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samedi 30 août 2014

Comment définir les classes moyennes (et accessoirement les riches) ?



Définir ce que sont les classes moyennes est souvent dit malaisé. Il y a pourtant un moyen très simple de savoir si on y appartient ou non : consulter son avis d’imposition.

Cette année, notre bon gouvernement a décidé, dans sa grande bonté et face à la montée du  mécontentement d’une poignée de paranoïaques jugeant l’augmentation de la pression fiscale insupportable, de baisser la contribution des plus bas revenus. L’an prochain, c’est aux classes moyennes que l’on fera des cadeaux. Donc, si, a revenus égal votre impôt a un tout petit peu augmenté cette année vous faites partie des classes moyennes et vous pouvez toiser de la hauteur de votre statut social enviable la masse des défavorisés qui constituent les classes populaires. Bien qu’étant d’un naturel simple, en consultant mon avis ce matin, j’ai eu la joie de constater que j’appartenais au monde des privilégiés dont on pouvait sans remords augmenter les prélèvements. Et on ne s’en est pas privé : ma contribution au redressement de la France s’est élevée de 16.14% tandis que mes revenus ne baissaient que de quelques Euros. C’est beaucoup, ce n’est pas trop.  Les 6 organismes qui ont la gentillesse de me verser une retraite amènent mes revenus mensuels à une somme de 1500 € qui me permet de satisfaire mes goûts modestes. Je ne me plains donc pas. Si j’avais un logement à payer et de menus crédits, peut-être que la somme que l’on me prélève me chagrinerait mais ce n’est pas le cas. Et puis vu que depuis belle lurette je sais que socialisme  rime avec plus d’impôt, je n’en suis aucunement surpris.

L’an  prochain, nos généreux dirigeants combleront les classes moyennes de leur munificence. Nous saurons donc quelle est la limite supérieure de ces classes. Il est question de fixer ce plafond à deux fois le SMIC, soit environ 2200 € pour un célibataire.  Ainsi, lorsqu’on dispose d’un revenu supérieur  à ce seuil, quitte-t-on sans regret les médiocres pour rejoindre les gens aisés et peut-être même la catégorie aussi enviable qu’exécrée des riches. Il est vrai qu’avec 2201 € mensuels, notre nanti pourra, s’il habite Paris, déployer toute son aisance  dans un studio d’une vingtaine de mètres carrés à condition de bénéficier d’une bonne caution et de ne pas se montrer trop exigeant sur le quartier(les excentricités des nantis sont sans limites !).

Résumons-nous : si l’on considère que les réductions d’impôts de cette année n’ont concerné que ceux dont les revenus n’excédaient pas 1,1 fois le SMIC, les membres des classes moyennes ont un revenu situé entre 1200 et 2200 Euros pour un célibataire. A quelques dizaines d’Euros près, c’est la fourchette dans laquelle L’observatoire des inégalités inscrivait  ces classes en 2011. On ne peut donc pas dire que le gouvernement Valls se soit foulé la rate pour délimiter ses catégories. Riches, vous qui gagnez des sommes faramineuses, des 2300, 2500, 3000 €, tremblez !  Pour vous point de répit ! Faute d’être corvéables, vous demeurerez taillables à merci ! Car faute d’enrichir le pays, M. Hollande a su multiplier le nombre des riches qu’il poursuit de sa haine. Et cela grâce à l’idée simple que pour y parvenir il suffit d’abaisser le seuil à partir duquel on ne mérite aucune pitié.

Tweet of the twit


Eh oui, c’est bien le brave Jegoun alias M. BDG qui est l’auteur de ce tweet dénonçant mon racisme ordinaire et étalant ce faisant sa parfaite incapacité à comprendre des phrases simples. Notez au passage la profonde honnêteté intellectuelle  du conseil donné : "Ne lisez que la dernière phrase ". Priver une phrase de son contexte permet les interprétations les plus échevelées. Surtout aux handicapés de la comprenette.

Vu qu’il semble aimer les homonymies, je lui  en offre une nouvelle en titre. Les puristes me diront qu’il s’agit d’une homonymie imparfaite, vu que le i du premier terme est long et que celui du deuxième est bref. Ils auront parfaitement raison, mais vu que la quantité des voyelles échappe généralement aux Français, ça le fait.

Pour les non anglicistes je traduis : Le tweet du crétin. M. le BDG va pleurer, geindre, m’accuser de harcèlement, mais quand on tend des bâtons, il ne faut pas s’étonner de se faire battre.

vendredi 29 août 2014

Peut-on être mal-comprenant à ce point ?




« Vous me direz qu’on ne peut pas être à la fois au « genre », au Bled et au Bescherelle… »
 


Cette phrase sur laquelle se concluait mon billet d’hier, aurait été, si j’en crois un commentaire de l’ami Koltchak, considérée sur Twitter comme raciste. Les bras ne m’en sont pas tombés (sinon comment pourrai-je utiliser mon clavier ?) mais j’avoue que poussée à ce point la connerie atteint de relatifs sommets.

La formule, calquée sur « on ne peut pas être au four et au moulin », pour toute personne sensée signifie que le temps passé aux études de genre (entre autres inutiles fariboles) à l’école primaire l’est forcément aux dépens de celui qu’on pourrait consacrer à apprendre l’orthographe et la conjugaison.

Pour ne pas le comprendre, il faudrait ne pas avoir noté la majuscule de Bled, ignorer que depuis 1946 les ouvrages d’Édouard et d’Odette Bled, ont été et continuent d’être utilisés pour l’apprentissage de l’orthographe dans nos écoles et ce faisant se montrer bien ignorant de la culture française. Il est vrai qu’on tend à lui préférer aujourd’hui la collection O.R.T.H. de Jean Guyon mais,  que voulez-vous, je suis de mon époque et qu’on le veuille ou non les Bled demeurent auprès de beaucoup bien plus célèbres que les O.R.T.H. .

Le Bled se trouvant associé au Bescherelle, manuel de conjugaison dont la première édition remonte à 1842 et qui continue d’être la référence en la matière, tout contresens quand à sa nature demanderait une aptitude à l’incompréhension particulièrement développée.

Quoi qu’il en soit comprendre que ma phrase puisse contenir la moindre allusion au bled, intérieur des terres au Maghreb mais aussi synonyme de patelin ou de trou (j’habite personnellement un bled perdu) est absurde. Elle supposerait que j’oppose les « études du genre » à je ne sais quel séjour au bled qui nuirait au niveau d’information en ce domaine de ceux qui le feraient. Que viendrait dans ce cas faire Bescherelle là dedans ? A moins que l’on ne suppose que le Bescherelle désigne de manière péjorative la campagne mongole ou papoue. Personnellement, je n’ai jamais entendu prononcer la phrase « Retourne dans ton Bescherelle, sale Papou (ou Mongol) ».

Mais je m’emporte, je m’emporte. Peut-être ai-je mal compris le commentaire de Koltchak ? Peut-être qu’il n’existe personne d’assez stupide pour voir quoi que ce soit de raciste dans ma phrase ? Je dois confesser que je l’espère.

jeudi 28 août 2014

Kozon ortograf



J’ai eu la joie de trouver hier, dans ma boîte à lettres une carte que ma fille m’envoyait de Fontenay, abbaye cistercienne bourguignonne. Outre le plaisir que procure toujours une pensée et la satisfaction qu’on retire de voir que le goût pour les visites de monuments qu’on lui a inculqué dès son enfance demeure partagé par une quasi-trentenaire, j’ai eu la surprise de voir que la douzaine de lignes qui en couvrait le verso était exempte de fautes d’orthographe.

Ma fille appartient à une génération à laquelle on a négligé d’enseigner  la morphologie comme les règles qui régissent les accords grammaticaux. Lorsque, un peu inquiet du nombre de fautes qu’elle commettait, j’essayais de lui rappeler telle ou telle règle, j’ai maintes fois pu constater que cela la laissait aussi perplexe qu’une poule à laquelle on aurait offert un couteau suisse. De plus, du fait que l’on n’avait jamais particulièrement insisté sur l’orthographe au cours de sa scolarité, elle ne semblait pas accorder grande importance à une discipline qui, selon la formule attribuée à Napoléon « est la science des ânes ».  Cette formule peu élogieuse, aurait, dit-on, été créée pour excuser la piètre orthographe de l’empereur. Elle est cependant à double tranchant car ne pas maîtriser ce dont une bête supposée stupide est capable fait de vous son inférieur…

On pourrait adresser à l’orthographe française dont l’évolution complexe est en partie liée à celle de la centralisation de l’état de nombreux reproches parfois justifiés. Si le français a choisi une orthographe plus étymologique que phonétique, contrairement aux autres langues romanes, ce n’est pas toujours sans raisons. Du fait du renforcement de l’accent tonique sous l’influence des envahisseurs germains, les syllabes finales latines se sont amuïes donnant naissance à de nombreux homophones comme vers (à la fois préposition, poétique et lombric), vair (dont on fait les pantoufles), verre (matière), vert (couleur). Il est évident que le contexte permet généralement de lever l’ambiguïté car si on vous offre un verre, vous ne vous attendez pas à recevoir un asticot.  Toutefois,  une orthographe phonétique exige une certaine homogénéité des accents et aussi l’abandon de formes patoisantes, ce qui, jusqu’à une époque récente n’était pas le cas (et ne l’est toujours pas dans certaines régions au point qu’un Ch’timi  et un Béarnais  pur sucre auraient bien du mal à communiquer s’ils écrivaient phonétiquement). Que le choix fait ait été phonétique ou étymologique, il n’empêche que l’orthographe est toujours normative et facilite la compréhension écrite.  La réformer en profondeur n’aurait pour effet que de perturber les lecteurs habitués aux anciennes graphies et ne dispenserait en aucun cas les nouveaux utilisateurs d’apprendre les nouvelles.

On m’objectera que l’on peut très bien communiquer par un langage SMS fait d’abréviations, de phonétique, de mots anglais plus courts, d’épellations ou de rébus typographiques. Certes. Mais je crains que cette possibilité soit liée au contenu : il s’agit de faire part d’informations ou d’émotions simples, excluant style, mots rares ou nuances, bref d’un système de base adapté aux  messages de base.

De plus, et ce n’est pas négligeable, la dysorthographie est un marqueur social. Une lettre bourrée de fautes classe son auteur dans la catégorie des rustres y compris pour ceux qui font autant d’erreurs que lui tant il est commun de voir les fautes des autres sans remarquer les siennes. A mes élèves qui mettaient en avant le « fond » de leurs textes pour en excuser la piètre forme, j’opposais la métaphore qui suit : « Que diriez-vous d’un homme (ou d’une femme) portant des vêtements de bonne coupe et de belle étoffe qui seraient maculés de taches aussi diverses que nombreuses ? Que c’est un (e) élégant ( e) ou un (e) cochon (ne)? »

Résumons-nous : l’orthographe conservant toute son importance, ne serait-il pas préférable de lui rendre la place qu’elle mérite dans les cursus primaire et secondaire plutôt que d’obliger les jeunes à faire ensuite de grands efforts pour la maîtriser, conscients qu’ils sont devenus de l’importance sociale (et professionnelle) qui s’y attache ? Vous me direz qu’on ne peut pas être à la fois au « genre », au Bled et au Bescherelle…