Le 28 octobre dernier, terminant la revue de son dernier livre, voici ce que j’écrivais ici au sujet d’Éric Zemmour : « Loin d’être son ennemi, saluant son talent et son engagement sans faille, j’apprécie l’écrivain comme le débatteur et n’aurais à aucun prix raté ses éditos de Face à l’info. De là à penser qu’il a l’étoffe d’un président, il y a un pas que j’hésite à franchir. J’y reviendrai peut-être. ».
Six mois ont passé et j’y reviens. Ma religion et faite : Non seulement M. Zemmour n’est pas taillé pour occuper la magistrature suprême mais il ne me semble pas avoir les qualités nécessaire pour devenir un politicien fût-ce de second plan. De cela, il a donné une preuve éclatante au soir du 24 avril. En déclarant que c’était « la 8e fois que la défaite frapp[ait] le nom de Le Pen » avant d’appeler à l’union du bloc national, il a démontré non seulement qu’il manquait de sens politique mais aussi du plus élémentaire bon sens. Comment pouvait-il rêver qu’en fustigeant pour la Énième fois l’incapacité à gagner de Mme Le Pen au lieu de saluer sa progression, il pouvait appeler à une quelconque alliance avec celle, que ça lui plaise ou non, ralliait le gros des troupes « nationales » autour d’elle ?
Il ne faudrait pas que M. Zemmour oublie que s’il a pu un temps mobiliser une partie non négligeable de l’opinion française autour des thèmes de l’immigration ou de l’identité française, c’est qu’avant lui, depuis 50 ans, les Le Pen père et fille lui avaient préparé le terrain en « lepenisant » les esprits comme aiment à le dire les « de gauche ». Il ne faudrait pas non plus qu’il oublie qu’au plus haut de sa popularité, quand la mode était, chez les cadres du RN, à la trahison, les sondages lui prédisaient cependant une défaite bien plus cuisante face à M. Macron que la concurrente qu’il méprise tant. Il faudrait encore moins qu’il oublie qu’il fait partie des élites qu’il fustige, qu’il ne peut regrouper autour de lui que des droitards CSP+, qu’on le voit mal enthousiasmer les cités ouvrières du Pas-de-Calais, bref que sa base est trop réduite pour ne serait-ce que s’approcher d’une forte minorité.
Les jolis meetings, les enthousiastes adhésions qui font passer votre parti du néant à la première place c’est excellent pour vous développer le melon mais ça ne suffit pas pour vous donner une assise populaire.
Marion* Maréchal-pas-Le-pen, se voit contrainte de voler au secours du petit Éric en arguant, sondage à l’appui, que faute d’union du bloc national, le RN n’obtiendrait que quelques sièges alors que dans le cas contraire ce serait le succès que voici :
Comme si les électeurs de DLF et Reconquête ! risquaient de voter Mélenchon ou Macron. Je crains que l’avenir politique de M. Zemmour ne soit sombre et qu’il doive songer à une reconversion vu qu’en tant que « polémiste » M. Bock-Côté a pris sa place avec un brio qui devrait rendre un retour délicat.
Espérons qu’un sort cruel et ironique ne le contraindra pas à se faire poissonnier sur les marchés du 9-3 !
*Probablement ainsi prénommée en l’honneur de sa chère tante Marine dont c’est le véritable prénom.