temporel » souhaité par l’auteur.

Herbert George Wells avait jadis rêvé La Machine à explorer le temps… Rémi  Usseil vous invite aujourd’hui  à un voyage de découverte des temps carolingiens tels que les concevaient les trouvères du XIIIe siècle dont vous reviendrez, je l’espère, charmés comme moi.

J’allais oublier de le signaler mais le livre en tant qu’objet est très agréable : reliure, papier couché, typographie et iconographie font, alors qu’approchent les fêtes,  qu’il aurait toute sa place au pied du sapin…

mercredi 22 octobre 2014

Pour une évolution des pratiques médicales



Si le jet de M. de Margerie n’avait pas malencontreusement heurté un chasse-neige, la France continuerait d’être toute tourneboulée d’un  projet "audacieux" visant à permettre aux pharmaciens de vacciner leurs clients. Évidemment, ça pouvait choquer : on imaginait déjà  quelque pharmacien fou vacciner par surprise et en toute impunité d’innocents vieillards venus se procurer un flacon de Jouvence de l’Abbé Soury en vue de leur participation à un concours de rock acrobatique. Il n’en était rien : le vacciné devait être consentant.

Ce qui peut bien faire l’intérêt d’une telle réforme ne m’apparaît pas clairement. Il me semble que les déserts médicaux sont également des déserts pharmaceutiques. Si l’on souhaite vraiment remédier à la pénurie de personnel médical en milieu rural comme en quartiers « sensibles », ce n’est pas par des réformettes qu’on y parviendra. Si on souhaite économiser sur les dépenses médicales, il faut avoir recours à des catégories dont les coûts horaires sont notoirement plus bas que ceux des professionnels de santé.

Quand on y réfléchit bien, les affections cardiovasculaires, intestinales ou respiratoires sont généralement, à la base, des problèmes de tuyauterie. Or qui est mieux à même de s’occuper  de ce genre de soucis qu’un plombier ?

Vous avez un organe  (rein, vésicule, etc.) dont l’ablation mettrait fin à votre calvaire. Qui oserait dire qu’un boucher, un charcutier et surtout un tripier ne saurait vous en débarrasser vite fait sur le billot  ?

Pour les travaux plus grossiers d’amputation de membres pourquoi ne pas faire appel au bûcheron ?

Le boulanger traditionnel qui pétrit ses miches, ne pourrait-il pas se substituer dans bien des cas au kiné et s’occuper des vôtres ?

On mettra en avant que peuvent se produire lors de ces opérations certaines complications. Le nier serait se montrer léger voire inconséquent.  Cependant, c’est triste mais indéniable, les centres de soins traditionnels sont de véritables nids à microbes : 800 000 personnes y contractent chaque année des affections qui s’avèrent mortelles dans 4200 cas. Qui d’entre vous ou parmi votre entourage osera sérieusement affirmer avoir contracté une maladie nosocomiale après une visite chez son boucher, son boulanger ou suite à une intervention du plombier ? Où est l’insécurité ? Sans compter que grâce à  Internet, l’artisan consciencieux saura bien vite pallier ses légères lacunes techniques.

Voilà ce qu’il faudrait faire. Serai-je entendu ?

mardi 21 octobre 2014

Mise en garde !



Vous habitez Paris. Vous aimez fréquenter les bars de la Place Vendôme notamment ceux du Ritz, juste à côté du ministère de la justice. Vous attendez avec impatience l’arrivée du Beaujolais nouveau.  Plus que trente jours et vous pourrez déguster ce vin primeur si souvent et si injustement décrié !  Qu’importe ? Vous êtes plus soiffard qu’œnologue, tout ce que vous demandez à un pinard, c’est qu’il dépâte les dents, qu’il ramone et qu’il saoule bien.

C’est pourquoi il est utile que je vous avertisse au cas où, un prochain soir de dégustation vous étiez amené à rencontrer Christiane Taubira au bar de votre cantine. Admettons qu’en sortant du boulot, avant de regagner à vélo son domicile des Hauts-de-Seine, pour se donner du courage elle se soit dit  « Tiens, je m’en jetterais bien un p’it derrière la cravate, ça me requinquerait le tétiot et me raffermira les moltogommes ! ». En voyant  s’approcher du comptoir de l’Hemingway bar l’avenante ministre, vous sentez monter un vous un sentiment d’admiration éperdue ainsi, admettez-le, que les premiers signes d’un désir ardent. Qui vous en blâmerait ? On n’ est pas de bois, surtout après deux ou trois boutanches de beaujolpif… Or donc, surmontant votre habituelle réserve vous faites signe à la belle Christiane qu’un tabouret est libre auprès de vous et vous vous apprêtez à commander pour elle un gorgeon de ce  breuvage qui sait rendre moins morne cette fin de novembre.

Là, je dis  STOP ! Qu’alliez-vous faire, malheureux ?

Votre geste généreux est de ceux qui peuvent faire d’une vie un naufrage, vous mener dans un cul de basse-fosse dont vous sortirez brisé.   Que vous ne sachiez pas ce qu’est la macération carbonique et ses conséquences n’est pas un crime en soi. Seulement, cette fermentation enzymatique des raisins entiers qu’on applique au cépage Gamay à la base du Beaujolais a pour effet de développer une molécule nommée acétate d’isoamyle. « Qu’est-ce que ça peut me foutre ? » me rétorquerez-vous, ignorant que vous êtes. Car cette innocente molécule est celle qui donne au vin ce fameux arôme de banane !  Vous comprenez maintenant ? Offrir un breuvage ainsi aromatisé à celle que vous admirez tant constitue une insulte raciste que ne sauront manquer de relever les associations chargées de ce genre de poursuites.

Si faible que soit la probabilité d’une telle rencontre, avouez que je vous ai sauvé la mise. Ne me dites pas merci : rendre service à mon prochain est ma raison de vivre.