..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 5 février 2016

De quelques innovations linguistiques

Ayant largement exprimé mon opinion sur l'inutile et négligeable réformette de l'orthographe prônée par Mme Vallaud-Belkacem dans des commentaires chez Suzanne, ceux qui seraient intéressés de la connaître peuvent s'y rendre.

Tel n'est pas l'objet de ce billet. Je voudrais plutôt évoquer certaines tendances qui pour des raisons obscures se répandent dans les media.

Une d'elle est celle de placer l'accent sur la mauvaise syllabe. M. de Closets me semble avoir été l'initiateur de cette innovation. Une des caractéristiques principales de la langue française est d'avoir , suite au renforcement de l'accentuation de l'antépénultième latine par nos envahisseurs germaniques, vu la chute des syllabes finales créant ainsi de nombreux homonymes et accessoirement faisant porter l'accent sur celle qui était devenue finale d'un groupe d'articulation. En résumé, en français, on accentue uniquement la dernière syllabe d'un groupe de mots. Eh bien, afin de donner à leurs énoncés un peu de relief, journalistes et commentateurs divers se sont affranchis de cette règle et accentuent volontiers la première syllabe des mots. Exemple : alors qu'un locuteur normal dirait « Envisageons le délicat problème de la raréfaction du topinambOUR » un chroniqueur digne de ce nom prononcera, s'il est en grande forme « ENvisageons la RAréfaction du TOpinambour ». Un peu dopé, il ira jusqu'à « TOpiNAMbour » mais une telle prouesse requiert un entraînement rigoureux et n'est donc pas à la portée de tous.

Une autre curieuse tendance est la modification du degré d'aperture des voyelles. Ainsi, la dame de la météo annoncera-t-elle qu'il devrait pleuvoir sur les [kɔt] de la Manche ( tu parles d'un scoop!) et non comme il conviendrait sur les [kot] laissant ainsi supposer que ceux qui ne portent pas de cottes de travail pourront sortir sans parapluie. Il n'y a pas que la prononciation du o qui se trouve modifiée sur les ondes. Ainsi ai-je noté de curieuses réalisation des phonèmes [e] et [a] qu'on a tendance à ouvrir de bien curieuse manière donnant des sons jusqu'ici inouïs en français standard.

Je ne sais si vous avez remarqué ces phénomènes mais personnellement leur fréquence grandissante me choque autant que mes considérations phonétiques vous endorment. A ceux qui ont eu le courage de me suivre jusqu'ici, un grand merci !

jeudi 4 février 2016

Rions avec la CGT !

Depuis le départ de Mme Taubira du ministère de la justice, la scène comico-politique connaissait une crise grave. Bien sûr, il nous restait Mmes Royal et Vallaud-Belkacem ainsi que M. Cazeneuve. Mais, soyons lucides, si leurs efforts pour nous distraire sont méritoires leurs résultats sont mitigés. Les éternelles tergiversations et autres promesses de « remises à plat » de l'une, la réforme du collège et les études de genre de l'autre, l'interdiction de manifester à Calais sous prétexte de risque de trouble à l'ordre public du dernier (comme si un calme olympien régnait dans la cité!) sont des tentatives louables, certes, mais tout au plus font-elles s'esquisser de pâles sourires. Il nous fallait quelque chose de plus fort.

Vous en aviez rêvé, la CGT vous l'offre ! En ce mardi 4 février de l'an quatre de la moi-présidence, ce syndicat, par solidarité avec les « Goodyear » condamnés, organise une grève du métro. Bafouant le droit imprescriptible que toute personne ou tout groupe a de séquestrer son prochain, une justice de classe a en effet osé infliger des peines de prison à des gens qui ont agi, avec le succès qu'on a pu constater, pour le bien commun. Il était urgent que l'on marquât le coup. Seulement, à part à la SNCF ou à la RATP, malgré une lente érosion, les bastions du syndicat cryptocommuniste se font rares et son pouvoir de nuisance se réduit, ce qui nuit à sa capacité de destruction de l'emploi. C'est donc la RATP qui s'est dévouée.

L'idée est excellente et gagnerait à se généraliser. En effet, ce ne sont pas les occasions de se solidariser avec les malheurs d'autrui qui manquent. On pourrait donc envisager que plutôt que d'organiser, avec un succès parfois mitigé, des grèves là où se posent les problèmes, ces dernières se trouvent centralisées soit à la RATP, soit à la SNCF où elles connaissent d'autant plus de succès qu'il est aisé de bloquer le système en mobilisant une partie des conducteurs tandis que les autres personnels pointent consciencieusement. Des licenciements dans les conserveries de sardines ? Grève à la RATP ! Une remarque désagréable adressé par un cadre à un employé du gaz ? Grève à la SNCF ! On pourrait multiplier les exemples.

Et puis à l'heure de la mondialisation, ne pourrait-on pas envisager que la CGT centralise dans ses bastions toutes les revendications de la planète ? Les « Durex » de Qingdao souhaiteraient une petite augmentation ? On bloque le RER B ! Des licenciements à Detroit chez General Motors ? Plus de TGV 15 jours durant ! L'heure est à la spécialisation, se concentrer sur son cœur de métier est d'actualité, or dans quel domaine ces entreprises excellent-elles sinon dans celui de l'arrêt de travail ? La grève d'aujourd'hui n'est qu'un premier pas dans la bonne direction.

Et puis ne boudons pas notre plaisir : voir de braves Parisiens de gauche contraints de marcher des heures sous la pluie sans que leur conscience politique leur permette d'oser critiquer la cause de leurs déboires est d'un comique irrésistible.

mercredi 3 février 2016

Chroniqueur politique : un bien dur métier

J'aimerais bien être blogueur politique mais la difficulté de la tâche me rebute. Trouver quotidiennement voire pluri-quotidiennement un nouveau sujet présentant un minimum d'intérêt me paraît au-dessus de mes forces. Je plains autant les chroniqueurs politiques professionnels que je ressens d'empathie pour les journalistes de BFM. Ces derniers sont d'un stoïcisme parfait. Un cargo menace de s'échouer ? On les envoie sur la plage de Mimizan. Une réunion importantissime (mouarf!) a lieu à l'Élysée ? Ils font le pied de grue devant la grille. Une prise d’otages ? On te les envoie à Vazy-en-Berrouette. Les migrants s'agitent à Calais ? Les voilà dans la Jungle (et sans même de casque colonial). Non contents de les faire poireauter dans les frimas, leurs bourreaux les torturent à coup de questions oiseuses tous les quarts d'heure. « Ginette, vous êtes devant le Ministère du Commerce et de la Magouille, que pouvez-vous nous dire de l'avancée des pourparlers franco-guatémaltèques dans le cadre du traité « Bananes contre Topinambours » ? » Et la pauvre Ginette, mettant à contribution toutes les ressources de sa langue de bois, de déclarer que l'accord est en bonne voie et devrait être conclu rapidement à condition que des difficultés de dernière minute ne vienne le retarder voire mènent à son ajournement. Personnellement, j'admire et compatis. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour gagner sa vie ! Comment Ginette fait-elle pour ne pas craquer ? Pour ne pas dire qu'elle à froid aux pieds depuis le temps qu'elle fait le con devant ce putain de ministère, qu'elle ne sait pas grand chose de ce qui se passe à l'intérieur et que n'importe comment elle n'en a rien à foutre de ce traité de merde ?

Le chroniqueur politique, c'est un peu la même chose, sauf qu'il n'est pas toujours contraint de se rendre sur les lieux, ce qui lui évite bien des rhumes. Seulement, pour ce qui est de l'intérêt de ses interventions, c'est pareil. A moins qu'on ne les lui impose, il lui faut trouver des sujets même quand il ne se passe rien de bien saillant, ce qui est généralement le cas. Alors il commente les bisbilles internes du Parti Progressiste Rétrograde (PPR), les luttes de pouvoir au sein d'Écologie et Gaspillage (EG), les chances respectives de MM. Leblanc-Bonnet et Lebonnet-Blanc de l'emporter lors de la primaire de l'extrême centre, l'incroyable chute de popularité du président suite à son inespérée remontée après les attentats anti-pedzouilles du Bas-Brabant, il hasarde de timides pronostics, tente de donner un peu de cohérence au n'importe quoi, explique comment en augmentant leur salaire les ouvriers auraient plus d'argent, etc. Toutes choses dont personne, en dehors d'eux, de leurs confrères et de quelques pervers amateurs de ratiocination, n'a rien à cirer. De temps à autre, ils évoquent de vrais problèmes pour lesquels ils préconisent de fausses solutions ou enfoncent des portes ouvertes avant de vilipender quelque adversaire fantasmé. Ils tirent alors une certaine fierté de leur fonction et se prennent pour de vagues oracles.

Tout cela est bien triste. Comment tiennent-ils ? On peut penser que l'accès qu'ils ont ou croient avoir aux couloirs du pouvoir récompense leurs efforts en faisant d'eux les membres d'un « Happy few ». C'est quand même un peu maigre.

lundi 1 février 2016

Un excellent livre !



Comme prévu m'est arrivé ce midi, par l'entremise de la préposée à la distribution du courrier, Le Chef-d'oeuvre de Michel Houellebecq, œuvre de M. Goux. Sans plus attendre, j'ai ouvert son carton et depuis je vais d'émerveillement en émerveillement ! La première surprise fut de constater que la couverture, plutôt que tirant sur l'orange comme le laisserait penser la photo ci-dessus* est d'un agréable rouge un peu moins sombre que ne l'était celle d'En Territoire ennemi, le précédent opus de l'auteur. Le format, de 20 sur 13,5cm est bien plus adapté à une lecture dans les transports en commun que ne l'aurait été un grand in-folio. Bien que n'ayant pas l'occasion d'utiliser ces transports, je trouve cependant l'attention délicate. D'un poids d'environ 300g (soit un peu moins d'1 g par page) toute personne de santé raisonnable pourra sans trop d'effort l'emporter dans ses déplacements. On m'objectera que son prix au kilo (un peu plus de 71 €) peut paraître excessif comparé à celui, par exemple, des nouilles ou des patates. Comparons, ce qui est comparable, s'il vous plaît ! Il y a bien moins à lire sur un paquet de coquillettes.

Imprimé en noir sur papier blanc, le texte est d'autant plus lisible qu'est astucieusement utilisé l'alphabet latin et que ses pages se suivent selon un strict ordre numéral. Aucune tache ou trace de doigts à noter, ce qui prouve le soin qu'on a pris de confier son impression à un professionnel de qualité. Bien que broché, j'ai pu constater en le feuilletant que les pages ne montraient aucune propension à se détacher. La lecture de la quatrième de couverture ne m'a pas permis de déceler de fautes d'orthographe.

Tout cela concourt a créer une première impression très favorable. Reste à le lire, ce à quoi je vais m’atteler sans délai.

* Je l'ai empruntée à M. Amazon, marchand d'articles en tous genres

vendredi 29 janvier 2016

Du malheur et de l'empathie

M. Gary-Ajar écrivit dans L'Angoisse du roi Salomon « La pire chose qui puisse arriver à un malheur c'est d'être sans importance. » Triste constat ! Quoi de plus intéressant qu'un bon gros malheur ? De ceux qui vous foutent une vie en l'air ? Seulement, c'est surtout celui ou celle qui l'éprouve qui en mesure toute l'importance. Les autres s'en tamponnent souvent grave comme ils le font des bonheurs d'autrui, d'ailleurs. Il faut dire que des malheurs, tout le monde en connaît, de la tasse de café renversée sur la robe juste avant que ne s'ouvre le bal à la perte d'un être cher, de la commande d'Amazon qui s'égare à la longue, pénible et fatale maladie, ce n'est pas ce qui manque. Notre vie en est parsemée. Certains les collectionnent, d'autres en sont relativement épargnés mais leur profusion même nuit gravement à la considération qu'ils réclament.

Face au(x) malheur(s) chacun réagit à sa manière. La phrase-cliché de ce boute-en-train de Friedrich Nietzsche « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort » remporte l'adhésion des uns tandis que pour d'autres certaines blessures ne cicatrisent jamais et transforment ce qui leur reste de vie en un interminable chemin de croix. Question de résilience, je suppose. Confrontés aux mêmes épreuves, certains s'y noient ou se complaisent dans leur souvenir, d'autres, bien que non épargnés par la souffrance passent plus ou moins vite à autre chose. Question de sensibilité ? En l'absence d'appareils de mesure fiables, comment évaluer une notion si floue ? Est-il pertinent d'établir une échelle de valeur entre les personnes « sensibles » et celles qui le semblent moins ?

L'empathie est une faculté appréciée. En être plus ou moins dépourvu est mal vu. Seulement, toute développée qu'elle soit, celle-ci ne peut être que sélective. Il y a tant de malheurs au quotidien que non seulement on n'as pas connaissance de tous mais même parmi ceux dont on est informé on est contraint d'effectuer un tri. On gère son affliction, même relative. Certains deviennent « Charlie », « Paris » mais pas « Ouagadougou ». On ne saurait être tout. D'ailleurs la relative proximité favorise l'empathie au point que l'on peut se demander si la peine ressentie face à certains drames n'est pas due à une peur que cela puisse leur arriver... J'entendais hier à la radio un psy raconter que certains de ses patients faisaient d'insupportables cauchemars où ils se trouvaient au Bataclan en pleine tuerie bien que ni eux ni les leurs n'y aient jamais mis les pieds. Ce qui me plonge dans des océans de perplexité. L'humain m'apparaît bien bizarre.

Je ne peux m'empêcher de penser que pour certains le malheur donne un sens à la vie. Une sorte d'axe tragique autour duquel tout s'articule. Comme une justification à leur vision désespérée de l'existence. Non contents de se crucifier, ils militent au sein d'associations afin de promouvoir leur douleur particulière au rang de cause au moins nationale. Comme si, un par un, en s'appliquant, on parviendrait à éradiquer toutes les sources de malheurs présents et à venir. Curieux optimisme !

Ces quelques réflexions me furent inspirées par la lecture du Journal de M. Goux où en date du 17 décembre il décrit certaines militantes intransigeantes de nobles causes. Je ne saurais trop recommander la lecture de cette livraison (et de toutes les autres) car on y traite également d'attente dans les garages Volvo, de mœurs canines, de livres, de soirées électorales et de bien d'autres sujets graves.