L’oisiveté est dite mère de tous vices. Mère, sœur, cousine, tante ou belle-sœur, qu’importe, n’empêche que c’est elle qui, hier, m’a poussé à aller faire un tour sur le forum que je hantais voici quelques années, avant que la lassitude ne m’en éloigne. C’était, et c’est toujours, un lieu hanté par une gauche plutôt radicale. Enfin, hanté est un bien grand mot, vu que les interventions s’y font de plus en plus rares. Un de ces soubresauts qui indiquent que le lieu n’est pas totalement déserté fut créé par Sébastien (Sébastien, si tu me lis…)qui lança l’idée d’un quiz sur Jeanne d’Arc.
S’ensuivirent diverses considérations plus ou moins (souvent TRÈS moins) intéressantes sur la pucelle, ses divers aventures et mérites comme sur les légendes et rumeurs qui courent sur elle. Un intervenant habituel écrivit cette phrase qui retint mon attention :
« L'histoire ridicule de jeanne d'arc n'a aucun intérêt. Beaucoup de Français en revanche vibrent aujourd'hui au souvenir d'Abdelkrim, d'Ali la Pointe ou de Fanon.
On y peut rien* ».
On y peut rien* ».
C’est pas mal, non ? Qui sont ces « Beaucoup » qui n’ayant rien à battre de la ridicule pucelle d’Orléans s’enflamment à l’évocation du rebelle du Rif, du voyou de la casbah devenu héros du FLN et de cet antillais qui appelait dans ses écrits au meurtre des Français ? Je doute que ce soient les braves gens que je croise au marché aux veaux de Sourdeval. Je soupçonnerais même ces Français-là de mieux connaître Jeanne d’Arc que les « héros » ci-dessus évoqués. « Héros » qui ont pour point commun d’avoir, dans le cadre de leur combat anticolonialiste, partagé une haine fervente des Français.
Les plus futés d’entre vous auront deviné qui sont ces « Beaucoup ». L’auteur de cette phrase d’anthologie est lui-même un « Beaucoup ». Un de ces « Beaucoup » qui, bien que devenus Français, font allégeance à tout ce qui hait la France. Expression de l’aigreur résultant de l’exclusion ? Détrompez-vous : ce « Beaucoup »-là est fonctionnaire de la République, il est même professeur de lettres dans le 9-3 où, je lui fais confiance, il doit transmettre à ses élèves (très souvent "Beaucoup" eux-mêmes) son message d’amour pour le pays qui lui a offert sa nationalité.
Voilà où nous en sommes : des « Beaucoup », français de fraîche date, n’ont que mépris pour l’histoire de « leur » pays et dégoulinent d’admiration pour ses ennemis.
Après ça, ils s’étonneront que certains jugent qu’être « Beaucoup » c’est déjà « Trop ». Et d'ailleurs, n'y pouvons-nous vraiment RIEN ?
*Notons au passage que notre ami, s’il ignore les majuscules pour Jeanne en redécouvre par miracle l’usage pour ceux qui peuplent son panthéon personnel. Maladresse de qui ne domine que partiellement l’usage ou acte délibéré ?