Notre gouvernement actuel et le
président qui l’a nommé ont au moins un point commun avec ceux
qui l’ont précédé : il ne conviennent pas à une large majorité de Français.
Pour certains, il y a urgence à les remplacer , pour d’autres il
faut respecter les institutions et attendre que les échéances
électorales permettent au peuple de leur choisir des successeurs.
Que ce soit suite à des démissions ou des élections, il faudra
bien les remplacer. Et c’est
là le problème.
Si
tout gouvernement est, quoi qu’il fasse, en mesure de mécontenter
beaucoup de monde, il est bien plus délicat d’en trouver un qui
satisfasse ne serait-ce qu’une courte
majorité. Il y a à cela une
multitude de raisons. La principale, à mes yeux, étant qu’on
attend beaucoup trop de gens qui somme toute ont un pouvoir très
réduit et certainement pas celui de faire le bonheur de tous.
Ambition d’autant moins réalisables que tous n’ont pas la même
conception du bonheur ni de la manière d’y parvenir. A
cela, il faut ajouter les irréconciliables contradictions que
cultivent les partisans de ces multiples conceptions.
En
gros, on veut tout et son contraire. On souhaite un renouvellement du
personnel politique mais on reproche aux nouveaux venus leur
inexpérience. On exige l’égalité tout en réclamant de voir ses
mérites personnels reconnus et récompensés. On
veut que l’ordre public soit rétabli et que les forces de l’ordre
n’aient pas recours à la force. On aspire à un pouvoir fort mais
le mot de dictature fuse dès que la moindre mesure un tant soit peu radicale est
annoncée. On exige le statu-quo et le « progrès ». On a
le brave culot de reprocher leur incohérence aux gouvernants qui,
comme tout un chacun, partent dans tous les sens.
Tout
ça ne date pas d’hier. Le bon La Fontaine avec
ses grenouilles qui demandaient un roi (les temps ayant changé,
elles veulent aujourd’hui un président) était allé chercher son modèle chez Ésope,
fabuliste qui, rappelons-le, serait né il y a quelque 2640 ans.
C’est dire l’ancienneté du problème !
Pour
qu’un pouvoir, quel qu’il soit, satisfasse, il faudrait qu’existe
un consensus sur les buts à viser et la manière d’y parvenir. Or
ce genre de consensus non seulement n’a jamais existé mais, du
fait de la démocratie, a de moins en moins de chance d’apparaître
en ce que ce régime favorise l’atomisation de la société en une
multitude de minorités aux intérêts contradictoires. A l’inverse,
une dictature présente l’intérêt de réduire les oppositions :
on est pour ou on est contre. Ceux qui sont contre ne s’unissent
généralement que par leur rejet. Quand ils parviennent à
la renverser, les contre se divisent et quand le bazar devient
anarchique, il arrive qu’un nouveau régime fort apparaisse. On a
vu ça dans bien des pays.
Tout
ça pour dire que le gouvernement idéal n’a que le défaut de ne
pas pouvoir exister davantage que le consensus qui le rendrait
populaire et cela d’autant
plus dans ce qu’on appelle « l’État providence » qui
par définition se trouve en charge d’assurer le bonheur de ses
citoyens. Si gouverner se bornait à exercer des
fonctions régaliennes ( assurer la sécurité extérieure, l’ordre
public, définir le droit et rendre la justice, gérer
les finances publiques), il me
semble que les points de friction, sans disparaître, seraient moins
nombreux tant il est plus aisé de s’entendre sur quelques points
clairement définis
que sur tout. Personnellement,
vu que j’ai la chance de mener une existence qui grosso-modo me
convient, je me contenterais de ce type de pouvoir.
Contrairement
à beaucoup, le gouvernement actuel ne me déplaît ni ne me plaît
pas plus que ceux qui l’ont précédé depuis quelques décennies
qui, en tentant de satisfaire des attentes déraisonnables et hors de
leur portée, nous ont amené à la situation quasi-chaotique
que nous connaissons aujourd’hui.