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lundi 17 juin 2013

Des Grands Prêtres et (accessoirement) de leurs vicaires



Tout le monde en convient : nous avons la gauche la plus intelligente du monde, qu’elle soit de gouvernement, de presse ou de justice.  Ce que l’on oublie souvent de souligner,  c’est  la remarquable solidité de son argumentaire. Ainsi, lors de la malheureuse rixe qui vit la triste fin d’un valeureux héros antifasciste eûmes-nous droit à un festival de bon sens.

Du haut de leur chaires médiatiques les Grands Prêtres du bien penser expliquèrent comment différencier le bon du mauvais extrémiste. Le bon extrémiste, de gauche comme il se doit, lutte pour la justice, l’égalité et finalement le bonheur universel. Le mauvais, de droite bien sûr, milite pour le rejet, la haine et la destruction de tout ce qu’il y a de beau dans la société que la gauche nous mitonne.

Des voix, dont la mienne,  s’élevèrent pour renvoyer dos à dos ces groupes de nazes. Leur message fut dûment stigmatisé comme extrême-droitier, pathétique tentative de minimiser  les fautes des skins et de salir les valeureux défenseurs de la démocratie.

Hélas, hélas, trois fois hélas, si bon soit-il, le grain qui tombe sur un sol stérile ne germera pas. Il en va de même de la sainte parole de nos Grands Prêtres. Si honnête, si noble, si juste que soit leur parole, quand elle tombe dans l’oreille d’un sourd elle a l’effet d’un pet dans la toundra.

J’en veux pour preuve le récent sondage du CSA pour Atlantico. A la question : « Selon vous, les groupuscules d’extrême gauche sont-ils plus dangereux, moins dangereux ou ni plus ni moins dangereux que la démocratie que les groupuscules d’extrême droite ? » 58 % des personnes interrogées répondirent  les trouver également dangereux. Elles furent même 15% à les juger plus dangereux alors que seuls 19%, suivant la parole sacrée, les trouvaient moins dangereux (ce qui au passage ne les exempte aucunement de représenter un danger).

C’est lamentable ! On pourra dire, à juste titre qu’Atlantico appartient au clan du mal ou que chez CSA les sondeurs sont des branquignols. On pourra déclarer, et le vicaire délégué par la gauche pour commenter ces résultats ne s’en prive pas, que la question est mal posée. Ecoutons donc Nicolas Lebourg, journaliste au Nouvel Obs et par conséquent porteur de vérités incontestables :  «Je crains que la formulation « groupuscules extrémistes » ne donne un fort biais. Si on demandait aux sondés s'ils considèrent comme équivalent  (sic) des formations politiques qui pour les unes prônent un nationalisme ethnique et un Etat ne reconnaissant pas les libertés fondamentales, et pour les autres des moyens certes extra-légaux mais visant à instaurer une société égalitaire je suis moins que certain que l'on aurait les mêmes représentations. »  Il est vrai que si on leur posait une autre question les réponses seraient différentes. Nul doute que si on leur demandait de comparer  un week-end gratuit dans un « Relais et châteaux » à un bon coup de pelle à travers tronche, ils seraient peu à dire n’y voir aucune différence. M. Lebourg récite bien son catéchisme, cependant, s’il en a l’étoffe, il n’en a pas encore atteint l’excellence argumentative du Grand Prêtre. Il semble n’avoir pas saisi que la question portait sur la dangerosité respective de groupuscules et non sur la préférence que l’on pourrait montrer entre croiser le chemin d’un agneau farceur ou d’un tigre mangeur d’homme.

Curieusement, ce sondage ne s’est pas vu offert tout la publicité qu’on aurait pu attendre. Aurait-il surpris la vigilance de nos Grands Prêtres et de leurs zélés vicaires ?  Ou bien, animés par une charité toute socialiste, n’ont-ils pas souhaité étaler au grand jour l’inconscience de leurs ouailles ? A moins que, conscients du fait que leurs sermons ne sont pas plus écoutés qu’un Guillot criant « A la coquecigrue ! », ne nous informent-ils que de ce qui va dans leur sens ?

dimanche 16 juin 2013

Égalité mon cul !



L’Égalité, voilà une belle revendication. Elle est même si magnifique qu’il n’est même pas nécessaire d’en expliciter le contenu. Oh, il y a bien quelques précisions données ça et là. On parle d’égalité des chances, d’égalité des droits. On lutte beaucoup contre les inégalités salariales. Entre hommes et femmes, entre dirigeants et salariés de base. On ne va  quand même pas  jusqu’à revendiquer une égalité totale, faut pas déconner.

C’est surtout au niveau des droits qu’on la voudrait parfaite. Ça paraît plus facile à atteindre. Mais il y a la réalité. En matière de justice, comment voulez-vous qu’aux yeux d’un juge rouge (car il y en a) un puissant soit traité avec autant d’égards qu’un misérable ?

En termes d’égalité des chances, c’est également très théorique. Quel que soit le domaine, si chacun est censé être en mesure d’entrer dans la danse, les dons sont inégaux. Que ce soit pour le marathon olympique, l’entrée dans une grande école ou la course au pognon, même si tout le monde s’y essaie, seuls les  meilleurs évitent le ridicule.

En matière d’égalité d’accès aux soins, même tabac.  Si elle existe ça fait une belle jambe aux bien portants comme aux incurables.

Même en admettant qu’on parvienne à une égalité de droits ou économique, cela ne résoudrait rien : on serait toujours inégaux en matière de santé, de beauté, de taille, de poids, de culture, d’intelligence, d’agilité corporelle, de handicap et de tas d’autres domaines.  Ce qui ne va pas sans engendrer frustrations, complexes et mal-être divers.

Si on pousse le désir d’Égalité à son extrême la solution consisterait à ne plus avoir que des êtres semblables en tout point. Ce qui n’empêcherait de petites disparités ne serait-ce que de sexe et d’âge. A moins de parvenir à développer des hermaphrodites éternels venant au monde sans connaître l’enfance, bien entendu.

Personnellement, je ne trouve à l’Égalité deux principaux inconvénients : ceux d’être totalement impossible et de manquer d’intérêt.

A l’Égalité, je préfère la diversité. Qu’importe que tel ou tel soit plus ceci ou moins cela que moi ? Je ne passe pas mon temps à me définir par rapport à autrui. Je fais ce que je peux avec ce que j’ai. Et bizarrement, ça me suffit.

vendredi 14 juin 2013

Parce qu’il n’y a pas que le genre et les antifas dans la vie…



A la question : faut-il cultiver notre jardin ? Ma réponse est évidemment oui. Malheureusement, si lorsqu’on dispose d’un ordinateur, d’une connexion Internet et d’un toit étanche abritant les deux, on peut d’adonner aux joies du bavardage par tout temps, une météo inclémente s’oppose à ce que l’on travaille au jardin.

Un proverbe africain ou moldave, enfin un proverbe, dit que  « La terre ne nous appartient pas [mais que] nous l’empruntons à nos enfants ». Soit. Le problème c’est que les propriétaires ne s’occupent pas de leur bien. Si je comptais sur ma fille pour entretenir  et désherber  les plates-bandes, je crains que mes cultures n’étouffent sous les ordures. Ah ces proprios !

La relecture accidentelle d’un billet de l’an dernier m’a rappelé qu’en matière de pourriture, ce printemps n’a rien à envier au précédent.  Pourtant la nature est têtue et, pour peu qu’on s’en occupe  chaque fois que le temps le permet, elle continue de produire.
 
C’est ainsi que :

le jardin continue d'être fleuri...


les roses s'apprêtent à éclore...





glaïeuls et dahlias annoncent notre indépendance florale...
  Côté comestibles ( spéciale dédicace à Grandpas)...



Les pois sont en fleurs...




les fèves aussi....


imitées par les aubergines....




les cerises grossissent...


les tomates...





et les poivrons aussi...




et les premières fraises murissent.

Quand aux 180 pieds de patates, ils sont bien prometteurs.


jeudi 13 juin 2013

Ai-je bon genre ?

Les mystères de Word sont profonds : Je viens de récupérer par je ne sais quel miracle le texte original de mon billet sur le genre ! Comme disait  Vialatte, c'est pourquoi Allah est grand.

Je le remets en circulation pour l'anecdote. Les débats d'aujourd'hui m'auraient fait le modifier légèrement mais sur le fond pas grand chose à changer.



La « Théorie du genre » n’existe pas. Dont acte. Tout ce qui existe sont les « gender studies » ou « études sur le (ou du) genre ». Soit.  Personnellement je me fous complètement des termes. Si j’ai bien compris la manœuvre, on naîtrait avec un sexe biologique (homme ou femme) et l’environnement culturel ainsi  que le conditionnement qu’il entraîne amènerait à développer une identité sexuelle ou genre (masculin ou féminin). Resoit.

Voici ce que je lis chez la gentille Élooooody (car je me renseigne avant de causer) : « le genre dont je te parle moi, ce n'est pas le sexe biologique, mais la construction de l'identité socio-sexuée: celle que la société nous inculque ou nous impose en fonction de notre sexe biologique. ». Suit une  une liste des stéréotypes  imposés, selon elle, par la société selon que vous serez  puissant (homme) ou misérable (femme).  L’homme se doit d’être brutal, de porter des pantalons, de ne pas pleurer etc. La femme, au contraire, ne saurait être que douce, porte des robes, apprend à cuisiner, reste calme et peut chialer tout son soûl…

Ouais. Je suis en partie d’accord et pas. Nier que  bien des aspects des comportements masculins et féminins soient d’origine purement culturelle demande un niveau d’aveuglement supérieur au mien. Que la société favorise le développement de comportement archétypaux chez les individus de chacun des deux sexes est  indéniable  comme il serait absurde de refuser d’admettre que certains types de comportements sont liés au sexe biologique. Il est toujours difficile, tant ils sont intriqués chez un être aussi culturel que l’humain, de distinguer l’inné de l’acquis et le naturel du culturel. Si les « études du (ou sur le) genre" visent à éliminer du domaine « naturel » ce qui est évidemment culturel, pourquoi pas ?

Il y a cependant quelque chose qui me chiffonne là dedans. J’ai suffisamment vécu et rencontré de gens divers pour me rendre compte que s’approcher des comportements archétypaux  est peut-être un but pour certains mais que les individus  sont dans leur immense majorité bien plus complexes et que même ceux qui les visent ne leur atteignent jamais entièrement.

Si je prends l’exemple que je connais le mieux, c'est-à-dire moi-même, je m’aperçois qu’ayant toujours préféré la compagnie des femmes à celles des hommes (et de manière pas toujours désintéressée), ayant une aversion certaine pour le foot, n’ayant jamais compté sur mes compagnes successives (et pour cause dans certains cas !) pour cuisiner, faire le ménage,  repasser ou  laver mon linge, j’aurais bien des côtés « féminins » que ne laisse pas deviner ma voix.  Par d’autres aspects, mon comportement est parfaitement « masculin ».  Ayant eu le bonheur de fréquenter quelques femmes de près j’ai pu constater  que la douceur, le gout pour la cuisine ni même la capacité à répandre des larmes n’est pas l’apanage de toutes.

Tout ça pour dire qu’à mon sens, chaque personne, quel que soit son sexe biologique, reste  un individu, résultat d’une interaction entre nature, culture ambiante, milieu familial, environnement social  et histoire personnelle. C’est pourquoi il développe des comportements plus ou moins marqués comme « masculins » ou « féminins », que ceux-ci ne sont pas nécessairement liés à ses préférences sexuelles et que le rattacher à un « genre » est aussi arbitraire que de tenter de l’enfermer dans un comportement découlant naturellement de son sexe.

Maintenant, je doute fortement que l’école ait à s’occuper de ce genre de problème.  Ne serait-ce que parce que lutter contre l’homophobie, le sexisme, le machisme, le féminisme (ben oui, si  on est logique) n’est pas une de ses priorités à l’heure où un enfant sur cinq entre en sixième sans savoir bien lire,  écrire ni compter.

 Et surtout  parce qu’assigner à l’école le rôle de formater l’esprit des enfants de quelque manière que ce soit a toujours été le fait de systèmes  totalitaires qu’ils soient religieux ou politiques. Sans compter qu’en cas de conflit entre l’idéologie scolaire et celle de la famille, les risques de perturber l’enfant sont grands. L’évolution des mentalités suit « naturellement »  l’évolution des structures sociales, vouloir les brusquer ou les arrêter n’est pas forcément utile ni souhaitable. Encore faut-il pour admettre cela faire confiance à la vie et non à la loi, à la répression « moralisatrice » et au formatage des consciences. Ce que d’un certain bord de l’échiquier politique on est incapable d’envisager.