..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 12 juin 2013

Encourageons et encadrons l’ « antifascisme »



Le scandaleux assassinat (meurtre m’a paru un peu faible et homicide  scandaleux) d’un malheureux gamin a récemment  attiré notre attention sur la situation dramatique de ceux qui se proclament « antifascistes ».

Il semblerait que leur principal problème fût  la rareté de leur ennemi. Du coup, ils se voient contraints à s’en prendre à des gens dont le seul défaut est d’avoir des opinions différentes des leurs sur tel ou tel sujet. Le nombre de fascistes s’en trouve considérablement augmenté mais cela ne va pas sans danger. En effet, s’en prendre aux débonnaires jeunes gens de la "Manif Pour Tous", est une action  certes méritoire mais qui ne prépare aucunement à la confrontation avec de véritables nervis.  J’en veux pour preuve le drame récemment advenu rue de Caumartin.  

Il serait grand temps que le gouvernement s’attaquât à cette question.  Quitte à passer pour un antisocialiste primaire, la simple logique me pousse à contester les mesures qu’envisage le gouvernement. En effet, la dissolution de groupuscules d’extrême droite n’aura pour effet que de raréfier les ennemis déjà peu nombreux de ces antifascistes  auquel chacun reconnaît tant de qualités et par conséquent de les contraindre à continuer de s’attaquer à de braves  gens dont le fascisme n’est avéré qu’à leur yeux. De là à ce qu’ils en perdent toute crédibilité et finissent par passer pour de hargneux trublions, il n’y a qu’un pas qu’on ne peut souhaiter voir franchi par une opinion frivole.  Sans aller jusqu’à susciter de nouveaux groupuscules crypto-fascistes (le socialiste est homme de principes, ne l’oublions jamais) afin de rétablir un certain équilibre, proscrire le peu d’organisations qui existe est totalement contre-productif.

Puisqu’il est généreux, louable et utile de s’affronter aux fascistes  mais qu’il est cependant souhaitable d’éviter les troubles publics que cela peut engendrer, ne serait-il pas envisageable que notre bon gouvernement se chargeât d’organiser ces confrontations dans des lieux spécialement  équipés (on va bien ouvrir des salles de shoot) ?  Le problème serait de séparer le bon grain de l’ivraie. Car s’il est évident que celui qui se déclare « antifasciste » est forcément mû par un idéal généreux, il se pourrait que tentassent de se mêler à leurs adversaires de simples voyous avides de goûter aux plaisirs de la castagne sans plus que ça de motivations idéologiques. Ce qui fausserait le jeu. Le côté fasciste devra donc, avant d’être agréé passer un examen afin  d’évaluer sa nocivité profonde et son  inculture totalitaire.

Compte tenu du nombre de participants que les manifestations d’ « hommage » à la jeune victime ont pu rassembler, on a lieu de craindre que les rangs des fascistes soient plus clairsemés que ceux de leurs adversaires.  Il s’avérerait donc nécessaire que des épreuves de sélection interne fussent mises en place afin que seuls les meilleurs castagneurs puissent participer  aux confrontations officielles. Cela présenterait le double avantage d’améliorer les aptitudes combatives des « antifascistes » (les cours de baston, notamment à Sciences Po, étant d’un niveau souvent médiocre) et d’éviter que ne se confrontassent des combattants par trop inégaux comme ce fut le cas rue de Caumartin.  Cette sélection pourra paraître inadmissible à certains mais leurs convictions égalitaires leur feront admettre qu’être à dix (ou plus) contre un peut manquer de fair-play. Quoique tous les moyens soient bons pour extirper du ventre encore fécond de la bête ses immondes fruits.

Reste à savoir si, afin de ne pas  grever un budget déjà largement déficitaire et de faire financer les lieux de combat par le prix des entrées, il ne serait pas sage de les ouvrir au public. La réponse me semble devoir être positive. On peut également se demander si les combats devraient être à mort ou se terminer à la première fracture (les participants devant être obligatoirement casqués) et si les confrontations devraient être individuelles, collectives ou les deux. Si faire participer des bêtes fauves à ces combats serait intéressant d'un point de vue purement spectaculaire, l'idée ne devrait pas être retenue : ces affrontements doivent rester hautement POLITIQUES et MORAUX. En ces domaines, il est difficile d'évaluer lions et tigres, sans compter qu'ils risqueraient de s'en prendre aux deux parties, ce qui nuirait à la clarté des débats.

Voilà ce qu’à mon sens devrait envisager un gouvernement démocratique,  soucieux d’ordre public, et respectueux du droit des gentils à en découdre à coups de barre à mine avec les méchants.

mardi 11 juin 2013

Les conseils littéraires de Tonton Jacquot



Comme tout un chacun, vous sentez en vous l’étoffe d’un grand écrivain, de ceux dont l’œuvre magistrale fait qu’il y a en littérature un avant et un après eux. Seulement, la vie fait que vous manquez de temps pour vous consacrer au grand œuvre.  Nous menons des vies de fous : qui dira combien de romans, essais, biographies, traités scientifiques n’ont jamais vu le jour à cause du passage de Secret story ou de la finale de la CEBS (Coupe d’Europe de Bilboquet en Salle) à la télé ?

Mais à quoi bon pleurer sur le lait renversé ? Et puis, la sagesse des nations ne nous enseigne-t-elle pas que ce qui n’est pas fait aujourd’hui reste  à faire demain ? On peut penser qu’une réforme prochaine des retraites entraînera une longue grève à la télé vous laissant le temps de passer à l’acte. Surtout si vous ne mettez pas à profit ce temps libre pour prendre quelques apéros de plus.

Maintenant, si c’est d’un roman que vous voulez accoucher, dites-vous bien que malgré tout ce qu’on raconte,  écrire un chef d’œuvre du genre n’est pas aussi simple qu’il paraît. Il y a pourtant des recettes simples et éprouvées.  Comme ma modestie m’ôte jusqu’à l’envie d’accrocher mon nom au panthéon des lettres et que ma générosité me l’impose, je vous les livrerai. En fait, il n’y en a qu’une : il ne faut ABSOLUMENT pas se louper quand on rédige l’INCIPIT.  C’est tout.

J’entends des ignares (car il en est quelques uns qui me lisent)s’étonner : « Quoi qu’cest-y donc son innesi-machin-truc ? »  Paedagogus in eternam sum, aussi ne laisserai-je pas ces âmes frustes sans réponse. Les autres peuvent sauter quelques lignes. L’Incipit, ce sont les premiers mots d’un livre. Pourquoi sont-ils importants ? Parce que figurez-vous que, comme vous, les critiques littéraires manquent de temps. S’ils lisaient autre chose que les premiers mots d’un ouvrage, et, pour les plus consciencieux d’entre eux, la quatrième de couverture et le troisième paragraphe de la page 123 ou de toute autre page de leur choix, comment voulez-vous qu’ils trouvent le temps de regarder Secret story ou la finale de la CEBS (Coupe d’Europe de Bilboquet en Salle) à la télé et pour aller lever minettes (ou minets, selon leur sexe ou leurs orientations) dans des cocktails mondains en leur causant littérature ?

Saluons au passage le travail de ces humbles auxiliaires de la critique que sont les salisseurs de tranches, les corneurs de pages et les colleurs de post-it  sans lequel le livre que tient en main le critique, lors des émissions télévisées,  semblerait bien neuf, voire jamais ouvert.

Mais revenons à nos moutons.  Donc ne pas rater son Incipit. Plus facile à dire qu’à faire.  Le hasard a voulu qu’achetant  un kilo de sardines, trois beaux maquereaux et deux-cent grammes de crevettes chez « mon » poissonnier l’autre jour, ces produits de la mer fussent enveloppés respectivement dans  la première page des manuscrits originaux d’A la recherche du temps perdu, du Voyage au bout de la nuit et D’Eugénie Grandet.  A les lire, on s’aperçoit que ces chefs-d’œuvre ont demandé du boulot et pas qu’un peu.  Je vous les retranscris afin que vous vous fassiez une idée du labeur qui vous attend :

Longtemps je me suis poli la colonne trois fois par jour  
                                       trompé de bus à la gare de l’Est
                                         arsouillé au Kiravi  
                                  couché de bonne heure.


Ça s’est très mal terminé . Moi j’avais commandé des pieds de cochon  
    a plutôt bien commencé         je savais pas qu'elle était si jeune cette fille
       a débuté comme ça                        jamais rien dit. Rien.               
  C’est  Louis Aragon   qui m’a ramené à la maison  
            la petite fée bleue           dénoncé à la police
              Arthur Ganate               fait parler.



Il se trouve dans certains quartiers parisiens   des bobinards où on nique pour pas cher   

                            l’almanach Vermot                   contrepèteries qui me font me pisser dessus
                             certaines provinces                  maisons  dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes.   





Voilà. Vous savez tout . A vous de jouer maintenant !



Allez, à plus, et, avec un peu d’avance, JOYEUX NOBEL !

lundi 10 juin 2013

Faut-il cultiver notre jardin ?



Candide, après des voyages autour monde pour le moins riches en péripéties, affirme que oui. Romain Gary, dans Le grand vestiaire, roman qui préfigure Émile Ajar bien que publié en 1948, pense que non. Situées juste après la fin du deuxième conflit mondial, les aventures de ses héros se terminent dans le jardin d’un garde-barrière amateur de roses. Un beau salaud qui, tandis que la guerre faisait rage, avait consacré tous ses soins à élaborer de nouvelles roses. Il avait même  vu une de ses créations, l’Impératrice jaune  recevoir le premier grand prix en 1943 ! Monsieur, alors que « des millions d’hommes se faisaient tuer pour [lui] » vivait une vie paisible dans son mini éden au milieu des vignes !  Quelle ordure !

Gary, à travers ce personnage, et l’indignation qu’il inspire à son jeune héros fait le procès du refus de l’engagement.  Georges Brassens, dans Les deux oncles  lui répondit.  C’était en 1964. Les temps ont changé ! Pourrait-on, alors que pratiquement tous les protagonistes de cette tragédie sont morts ou bien engagés sur la voie du gâtisme, de nos jours écrire et chanter un tel texte sans encourir les foudres des bien-pensants? J’en doute !  Les temps sont à l’héroïsme ! Aujourd’hui, au moins en parole, l’engagement est essentiel.  Revienne l’occupation, on aurait dans les 100% de résistants, au bas mot. Ce ne fut pas le cas en 1940.

Je suis d’une génération dont les parents ont connu la guerre. A les écouter, eux qui ne furent ni héros ni traitres, les choses semblaient moins simples qu’elles n’apparaissent aujourd’hui.  Plus que rêver de plaies, de bosses, de luttes armées, d’exploits glorieux et d’actions violentes, leurs récits et mon tempérament m’ont plutôt mené vers le pacifisme. S’il doit y avoir des guerres, qu’elles se fassent sans moi.  Contrairement à la tradition, il ne faudra pas non plus compter sur moi pour pousser les jeunes à y prendre part. Je partage pleinement l’opinion de M. Brassens  (encore ?  - oui, encore !) sur la question. Mourir pour des idées ?  Non merci !

Cela ne veut en aucun cas dire que l’on n’ait pas des idées tranchées sur les choses de ce monde. Seulement, de là à vouloir les imposer à autrui suite à un combat donquichottesque, il y a un pas que je ne franchirai pas. A quoi sert de gagner par un combat douteux si seule la peur qu’engendre  la force retient les vaincus d’exprimer  ce qu’ils sont ?  Seule l’adhésion d’une LARGE majorité à un consensus social peut fonctionner. Violence, intimidation par la loi ne serviront à rien. Si une grande majorité des passagers et de l’équipage du bateau sur lequel je suis embarqué trouve judicieux de le saborder en pleine mer, les chances de parvenir à  les en empêcher sont minces. On gagnera peut-être du temps en tentant de retarder leur accès à la cale mais, sauf à les convaincre de l’inanité de leur intention, ça ne servira à rien.

D’où l’intérêt de la culture jardinière. D’ailleurs, quoi qu’on en dise ou proclame, cultiver son jardin, que ce dernier soit métaphorique ou non, n’est-il pas la principale activité à laquelle se livrent ou aspirent l’immense majorité des hommes et femmes ?  

Comme le bon vieux Georges, j’inviterai les boutefeux de tous bords qui disent ne rêver que de combats  et y poussent les autres à aller s’entre-massacrer en un lieu de leur choix et de nous foutre la paix. Je doute que nous perdions ainsi grand monde et que cette perte soit grande…

dimanche 9 juin 2013

A quoi bon ?



La série de billets que j’ai consacrés à l’affaire du jeune « antifasciste »  mort sous les coups d’un skinhead a connu un « succès » énorme : record de visites, de commentaires, de pages vue, de durée de visites. Pourtant,  plus que me pousser à pavoiser, ça me laisse un goût amer.

Un constat s’impose : notre société est de plus en plus divisée. M. Hollande disait vouloir calmer le jeu. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en ce domaine encore il n’a pas atteint son but.  M.Sarkozy était selon lui clivant, on est en droit de se demander  quel terme conviendrait  pour lui-même. Rassembleur ?

Une chose est certaine : cette affaire révèle le total divorce qui existe entre droite et gauche. Au point que j’en suis à me demander s’il est utile d’ouvrir les commentaires à ceux qui ne se reconnaissent pas grosso modo dans la tendance dite réac. Hier, n’a régné ici que le dialogue de sourds.  Il y a une logique à cela. Droite et gauche ne posent pas sur la société la même grille d’interprétation.  Partant de bases différentes, poursuivant des buts dissemblables, chacun pensant que ses bases et ses buts sont les seuls acceptables, le dialogue devient impossible.

J’ai devant cela l’impression qu’aurait un joueur d’échecs qui affronterait  sur le même plateau un joueur de dames. Ça s’engueule, parce que l’autre ne respecterait pas les règles !

A quoi cela pourra-t-il mener sinon à une exaspération croissante ?  Dire que cela se passe entre gens généralement issus d’une culture commune ! Qu’en sera-t-il le jour où grâce à la diversité des populations  et au multiculturalisme que certains chérissent, encouragent  ou revendiquent, les choses se compliqueront ?

Il y a des jours où l’optimisme me fait défaut.

samedi 8 juin 2013

Prendre ses distances ? Vous n’y pensez pas !



La grande leçon que l’on peut tirer de la mort inutile du jeune d’extrême gauche qui s’était imaginé investi de la mission sacrée d’éradiquer  le fascisme est claire.

Ce brillant étudiant que l’on put voir défiler  au cri de « Pas d’fachos dans nos quartier, pas de quartier pour les fachos » lors d’une contre-manifestation  le 17 avril dernier, semblait avoir pour défaut de voir des fascistes partout. Traiter ainsi ceux qui s’opposaient au « mariage pour tous » relève clairement du pire des amalgames. On peut également s’interroger sur l’emploi de l’expression « pas de quartier ». En ignorait-il le sens ? Disons, pour être gentil, que celui qui eût inspiré une fierté paternelle à l’inénarrable Thomas Legrand, éditorialiste politique à la RSC™, était d’un niveau de tolérance très moyen et qu’il n’hésitait pas à faire un petit peu dans la provoc.

L’existence de groupuscules « antifascistes » me semble AUSSI dangereuse que celle de leurs contreparties d’extrême droite pour la paix civile. Lesquels sont haïssables, regroupant des  imbéciles qui « pensent » qu’à quelques uns  on peut par la violence changer quoi que ce soit.  TOUS les groupes violents, qu’ils se « battent » pour la sociale, pour le retour du IIIe Reich,  pour l’obligation de porter des charentaises ou pour l’adoption de la forme carrée par le Camembert  ne sauraient à mes yeux que rassembler des décérébrés ou des personnes aveuglées par l’intolérance et la haine de l’opposant.

Mais venons-en à la leçon : c’est en vain que l’on chercherait à gauche, qu’elle soit de média, modérée ou plus radicale,  la moindre condamnation des groupuscules gauchistes. On sent bien qu’existe chez nos modérés une certaine sympathie pour ces  petits gars que motivent de si nobles aspirations. Plus que leur violence provocatrice, ils ne veulent voir chez ces charmants bambins  que générosité et légère divergence de méthode.

Que dirait-on d’un homme ou d’une femme de droite qui sous prétexte qu’ils se déclarent  attachés à la notion de patrie trouveraient bien excusables voire sympathiques les skinheads qui entourent le fasciste Ayoub ?  

Cette indulgence est d’autant plus curieuse qu’aux yeux des extrémistes de gauche les sociaux-démocrates ne valent pas plus cher que les « fascistes » et qu’ils les enverraient avec joie au poteau…

Les violents, de quelque bord qu’ils soient sont moralement condamnables et constituent un danger pour la société. C’est à la police de veiller à ce qu’ils ne nuisent pas.