Ça y est : la machine à diaboliser est remise en marche. Elle est même passée du point mort à la surmultipliée ce qui la rend un peu poussive. Il faut dire que les efforts fantastiques qu’on lui a demandés en 2002 l’avaient déjà bien fatiguée, au point qu’en 2017 elle commençait à montrer des signes de faiblesse. On peut donc penser que cinq ans plus tard son fonctionnement sera encore moins performant. Le pire serait qu’elle tombe irrémédiablement en panne.
Faute d’avoir des arguments sur les sujets qui fâchent (insécurité, immigration) ou de convaincre sur la croissance fabuleuse du pouvoir d’achat qu’on lui doit, le foutriquet qui nous tient lieu de président n’a pas d’autre choix que de la redémarrer, un peu comme un automobiliste qui faute d’avoir les moyens de s’en acheter un autre se ruine en réparations d’un véhicule moribond. Évidemment, ministres et godillots de service lui emboîtent le pas et vitupèrent le danger fasciste qui menace notre pays « ruisselant de lait et de miel » et le ramener aux HLPSDNH. Chef et larbins font ça avec une touchante ingénuité dont seul un cœur de pierre ne saurait s’émouvoir. Ça ne convainc peut-être pas tout le monde, ça manque de nouveauté mais ne pas saluer leur effort serait mesquin.
Le problème, quand on radote, c’est que dans un premier temps on lasse et qu’ensuite on n’écoute plus. Les illusionnistes qui font sempiternellement les même vieux tours dont tout le monde connaît les ficelles finissent par être boudés.
Ce sera difficile mais les diabolisateurs sont condamnés au succès. Car s’ils ne parviennent pas à réduire leur cible à un score très faible, si leur ennemie gagne ou même s’approche peu ou prou de la moitié des suffrages, ils se décrédibiliseront et, plus ils se seront montrés offensants vis-à-vis du vote qu’ils honnissent, plus les électeurs qui ne les auront pas suivis leur tiendront rigueur de leurs attaques.
De plus, il ne faudrait pas oublier que la présidentielle sera suivie de législatives où, en cas d’échec de leur manœuvre, dans bien des endroits, pour faire front à l’« ennemi », on se trouvera contraint à nouer des alliances non seulement entre la carpe et le lapin mais où l’asticot et la carotte devront les rejoindre. Les différentes parties y sont-elles prêtes ? Si oui, y régnera-t-il l’harmonie ? Seront-elles seulement crédibles ?
Nous verrons tout cela dans un proche avenir, toutefois, je me permets d’émettre des doutes quant à l’efficacité de ce choix stratégique.