..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 13 avril 2022

Limites et dangers de la diabolisation

 


Ça y est : la machine à diaboliser est remise en marche. Elle est même passée du point mort à la surmultipliée ce qui la rend un peu poussive. Il faut dire que les efforts fantastiques qu’on lui a demandés en 2002 l’avaient déjà bien fatiguée, au point qu’en 2017 elle commençait à montrer des signes de faiblesse. On peut donc penser que cinq ans plus tard son fonctionnement sera encore moins performant. Le pire serait qu’elle tombe irrémédiablement en panne.

Faute d’avoir des arguments sur les sujets qui fâchent (insécurité, immigration) ou de convaincre sur la croissance fabuleuse du pouvoir d’achat qu’on lui doit, le foutriquet qui nous tient lieu de président n’a pas d’autre choix que de la redémarrer, un peu comme un automobiliste qui faute d’avoir les moyens de s’en acheter un autre se ruine en réparations d’un véhicule moribond. Évidemment, ministres et godillots de service lui emboîtent le pas et vitupèrent le danger fasciste qui menace notre pays « ruisselant de lait et de miel » et le ramener aux HLPSDNH. Chef et larbins font ça avec une touchante ingénuité dont seul un cœur de pierre ne saurait s’émouvoir. Ça ne convainc peut-être pas tout le monde, ça manque de nouveauté mais ne pas saluer leur effort serait mesquin.

Le problème, quand on radote, c’est que dans un premier temps on lasse et qu’ensuite on n’écoute plus. Les illusionnistes qui font sempiternellement les même vieux tours dont tout le monde connaît les ficelles finissent par être boudés.

Ce sera difficile mais les diabolisateurs sont condamnés au succès. Car s’ils ne parviennent pas à réduire leur cible à un score très faible, si leur ennemie gagne ou même s’approche peu ou prou de la moitié des suffrages, ils se décrédibiliseront et, plus ils se seront montrés offensants vis-à-vis du vote qu’ils honnissent, plus les électeurs qui ne les auront pas suivis leur tiendront rigueur de leurs attaques.

De plus, il ne faudrait pas oublier que la présidentielle sera suivie de législatives où, en cas d’échec de leur manœuvre, dans bien des endroits, pour faire front à l’« ennemi », on se trouvera contraint à nouer des alliances non seulement entre la carpe et le lapin mais où l’asticot et la carotte devront les rejoindre. Les différentes parties y sont-elles prêtes ? Si oui, y régnera-t-il l’harmonie ? Seront-elles seulement crédibles ?

Nous verrons tout cela dans un proche avenir, toutefois, je me permets d’émettre des doutes quant à l’efficacité de ce choix stratégique.

mardi 12 avril 2022

Un pet dans la toundra !

 


Antiphrasons un peu :L’univers tout entier en est bouleversifié ! Au quatre coins du monde les téléphones s’affolent dans les chancelleries ! Il s’est exprimé sur Facebook ! Sarkozy va voter Macron ! Quel événement ! Quelle surprise surtout ! Qui, il y a quelques heures seulement aurait pu envisager pareille nouvelle ?

J’entends une « responsable » LREM déclarer dans le poste qu’il s’agit de rien moins qu’une « déflagration ». Et si ce n’était qu’un discret pet dans la toundra avec toutes les conséquences que peut engendrer un jour de grand vent une modeste flatulence dans ces immensités glacées ?

Ce ralliement me semble en effet insignifiant. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que depuis avant le deuxième tour de 2017, des membres éminents des LR qui furent dûment récompensés par des postes éminent avaient rejoint M. Macron et que nombre d’autres leur avaient ensuite emboîté le pas. Ensuite parce que l’électorat Macron-compatible de LR avait pratiqué le vote utile dès le premier tour, réduisant leur candidate à la mendicité. Enfin parce qu’en un quinquennat, l’influence de M. Sarkozy sur la droite s’est grandement réduite.

C’est avec enthousiasme que j’avais, au soir du 6 mai 2007, accueilli la nouvelle de sa victoire . Mon père et ma fille m’avaient d’ailleurs téléphoné pour partager une commune joie (dans la famille, le gauchisme est généralement tempéré !). On allait voir ce qu’on allait voir ! La racaille n’en mènerait pas large ! Le kärcher, peut-être même la kalach, allaient entrer en action ! Finie la rigolade !

Pour ce qui est de voir, on a vu ! Suppression de la « double peine », gouvernement d’ouverture, il nous a gâtés-pourris, le salopard ! Du coup, en 2012, comme beaucoup, je suis rentré au bercail. Il avait bien tenté de nous refaire le coup de 2007 lors de sa campagne, mais comme, pour citer Émile*, « On peut tromper une personne mille fois, on peut tromper mille personne une fois mais on ne peut pas tromper mille personnes mille fois ». Et encore moins des millions de personnes mille fois. C’est à reculons, histoire de faire barrage au ridicule Hollande, que je suis allé voter pour lui au deuxième tour.

Que représente M. Sarkozy aujourd’hui ? Aucune division. Quelques maigres bataillons peut-être. Qu’incarne-t-il ? Pas grand-chose si ce n’est l’opportunisme et la trahison.

* Dans La Cité de la peur

lundi 11 avril 2022

Français, ressaisissez vous !

 


Tout lecteur voyant dans ce qui suit une série d’antiphrases serait malicieux.


Notre pays vit des jours paisibles. Ce n’est pas en Douce France que l’on verrait quotidiennement des affrontements entre des « jeunes » et la police dans nos pimpantes banlieues , des émeutes gauchistes pour un oui, un non ou un p’t’êt’ ben qu’oui, p’t’êt’ ben qu’non, l’arrivée par millions d’éléments allogènes ne cherchant aucunement à s’assimiler à sa population d’origine, qu’on verrait dans la capitale des regroupements de drogués rendre la vie des riverains insupportable, des écoles dont le niveau des savoirs de base baisse inéluctablement et où l’indiscipline règne en maîtresse, du chômage de masse, une précarité grandissante, les théories les plus absurdes venues d’Outre-Atlantique envahir l’espace médiatico- « culturel », des jeunes et moins jeunes suppliant à genoux les joueurs de flûte de les conduire à la noyade, des gens s’étant enfuis de pays de misère cracher sur celui qui les accueille, un peuple où se perd tout respect de toute autorité, une délinquance en croissance durable, etc.

Rien de tout ça dans cet Eden à ciel azuréen qu’est devenu notre cher pays grâce à des gouvernants sages et efficaces que le monde entier admire et nous envie.

Hélas, une terrible menace plane sur notre félicité,  portée par une personne ayant tous les maux énumérés ci-dessus et même de plus honteux pour seuls projets. Curieusement, il arrive qu’un excès de bonheur tranquille corrompe les esprits faibles et que nombre d’entre eux quittent la raison pour la folie, le confort pour l’aventure, l’harmonie pour la discorde, les sages gouvernants pour les apprentis sorciers, bref choisissent le chaos. Il faut empêcher à tout prix que cette menace sorte des urnes !

Ce chaos que nous promettent les sages politiciens avec d’autant plus d’assurance qu’ils sont prêts à tout pour l’organiser, les gens sensés de ce pays ne sauraient en vouloir ! Il faut à tout prix l’éviter.

Luttez pour que votre bonheur comme celui de vos enfants perdure ! Réveillez vous, braves gens ! Vous aurez dans les mains le 24 de ce mois une arme salutaire, un billet gratuit vers le bonheur  durable :

VOTEZ MACRON !

dimanche 10 avril 2022

Le commandant S.

 En prolongement de mon article d'hier, je recycle ce texte publié le 5 décembre 2011. Il montre clairement, je pense, que la guerre n'est jamais une affaire de boy-scouts et de jolis sentiments.

Quand il est entré au Canari, ma cantine d’alors, nous étions en train de prendre l’apéro avec Susan, mon amie. De taille moyenne, la quarantaine robuste, le gaillard portait un stetson d’un blanc immaculé comme son costume trois pièces, cravate noire et tenait à la main une canne à fin pommeau d’or. Une élégance rare, celle d’un gentleman sorti tout droit de Dixieland. A un détail près cependant : il était noir. Ce qui n’avait rien d’étonnant, vu que nous étions à Thiès, au Sénégal.

Il salua à la cantonade, et je ne sais comment, s’invita ensuite à notre table, s’enquit de savoir si nous déjeunerions ici et nous proposa de partager notre repas avec sa compagne, jolie métis afro-asiatique qui venait de le rejoindre et sur la profession de laquelle ne s’interrogeraient que ceux qui pensent que les filles qu’ont voit court-vêtues au bord des routes sont tombées en panne avec leur fourgon et font du stop. L’homme m’intriguant, j’acceptai volontiers.

Il se présenta : Commandant S. De naturel rigolard, avant de nous raconter sa vie, il nous demanda qui nous étions, ce que nous faisions, et chacune de nos réponses déclenchait son hilarité. Il ponctuait ses rires d’un « Décidément, je suis formidable !» sans que nous voyions clairement ce qui pouvait justifier ces envolées d’autosatisfaction. Cette phrase allait au fur à mesure de l’avancement du repas et de nos libations, devenir un véritable leitmotiv. Il l’accompagnait parfois d’une pression de la main sur le genou de ma compagne, ce qui me m’agaçait un peu. J’étais très jeune.

Le commandant nous raconta, avec moult éclats de rires, qu’il avait été dans l’armée française avant que l’indépendance lui fasse rejoindre celle du Sénégal. Tout cela était bougrement réjouissant. Il avait bien entendu fait la guerre d’Algérie. C’est à ce point que son récit se fit rude. Il nous raconta qu’il lui arrivait, avec ses hommes de traverser des villages. Les femmes sortaient pour voir passer l’armée et poussaient des youyous. Seulement, sous leurs amples robes qu’est-ce qui garantissait que ne se cachait pas un terroriste prêt à faire feu ou à lancer une grenade sur le convoi ? Prudence étant mère de sûreté, il nous expliqua, hilare, que sa troupe tirait dans le tas !

Décidément, le commandant S. était formidable !

samedi 9 avril 2022

Crimes de guerre (2)

 Le monument dont je parle. A noter à droite, inexplosée, une des centaines de bombes 

qui tombèrent sur la ville

Une chose m’étonne : la façon dont les commentateurs se montrent horrifiés par les nouvelles venant d’Ukraine. On parle de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, le président ukrainien va jusqu’à utiliser le terme de génocide. On assimile le président russe aux pires dictateurs de l’histoire du XXe siècle et l’ukrainien à Saint François d’Assise. Tout ça me paraît bien ingénu, comme si une quelconque guerre pouvait être une promenade de santé, ne faisant que quelques victimes militaires et parmi celles-ci uniquement les plus cruels, les plus fanatiques partisans de dictateurs fous.

Or, si on y réfléchit un tant soit peu, une guerre ne peut être qu’une boucherie criminelle même si elle se borne à massacrer des soldats. C’est un peu comme si on considérait ces derniers comme des volontaires pour la mort qui méritaient amplement leur triste sort. Que des milliers ou des millions de soldats y meurent, c’est de bonne guerre. Que 50 civils en soient les victimes, c’est horrible.

Malheureusement, le massacre d’innocents civils est une constante de toute guerre. Je me souviens des récits entendus il y a bien longtemps de la bouche d’un mien oncle et d’un ami de mon père volontaires en Indochine ayant trait à leur participation à des massacres de civils. Les raconter serait déplacé : j’imiterais l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Sachez seulement que ces hommes, ensuite devenus bon citoyens et bons pères de famille, n’y allèrent pas avec le dos de la cuiller.

Mardi dernier, je me rendis à Vire chez M. SFR afin d’y régler un problème de contrat. En retournant à mon véhicule, mon attention fut attirée par un monument que jusqu’alors je n’avait pas remarqué : je m’arrêtai devant ce mur où, sur sept plaques de marbre noir, étaient gravés en lettres d’or les noms des victimes des bombardements de la ville le 6 juin 1944. J’en comptai plus de 400, avec souvent plusieurs homonymes laissant penser que des familles entières avaient été définitivement libérées de tout souci terrestre. La ville ne fut libérée par le 116e Régiment d’infanterie US que le 8 août soit 2 mois et 2 jours après son débarquement car la progression dans l’enfer du bocage n’était pas aisée : sur les 19 chars du régiment, 15 furent détruits par les Allemands dans des chemins creux où les manœuvrer s’avéra difficile. Lorsqu’ils traversaient sur leur route des villages libérés, l’accueil y était enthousiaste on acclamait les soldats, on leur offrait du Calva. Toutefois, le 5 août quand ils atteignirent Vire, l’accueil fut différent : dans une ville quasiment rasée dont les rues étaient encombrées de monceaux de ruines ne restaient que des soldats de la Wehrmacht. Il fallut 3 jours de combats acharnés et une centaine de morts de chaque côté pour en venir à bout.

A-t-on jamais parlé de crime de guerre ou contre l’humanité à l’occasion de cet épisode ? Non, bien sûr. Plus de 400 morts victimes civiles lors d’un déluge de bombes dont certaines incendiaires, si c’est pour la bonne cause…

Mais tout cela est si loin… Les survivants se font rares. On a oublié. Aussi, quand une guerre éclate pas trop loin de chez nous (quand c’est loin, on s’en fout!), on prend parti, on s'émeut, on s’étonne, on s’offusque, on blâme, on voue au gémonies, on rêve d’une guerre fraîche et joyeuse et on fournit des armes pour qu’elle dure…

Je n’ai pas de solution, et ça tombe bien, vu que si j’en avais une qui m’écouterait ? Je déplore simplement le sort des victimes mais à la différence de certains (pas toujours jeunes) ingénus, rien ne m’étonne. Tout ce que je souhaite c’est que la boucherie et les inévitables atrocités commises de part et d’autre cessent au plus vite. Ce qui me fait la jambe belle.