A la fin d’une journée agréable passée en bonne compagnie, j’allumai hier soir mon poste de télévision. Sur C news, je découvris une émission où la jolie Eugénie Bastié et la sémillante Gabrillelle Cluzel interrogeaient M. Domnique Reynié sur son dada, à savoir le populisme et le(s) risque(s) (probablement mortels) qu’il représente. Ce professeur à Sciences Po, directeur général du cercle de réflexion (think tank, pour mes lecteurs franglophones) Fondapol, et en tête de la liste LR-UDI lors des régionales de 2015 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avant de voir son élection invalidée n’est, on le voit, pas n’importe qui. Comme disait l’ex-logeuse de ma première affectation professionnelle, c’est le genre d’homme qui « parle mieux qu’un lièvre mais qui ne court pas si vite ». Un sachant à qui on ne la fait pas. C’est donc avec piété que j’écoutai ses propos.
Pour résumer, en gros, le populisme c’est pas bien mais alors pas bien du tout. Pour être plus précis, le populisme a à sa tête des « entrepreneurs en démagogie (sic) » qui n’ont « pas idée de ce qu’il faut faire (resic) »ce qui mènera forcément à des catastrophes telles que la destruction du système démocratique qui est « moralement indépassable » suite à une « trahison de la volonté populaire » . Le populisme est donc une « pathologie politique »(sic, resic et sic de der!) issue d’une crise de la démocratie.
Mme Cluzel lui fit remarquer que, pour se voir détruit, le système démocratique n’avait pas eu besoin du populisme quand on faisait rentrer par la fenêtre parlementaire un traité qu’on avait mis à la porte par voie référendaire* et quand le parti qui recueille le plus de suffrages est ridiculement représenté au parlement. Sans en disconvenir, le brillant Reynié admit qu’une certaine crise existait mais que le système démocratique était quand même un truc vachement bien.
Sans me mettre en rage (je suis d’un naturel paisible) ces propos m’agacèrent un peu. Ne serait-ce que parce que ce sont les tenants de la gauche et de la droite dites « de gouvernement » qui stigmatisent du terme de « populistes »ceux qui ne partagent pas leurs opinions, principalement quand il s’agit d’immigration, d’identité ou de sécurité. De plus, l’électorat « populiste » est présenté comme un ramassis d’inconscients bernés par des démagogues aussi incompétents que malhonnêtes. Je m’en sens un rien insulté.
Il faudrait donc n’accorder ses faveurs qu’à des gens dont l’expertise et le talent nous ont amenés à cette situation de chaos (jusqu’ici à relativement bas bruit) qui a progressivement amené à l’émergence et à la croissance de cet haïssable populisme, l’ancienneté dans l’impéritie étant présentée comme un gage de compétence ! On ne change à aucun prix une équipe qui perd !
Plutôt que de réaliser que leur discours passe de moins en moins bien, MM. Reynié et consorts préfèrent continuer de défendre un système, selon eux, « moralement indépassable » mais économiquement et culturellement destructible comme nous pouvons chaque jour le constater et qui parvient de moins en moins à assurer la sérénité sociale qu’il est supposé garantir.
* La reformulation de ses propos est de votre serviteur.